Jean-Marie Le Clézio - Fièvre

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Fièvre: краткое содержание, описание и аннотация

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Ces neuf histoires de petite folie sont des fictions ; et pourtant, elles n'ont pas été inventées. Leur matière est puisée dans une expérience familière. Tous les jours, nous perdons la tête à cause d'un peu de température, d'une rage de dents, d'un vertige passager. Nous nous mettons en colère. Nous jouissons. Nous sommes ivres. Cela ne dure pas longtemps, mais cela suffit. Nos peaux, nos yeux, nos oreilles, nos nez, nos langues emmagasinent tous les jours des millions de sensations dont pas une n'est oubliée. Voilà le danger. Nous sommes de vrais volcans.
Il y a longtemps que j’ai renoncé à dire tout ce que je pensais (je me demande même parfois s’il existe vraiment quelque chose qui s’appelle une pensée) ; je me suis contenté d’écrire tout cela en prose. La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne, ou presque. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste plus que l’écriture, l’écriture seule, qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit, avec minutie, avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complaisance. C’est difficile de faire de l’art en voulant faire de la science. J’aimerais bien avoir en quelque sorte un ou deux siècles de plus pour savoir. J. M. G. L. С.

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Je suis un nain. Je n’ai plus de forces, je tremble de tous mes membres. La peur : qu’on me laisse là, oublié dans mon trou, je ne suis pas digne qu’on se souvienne de moi, qu’on se penche vers moi, qu’on me regarde. Oubliez-moi. Tout est si grand, anguleux ; les lumières sont blessantes ; elles passent parfois rapidement, parfois longuement, traînant sur mes rétines d’éternelles robes blanches, nacrées. Des éclairs, des soleils électriques. À gauche, à droite, des crissements, des grincements de bois écorché. Je suis pris sur une étendue de buvards, et la poussière bouge au milieu d’âpres odeurs d’encre. Et tout monte en moi.

Des vagues acides s’élancent de mon ventre, écartent les parois des muqueuses, et montent, montent, montent. Je vomis le monde partout. Je suis inondé ; puis appelé, arraché, secoué. Bercé, balancé. Alors d’autres nappes surviennent, des voiles gazeux, hypnotiques, qui se posent en voletant légèrement sur ma tête, et la recouvrent, l’un après l’autre, comme des scories.

Quel chiffre ? ? ? 2 ? 1 ? moins encore ?…

Le marécage est vraiment très grand. Des fumées s’élèvent ici et là, un peu partout, et les odeurs sucrées ou piquantes rôdent, tournoient. Des bêtes très lentes surgissent de la boue, leurs carapaces noirâtres luisant sous la lumière, des gouttes perlant sur les pustules. Ces bêtes sortent leurs cous du marécage, avec de longs étirements de vertèbres, puis elles regardent de côté, et leurs yeux ouverts trouent la cuirasse de boue. Dans un ciel plein de vapeurs, des signes lourds sont tracés : des barres épaisses, charbonneuses, qui s’émiettent peu à peu dans le vent. Par endroits, le froid est si intense qu’on voit des cristaux de glace se former à même la couche d’air, comme sur une vitre. En d’autres endroits, c’est au contraire la chaleur, un été humide et accablant, et des spirales se dessinent dans les flaques de terre fondue. Les bulles s’entrechoquent, luttent, et puis éclatent en projetant autour d’elles des éclaboussures sales. Tout bouillonne, tout cogne. Des ondes sourdes voyagent à des kilomètres de profondeur, et d’imperceptibles frissons de la croûte terrestre marquent ces itinéraires. La faim. La soif. Recroquevillé, baignant dans la sueur. La fièvre, quelle fièvre ? La gorge ouverte, la gorge déployée, pour sucer l’air et la vie, les liquides nourriciers, la fraîcheur, pour calmer ce feu dévorant qui brûle dans les entrailles, pour apaiser ces rougeurs, ces gerçures, pour inonder ces replis de peaux sèches, pour respirer, pour irriguer, pour entrer tout vivant dans l’atmosphère, et nager, voler, ramper, flotter, s’étendre, grandir, vivre, vivre ! Et le cri rauque, strident, doublé d’un autre cri, d’un « han ! » de casseur de pierres, ces deux cris réunis montent ensemble, continuent à s’élever vers le plafond.

Et puis, en route vers l’espèce de mort. Année Zéro.

L’homme qui marche

On peut perdre l’essentiel d’une vie à marcher sans être pour autant un homme qui marche. C’est évident. Et inversement, on peut n’avoir que peu marché en somme, avoir eu peu de goût pour la marche, n’avoir jamais su marcher, et être cependant incontestablement un homme qui marche . Telle est la loi de toute vie profonde, par quoi les êtres et les choses ne sont que par un dessin propre, un accomplissement hors de toute pondération, hors de toute limite, et cela sans appel. Témoin l’histoire qui arriva à J.-F. Paoli.

