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Daniel Pennac: Chagrin d'école

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Daniel Pennac Chagrin d'école

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Sais-tu ce que tu étais, en réalité ?

Tu étais un élève friandise.

C’est ainsi que, devenu professeur, j’appelais (in petto) mes excellents élèves, ces perles rares, quand j’en trouvais un dans ma classe. Je les ai beaucoup aimés, mes élèves friandises ! Ils me reposaient des autres. Et me stimulaient. Celui qui pige le plus vite, répond le plus juste, et avec humour souvent, cet œil qui s’allume, et cette discrétion dans l’aisance qui est la grâce suprême de l’intelligence… La petite Noémie, par exemple (pardon, la grande Noémie, elle est en première à présent !), que son professeur de français remerciait, l’année dernière, sur son bulletin scolaire : « Merci », tout bonnement. Il était à court d’appréciations élogieuses : Noémie P., français 19/20, Merci. C’est justice : l’école de la République doit beaucoup à Noémie. Comme elle doit à mon jeune cousin Pierre, qui vient de nous annoncer sa mention très bien au bac avant de retourner affronter sur un voilier l’océan particulièrement colérique de ces premiers jours de juillet 2007 : « Des sensations un peu plus fortes que les examens… », semble nous dire son beau rire.

Oui, j’ai toujours aimé les bons élèves.

Et je les ai plaints, aussi. Car ils ont leurs propres tourments : ne jamais décevoir l’attente des adultes, s’agacer de n’être que deuxième quand ce crétin d’Untel monopolise la première place, deviner les limites du professeur à l’approximation de ses cours, et donc s’ennuyer un peu en classe, subir la moquerie ou l’envie des nuls, être accusés de pactiser avec l’autorité, à quoi s’ajoutent, comme pour les autres, les embarras ordinaires de la croissance.

Portrait d’un élève friandise : Philippe, en sixième, dans les années soixante-quinze, un filiforme Philippe de onze ans, aux oreilles perpendiculaires, doté d’un énorme appareil dentaire qui le fait zézayer comme une abeille. Je lui demande s’il a bien assimilé cette notion de langage propre et de langage figuré dont nous parlions la veille.

— Langaze propre et langaze figuré ? Parfaitement, monsieur ! Z’ai même plein d’egzemples à vous proposer !

— Je t’en prie, Philippe, nous t’écoutons.

— Bon, alors voilà, hier soir il y avait des invités à la maison. Ma Maman m’a présenté en langaze figuré. Elle a dit : « C’est Philippe, mon petit dernier. » Ze suis le dernier, c’est vrai pour l’instant en tout cas, mais pas petit du tout, plutôt grand pour mon aze, même ! « Il a un appétit d’oiseau. » C’est idiot, les oiseaux manzent une fois leur poids par zour, à ce qui paraît, et moi ze manze presque rien. Et elle a dit aussi que z’étais touzours dans la lune, alors que z’étais là, à table, avec eux, tout le monde pouvait témoigner ! Et à moi, elle ne m’a parlé qu’en langaze propre : « Tais-toi, essuie-toi la bouche, ne mets pas tes coudes sur la table, dis bonsoir et va te coucher… »

Philippe en tira la conclusion que le langage figuré était celui des maîtresses de maison et le langage propre celui des mères de famille.

— Et des professeurs, monsieur, précisa-t-il, des professeurs avec leurs zélèves !

Je ne sais pas ce qu’est devenu mon zozotant Philippe, archétype de l’élève friandise. À quoi passe-t-il sa vie ? Professeur ? J’aimerais. Ou, mieux, chargé, à Normale Sup ou dans un IUFM, de former les professeurs à la réalité des élèves tels qu’ils sont. Mais peut-être a-t-il perdu ses dons pédagogiques. Peut-être l’a-t-on jugé trop inventif pour enseigner, peut-être s’est-il endormi, peut-être s’est-il envolé…

7

Donc, l’élève tel qu’il est, tout est là.

« Fais attention, m’ont prévenu mes amis quand j’ai entrepris la rédaction de ce livre, les élèves ont énormément changé depuis ton enfance, et même depuis la douzaine d’années où tu as cessé d’enseigner ! Ce ne sont plus du tout les mêmes, tu sais ! »

Oui et non.

Ce sont des enfants et des adolescents du même âge que moi à la fin des années cinquante, voilà au moins un point de reconnaissance. Ils se lèvent toujours aussi tôt, leurs horaires et leurs sacs sont toujours aussi lourds et leurs professeurs, bons ou mauvais, restent des mets de choix au menu de leurs conversations, trois autres points communs.

