Yasmina Reza - Babylone

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Babylone: краткое содержание, описание и аннотация

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« Tout le monde riait. Les Manoscrivi riaient. C’est l’image d’eux qui est restée. Jean-Lino, en chemise parme, avec ses nouvelles lunettes jaunes semi-rondes, debout derrière le canapé, empourpré par le champagne ou par l’excitation d’être en société, toutes dents exposées. Lydie, assise en dessous, jupe déployée de part et d’autre, visage penché vers la gauche et riant aux éclats. Riant sans doute du dernier rire de sa vie. Un rire que je scrute à l’infini. Un rire sans malice, sans coquetterie, que j’entends encore résonner avec son fond bêta, un rire que rien ne menace, qui ne devine rien, ne sait rien. Nous ne sommes pas prévenus de l’irrémédiable. »
Romancière et dramaturge de renommée mondiale,
a publié chez Flammarion
(prix littéraire Le Monde 2013) et Yasmina Reza

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Il est revenu. J’ai entendu la porte de l’immeuble. Je l’ai reconnu à ses pas. Il s’est rassis à côté de moi dans le réduit. Le crâne trempé car il avait laissé le chapeau. La pluie devait tomber à verse. La mèche barrait le front et rebiquait. Il a dit, c’est quoi le protocole ?

— On peut remonter…

Comment lui dire à quel point j’allais l’abandonner ?

— … Mais ça ne sert à rien parce qu’on ne pourra jamais expliquer ce qu’on faisait tous les deux dans ce hall.

Il avait enlevé ses gants (les gants sortaient des poches latérales du perfecto comme deux oreilles frisées). Cassé en deux sur la marche, il effleurait la toile rouge du bagage, formant des courbes obscures avec son doigt. Les joues crevassées luisaient. Je croyais que c’était la pluie, mais il pleurait. Quand Jean-Lino était enfant, son père, de temps à autre après le repas du soir, prenait le livre des Psaumes et lisait un passage à voix haute. Le galon marque-page ouvrait toujours au même endroit. Il ne venait pas à l’idée de son père de le déplacer, de sorte qu’il lisait toujours le même verset, celui de l’exil. Aux rives des fleuves de Babylone nous nous sommes assis et nous avons pleuré, nous souvenant de Sion. Jean-Lino se rappelait le livre, sa couleur mordorée, la languette qui s’effilochait et surtout la gravure de couverture : des gens aux faciès veules, à moitié nus, avachis les uns sur les autres au bord d’une eau tiède, avec une harpe accrochée à une branche d’arbre. Il m’avait raconté n’avoir jamais fait le lien entre le verset et l’image. Lorsque son père articulait les mots, Jean-Lino entendait gronder le pluriel des fleuves, il voyait cingler et s’entrechoquer les bois morts sous un ciel de défaite. Quant à s’asseoir et pleurer, pour lui, ça voulait dire être en position d’attente, replié et seul. Il n’avait aucune instruction religieuse. Les Manoscrivi respectaient quelques fêtes avec la famille de sa mère, mais c’était surtout pour bouffer des carpes farcies. Jean-Lino ne comprenait rien aux vers que son père lisait (son père non plus selon lui) mais il aimait entendre les phrases venues du passé. Il se sentait participer à l’histoire des hommes même au fond de la cour Parmentier, et il s’assimilait aux trimballés, aux apatrides. Qu’avait réellement enregistré cette conne ? Je me suis repassé la scène. Je me suis revue près de la porte vitrée, derrière Jean-Lino, tenant le sac à main et le manteau. Tenant le sac et le manteau ! Tenant le sac à main de Lydie et le long manteau redingote vert que tout le quartier connaît… Il fallait oublier la version poubelles. Revenir au récit précédent. Oui, je portais le sac et le manteau. Je les avais arrachés des mains de Jean-Lino pour l’empêcher de commettre une folie. Jean-Lino, j’ai murmuré, nous devons appeler la police.

— Oui.

