C’est la complainte des nazis,
Le crépuscule avant la nuit,
Qui met au cœur des Hitlériens
L’âpre terreur du lendemain.
Elle exprime par ses accents
La sourde angoiss’ du châtiment
Dans la tempête et dans les cris
C’est la complainte des nazis (bis)
Miliciens, mouchards, tristes apôtres
Cett’ complainte est également la vôtre
Vous, les traîtr’s, les vendus, les vomis,
Vous les lâches, elle est la vôtre aussi
Tortionnair’s, bourreaux et mercenaires
Elle rythme votre heure dernière
Collaborateurs écoutez-la bien
C’est pour vous que chante ce refrain
C’est la complainte des nazis
C’est la complainte des pourris
Qui met au ventre des salauds
La peur d’la corde ou du poteau
Elle accompagne en quelques mots
L’agonie de l’ordre nouveau
À vos potenc’s homm’s de Vichy
C’est la complainte des nazis (bis)
La Polka du désarroi
sur l’air de La Polka du Roi (1944)
musique de Charles TRÉNET
I
Connaissez-vous la nouvell’ danse
Qui fait fureur partout chez les nazis
C’est un cocktail de révérences
De pas d’cours’ et de saut d’cabri
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! (bis)
Quelle trouvaille
Quelle pagaye
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! (bis)
C’est la, c’est la polka du désarroi.
II
Dans cette danse réaliste
Trois figur’s se suiv’nt en décomposant
Un’ figur’ longue, un’ figur’ triste
Et un’ figur’ d’enterrement
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! (bis)
Quelle attitude
Quelle inquiétude
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! (bis)
C’est la, c’est la polka du désarroi.
III
À un’ cadenc’ sans cesse accrue
Les collaborateurs la dans’nt toutl’temps
Le cœur battant, la têt’ perdue
Tout agités de tremblements
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! (bis)
Quelle colique
Quelle panique
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! (bis)
C’est la, c’est la polka du désarroi.
En 1965, à l’heure de la première élection du président de la République au suffrage universel, Pierre Dac se porte candidat à la magistrature suprême. Il crée un parti qu’il baptise le M.O.U., c’est-à-dire le Mouvement Ondulatoire Unifié, dont le cri de ralliement est : « Les temps sont durs, vive le M.O.U. »
Sous la pression des conseillers du général de Gaulle, que ce canular n’amuse pas du tout, Pierre Dac va se retirer en expliquant ainsi sa décision : « Jean-Louis Tixier-Vignancourt se présente au nom de l’extrême droite. Dans la course à l’Élysée, il y a désormais plus loufoque que moi, je n’ai plus la moindre chance… »
Tout avait commencé par une conférence de presse à l’Élysée-Matignon, le restaurant-club où se retrouvaient alors les têtes d’affiche du Tout-Paris. Le candidat, accueilli par une marée de photographes, avait félicité les cuisiniers en train de faire griller des poulets avant de répondre, avec gravité, aux questions des journalistes présents.
— Comment allez-vous, monsieur le Président ?
— À part quelques troubles glandulaires et une légère ptose stomacale, je me porte bien. Tranquillisez-vous, je n’ai pas l’intention d’avaler mon bulletin de naissance avant d’avoir rendu le dernier soupir.
— Que pensez-vous, monsieur le Président, du ministère de l’Éducation nationale ?
— C’est un problème très important. Il entre dans mes intentions d’en créer un.
— Comment comptez-vous, monsieur le Président, régler le problème de la circulation ?
— Il s’agit là d’un dossier extrêmement épineux qui est actuellement à l’étude de Me Legrand-Schlem, notaire à Issoubly-sous-l’Huy, dans le département de la Meuse.
— Quel est, monsieur le Président, votre point de vue sur l’Europe ?
— À ce problème majeur, nous sommes en mesure d’apporter non pas une solution, mais la solution : l’Europe des Suisses. Je m’explique : ce petit État a de tout temps, et au travers des pires bouleversements, suscité et gardé la confiance et les capitaux du monde entier.
Nous considérons donc que c’est vers ce but idéal que doivent converger tous nos efforts. Certes, ne nous faisons pas d’illusions, l’Europe des Suisses n’est pas pour demain. Toutefois, une première étape peut, dès maintenant, être hardiment abordée. Pour préparer les peuples à cette grandiose idée, nous préconisons la création dans chaque pays à vocation européenne d’un territoire suisse dont l’emplacement exact sera déterminé, en toute indépendance, par les divers gouvernements favorablement responsables.
— Comment envisagez-vous, monsieur le Président, les rapports franco-allemands ?
— Il entre dans mes intentions de poursuivre jusqu’à ce qu’on la rattrape la politique de rapprochement franco-allemand avec, toutefois, une nuance restrictive : il nous paraît indispensable de veiller à ce que ce rapprochement, aussi souhaitable soit-il, ne prenne pas une tournure exceptionnelle susceptible de finir en un corps à corps, comme ce fut le cas à trois reprises en quatre-vingt-quinze ans.
— En quels termes êtes-vous avec les chefs d’État étrangers ?
— Étant donné que nous ne nous sommes jamais rencontrés, ils sont excellents et nos opinions sont en parfait état de concorde.
Le lendemain, il avait adressé au préfet de police la lettre lui permettant de solliciter officiellement une place de président de la République. En dépit d’une légende qui prétend que la France est le pays de la courtoisie, ce courrier était demeuré sans réponse…
Monsieur le Préfet,
Ayant appris d’une manière fortuite, quoique fort honorable, qu’il y aurait peut-être prochainement une place vacante à la Présidence de la République, j’ai l’honneur, par la présente, de solliciter de votre haute bienveillance l’octroi de cette place que je me sens capable de remplir à votre entière satisfaction et au mieux des intérêts de votre maison.
Je tiens à votre disposition un curriculum vitae détaillé, ainsi que les certificats des maisons qui m’ont employé, d’où je suis toujours parti de mon plein gré et libre de tout engagement.
Je vous signale, à toutes fins utiles, que je possède un habit, une jaquette, un complet-veston croisé et que je porte avec une certaine désinvolture le chapeau claque, le bicorne et la chéchia.
Je vous serais fort obligé de bien vouloir me fixer un prochain rendez-vous afin que nous puissions débattre les conditions.
En l’attente d’une prompte réponse, je vous prie d’agréer, Monsieur le Préfet, ainsi que votre dame, l’assurance de ma parfaite considération sans préjudice de mes salutations distinguées et de mes civilités empressées.
À tout hasard, il avait même préparé un discours type, susceptible d’être prononcé n’importe où et n’importe quand, mais pas par n’importe qui…
Messieurs,
Les circonstances qui nous réunissent aujourd’hui sont de celles dont la gravité ne peut échapper qu’à ceux dont la légèreté et l’incompréhension constituent un conglomérat d’ignorance que nous voulons croire indépendant de leurs justes sentiments.
L’exemple glorieux de ceux qui nous ont précédés dans le passé doit être unanimement suivi par ceux qui continueront dans un proche et lumineux avenir un présent chargé de promesses que glaneront les générations futures délivrées à jamais des nuées obscures qu’auront en pure perte essayé de semer sous leurs pas les mauvais bergers que la constance et la foi du peuple en ses destinées rendront vaines et illusoires.
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