Daniel Pennac - Chagrin d'école

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Chagrin d'école: краткое содержание, описание и аннотация

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Chagrin d’école
Comme un roman

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Si le bon élève, fort de son aptitude à faire la part des choses, se satisfait de cette situation, pourquoi le cancre l’accepterait-il ? Pourquoi abandonnerait-il son statut de maturité commerciale pour la position de l’élève obéissant, qu’il estime infantilisante ? Pourquoi irait-il payer à l’école dans une société où des ersatz de connaissance lui sont, du matin au soir, proposés gratuitement sous la forme de sensations et d’échange ? Tout cancre qu’il soit en classe, ne se sent-il pas maître de l’univers quand, enfermé dans sa chambre, il est assis devant sa console ? En chattant jusqu’au petit matin n’éprouve-t-il pas le sentiment de communiquer avec la terre entière ? Son clavier ne lui promet-il pas l’accès à toutes les connaissances sollicitées par ses envies ? Ses combats contre les armées virtuelles ne lui offrent-ils pas une vie palpitante ? Pourquoi troquerait-il cette position centrale contre une chaise de classe ? Pourquoi supporterait-il les jugements réprobateurs des adultes penchés sur son bulletin trimestriel quand, verrouillé dans sa chambre, coupé des siens et de l’école, il règne ?

Aucun doute, si le cancre que je fus était né il y a une quinzaine d’années et si sa mère n’avait pas cédé à ses moindres envies, il aurait pillé la caisse familiale, mais pour se faire des cadeaux à lui-même, cette fois ! Il se serait offert un matériel d’évasion dernier cri, se serait laissé aspirer par son écran, s’y serait dilué pour surfer sur l’espace-temps, sans contrainte ni limite, sans horaire et sans horizon, il aurait chatté sans fin et sans propos avec d’autres lui-même. Il l’aurait adorée, cette époque qui, si elle ne garantit aucun avenir à ses mauvais élèves, est prodigue en machines qui leur permettent d’abolir le présent ! Il aurait été la proie idéale pour une société qui réussit cette prouesse : fabriquer de jeunes obèses en les désincarnant.

12

— Moi, un jeune obèse désincarné ? (Oh ! Bon dieu, le revoilà…)

— Qui te permet de parler à ma place ?

Nom d’un chien, pourquoi l’ai-je évoqué, ce cancre que je fus, cet indécrottable souvenir de moi-même ? J’arrive enfin à mes dernières pages, il me fichait la paix depuis cette conversation sur Maximilien, et voilà que je le rappelle à mon bon souvenir !

— Réponds-moi ! Qu’est-ce qui t’autorise à penser que si j’étais né il y a une quinzaine d’années, je serais le cancre hyperconsommateur que tu dis ?

Aucun doute, c’est bien lui. Toujours à exiger des explications au lieu de fournir des résultats. Bon, allons-y :

— Et depuis quand ai-je besoin de ton autorisation pour écrire quoi que ce soit ?

— Depuis que tu dégoises sur les cancres ! En matière de cancrerie c’est moi l’expert, il me semble !

Est-on l’expert de ce qu’on subit ? Les malades doivent-ils nécessairement remplacer les toubibs et les mauvais élèves se substituer à leurs professeurs ?

Inutile de le pousser sur ce terrain, il serait fichu de m’y faire noircir des pages. Finissons-en au plus vite :

— Admettons. Quel genre de cancre serais-tu aujourd’hui, d’après toi ?

— Si ça se trouve, aujourd’hui je m’en sortirais très bien ! Y’a pas que l’école, dans la vie, figure-toi ! Tu nous bassines depuis le début avec l’école, mais il y a d’autres solutions ! Tu as des tas d’amis qui ont très bien réussi hors de l’école. Il faut le dire aussi, ça ! Regarde Bertrand, Robert, Mike et Françoise : ils se sont barrés très tôt de l’école et s’en sont très bien sortis. Ils se sont fait une belle vie, non ? Alors, pourquoi pas moi ? Moi, je serais peut-être un champion de l’électronique aujourd’hui, va savoir !