— J’ai une petite idée de ce qu’on pourrait raconter concernant ma présence…

— Oui…

J’ai détaillé l’histoire. Le prêt de la valise à Lydie, sa venue désemparée chez nous, notre visite pour constater la mort, le guet, l’œilleton, l’imploration dans le hall. Il était sans réaction, il s’en foutait. Ça m’a agacée qu’il se foute de me tirer d’affaire. Il tuait sa femme, je faisais tout pour l’aider et maintenant que c’était râpé, il se foutait de tout. Je l’ai secoué, vous m’écoutez Jean-Lino ? Il ne s’agit plus de vous maintenant, il s’agit de moi. C’est important que nous ayons la même version des faits.

— Oui, c’est important…

Il fouille dans une poche poitrine, il en sort des tickets et des boules de papier aluminium colorées. Il y a aussi un carré transparent d’autocollants de flèches qu’il jette par terre avec le reste.

— Vous pouvez répéter ce que je viens de dire ? Je dis quoi quand j’arrive dans le hall et que je vous vois avec tout le bazar ?

— Vous m’arrachez le sac et le manteau…

— Et ?…

— Et vous dites, vous êtes fou…

— Non, je ne dis pas tout de suite vous êtes fou, je dis d’abord : qu’est-ce que vous faites ? Qu’est-ce qu’il y a dans la valise ?!

Il regarde le sol et les vestiges de papier.

— Oui…

— Vous m’écoutez Jean-Lino ?

— Vous dites qu’est-ce qu’il y a dans la valise…

— Et ensuite je dis, vous êtes fou, ne faites pas ça !

— Oui, oui, bien sûr Elisabeth, je vous disculpe complètement, complètement…

Il secoue la tête, le tic de bouche est revenu à fond. Rien qui soit de nature à me rassurer.

— Vous avez votre portable sur vous ?

— Non.

J’ouvre le fourre-tout de Lydie et j’en sors le portable.

— On peut utiliser celui-là…

— Pour quoi faire ?

— Pour appeler la police.

Il regarde l’objet. Un Android à rabat jaune avec un bijou de portable finissant par une plume. Je regrette aussitôt ma brutalité. Tout s’est déréglé. Je voudrais avoir écouté Pierre, n’avoir pas quitté notre appartement. Jean-Lino semble complètement ailleurs. Il reste silencieux puis, d’une voix éteinte, il dit, je ne verrai jamais le laboratoire des moustiques.

— Un jour, si.

— Quand ?

— Quand vous reviendrez.

Il hausse les épaules. J’avais promis de l’emmener à Pasteur, lui faire visiter le musée, mais surtout l’insectarium. Jean-Lino voulait voir les endroits magiques de la connaissance. Aller là où la vie s’apprend. Chez Guli, il s’étiolait dans les travées où s’empilaient les grosses bêtes froides. Machines lavantes, hottes, cuisinières, congélateurs n’évoquaient rien. Il rêvait d’être introduit dans le monde du vivant, du dangereux. Je lui avais parlé de l’insectarium, une étuve de quelques pièces en sous-sol où vivent des centaines de larves dans des bassines blanches et autant de moustiques du monde entier dans des boîtes fermées par des nœuds de tulle. Un endroit mi-labo, mi-buanderie, avec un bric-à-brac de tous les jours et une machine à coudre pour les voilages. Je lui avais raconté qu’on nourrissait les larves avec des croquettes de chat, que les mâles adultes n’engloutissaient que des sucreries et ne piquaient pas. En revanche, avais-je expliqué, leurs femmes piquaient et se gorgeaient tous les trois jours du sang d’une pauvre souris déposée dans leur cage. Jean-Lino s’était écrié, pas un mot à Lydie ! J’avais précisé que la souris était anesthésiée, mais il ne m’écoutait pas. En réalité, Jean-Lino ne voulait pas partager le privilège de sa visite dans l’antre des culicidés.

— On aurait dû y aller avant.

— On ira.

— Vous ne serez plus à Pasteur.

— Je pourrai toujours y aller.

— On n’existera plus.

