Jean-Marie Le Clézio - Fièvre

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Ces neuf histoires de petite folie sont des fictions ; et pourtant, elles n'ont pas été inventées. Leur matière est puisée dans une expérience familière. Tous les jours, nous perdons la tête à cause d'un peu de température, d'une rage de dents, d'un vertige passager. Nous nous mettons en colère. Nous jouissons. Nous sommes ivres. Cela ne dure pas longtemps, mais cela suffit. Nos peaux, nos yeux, nos oreilles, nos nez, nos langues emmagasinent tous les jours des millions de sensations dont pas une n'est oubliée. Voilà le danger. Nous sommes de vrais volcans.
Il y a longtemps que j’ai renoncé à dire tout ce que je pensais (je me demande même parfois s’il existe vraiment quelque chose qui s’appelle une pensée) ; je me suis contenté d’écrire tout cela en prose. La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne, ou presque. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste plus que l’écriture, l’écriture seule, qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit, avec minutie, avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complaisance. C’est difficile de faire de l’art en voulant faire de la science. J’aimerais bien avoir en quelque sorte un ou deux siècles de plus pour savoir. J. M. G. L. С.

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J’étais en quelque sorte nourri de cette rumeur. Elle entrait par mes oreilles et par toute ma peau et s’installait à l’intérieur de mon corps, déclenchant des mécanismes inconnus, des rouages. Au bout de quelque temps, j’étais devenu une sorte de voiture, moi aussi, une machine d’occasion sans doute ; ma peau s’était durcie, avait pris des tons métalliques, et, au plus profond de mes organes, c’était une mécanique dansante qui se déchargeait, à droite, à gauche, à droite, à gauche. Des pistons saillaient, des bielles s’emportaient, et à l’intérieur d’un repli de chair solide, dans le genre d’une culasse, un souffle chaud et puissant s’allumait très vite, et s’anéantissait en son propre éclatement, refoulant des vagues de fumée gorgée de suie, lourdes et larges comme des nappes de sang. Alors, pris par le mouvement et par l’automation, j’étais perdu au centre de ce labyrinthe de carrosseries éblouissantes. Je butais contre les pare-chocs chromés, j’étais fusillé par les faisceaux des phares, étalé, écrasé sur le sol par des paires de roues qui passaient sur moi et dessinaient les motifs de leurs pneus sur ma peau. Je bougeais sans cesse, je me faufilais entre les rangées de voitures. Au passage, des noms s’accrochaient à moi et restaient fixes sur mes rétines, De Soto, Pontiac, Renault, Ondine, Panhard, Citroën, Ford. Sans courir, je filais en zigzag sur le macadam, je contournais les formes obèses, les angles des ailes, les pare-brise, les coffres, les roues de secours. Je rampais sous les camions, je raclais mon dos le long des arbres de transmission, dans des clairs-obscurs pleins d’odeurs d’essence et de nappes d’huile. Dans l’ombre grasse et entre les pneus. C’étaient pour moi des chambres minuscules, étouffantes, aux murs de caoutchouc, et dont le plafond, très bas, fourmillait de tubulures et de fils. Et je prenais place dans ces chambres, tout près du sol, et je les habitais entièrement, comme un quadrupède. C’est cela, j’étais une sorte de chat de gouttière effrayé par des bruits et par des lumières, et je rampais tout le temps sous le ventre des voitures.

Quand je suis sorti du parking, en passant sous un Berliet, j’ai vu un jardin public, et, derrière, une grande place entourée d’arcades ; c’est là que j’ai marché pendant vingt minutes. Les gens commençaient à me regarder bizarrement, parce qu’en me traînant sous les automobiles, j’avais taché mes vêtements de cambouis et j’avais déchiré mon pantalon au genou droit. Alors je suis allé au plus dense de la foule, et je me suis laissé porter par le mouvement sans rien dire. Quand j’ai été fatigué, j’ai choisi un banc au bord du trottoir, et je me suis assis. J’ai fumé une cigarette, en regardant les voitures passer. Après un moment, comme je ne savais pas trop quoi faire, et que je n’ai jamais aimé regarder les choses en face trop longtemps, je me suis mis à graver des lettres à la suite dans le dossier du banc, avec un caillou pointu. Ça a donné quelque chose comme :

AXEIANAXAGORASEIRA

J’ai vu une petite fille qui s’efforçait à faire du patin à roulettes avec un seul patin. Elle prenait son élan, puis elle s’élançait en avant, les deux bras levés en l’air, et elle glissait sur un seul pied. Mais elle perdait tout de suite l’équilibre, et à chaque fois, manquait de tomber. Elle tomba même deux ou trois fois. Mais cela ne semblait pas la décourager, et elle recommençait toujours, inlassablement ; à un moment, elle passa tout près du banc, et s’y accrocha pour s’arrêter. Je l’ai regardée et je lui ai dit :