— Non ? Ça te défrise cette perspective, toi qui n’es pas foutu d’initier le moindre ordinateur ! Tu me veux cancre, hein, absolument. Et perceur de coffres ! C’est pour les besoins de la démonstration ? Bon, d’accord, si j’étais né il y a quinze ans j’aurais été un cancre, le pire de ta classe, et toi tu te serais répandu : « On m’a pas formé à ça, on m’a pas formé à ça », ça te va comme ça ?

— De toute façon ce que j’aurais été ou pas, c’est pas la question.

— Quelle est la question ?

— La vraie nature du « ça » pour lequel les jeunes profs déclarent n’avoir pas été formés, la voilà la seule question, c’est toi-même qui l’as posée.

— Réponse ?

— Vieille comme le monde : les profs ne sont pas préparés à la collision entre le savoir et l’ignorance, voilà tout !

— Tu m’en diras tant.

— Parfaitement, ces histoires de perte de repères, de violence, de consommation, tout ce baratin, c’est l’explication du jour ; demain ce sera autre chose. D’ailleurs tu l’as dit toi-même : La vraie nature du « ça » n’est pas réductible à la somme des éléments qui la constituent objectivement.

— Ce qui ne nous éclaire pas sur ce qu’elle est.

— Je viens de te le dire : le choc du savoir contre l’ignorance ! Il est trop violent. La voilà, la vraie nature du « ça ». Tu m’écoutes, oui ?

— Je t’écoute, je t’écoute.

Je l’écoute et voilà qu’il se lance dans un cours magistral, monté sur estrade, on ne peut plus sûr de lui, d’où il ressort, si je le comprends bien, que la vraie nature du « ça » résiderait dans l’éternel conflit entre la connaissance telle qu’elle se conçoit et l’ignorance telle qu’elle se vit : l’incapacité absolue des professeurs à comprendre l’état d’ignorance où mijotent leurs cancres, puisqu’ils étaient eux-mêmes de bons élèves, du moins dans la matière qu’ils enseignent ! Le gros handicap des professeurs tiendrait dans leur incapacité à s’imaginer ne sachant pas ce qu’ils savent. Quelles que soient les difficultés qu’ils ont éprouvées à les acquérir, dès que leurs connaissances sont acquises elles leur deviennent consubstantielles, ils les perçoivent désormais comme des évidences (« Mais c’est évident, voyons ! »), et ne peuvent pas imaginer leur absolue étrangeté pour ceux qui, dans ce domaine précis, vivent en état d’ignorance.

— Toi, par exemple, qui as mis un an à apprendre la lettre a peux-tu, aujourd’hui, t’imaginer ne sachant ni lire ni écrire ? Non ! Pas plus qu’un prof de math ne peut s’imaginer ignorant que 2 et 2 font 4 ! Eh bien il fut un temps où tu ne savais pas lire ! Tu pataugeais dans l’alphabet. Lamentable, tu étais ! Djibouti, tu te souviens ? Puis-je maintenant te rappeler l’époque, pas si lointaine, où tu trouvais qu’Alice, ta fille — aujourd’hui plus grande lectrice que toi —, mettait de la mauvaise volonté à lire les premiers textes que l’école flanquait sous ses yeux d’enfant ? Imbécile ! Père indigne ! Tu avais oublié que cette difficulté avait été la tienne ! Et que tu étais infiniment plus lent que ta fille dans ce domaine ! Mais voilà, devenu adulte et sachant, Monsieur se montrait impatient avec une gamine en apprentissage ! Ton savoir de prof et ton inquiétude de père t’avaient tout bonnement fait perdre le sens de l’ignorance !

Je l’écoute, je l’écoute. Lancé à une pareille vitesse, je sais que rien ne pourrait l’arrêter.

— Vous êtes tous les mêmes, les profs ! Ce qui vous manque, ce sont des cours d’ignorance ! On vous fait passer toutes sortes d’examens et de concours sur vos connaissances acquises, quand votre première qualité devrait être l’aptitude à concevoir l’état de celui qui ignore ce que vous savez ! Je rêve d’une épreuve du Capes ou de l’agreg où on demanderait au candidat de se souvenir d’un échec scolaire — une brusque chute, en math, par exemple, en troisième ou en seconde — et de chercher à comprendre ce qui lui est arrivé cette année-là !

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