Jean-Marie Le Clézio - Fièvre

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Ces neuf histoires de petite folie sont des fictions ; et pourtant, elles n'ont pas été inventées. Leur matière est puisée dans une expérience familière. Tous les jours, nous perdons la tête à cause d'un peu de température, d'une rage de dents, d'un vertige passager. Nous nous mettons en colère. Nous jouissons. Nous sommes ivres. Cela ne dure pas longtemps, mais cela suffit. Nos peaux, nos yeux, nos oreilles, nos nez, nos langues emmagasinent tous les jours des millions de sensations dont pas une n'est oubliée. Voilà le danger. Nous sommes de vrais volcans.
Il y a longtemps que j’ai renoncé à dire tout ce que je pensais (je me demande même parfois s’il existe vraiment quelque chose qui s’appelle une pensée) ; je me suis contenté d’écrire tout cela en prose. La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne, ou presque. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste plus que l’écriture, l’écriture seule, qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit, avec minutie, avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complaisance. C’est difficile de faire de l’art en voulant faire de la science. J’aimerais bien avoir en quelque sorte un ou deux siècles de plus pour savoir. J. M. G. L. С.

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C’est cette musique-là, pas l’autre, qui poussa J.-F. Paoli debout, et le fit marcher, dans la force des martèlements et des fugues, qui le fit si l’on veut rompre le silence de ses muscles, et pénétrer plus avant, plus profond dans l’espace neuf, de ses deux jambes mouvantes, de ses reins tendus, de ses bras flottants, de sa respiration cadencée.

Il avançait. Il quittait le studio, le parallélépipède aux murs peints en blanc, où régnait l’inertie, où la puissance de l’action était assise et étouffait toute seule. Il descendait les marches de l’escalier ; d’abord une à une, puis plus vite, deux à deux, encore plus vite, quatre à quatre, cinq à cinq, la main agrippée à la rampe, six à six, et, arrivé au dernier palier avant la rue, il les sautait toutes, les quatorze petites marches, en une fois, il bondissait d’un seul élan, d’un seul choc, jusqu’à la rue ouverte sur le ciel.

Puis il se mettait en route, sans savoir où il allait, le cœur un peu pincé à l’idée de tout ce qu’il allait voir, de tout ce qu’il lui faudrait voir en cette simple journée, de toutes les filles qu’il allait croiser sur son chemin, de toutes les femmes à la démarche souple et calme de fauves, de ces vieillards boiteux, infirmes, de toute cette foule où il allait sans doute passer, et qui allait le malmener.

Il était décidé. Il oubliait tout. Jusqu’à son nom, sa famille, et son histoire. Rien n’était important, rien ne valait la peine qu’on parle. Il oubliait ça aussi, vous savez, cette histoire avec Jeanne. Elle était partie hier, dans l’après-midi, après une espèce de querelle de rien du tout ; il oubliait encore. Et ce mot, qu’elle avait griffonné à la hâte, au crayon rouge, sur son éphéméride :

Samedi 16 mai 1964 Saint Honoré

Soleil : lever 4.09 heures.

coucher 19.25 heures.

Lune : lever 8.23 heures.

coucher 23.49 heures.

Matin :

Rendez-vous à 11 h 30 avec Jonas.

Préparer la facture pour Citroën.

Après-midi :

Ne m’en veux pas. Il vaut mieux qu’on se sépare pour quelque temps. Ça ne sert à rien de continuer comme ça. À un de ces jours peut-être.

Jeanne.

Tout ça n’était pas bien sérieux. Il fallait marcher, marcher dessus, piétiner, ne laisser aucune trace. Ici, sur le trottoir, était l’aventure, la véritable aventure de J.-F. Paoli. Il n’était pas seul. Il avait pour lui des kilomètres et des kilomètres, des bâtisses, des magasins, des rues, des platanes, des voitures, les autres piétons. Paoli croisa une jeune fille qui marchait en sens inverse, très droite, balançant un sac au bout de son bras. Puis une autre, aux cheveux mi-longs, châtain clair, aux yeux cachés par des lunettes de soleil en forme de papillon. Deux encore, accompagnées d’un type en blue-jeans, et qui parlaient et riaient très fort. Très bien, tout ça. Très bien. Continuez. Paoli n’était pas seul ; il marchait avec les autres, il était vivant, il rencontrait des tas de jeunes filles qui marchaient comme lui. Peut-être plus loin, à un carrefour, il rencontrerait une jeune fille qui irait dans le même sens que lui, sensiblement la même allure, un peu moins vite quand même, qu’il pourrait aborder poliment, à qui il pourrait dire, avec bonne humeur, « Excusez-moi, puis-je faire un bout de chemin avec vous ? Est-ce que cela ne vous gêne pas que je vous accompagne un instant ? Vous allez où ? Vous vous promenez souvent par ici ? Vous habitez dans le quartier, sans doute ? Etc. » et il serait sauvé.

