Yasmina Reza - Babylone

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Babylone: краткое содержание, описание и аннотация

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« Tout le monde riait. Les Manoscrivi riaient. C’est l’image d’eux qui est restée. Jean-Lino, en chemise parme, avec ses nouvelles lunettes jaunes semi-rondes, debout derrière le canapé, empourpré par le champagne ou par l’excitation d’être en société, toutes dents exposées. Lydie, assise en dessous, jupe déployée de part et d’autre, visage penché vers la gauche et riant aux éclats. Riant sans doute du dernier rire de sa vie. Un rire que je scrute à l’infini. Un rire sans malice, sans coquetterie, que j’entends encore résonner avec son fond bêta, un rire que rien ne menace, qui ne devine rien, ne sait rien. Nous ne sommes pas prévenus de l’irrémédiable. »
Romancière et dramaturge de renommée mondiale,
a publié chez Flammarion
(prix littéraire Le Monde 2013) et Yasmina Reza

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On a repris les escaliers. Lui se laissait tomber sur chaque marche comme un somnambule. Il n’avait plus aucun jus. Arrivés en bas, on s’est rassis au même endroit. J’ai repris le portable de Lydie, et bien que je ne comprenne plus grand-chose à la situation, j’ai dit, Jean-Lino, il faut le faire. En plus la batterie est presque à plat.

— J’allais où avec la valise ?…

— Nulle part ! Vous n’alliez nulle part. Vous ne savez même pas pourquoi vous l’avez mise dans la valise. Vous avez eu un coup de folie.

— Un coup de folie…

J’ai composé le 17 et je lui ai tendu l’appareil. Une voix enregistrée a dit, vous êtes en relation avec Police Secours suivi d’un petit speech anxiogène. Puis ça a sonné. Ça sonnait dans le vide. Jean-Lino a raccroché.

– Ça ne répond pas.

— C’est impossible. Rappelez.

— Je dis quoi ?… J’ai tué ma femme ?

— Pas j’ai tué ma femme de but en blanc.

— Qu’est-ce qu’il faut dire ?

— Mettez un peu de forme. Dites, je vous appelle parce que je viens de faire une bêtise…

Il rappelle. À nouveau le speech. Votre conversation est enregistrée, tout abus sera sanctionné. Une vraie femme décroche aussitôt après. Police Secours, j’écoute. Jean-Lino me regarde paniqué. J’ébauche un de ces gestes censés apaiser l’interlocuteur. Complètement recroquevillé sur lui-même, la tête au niveau des genoux, Jean-Lino dit, je vous appelle parce que j’ai commis une bêtise…

— Quelle bêtise ? dit la voix.

— J’ai commis un meurtre…

— Dans quelle commune vous êtes ?

— Deuil-l’Alouette.

— Vous connaissez l’adresse où vous vous trouvez ?

Jean-Lino répond à voix basse. La fille lui fait répéter le nom de la rue. Elle demande si l’adresse correspond à son domicile. Elle paraît gentille et calme.

— Vous vous trouvez sur la voie publique ou à l’intérieur d’un bâtiment ?

Sous sa voix on perçoit des cliquetis de clavier.

— Je suis dans le hall.

— Dans le hall de votre immeuble ?

— Oui.

— Il y a un digicode ?

— Je ne me souviens plus…

— Est-ce que vous êtes seul ?

Jean-Lino se redresse. Affolement. Je lui fais signe de me mentionner.

— Non…

— Vous êtes avec qui ?

Avec mes lèvres j’articule voi-sine.

— Avec ma voisine.

— Une seule personne.

— Oui.

— Monsieur, qu’est-ce qui s’est passé ?…

— J’ai tué ma femme…

— Oui… ?

Il se tourne vers moi. Je ne trouve rien à souffler.

— Elle est où votre femme ? Est-ce qu’elle est avec vous actuellement ?…

Il essaye de répondre mais aucun son ne sort. La lèvre inférieure s’est remise en mouvement en une palpitation continue. On dirait le plancher buccal d’un batracien.

— Vous vous appelez comment monsieur ?

— Jean-Lino Manoscrivi.

— Jean… Lino ?

— Oui…

— Est-ce que vous êtes armé Jean-Lino ?

— Non. Non, non.

— Votre voisine non plus ?

— Non.

— Est-ce que vous avez consommé de l’alcool ou des produits stupéfiants ?…

— Non…

Il me voit mimer le fait de boire un peu avec des amis.

