Yasmina Reza - Babylone
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- Название:Babylone
- Автор:
- Издательство:Éditions Flammarion
- Жанр:
- Год:2016
- Город:Paris
- ISBN:978-2081375994
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
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Romancière et dramaturge de renommée mondiale,
a publié chez Flammarion
(prix littéraire Le Monde 2013) et Yasmina Reza
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— Zara. En solde.
— Bravo.
— Vous aimez ? Il me boudine pas un peu ?
Je l’ai embrassé en riant et j’ai dit, je vous adore d’avoir acheté ça ! Il a ri aussi. Il m’a dit que la vendeuse l’avait complimenté. Il crevait de chaud dans ces cabines d’essayage, il ne pouvait pas y rester plus de dix secondes. Je lui ai dit que rarement un vêtement avait été aussi peu adapté à son propriétaire.
— Ah bon ? Merde !
On a vraiment ri tous les deux sous le réverbère, lui en crachant ses poumons. Il s’essuyait les yeux sous les lunettes à grosse monture. Son visage grêlé luisait un peu, je n’avais jamais osé lui demander d’où ça venait. Je suis rentrée en premier. Il voulait encore prendre un peu l’air, traduction en fumer une dernière. En me retournant dans l’entrée, je l’ai vu derrière les vitres faire quelques pas sur le parking, le corps voûté dans son blouson neuf, rabattant d’une main sa mèche sur le côté, la mine joyeuse entièrement disparue, comme il avait dû être juste avant que je surgisse. Je me suis dit, voilà comment nous sommes. Toi aussi tu avances en âge de même que tous ceux que tu connais, et je me suis sentie comme appartenant à cette foule en route, main dans la main, avançant en âge vers une chose inconnue.
Ce qui compte quand on regarde une photo, c’est le photographe derrière. Pas tellement celui qui a appuyé sur le déclencheur mais celui qui a choisi la photo, qui a dit celle-là je la garde, je la montre. Elle n’a rien de spécial cette photo du témoin de Jéhovah pour un œil pressé. Pas de sujet, pas de lumière. Un type fatigué en costume cravate qui vend une revue. Le type même du figurant qu’on met en arrière-plan sur un trottoir dans un film des années cinquante. Parmi les centaines de photos que Robert Frank a dû prendre durant sa traversée de l’Amérique, et parmi celles qu’il a finalement élues, on trouve celle-ci. Au centre, il y a une tache blanche, le journal tenu, le poignet inversé, avec son titre, Awake , un mot en disharmonie totale avec l’allure funèbre du porteur. Mais on ne peut pas penser que la photo a été préférée pour sa dimension ironique. Moi je ne me souvenais pas du titre, je me souvenais de l’inquiétude de la bouche, ou des yeux, je me souvenais d’une chose qui n’existe pas : l’impression d’un jour de faible soleil. Il pourrait vendre des fraises ou des jonquilles avec la même obstination, frêle dans son costume, mangé par ce mur taillé pour une humanité conquérante. On se demande où il rentre le soir. On sait qu’un jour, il a dû y avoir une mauvaise bifurcation.
J’ai perdu ma mère il y a dix jours. J’étais là. Elle a soulevé une épaule, comme gênée par quelque chose, et puis plus rien ne s’est passé. Je l’ai appelée. Je l’ai appelée plusieurs fois. Et il n’y avait plus rien. Mon copain Lambert m’a dit que sa mère récemment lui avait demandé, quel âge as-tu à présent ?
— Soixante-dix ans maman.
— Soixante-dix ans, s’était exclamée sa mère, tu mérites d’être orphelin mon garçon !