Paoli longea ainsi une série de rues, les unes à l’ombre, les autres au soleil. Une force mystérieuse s’était logée en lui, avait gonflé ses muscles et ses tendons, et le propulsait en avant, sur le ciment sonore. C’était un peu comme s’il avait été habité par une mécanique parfaite, où rien n’était laissé au hasard, où tous les mouvements s’enchaînaient naturellement, par le seul jeu des bielles pivotant sur des axes, de soupapes commandées par des systèmes compliqués et décisifs de rouages, de roues lisses ou dentées, de billes, de clavettes d’acier, de vis sans fin. Dans son cerveau, rien n’était clair. Aucune idée, pas la moindre petite pensée n’arrivait à se former. C’était une étendue de brume, qui régnait d’un bout du crâne à l’autre, et d’où n’émergeait rien, sauf le roc, le cri tendu de la volonté. Une sorte de corde raide à se rompre, qui avançait droit devant lui, jusqu’à l’horizon et même plus loin, et qu’il suivait sans comprendre. Un cri, oui, un cri bien lisse et bien monotone, un cri comme une route, un long et strident iiiiiiiiiiiiiiiii qui l’aspirait en avant, modelait tout son corps en une forme aérodynamique, le jetait, appuyait sur l’accélérateur, le faisait fuser, tout droit, avion supersonique, à l’assaut des points fuyants où s’unissent les perspectives.

Il arriva doucement vers le centre de la ville ; un nuage mince, en forme d’animal, avait glissé devant la boule du soleil, et la lumière qui filtrait semblait plus blanche, d’un blanc éblouissant, une neige omniprésente. Il n’y avait pas de vibrations, pas de chaude couleur jaune. Tout était source de lumière, comme si les murs des maisons, les carrés du trottoir, les vitrines, et jusqu’aux peaux des hommes, étaient des miroirs. Elle était partout, la lumière tranchante, elle venait de tout, elle saturait. En même temps, une sorte de chaleur humide et étouffante s’était mise à régner sur la ville, et Paoli sentait les gouttes de sueur qui coulaient le long de ses flancs.

Cette chaleur, peut-être, cette lumière, se mirent à décupler la puissance des yeux des gens, autour de lui. Ils n’étaient pas plus brillants, non, mais l’agressivité des éclairages obligeait les paupières à battre, continuellement, et l’on pouvait, à chaque clignotement, être pris en état d’infériorité, d’humiliation. Pour lutter, beaucoup plus que pour se cacher, J.-F. Paoli prit des lunettes noires dans la poche supérieure de sa chemise, et les chaussa.

Et puis la ville était pleine de regards indiscrets, d’espèces d’espions qui, sous prétexte de vendre des journaux, s’enfermaient dans des guérites, au bord du trottoir, et, leurs yeux perçants enfouis derrière des trous noirs, épiaient, épiaient tout le temps ; d’autres, cachés derrière des jalousies à demi fermées, vous regardaient passer du haut des maisons, filmaient tous vos mouvements dans la boîte obscure et brûlante de leurs crânes. Des chiens passaient, et vous observaient à la dérobée, ou bien des chats, des oiseaux dans leurs cages, des enfants dressés dans leurs landaus, des mouches insolentes, des pigeons qui tournoyaient au-dessus de votre tête en des vols bruyants, lourds. Cachés derrière les vitrines, les marchands vous reconnaissaient, vous voyaient, vous étudiaient, et vous, vous ne voyez rien, vous passez, vous marchez, les vitres sont opaques. Plus loin, des enfants encore, des policiers, quelques vieilles femmes, aux yeux lourds, mais qui savent voir. Au bord des murs, dans les vieux coins pourris, il y a des clochards qui dorment, qui ont l’air de dormir, mais ils mentent, ils regardent, ils laissent filer hors de leurs paupières bouffies un mince rayon qui vous perce, qui vous fait une piqûre. Des mendiants étalés sur votre passage, et quand vous arrivez, c’est vous le mendiant, c’est vous qui vous voyez déambuler, raide, maladroit, vous frayant un chemin à travers une aire d’insultes, repoussant un vrai rideau d’ordures. Et sans cesse, infatigablement, les passants, tous, hommes, femmes, enfants, chiens, ombres qui vont et viennent, qui tournoient, qui sont vertige, peur, colère. La ville était comme ça, toute nette, toute dure, avec des centaines, des milliers de trous percés de tous côtés, au fond desquels brillaient comme des billes les yeux excités. Paoli, le souffle court, pris au centre de ces regards, pris par cet essaim d’abeilles, sentait une étrange mollesse l’envahir. Les muscles de ses jambes étaient toujours fermes, ses nerfs laissaient toujours passer la vibration presque électrique de la volonté, et pourtant, quelque part en son corps à présent, il y avait un point tendre, inoffensif, un cœur meurtri, mouillé, qui le rendait lâche.

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