— Bon ça suffit, on ne peut pas finir la nuit ici. C’est quoi le numéro des flics ? Le 17 ?

J’avais repris en main le portable de Lydie. Je suis directement allée sur le clavier d’urgence. Eduardo ! s’est écrié Jean-Lino. Ça devait arriver. On ne pouvait pas esquiver Eduardo pendant mille ans.

— Eduardo sera pris en charge…

— Par qui ? La SPA, non, non, non, jamais de la vie ! Il est malade en plus !

— Nous le prendrons.

— Vous ne l’aimez pas !

— On en prendra soin. Et s’il n’est pas heureux chez nous, on le confiera à des gens qui l’aimeront.

— Vous ne saurez pas vous en occuper !

J’ai balancé le portable sur la valise, je me suis redressée et j’ai tenté de m’extraire du manteau.

— Qu’est-ce que vous faites ?

— Je vous abandonne.

Il s’est relevé.

— Allons le mettre chez vous.

Le rouge lui était monté aux joues et ses yeux s’étaient écarquillés derrière les montures jaunes. J’ai compris que ça ne servirait à rien d’argumenter. Alors faisons vite, j’ai dit. On a fermé la porte pour ne pas laisser la valise en vue (de qui, à trois heures du mat ?) et on est remontés à pied en enjambant les marches. Chez lui, Jean-Lino a foncé dans la petite chambre d’où il est ressorti aussitôt avec un sac de voyage en toile. On est allés dans la cuisine. Il a mis dans le sac un paquet de croquettes en précisant que ce n’étaient pas celles qui donnaient la diarrhée, selon lui le chat était pour ainsi dire sinon guéri du moins sorti d’affaire, il restait deux jours de traitement, on pouvait oublier la levure et les gélules anti-calculs mais pas le Revigor 200. Il mettait l’ordonnance avec les coordonnées du vétérinaire dans le sac. Il a sorti d’un placard un diffuseur Feliway qu’il a jeté dans le sac, pour remplacer, a-t-il dit, tandis qu’on filait au salon, les phéromones faciales, et aider le chat à se sentir en sécurité dans le nouvel environnement. Je comprenais un mot sur deux. Dans le salon il a ramassé des jouets, balles et fausse souris, il s’est mis à tournoyer sur lui-même avant de repérer une longue tige terminée par une queue en imitation léopard et des plumes. Il adore la canne à pêche, a-t-il dit en fourrant le tout dans le sac. C’est un chasseur, il faut jouer avec lui au moins trois fois par jour, a-t-il ordonné, en repartant dans la cuisine. Vous pouvez prendre la litière ? J’ai pris la bassine. Jean-Lino a saisi Eduardo qui rôdait dans ses jambes. Et tout à coup j’ai vu la table, et j’ai dit, attendez ! Il y avait ma clope dans le cendrier ! Ma longue clope à peine fumée. J’avais vu trop de Faites entrer l’accusé pour ne pas repérer la boulette fatidique. J’ai mis le mégot dans la poche du manteau en regardant si je n’avais pas laissé d’autres traces. Eduardo a miaulé en exhibant ses dents de félin. On est descendus par l’escalier, lui devant, moi derrière. J’ai ouvert la porte. Aucun bruit. J’ai déposé la litière dans la cuisine. J’ai fermé la porte du couloir qui mène à la chambre. Dans l’entrée, Jean-Lino a posé par terre Eduardo et le sac de voyage. Il a repéré une prise murale sur laquelle il a immédiatement branché le diffuseur Feliway. À quatre pattes lui-même, le torse comprimé dans le perfecto, il a pris dans ses mains le museau du chat et lui a chuchoté des mots en frottant son nez contre le pelage. Je l’ai pressé, terrifiée à l’idée que Pierre puisse surgir. J’ai eu un instant l’idée de changer de chaussures avant de la rejeter comme une idiotie fatale. Au moment de partir, Jean-Lino a sorti du sac un tee-shirt qui devait lui appartenir et l’a mis en tapon devant Eduardo.

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