Avec Jeanne on a vidé l’appartement ce week-end. Deux pièces minuscules à Boulogne-Billancourt. Un service de débarras gratuit est venu chercher les meubles et les éléments de cuisine. Et tous les objets, cochon en bois, chat en plâtre, porte-chandelle, poupée provençale, sulfures, soliflores, qu’on a balancés dans des sacs-poubelles. En fait quasiment tout, sauf le contenu de certains tiroirs et les vêtements. Et le casse-noix en forme de champignon que j’avais fabriqué il y a cinquante ans à l’atelier bois du lycée, retrouvé parmi d’autres bricoles dans une boîte à chaussures André complètement ramollie. Jamais je n’aurais pensé qu’il existait encore. Jeanne ne s’en souvenait pas, elle n’a pas voulu croire que c’était ma réalisation. D’une housse rangée au fond d’un placard on a sorti les napperons au crochet, les housses de coussin au crochet, le dessus-de-lit en patchwork au crochet qui recouvrait autrefois le lit matrimonial, qu’on avait pour une indéchiffrable raison sauvés de la benne. Notre mère était la championne du crochet. Après sa retraite, elle n’avait plus que ça à faire. Les courses, la télé, les aiguilles devant la télé. Avant même de marcher la fille de Jeanne rampait en couches et jupe au crochet. Qu’est-ce qu’on va en faire ? a dit Jeanne.
— On peut les donner à une association.
— Qui en voudra ?
— On aurait dû les fourguer avec le reste.
— Oui.
— Et les fringues aussi.
— Oui.
Les vêtements étaient soigneusement rangés, comprimés dans une étroite penderie. Jusqu’au bout, même totalement alitée, elle tenait à être présentable. Elle disait, j’ai peur qu’on me trouve morte et sale. La vioque sale, c’est ma hantise. On a sorti des chemisiers, des cardigans, le manteau d’hiver. On les a posés sur un escabeau à trois marches, seul rescapé du déménagement. On connaissait tout par cœur. On avait vu tout ça depuis des années. Des habits hors mode, hors saison. Le vestiaire d’une femme ordinaire qui vit sans bruit, part au travail, rentre du travail, tient correctement sa maison, à qui il n’est jamais venu l’idée de la moindre audace ni la moindre folichonnerie dans l’allure, ni peut-être ailleurs, mais ça qui peut le dire. On connaissait Jeanne et moi toutes les pièces de l’armoire, quasiment depuis toujours, elle les portait déjà à Puteaux, les mêmes lainages rugueux, les mêmes assortiments plus ou moins vert foncé, bordeaux ou beige, la robe de chambre en polyester moins ancienne mais vue depuis des années. Bien pliés dans un coin, il y avait les foulards qu’on lui avait offerts. Quand c’était la mode des foulards, on lui en offrait des agréablement colorés, sans réaliser qu’elle ne portait jamais les précédents. Ils étaient protégés de la poussière par un papier de soie. Jeanne en a pris un qu’elle a enroulé sur sa tête, croyant faire son Audrey Hepburn, j’ai dit, ça commence quand le ramadan ? On a ri et une sorte d’aberrant chagrin m’est monté à la gorge dans le minuscule logement vide où ne restait pour ainsi dire rien d’une vie entière. La grosse Anicé s’est sentie obligée de prendre le napperon. Elle a dit « en souvenir, allez » avec le geste de la fille qui rend service. Elle aurait pu faire semblant d’être touchée ou d’admirer sa confection, non, elle l’a fourré au fond de son sac comme une chose négligeable. Je m’en veux de le lui avoir donné. Une femme crochète tout au long de sa vie et laisse ses petites étendues de tissu qui ne servent à rien ni à personne. Elle inventait des motifs mais tout le monde s’en fout. Qui s’intéresse à des motifs de crochet ? La mort emporte tout et c’est bien. Il faut faire de la place pour les nouveaux arrivants. Dans notre famille on l’a fait radicalement. Le modèle biblique, untel père d’untel qui a engendré untel, ça n’existe pas chez nous. D’aucun côté. Je n’ai connu aucun de mes grands-parents à part la grand-mère paternelle, veuve de cheminot, une femme qui n’aimait que les mésanges qu’elle gavait sur le bord de ses fenêtres.
