Daniel Pennac - Journal d'un corps

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Journal d'un corps: краткое содержание, описание и аннотация

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13 ans, 1 mois, 8 jours
Mercredi 18 novembre 1936
Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose.
50 ans et 3 mois
Jeudi 10 janvier 1974
Si je devais rendre ce journal public, je le destinerais d'abord aux femmes. En retour, j'aimerais lire le journal qu'une femme aurait tenu de son corps. Histoire de lever un coin du mystère. En quoi consiste le mystère ? En ceci par exemple qu'un homme ignore tout de ce que ressent une femme quant au volume et au poids de ses seins, et que les femmes ne savent rien de ce que ressentent les hommes quant à l'encombrement de leur sexe.
86 ans, 9 mois, 16 jours
Lundi 26 juillet 2010
Nous sommes jusqu'au bout l'enfant de notre corps. Un enfant déconcerté.

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14 ans, 11 mois, 8 jours

Dimanche 18 septembre 1938

Elle a engagé une nouvelle cuisinière : Rolande. Comme elle ne vient plus dans ma chambre elle envoie Rolande me porter mon déjeuner. Elle lui fait faire mes plats préférés. Ce matin des pâtes aux tomates et au basilic (la sauce des bocaux de Violette !). Ce soir gratin dauphinois et lait caillé au raisiné. Je n’ai touché à rien. Je me suis juste penché au-dessus des assiettes pour respirer à fond, avec une serviette sur la tête, comme pour une inhalation. Le parfum de la tomate et du basilic te remplit vraiment. Il se répand dans tout le vide que la faim a creusé en toi. Le parfum de la muscade aussi. Tu n’es pas nourri mais tu es rempli. Rolande remporte les assiettes pleines. Elle doit se dire qu’elle est tombée dans une maison de fous. Dodo dit que je suis vraiment fortiche.

Les tomates au basilic, j’avais aidé Violette à les préparer en août. Il ne faut pas garder les bocaux trop longtemps, mon petit gaillard, un mois et demi, deux mois, pas plus, sinon le basilic brouille l’huile et lui donne mauvais goût. (C’est vrai qu’il n’y avait plus beaucoup d’air dans sa voix.) J’ai pleuré.

14 ans, 11 mois, 9 jours

Lundi 19 septembre 1938

Pour les tractions ça devient difficile. Je n’ai plus de force dans les bras. Je ne dépasse pas les dix. Avant ma grève, je ne les comptais plus. Je veux bien maigrir, ça m’est égal, mais je ne veux pas perdre mes muscles. Seulement, je n’ai pas beaucoup de graisse à perdre. Malgré mon tricot de peau, ma chemise de velours, mon gros chandail et la couverture de papa, j’ai froid. C’est la faim qui fait ça. Ta graisse fond et tu as froid. Violette n’aurait pas aimé me voir tellement pleurer. Arrête de te vider mon petit gaillard, tu vas maigrir pour de bon ! Il y a longtemps, pour me consoler après la mort de papa, elle m’avait emmené à la foire et j’avais gagné douze kilos de sucre au tir à l’arc. Le forain qui tenait le stand était furieux. C’est un tireur d’élite, ce môme, il va nous ruiner, ça suffit comme ça ! Je n’avais que dix ans et demi ! On s’était fait raccompagner en voiture et on avait donné un paquet de sucre au chauffeur. Violette, Violette, Violette… J’ai répété Violette, Violette, Violette, Violette, Violette, sans m’arrêter, en me vidant de toutes mes larmes, Violette, Violette, Violette, Violette, jusqu’à ce que son nom ne veuille plus rien dire.