Ah ! une différence : ils sont plus nombreux que dans mon enfance, quand les études s’arrêtaient pour beaucoup au certificat du même nom. Et ils sont de toutes les couleurs, du moins dans mon quartier, où vivent les immigrés qui ont construit le Paris contemporain. Le nombre et la couleur font des différences notables, c’est vrai, mais qui s’estompent dès qu’on quitte le XX earrondissement, surtout les différences de couleur. De moins en moins nombreux, les élèves de couleur, en descendant de nos collines vers le centre de Paris. Presque plus aucun dans les lycées qui flanquent le Panthéon. Très peu d’élèves blackoubeurs, dans nos centres-villes — la proportion de la charité, disons — et nous voici ramenés à la blanche école des années soixante.

Non, la différence fondamentale entre les élèves d’aujourd’hui et ceux d’hier est ailleurs : ils ne portent pas les vieux pulls de leurs grands frères. La voilà, la vraie différence ! Ma mère tricotait un pull-over à Bernard qui, ayant grandi, me le refilait. Même chose pour Doumé et Jean-Louis, nos aînés. Les « chandails » de notre mère constituaient l’inévitable surprise de Noël. Il n’y avait pas de marque, pas d’étiquette pull Maman ; pourtant la plupart des enfants de ma génération portaient des pulls maman.

Aujourd’hui, non ; c’est Mère-Grand marketing qui habille grands et petits. C’est elle qui habille, nourrit, désaltère, chausse, coiffe, équipe tout un chacun, elle qui barde l’élève d’électronique, le monte sur rollers, vélo, scooter, moto, trottinette, c’est elle qui le distrait, l’informe, le branche, le place sous transfusion musicale permanente et le disperse aux quatre coins de l’univers consommable, c’est elle qui l’endort, c’est elle qui le réveille et, quand il s’assied en classe, c’est elle qui vibre au fond de sa poche pour le rassurer : Je suis là, n’aie pas peur, je suis là, dans ton téléphone, tu n’es pas l’otage du ghetto scolaire !

8

Un enfant est mort, dans les années soixante-dix. Appelons-le l’enfant Jules, du prénom de Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique entre 1878 et 1883. Nous faisons comme si l’enfant Jules était immortel et datait de toute éternité, mais il fut conçu il n’y a guère plus d’un siècle et je réalise avec stupeur qu’il aura vécu moins longtemps que ma vieille maman. Imaginé par Rousseau vers 1760 sous la forme d’un prototype mental prénommé Émile, il fut mis au monde un siècle plus tard par Victor Hugo, qui se faisait un devoir d’arracher les enfants au travail où les enchaînait le monde industriel naissant : « Le droit de l’enfant, c’est d’être un homme, écrivait Hugo dans Choses vues ; ce qui fait l’homme c’est la lumière ; ce qui fait la lumière c’est l’instruction. Donc le droit de l’enfant c’est l’instruction gratuite, obligatoire. » Dans la fin des années 1870, la République fit asseoir cet enfant sur les bancs de l’école laïque, gratuite et obligatoire pour que fussent satisfaits ses besoins fondamentaux : lire, écrire, compter, raisonner, se constituer en citoyen conscient de son identité individuelle et nationale. L’enfant Jules avait deux casquettes : il était écolier en classe, fils ou fille dans sa famille. La famille avait à charge son éducation, l’école son instruction. Ces deux mondes étaient pratiquement étanches et l’univers de l’enfant Jules l’était aussi : il assistait sans la moindre documentation aux terrifiants bourgeonnements de l’adolescence, il se perdait en conjectures sur les particularités de l’autre sexe, il imaginait beaucoup et corrigeait avec les moyens du bord ; quant à ses jeux, la plupart relevaient de sa seule faculté à les imaginer. Sauf cas exceptionnels, l’enfant Jules ne participait pas aux préoccupations affectives, économiques ou professionnelles des adultes. Il n’était ni l’employé de la société, ni le confident de la famille, ni l’interlocuteur de ses professeurs. Bien entendu, comme tous les univers, cette société si corsetée n’était simple qu’en apparence ; le sentiment y filtrait par quantité d’interstices pour lui conférer son humaine complexité. Reste que les droits de l’enfant Jules se limitaient à celui de l’instruction, ses devoirs à être un bon fils, un bon élève et, le cas échéant, un bon mort : sur une armée de six millions d’enfants Jules 1 350 000 furent massacrés entre 1914 et 1918 et la plupart des autres n’en revinrent pas entiers.

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