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Yasmina Reza: Babylone

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Yasmina Reza Babylone

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« Tout le monde riait. Les Manoscrivi riaient. C’est l’image d’eux qui est restée. Jean-Lino, en chemise parme, avec ses nouvelles lunettes jaunes semi-rondes, debout derrière le canapé, empourpré par le champagne ou par l’excitation d’être en société, toutes dents exposées. Lydie, assise en dessous, jupe déployée de part et d’autre, visage penché vers la gauche et riant aux éclats. Riant sans doute du dernier rire de sa vie. Un rire que je scrute à l’infini. Un rire sans malice, sans coquetterie, que j’entends encore résonner avec son fond bêta, un rire que rien ne menace, qui ne devine rien, ne sait rien. Nous ne sommes pas prévenus de l’irrémédiable. » Romancière et dramaturge de renommée mondiale, a publié chez Flammarion (prix littéraire Le Monde 2013) et Yasmina Reza

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Yasmina Reza

Babylone

à Didier Martiny

« Le monde n’est pas bien rangé, c’est un foutoir. Je n’essaie pas de le mettre en ordre. »

Garry Winogrand

Il est contre un mur, dans la rue. Debout en costume cravate. Il a les oreilles décollées, un regard effrayé, des cheveux courts et blancs. Il est maigre, les épaules étroites. Il tient bien visible une revue où on peut lire le mot Awake . La légende dit : Jehovah’s Witness — Los Angeles. La photo date de mille neuf cent cinquante-cinq. Il avait l’air d’un garçonnet. Il est mort depuis longtemps. Il s’habillait convenablement pour distribuer ses bulletins religieux. Il était seul, habité par une persévérance triste et hargneuse. À ses pieds, on devine un cartable (on en voit la poignée), avec dedans les dizaines de bulletins que personne ou presque ne lui prendra. Ce sont aussi ces bulletins imprimés en nombre déraisonnable qui rappellent la mort. Ces élans d’optimisme — trop de verres, trop de chaises… — qui nous font multiplier les choses pour les rendre aussitôt vaines. Les choses et nos efforts. Le mur devant lequel il se tient est gigantesque. On le devine à son opacité lourde, à la taille de la pierre prédécoupée. Il doit être toujours là à Los Angeles. Le reste s’est dissous quelque part : le petit homme dans un costume flottant avec des oreilles en pointe qui s’était placé devant lui pour distribuer une revue religieuse, sa chemise blanche et sa cravate foncée, son pantalon élimé aux genoux, son cartable, ses exemplaires. Quelle importance ce qu’on est, ce qu’on pense, ce qu’on va devenir ? On est quelque part dans le paysage jusqu’au jour où on n’y est plus. Hier, il pleuvait. J’ai rouvert The Americans de Robert Frank. Il était perdu dans la bibliothèque, coincé dans un rayonnage. J’ai rouvert le livre que je n’avais pas ouvert depuis quarante ans. Je me souvenais du type debout dans une rue qui vendait une revue. La photo est plus granuleuse, plus pâle que prévu. Je voulais revoir The Americans, le livre le plus triste de la terre. Des morts, des pompes à essence, des gens seuls en chapeau de cow-boy. Quand on tourne les pages on voit défiler les juke-box, les télés, les objets de la nouvelle prospérité. Ils se tiennent aussi solitaires que l’homme ces arrivants surdimensionnés, trop lourds, trop lumineux, posés dans des espaces non préparés. Un beau matin, on les enlève. Ils feront encore un petit tour, bringuebalés jusqu’à la casse. On est quelque part dans le paysage jusqu’au jour où on n’y est plus. M’est revenu le Scopitone du port de Dieppe. On partait en 2CV, à trois heures du matin pour aller voir la mer. Je ne devais pas avoir plus de dix-sept ans et j’étais amoureuse de Joseph Denner. On roulait à sept dans la bagnole dont le cul touchait le sol. J’étais la seule fille. Denner conduisait. On fonçait vers Dieppe en buvant de la Valstar rouge. On arrivait à six heures sur le port, on entrait dans le premier troquet et on commandait du Picon-bière. Il y avait un Scopitone. On avait des crises de fou rire en regardant les chanteurs. Une fois Denner avait mis Le Boucher de Fernand Raynaud et on pleurait de rire à cause du sketch et du Picon. Puis on rentrait. On était jeunes. On ne savait pas que c’était irréversible. Aujourd’hui j’ai soixante-deux ans. Je ne pourrais pas dire que j’ai su être heureuse dans la vie, je ne pourrais pas me donner quatorze sur vingt à l’heure de ma mort, comme ce collègue de Pierre qui avait dit allez, disons quatorze sur vingt, moi je dirais plutôt douze, parce que moins j’aurais l’impression d’être ingrate ou de blesser, je dirais douze sur vingt en trichant. Quand je serai sous terre qu’est-ce que ça changera ? Tout le monde se foutra que j’aie su ou non être heureuse dans la vie, et moi je m’en foutrai pas mal.