14 ans, 11 mois, 10 jours

Mardi 20 septembre 1938

Ce matin j’ai jeté le petit déjeuner par la fenêtre. La tentation était trop forte. Rolande ne m’a rien apporté d’autre, ni à midi ni ce soir. J’ai pensé à papa en regardant mes côtes dans la glace de l’armoire. Papa aussi devait compter les réverbères. À la fin, il ne sortait plus du tout. Je ne vois plus très bien son visage mais je sens encore sa main sur ma tête. Elle était très grande au bout de son bras si maigre. Et très lourde. Il faisait un effort terrible pour la soulever. Le plus souvent il la posait sur la mienne et c’est moi qui la portais jusqu’à ma tête. Mais il fallait que je la tienne pour qu’elle ne retombe pas. Ou alors, je posais ma tête sur ses genoux, c’était plus facile pour lui. Il n’avait jamais faim. Il restait à table très longtemps, même après les repas, quand on avait tout débarrassé. Il n’avait pas la force de se lever, je crois. Et pas envie de parler. Un jour, une mouche s’est posée sur son nez. Il n’a rien fait pour la chasser. Autour de la table, tout le monde regardait cette mouche. Il a dit : Je crois qu’elle me prend déjà pour mon cadavre.

14 ans, 11 mois, 11 jours

Mercredi 21 septembre 1938

Quand on ne mange pas, on n’a pas envie de parler. Même si je le voulais, je parlerais difficilement. Ça ne me coûte pas de me taire. Ça me repose. Dodo, je lui fais des petits signes du bout des doigts, ça lui suffit, il comprend. Se taire longtemps, c’est comme si on se nettoyait à fond. Et puis, je n’ai plus de salive. Ma bouche est sèche, maintenant. Je reste beaucoup sur mon lit.

14 ans, 11 mois, 13 jours

Vendredi 23 septembre 1938

Je suis tombé dans l’escalier en allant aux toilettes. Elle n’était pas là. Mon bras est bleu, ma cuisse et ma poitrine aussi. J’ai mal partout, surtout quand je respire. Je ne peux prendre qu’un tout petit peu d’air à la fois. Respirer me déchire les poumons comme un emballage. Rolande m’a porté dans mon lit. Les bleus lui ont fait peur. La bosse derrière mon crâne, surtout. C’est pas Dieu possible ! Elle ne cessait de répéter ça : C’est pas Dieu possible ! Elle a fait venir le docteur. Je n’ai rien de cassé mais je me suis peut-être fêlé une côte. Quand le docteur est sorti de ma chambre, il y a eu des cris. Il criait que c’était « inadmissible ». Rolande répondait que ce n’était pas sa faute, tout de même. Elle répétait « Enfin, tout de même ! ». Où est votre patronne ? Est-ce que je sais, moi ? Je me suis endormi. C’est l’oncle Georges qui m’a réveillé. Il n’est pas retourné à Paris après les vacances. Il reste jusqu’à la fin septembre chez Joseph et Jeannette. Il chasse le papillon avec Étienne. À lui, je lui ai parlé. Je lui ai dit pour la pension. Il a trouvé que c’était une bonne idée. Tu te feras plein de camarades. Rolande est venue l’avertir que Madame était rentrée. Ils se sont enfermés dans le salon mais ils se disputaient si fort que j’ai entendu des mots, des phrases entières, même. La voix de l’oncle Georges : Complètement folle ! Sa voix à elle : C’est mon fils ! La voix de l’oncle Georges : C’est le fils de Jacques ! Sa voix à elle : Jacques n’était pas un père ! Sa voix à lui, très en colère : C’est mon neveu et comptez sur moi pour être un oncle ! Sa voix à elle, de plus en plus aiguë : Me donner des leçons d’éducation, vous, à moi ? Sous mon toit ! Sous mon propre toit ! La porte du salon a claqué, puis la porte de sa chambre. Il y a eu un long silence et je me suis rendormi. C’est encore l’oncle Georges qui m’a réveillé. Il m’a dit, la pension j’en fais mon affaire, tu iras dans celle d’Étienne. Et maintenant qu’est-ce que tu veux manger ? Qu’est-ce qui te ferait le plus plaisir ? J’ai répondu un bol de lait froid avec une tartine de raisiné. En m’apportant mon plateau, il m’a dit de ne plus jamais recommencer : On ne joue pas comme ça avec sa santé. Ton corps n’est pas un jouet ! Avale ça et habille-toi, je t’emmène chez Joseph et Jeannette.