« Vous n’avez pas peur de tomber ? »

Mais elle ne m’a pas répondu. Une minute plus tard, comme elle revenait près du banc, je lui ai reposé la même question. Elle m’a dit :

« Il faudrait que j’aie les deux patins, là, je ne tomberais pas. »

Je lui ai demandé pourquoi elle n’avait pas les deux patins. Elle a réfléchi un instant, puis elle a répondu :

« C’est Ivan. Mon petit frère. C’est lui qui a l’autre patin. Vous comprenez, les patins sont à lui, alors il ne m’en prête qu’un à la fois. »

Elle a fait un ou deux aller-retour, comme ça, à cloche-pied, en évitant les passants, puis elle est revenue près du banc.

« Et encore. S’il me prêtait le patin droit ça serait facile. Mais il ne me prête que le patin gauche, alors… »

Je lui ai dit que je ne savais pas qu’il y avait des gauches et des droits dans les patins à roulettes. Je pensais qu’ils étaient interchangeables.

« D’habitude oui. Mais là, c’est des patins spéciaux. Vous voyez », dit-elle en me montrant son pied ; « vous voyez, il y a comme une chaussure dessus. D’habitude, il y a seulement des courroies. Mais dans ces patins-là, il y a une espèce de chaussure pour mettre le pied ; c’est spécial ; c’est pour qu’on ne se fasse pas mal. »

Moi, j’ai dit que c’était bête qu’on ne puisse pas mettre le patin gauche au pied droit, et que ça devait être bien difficile de se tenir comme ça sur la jambe gauche, sauf, bien entendu, pour les gauchers. Elle m’a regardé d’un air un peu apitoyé et elle m’a expliqué :

« Les gauchers, c’est pour les mains, voyons, pas pour les pieds, c’est connu. »

J’ai eu beau essayer de lui dire qu’il y avait des gens qui étaient gauchers des pieds comme des mains, elle n’a pas voulu me croire. Elle m’a dit que c’était idiot, complètement idiot. Alors je me suis seulement contenté de répéter que ça devait être tout de même bien compliqué de faire du patin à roulettes sur le pied gauche. Elle m’a crié :

« Question d’habitude. »

Et elle a recommencé à courir. Elle est allée très loin, cette fois, et un groupe de passants l’a dérobée à mes yeux. J’ai attendu un instant qu’elle reparaisse, parce que je voulais lui demander de me prêter son patin pour faire un tour ; mais elle n’est pas revenue, et, comme je commençais à avoir froid de nouveau, je suis parti, moi aussi.

Aux environs de la gare, j’ai rencontré une amie d’enfance ; elle s’appelle Germaine, Germaine Salvadori. Je ne l’avais pas vue depuis très longtemps, à cause de ce voyage que j’avais fait en Bulgarie. Nous avons vaguement parlé, de choses insignifiantes, comme ça, debout sur le bord du trottoir. Elle m’a dit qu’elle était mariée, à présent, et qu’elle avait une petite fille, nom Élodie. J’ai dit que c’était un nom curieux, etc., mais en réalité, c’était faux, je trouvais ce prénom prétentieux et cabotin. Elle m’a proposé d’aller prendre un verre, probablement en souvenir du temps où j’étais sorti avec elle. J’avais soif et j’ai accepté. J’ai écouté tout ce qu’elle m’a dit, son expédition en Espagne, son mariage, le nom de son mari, son gosse, l’éducation, le métier, tout ça passionnément, comme si ç’avait été la vérité. Il y avait quelque chose que je ne comprenais pas, derrière tous ces mots, une sorte de drame qu’on m’aurait tenu caché. Je voulais intensément le découvrir, écarter des quantités de remparts, épuiser toutes les voies du labyrinthe, méthodiquement, une à une, forer un trou avec ma tête dans l’obstacle de l’oubli. C’était épuisant. Après une heure, j’avais mal à l’intérieur du cerveau, derrière les yeux, et les lumières et les bruits du café bougeaient autour de moi comme des personnes. Je me sentais cuirassé, hermétiquement clos contre je ne sais quoi, imperméable aux feux d’artifice des autres hommes et de cette femme. Elle m’a dit :

« J’ai appris ton succès avec ta pièce de théâtre, tu sais. J’ai lu ça dans les journaux, et ça m’a rappelé le temps de la propé. Comment elle s’appelle, ta pièce, déjà ? Je ne me souviens plus… »

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