Jean-Marie Le Clézio - Fièvre

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Ces neuf histoires de petite folie sont des fictions ; et pourtant, elles n'ont pas été inventées. Leur matière est puisée dans une expérience familière. Tous les jours, nous perdons la tête à cause d'un peu de température, d'une rage de dents, d'un vertige passager. Nous nous mettons en colère. Nous jouissons. Nous sommes ivres. Cela ne dure pas longtemps, mais cela suffit. Nos peaux, nos yeux, nos oreilles, nos nez, nos langues emmagasinent tous les jours des millions de sensations dont pas une n'est oubliée. Voilà le danger. Nous sommes de vrais volcans.
Il y a longtemps que j’ai renoncé à dire tout ce que je pensais (je me demande même parfois s’il existe vraiment quelque chose qui s’appelle une pensée) ; je me suis contenté d’écrire tout cela en prose. La poésie, les romans, les nouvelles sont de singulières antiquités qui ne trompent plus personne, ou presque. Des poèmes, des récits, pour quoi faire ? L’écriture, il ne reste plus que l’écriture, l’écriture seule, qui tâtonne avec ses mots, qui cherche et décrit, avec minutie, avec profondeur, qui s’agrippe, qui travaille la réalité sans complaisance. C’est difficile de faire de l’art en voulant faire de la science. J’aimerais bien avoir en quelque sorte un ou deux siècles de plus pour savoir. J. M. G. L. С.

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Et, en plus, il faisait froid. J’ai fini de fumer ma cigarette, puis je l’ai jetée sur la chaussée, juste sous la roue avant d’un camion qui passait. J’ai relevé le col de mon veston et je me suis mis à arpenter la rue. J’ai regardé les vitrines des magasins, les unes après les autres. Devant un étalage de chaussures, il y avait une vendeuse. Pour dire quelque chose, je lui ai demandé :

« Combien elles font, les pantoufles ? »

« Les fourrées ? »

« Oui. »

« Quinze francs. »

« Merci. »

J’ai fait ainsi six fois le tour du pâté de maisons. À la sixième, je connaissais presque tout : les 2 cafés, dont 1 bureau de tabacs + la droguerie + 1 marchand de chaussures + 10 réverbères verdâtres + poste de police et objets trouvés + 1 magasin de céramiques de l’Étoile + chaussures André + 56 voitures en stationnement + 11 scooters + 7 bicyclettes + 1 vélosolex + pharmacie de l’angle + 1 magasin de la Guilde + gaines et soutiens-gorge + marchand de journaux et librairie + les affiches + 1 horlogerie-bijouterie Masséna + 1 réparation du trottoir, près de l’angle sud + vins gros mi-gros + boutique de coiffeur + 1 guichet de la Loterie Nationale + « Florence » de Paris + 1 tout-à-1 franc + opticien + l’autre coiffeur hommes-dames + Jean Leclerc chirurgien-dentiste + 1 pâtisserie + l’entrée du garage, noire et crasseuse + « Automatic » + 1 magasin Singer + portes + rez-de-chaussée + fenêtres à barreaux + graffiti + taches + défense de stationner + les sonnettes + thé Lipton + 1 mendiant assis par terre + fenêtres + fenêtres + fenêtres, toutes ces ouvertures et toutes ces excavations à ras de terre qui trouaient les murs de tous côtés ; à la sixième fois, donc, j’ai dû m’arrêter ; j’aurais bien continué comme ça, durant des heures, ou davantage ; mais les agents en faction devant l’entrée du Poste de Police commençaient à me regarder d’un drôle d’air, et j’ai pensé qu’il valait mieux ne plus repasser devant eux.

Alors je suis reparti en ligne droite, le long de la rue principale. J’avais sensiblement moins froid ; au bout de la rue, il y avait une espèce de soleil d’hiver, très bas, qui semblait immobile. En marchant, je l’ai regardé un instant, et j’ai eu envie de savoir tout à coup ce qui pouvait bien se passer pour les gens qui vivaient 5 000 kilomètres plus loin. Pour eux, le soleil devait être encore très haut dans le ciel. Ou peut-être une nappe de nuages voilait-elle la chaleur, mélangeant les doux rayons à des gouttes de pluie. Mais de là où j’étais, en hiver, c’était très dur de savoir. Je me suis mis à marcher très calmement, posant les talons les premiers sur le revêtement de goudron froid, les deux yeux fixés sur la boule blanche qui se noyait près de l’horizon. Ce qui était bizarre, offusquant, c’était que je me sentais vivre, dans la plus profonde évidence, et qu’en même temps, il me semblait être devenu transparent sous la lumière. Les vibrations de l’éclairage passaient à travers moi comme à travers un bloc d’air, et me faisaient onduler doucement du haut en bas. Tout mon corps, tout mon corps vivant était attiré invinciblement par la source lumineuse, et j’entrais longuement dans le ciel ouvert ; j’étais bu par l’espace, en plein mouvement, et rien ne pouvait arrêter cette ascension. J’étais comme construit, brique sur brique, en un haut édifice, en une muraille circulaire qui s’étalait sèchement jusqu’au plus profond des cieux. Ma chair était cimentée sur ce relief du monde, et je la sentais bouger et croître, toute craquante, étirée, paresseuse, vers ce soleil, dans le genre d’un eucalyptus. C’était la liberté, ou quelque chose comme ça. Je croisais des hommes et des femmes dans la rue, et je les distinguais très nettement, découpés en ombres chinoises sur le fond blanc de l’horizon ; ou bien des obstacles, des animaux, des lampadaires, des vieillards cheminant sur place au bord du trottoir venaient à moi au cours de ma marche ; mais au dernier instant, ils paraissaient s’écarter et fondre comme des branchages, et j’étais toujours entrant dans le ciel vide.