L’appartement du dessus est toujours fermé. L’étiquette jaune et les deux cachets de cire sont toujours sur la porte. De temps en temps je monte, exprès pour voir. Ce qui s’est passé ici s’est évaporé doucement, l’air est comme avant, je me penche à la balustrade du balcon et il n’y a que la banalité, les troènes, les buissons dans leur bac, les voitures bien parquées dans leurs lignes nouvellement peintes. Je voyais passer les Manoscrivi sur ce parking, je les voyais monter dans la Laguna break, toujours elle au volant quand ils étaient ensemble. Il finissait sa clope avant de monter, elle avait le temps de faire sa marche arrière. Dix-huit personnes sont venues. J’avais tout prévu pour le double. Des copains de toujours, des collègues de Pierre, Jeanne et son ex-mari, ma nièce, les Manoscrivi, mes copines de Pasteur ou de Font-Pouvreau avec ou sans jules, et aussi, même s’il n’est pas resté longtemps, Emmanuel. À peine arrivée, avec un cake à l’orange fait maison, comme si elle apportait une barre de caviar, Jeanne s’est ruée dans la cuisine pour entourer le gâteau d’un torchon et le faire rentrer de force dans le frigo. J’ai vu tout de suite qu’elle était dans une de ces humeurs joviales qui m’épuisent. Ma sœur est d’une totale instabilité d’humeur. Ça peut varier d’une heure à l’autre, voire moins. La mauvaise humeur est radicale, un état morne, quasi silencieux et moyennement sympathique. Mais la bonne humeur est pire. Elle fredonne, un maniérisme de la joie se donne à voir avec des gestes de gamine et des accents volontairement bébêtes. Elle entamait une histoire amoureuse clandestine avec un encadreur. Dans l’euphorie des débuts, elle venait de s’acheter une laisse et un collier de soumission. Il fallait qu’elle m’entraîne tout de suite à part pour me montrer le kit sur son portable. Elle avait aussi envie d’un martinet, elle en avait vu un très joli sur internet, un knout à quatre brins montés sur un manche croco. Mais il valait cinquante-quatre euros et il y avait écrit : attention objet TRÈS cinglant. J’ai voulu voir la tête de l’encadreur mais elle n’avait pas de photo. Il avait soixante-quatre ans, cinq de plus qu’elle, marié, des bras costauds car il faisait de l’aviron, m’a-t-elle dit, et tatoués. J’ai pensé, et pourquoi aucun mec tatoué avec un fouet ne survient dans ma vie ? Je me suis sentie finie, hors jeu, bonne à animer des soirées banlieusardes avec de la famille et des gens archirebattus. Je m’en veux de penser ça. Je suis bien avec mon mari. Pierre est gai, facile à vivre. Pas bavard, je n’aime pas les hommes bavards. Il est à ma disposition sans être un mou et un asservi. Il est tendre. J’aime sa peau. On se connaît par cœur. Je lui reproche son amour trop inconditionnel. Il ne me met pas en danger. Il ne me magnifie pas. Il m’aime même laide ce qui n’est pas du tout rassurant. Il n’y a pas d’électricité entre nous, y en a-t-il eu jamais ? Quel inventaire pitoyable ! Je suis le sapin du conte d’Andersen. Qu’advienne quelque chose de plus vivant, de plus enivrant ! Qu’importe la forêt, la neige, les oiseaux, le lièvre, le sapin ne jouit de rien car il ne pense qu’à grandir, être plus haut pour contempler le monde. Quand le voilà grand, il rêve d’être abattu et emporté par les bûcherons pour devenir un mât et traverser les mers, quand ses branches sont assez fournies, il rêve d’être abattu et emporté pour devenir un arbre de Noël. Le sapin languit, le désir le tue. Dans le salon chaud, alors qu’on le coiffe, qu’on le décore, qu’on lui accroche des filets de bonbons, qu’on pose sur sa tête une étoile, il rêve du soir et des bougies sur ses branches, il rêve que la forêt entière se colle aux carreaux pour le jalouser. Quand il est seul dans le grenier, nu, sans épines dans le froid de l’hiver, il se rassure en espérant le retour du printemps et du dehors. Quand il est dans la cour, gisant flétri à côté des nouvelles fleurs, il regrette son coin noir du grenier. Quand arrivent la hache et l’allumette, il pense aux anciens jours d’été, là-bas, dans la forêt.
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