Le jour de mes soixante ans, Jean-Lino Manoscrivi m’a invitée aux courses à Auteuil. On se rencontrait dans les escaliers, lui et moi montions à pied, moi pour conserver une silhouette potable, lui par phobie des lieux clos. Il était maigre, pas grand, visage grêlé, un long front partant en arrière coiffé sur le côté avec la fameuse mèche recouvrante des gens chauves. Il portait des lunettes à monture épaisse qui le vieillissaient. Il habitait au cinquième, moi au quatrième. Ça nous faisait une petite complicité ces croisements dans la cage que personne n’empruntait. Dans certains immeubles modernes, la cage d’escalier est indépendante et moche, et ne sert qu’aux déménageurs. D’ailleurs les locataires disent l’escalier de service. Pendant un temps, on ne s’est pas connus vraiment, je savais qu’il travaillait dans l’électroménager. Il savait que je travaillais à Pasteur. Le nom de mon métier, Ingénieur Brevets, ne dit rien à personne et je ne cherche plus à l’expliquer de façon attrayante. Une fois, avec Pierre, on avait pris un verre chez eux, entre couples. Sa femme était un genre de thérapeute new age après avoir géré un magasin de chaussures. Le couple était récent, je veux dire par rapport à nous. En croisant Jean-Lino dans notre escalier la veille de mon anniversaire, je lui avais dit, demain j’ai soixante ans. Je traînais des pieds et ça m’était venu comme ça. Vous n’avez pas encore soixante ans vous Jean-Lino ? Il avait répondu, bientôt. Je voyais qu’il cherchait à dire un truc gentil mais il n’osait pas. Au moment où je rejoignais mon palier, j’avais ajouté, c’est fini pour moi, je passe la main. Il m’a demandé si j’étais déjà allée aux courses. J’ai dit non. En bredouillant, il m’a proposé, si j’étais libre, de le rejoindre le lendemain à Auteuil à l’heure du déjeuner. Quand je suis arrivée au champ de courses, il était installé au restaurant, collé aux vitres qui dominent le paddock. Sur la table, une bouteille de champagne dans un seau, les journaux du turf étalés, couverts d’annotations, des cacahuètes éparpillées mêlées à de vieux tickets. Il m’attendait en homme détendu qui reçoit à son club, en total contraste avec ce que je savais de lui. On a bouffé un truc gras de son choix. Il s’exaltait à chaque course, se dressant, rugissant, la fourchette brandie, drainant des lambeaux de poireau vacillants. Toutes les cinq minutes, il sortait fumer la moitié d’une clope et revenait avec de nouvelles conceptions. Je ne l’avais jamais vu avec cette dimension d’énergie et encore moins de joie. On jouait des sommes insignifiantes sur des chevaux au potentiel méconnu. Il les sentait , il avait ses intimes convictions. Il a un peu gagné, peut-être le prix du champagne (on a bu la bouteille entière, lui en particulier). Moi j’ai empoché trois euros. Je me suis dit, trois euros le jour de tes soixante ans, bon. J’ai compris que Jean-Lino Manoscrivi était seul. Un type à la Robert Frank d’aujourd’hui. Avec son Bic et son journal, et surtout son chapeau. Il s’était fabriqué un rituel, il avait isolé dans le temps un espace qui le tenait. Aux courses, il prenait des épaules, même sa voix changeait.

Je me suis souvenue des soixante ans de mon père. On avait mangé une choucroute à la République. C’était l’âge qu’avaient les parents. Un âge immense et abstrait. Maintenant c’est toi qui l’as. Comment est-ce possible ? Une fille fait les quatre cents coups, se trimballe dans la vie juchée et peinturlurée et tout à coup se met à avoir soixante ans. Je partais faire des photos avec Joseph Denner. Il aimait la photo et j’aimais tout ce qu’il aimait. Je séchais mes cours de bio. On n’avait pas peur de l’avenir dans ces années. Un oncle m’avait offert un Konika d’occase, ça faisait pro, d’autant que j’avais dégotté une bretelle Nikon. Lui avait un Olympus qui n’était pas reflex, on faisait le point avec un télémètre incorporé. Le jeu c’était de prendre le même sujet, même moment, même endroit, et de faire chacun notre image. On shootait la rue comme les grands qu’on admirait, les promeneurs et les bêtes du Jardin des Plantes à côté de la fac, mais surtout l’intérieur des troquets du pont Cardinet qu’affectionnait Denner. Les types en rade, les piliers momifiés dans des box à l’arrière. On tirait les planches-contacts chez un copain. On comparait et on élisait la bonne pour l’agrandissement. C’était quoi la bonne ? La mieux cadrée ? Celle qui révélait une interaction infime et insondable ? Qui peut répondre ? Je pense régulièrement à Joseph Denner. Parfois je me demande ce qu’il serait devenu. Mais qu’est-ce qu’un type qui meurt d’une cirrhose du foie à trente-six ans aurait pu devenir ? Depuis les événements, il s’est comme réinvité dans ma tête. Ça l’aurait bien fait rire cette petite histoire.

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