À onze heures du matin, Paoli sortit d’un très long sommeil, d’un sommeil étouffant et torride, accablant, qu’il avait provoqué neuf heures auparavant à l’aide d’une dose trop forte d’hypnogènes. Il se leva, ouvrit les volets, et circula en pyjama à travers le studio. Le soleil, déjà haut dans le ciel, chauffait le mur de la façade est. Quand il eut fini de se laver et de s’habiller, Paoli fit bouillir un peu d’eau dans une casserole et prépara une tasse de Nescafé. Puis, il but, assis sur le tabouret de la cuisine, et resta là un moment sans rien faire, abruti, attendant Dieu sait quoi. La main-éponge qu’il avait accrochée à un clou, au-dessus de l’évier, dégoulinait mécaniquement sur une bassine de fer renversée. Les gouttes tombaient régulièrement, l’une après l’autre, ou parfois deux en même temps, selon un rythme qu’il s’exerçait à comprendre. En se retournant pour regarder, il vit que de la main-éponge s’échappaient deux sources d’eau, une à droite, l’autre au centre. Celle du centre, plus fournie, coulait plus vite. Si bien que pour environ cinq gouttes venues de droite, il tombait onze à douze gouttes venues du milieu. Les gouttes ne tombaient d’ailleurs pas au même endroit : celles du centre frappaient le bord de la bassine, près de la zone de soudage, avec un bruit aigu, net ; celles de droite cognaient le centre du récipient, et le bruit de l’impact avait quelque chose de plus gong, une qualité de son sourd et profond, une note grave, souterraine, qui vibrait le temps de deux gouttes aiguës, approximativement. Toutefois, par suite d’accélérations mystérieuses dans le processus du dégoulinement, vibrations de l’air, coups dans les canalisations, union brusque de deux ruisseaux minuscules au sommet du tissu-éponge, le rythme même de chaque source était variable. L’on pouvait très bien avoir tout à coup, par surprise, une série de trois « bong ! » où n’intervenait aucun « tic ! ». Ou, inversement, en mitrailleuse, il pouvait y avoir une suite de dix à onze « tic ! » sans le moindre « bong ! ». Pourtant, en dépit de ces fluctuations, le rythme restait précis, violemment réglé, et s’il avait fallu le transcrire, on aurait pu aboutir au thème suivant :

Tic tic tic tic tic tic tic tic tic tic tic tic

Bong bong bong bong bong bong

Paoli, tassé sur son tabouret, entendait le cliquetis des gouttes d’eau de façon de plus en plus criarde. C’était entré tout simplement par ses oreilles grandes ouvertes, et maintenant, c’était là, installé dans sa tête, un vrai robinet en train de fuir, en train de le remplir sournoisement, goutte après goutte. Il en était possédé ; c’était comme un repoussoir, comme une sorte de tampon de bruit qui avançait d’un millimètre à chaque déclic, et le refoulait vers des ténèbres. Ou bien comme un animal minuscule, dans le genre d’une souris, et qui bondissait, rebondissait, s’échappait loin de lui, et le traînant avec elle, par petits soubresauts de l’échine, par réflexes atrophiés, l’attirait vers sa cache, vers son trou au coin d’un mur, là où il serait abandonné, laissé pour compte, dans le silence et dans la prison de son corps trop grand.

J.-F. Paoli avait peur d’être abandonné par le petit animal mécanique ; avec un effort de volonté, il arriva à oublier la présence de cette créature malfaisante. Mais à peine avait-il réussi à effacer la forme du corps, ténu et gris, que quelque chose d’autre survint. C’était la musique, cette fois. Pas n’importe quelle musique : le thème était venu naturellement, simplement, de l’alternance rythmée des graves et des aigus. Mais ce thème, normal après tout, ne s’était-il pas plus tôt formé, qu’il s’était déjà multiplié, divisé, construit à l’infini, répercuté, renvoyé, refait dans tous les sens, sur toutes les vitesses. Chaque goutte qui tombait de la main-éponge, à présent, se brisait en mille, en deux mille, en cent mille autres gouttes, toutes pareilles, qui retombaient en pluie, pêle-mêle, et martelaient les oreilles d’un roulement obscur et aigre de cliquetis des cliquetis des clapotements des cliquottements, à l’infini. Tout était mélangé, et éternel, car chaque nouveau morcellement d’une goutte tombant sur la bassine renversée prenait vie à son tour et continuait son rythme d’alternance des graves et des aigus, et faisant cela, se morcelait à son tour en d’autres gouttelettes, qui devenaient d’autres parcelles, puis d’autres bruines, et des pluies, des douches, des brouillards, des fumées, des embruns, des buées de bruits, tous perceptibles, tous précis, rigoureux, inévitables, accordés à leurs propres harmonies, tressant dans les tympans de Paoli une drôle de symphonie de l’extase, un abîme absolu et intransgressif, qui vous emportait, qui vous asseyait dans son palanquin, sous un dais, et vous acheminait lentement, royalement, vers les domaines de la folie.

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