— Un peu d’alcool…

— Est-ce que vous prenez un traitement en lien avec un problème psychiatrique ?…

La communication s’est coupée. Plus de batterie. Jean-Lino a regardé l’écran noir. Il a rabattu le clapet et étendu la chaînette du bijou sur le plastique jaune pour bien positionner la plume. J’ai mis mon bras autour de ses épaules. Jean-Lino a remis son chapeau. On était dans un coin de gare, en attente. Avec la longue redingote trop étroite, mes pantoufles en fausse fourrure et la valoche. Des romanos en transit. Prêts à être embarqués on ne sait où. Il a dit, elle était gentille la fille. J’ai dit, oui, elle était gentille. Et lui, qu’est-ce qu’elle va devenir la tante sans moi ? Elle n’a que moi.

N’avoir personne. Les héros de The Americans donnent l’impression de n’avoir personne. C’est ce qui les constitue. Ils se tiennent en bordure de routes, de bancs, de salles, venus chercher quelque chose qu’ils ne trouveront pas. De temps en temps ils rayonnent dans une lumière précaire. Ils n’ont personne. Le témoin de Jéhovah n’a personne. Il marche dans les rues avec son cartable bourré de revues, le cartable lui donne figure d’homme et lui tient lieu de destination. Quand on grandit avec l’idée de n’avoir personne, on peut difficilement revenir en arrière. Même si quelqu’un vous prend la main et vous entoure, ça ne vous arrive pas vraiment. Les dimanches et les jours fériés, avenue Parmentier, les parents de Jean-Lino l’envoyaient dans la cour. Il traînait. Accroupi sur les pavés, il creusait des rigoles là où des herbes poussaient. Il bricolait des petites pièces jetées par l’horloger. Il n’y avait pas d’autre enfant. N’avoir personne c’est n’avoir même pas soi-même. Quelqu’un qui vous aime vous délivre un certificat d’existence (ou de consistance). Quand on se sent seul, on ne peut pas exister sans une petite fable sociale. Vers l’âge de douze ans, j’attendais que l’amour me rende mon identité perdue (celle qu’on était censé avoir avant que Zeus ne nous coupe en deux), mais, dans l’incertitude d’un tel avènement, je misais aussi sur la gloire et les honneurs. Comme j’étais calée dans les matières scientifiques, je me projetais dans l’avenir comme chercheuse : mon équipe avait découvert un traitement révolutionnaire pour soigner l’épilepsie et je recevais une médaille mondiale, genre Nobel. Jeanne était mon manager. Elle s’asseyait sur le lit gigogne avec Rosa, la poupée qui représentait Thérèse Parmentolo, une copine de lycée atteinte du haut mal, et écoutait mon discours en lançant quelques applaudissements. Ensuite, Thérèse Parmentolo (que je faisais aussi) venait exprimer sa gratitude. Parfois je me demande si tout ce que nous croyons être ne provient pas d’une série d’imitations et de projections. Même si je n’ai pas été chercheuse et me suis réfugiée dans un truc plus sécurisant, j’entends souvent que je me suis extirpée de mon milieu ou sortie de ma condition. C’est idiot. Je me suis juste sauvée de la non-consistance. Les gens appellent Police Secours pour discuter car ils n’ont personne d’autre, m’a dit textuellement un gardien de la paix. C’est la majorité des appels du 17. Ils avaient une femme qui appelait plusieurs fois par semaine. Avant de raccrocher elle disait, passez le bonjour à toute la brigade. Joseph Denner me jouait des airs mélancoliques avec sa guitare. Il faisait Céline d’Hugues Aufray, il faisait Eleanor Rigby des Beatles qu’il chantait presque à plat avec sa voix faible, un mauvais accent, sans comprendre tous les mots, All the lonely people… Where do they all belong … J’étais tous ces gens sans foyer. Passez le bonjour à toute la brigade. Comme si elle était quelqu’un pour la brigade.

Jean-Lino dit encore, on aurait pu emmener Rémi aux moustiques. Il sort son paquet, il fait glisser une clope jusqu’à sa bouche. Il est petit et frêle. Le long nez pique vers le sol, les lunettes jaunes ne vont pas avec le chapeau. On pourrait en rire encore. La fumée remonte le long de la valise et nous enveloppe. Elle enveloppe la peau grêlée, elle enveloppe les pensées, le monde devient une immense matière vaporeuse. On a entendu des bruits de voix venant du dehors, des coups contre le vitrage. Je me suis levée. J’ai passé le seuil de l’escalier de service. Ils étaient là. Trois mecs derrière la porte d’entrée. Les voilà, je crois, j’ai dit, et je suis allée ouvrir. Trois hommes sont entrés, fringués plus ou moins comme Jean-Lino sans la poésie. Police. Ils se sont tout de suite adressés à Jean-Lino qui venait d’apparaître au fond. Il avait enlevé son chapeau, il le tenait dans une main, le bras replié en position de gêne. C’est vous monsieur Manoscrivi ? a dit un des officiers.

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