3

15-19 ANS

(1939–1943)

Dorénavant, quand un adulte me recommandera de me prendre en main, je pourrai le lui promettre sans risque de mensonge.

15 ans, 8 mois, 4 jours

Mercredi 14 juin 1939

Je crois que nous avons fait une fameuse connerie au dortoir. Par ma faute. Une expérience. Je voulais vérifier le rôle joué par nos cinq sens dans la phase du réveil, c’était scientifique. Lorsque nous nous réveillons c’est toujours sur le signal d’un de nos sens. L’ouïe, par exemple : une porte qui claque me réveille. La vue : j’ouvre les yeux à la seconde où Monsieur Damas allume la lumière du dortoir. Le toucher : maman me réveillait toujours en me secouant ; c’était d’ailleurs inutile, dès qu’elle m’effleurait je me réveillais en sursaut. L’odorat : Étienne prétend que chez l’oncle Georges la seule odeur du chocolat et du pain grillé suffit à le tirer du sommeil. Il nous restait à tester le goût. La stimulation du goût peut-elle réveiller quelqu’un ? C’est ainsi que notre expérience a commencé. Étienne m’a mis un peu de sel dans la bouche et ça m’a réveillé. Le lendemain j’ai glissé du poivre finement moulu entre ses lèvres, même résultat. Je me suis alors demandé ce qui se passerait si on excitait les cinq sens en même temps : l’ouïe, le toucher, la vue, l’odorat et le goût. Quel genre de réveil cela donnerait-il ? Étienne a baptisé notre expérience le réveil total. Il voulait absolument être le premier à « tenter l’expédition ». Comme je le voulais moi aussi, nous avons tiré à pile ou face et j’ai gagné. Il s’agissait donc de me réveiller en menant à bien cinq actions simultanées : m’appeler, me secouer, m’éblouir, me mettre du sel dans la bouche et me faire respirer quelque chose d’assez fort. Pour l’odeur, Étienne est descendu à l’économat faucher un peu de cet ammoniaque avec lequel ils nettoient le carrelage des toilettes. Nous avons fait l’expérience ce matin, un quart d’heure avant le réveil réglementaire. Les cinq sens, donc, en même temps. Malemain m’a secoué, Rouard m’a introduit une cuillerée de vinaigre dans la bouche, Pommier m’a ébloui avec une lampe électrique, Zafran m’a flanqué un tampon d’ammoniaque sous le nez pendant qu’Étienne criait mon nom à mon oreille. Il paraît que j’ai poussé un cri terrible et que je suis resté paralysé, les yeux écarquillés, tendu comme un arc, sans pouvoir dire un mot. Étienne a essayé de me calmer pendant que les autres sautaient dans leur lit. Quand Monsieur Damas est arrivé j’étais toujours dans le même état. Mon malaise a duré plus d’une demi-heure. On a appelé un docteur. Le docteur a déclaré que j’étais en « état de catalepsie » et m’a fait transporter à l’infirmerie. Il a émis l’hypothèse que j’étais peut-être épileptique et a recommandé de me surveiller. Après le départ du docteur, Monsieur Damas en a référé à Monsieur Vlache qui a convoqué Étienne pour lui demander ce qui s’était réellement passé. Étienne a juré ses grands dieux qu’il ne savait pas, qu’il m’avait entendu crier comme au sortir d’un cauchemar et qu’il avait vainement essayé de me faire revenir à moi. Vlache l’a congédié sans avoir l’air de le croire. Quant à moi, je ne me souviens de rien. Très surpris de me réveiller à l’infirmerie, et passablement sonné. L’impression d’être passé sous un rouleau compresseur.

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