J’ai marché très longtemps comme ça, sans m’en rendre compte. Puis la rue a fait un tournant, et la lumière m’a manqué. Je me suis retrouvé au bord d’un mur de béton, un enclos de terrain vague, une palissade de champ de démolition, ou quelque chose de semblable. Je me suis retrouvé comme ça, brusquement, dans l’ombre, nu, refroidi, et il m’a fallu regarder intensément plusieurs objets, et quelques personnes, pour redevenir petit et anonyme.

Quelques minutes plus tard, le soleil s’est couché. Je ne l’ai pas vu disparaître, mais j’ai compris à certaines choses autour de moi que cela s’était fait très simplement. Un demi-ton de couleur avait changé, dans la rue, et sur les façades des maisons. On était passé discrètement de l’ombre au manque de lumière. Et, presque en même temps, les réverbères se sont allumés, les uns après les autres. J’ai regardé un instant l’étoile bleutée qui grandissait à l’intérieur des lampes, tournait au vert, puis au blanchâtre, puis au bleu de nouveau, mais plus cru ; je trouvais ça amusant et familier, ces lumières qui progressaient ainsi doucement dans les rues de la ville. J’avais envie d’être soudain très haut dans le ciel, en hélicoptère, ou bien au sommet d’une colline, pour pouvoir suivre la reptation des points blancs. La ville se serait dessinée pour moi, en relief, et j’aurais pensé à toutes ces maisons et à toutes ces rues où la vie humaine était en action ; j’aurais pensé à tous les dessins qu’on peut faire, en suivant avec un crayon à bille ces séries de pointillés. J’aurais pensé à des tas de lits, de chambres chaudes, de tables, de chaises, de voitures, de charrettes à légumes. J’aurais joué à être ici, ou là, ou ailleurs, en prenant à chaque fois une lumière comme point de repère. Ou bien j’aurais joué à être la ville elle-même, et j’aurais senti sur mon corps plat, plein de boursouflures et de verrues, les picotements aigres de ces lueurs, comme les tracés d’une machine à coudre invisible.

Quand tout a été bien noir, avec ces points blancs des fenêtres et des réverbères, je me suis remis en route. J’ai allumé une autre cigarette, et je l’ai fumée en marchant. J’ai regardé les visages des gens que je croisais dans la rue, ou que je dépassais, ou qui me dépassaient. L’éclairage variait ses angles, et c’étaient tantôt des yeux, avec de lourdes poches sous les paupières, tantôt des cheveux illuminés comme des auréoles, tantôt des mains, des jambes mouvantes, des vêtements devenant râpeux sous la lumière du néon, des silhouettes noiraudes grouillant dans l’ombre, près des murs. J’ai marché longtemps comme ça, en traçant de grands arcs de cercle, à travers la ville. Je suis passé par la périphérie de la ville, loin de la mer, dans un quartier d’usines à gaz et de terrains vagues. C’était désert, et il faisait froid. Puis j’ai abouti à une place, une espèce d’immense place gondolée, couvrant le lit de la rivière, où il n’y avait rien, pas un arbre, pas une maison, pas une boutique de glaces ou un marchand de journaux, rien que des voitures immobiles. J’ai traversé le parking dans sa longueur. J’ai vu des centaines de vitres obscures, des ondulations de carrosserie, noir, bleu, gris, rouge, vert, blanc, des pneus, des pare-chocs, des phares, des essuie-glaces. Là aussi, c’était désert. De temps à autre, au milieu de cette mer de voitures, sous la pluie sale des réverbères, émergeait un homme seul, vêtu d’une gabardine, ou bien un couple, en équilibre contre un capot ; il se dégageait de toutes ces machines à l’arrêt une sorte de rumeur confuse, qui n’était plus du bruit et pas encore du silence. Comme si le grondement continu des deux fleuves parallèles des rues encadrant le parking pénétrait ces masses de ferraille congelée et les faisait résonner sourdement, d’une musique pleine de cambouis et d’éloignement.

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