Luca Fulvio - Le gang des rêves

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Une Italienne de quinze ans débarque avec son fils dans le New York des années vingt…
L’histoire commence, vertigineuse, tumultueuse. Elle s’achève quelques heures plus tard sans qu’on ait pu fermer le livre, la magie Di Fulvio.
Roman de l’enfance volée,
brûle d’une ardeur rédemptrice : chacun s’y bat pour conserver son intégrité et, dans la boue, le sang, la terreur et la pitié, toujours garder l’illusion de la pureté.
Dramaturge, le Romain Luca Di Fulvio est l’auteur de dix romans.
Deux d’entre eux ont déjà été adaptés au cinéma ; ce sera le destin du
, qui se lit comme un film et dont chaque page est une nouvelle séquence.
Traduit de l’italien par Elsa Damien

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Assise devant la fenêtre, elle s’abandonna au sommeil. S’éveilla. Puis somnola encore, rouvrit les yeux et les ferma à nouveau. Chaque fois qu’elle rouvrait les yeux, elle découvrait une nouvelle tenture dressée au bord de la piscine. C’était pour la fête. Au fur et à mesure que l’on tendait les toiles pour le buffet, ses huit sœurs disparaissaient de sa vue. Mais Ruth savait qu’elles étaient là. Et elle les fixait toujours. Sans que la moindre pensée ni la moindre émotion ne traverse son esprit. C’étaient les pensées et les émotions qui lui avaient apporté ce froid, que même le soleil californien ne parvenait pas à chasser. Ce froid qu’elle avait ressenti, pour la première fois de sa vie, lorsque son grand-père était mort. Ce froid contre lequel il n’existait pas de remède. Ainsi, elle passait son temps à ne rien faire. Comme maintenant. Elle ne faisait que regarder, ou plutôt imaginer ses huit sœurs, sans se laisser distraire par les cohortes de serveuses et de serveurs qui allaient et venaient depuis la cuisine de la villa pour préparer les longues tables du buffet, indifférente à l’orchestre qui accordait ses instruments et répétait les derniers airs à la mode. Elle était sourde à la voix glaciale de sa mère qui reprochait à son mari de n’être qu’une lavette, un perdant, l’ombre du grand-père Saul, et sourde à la voix faible et mal contrôlée de son père qui reprochait à sa femme d’être une gamine gâtée, incapable de solidarité ; et elle ne voyait pas le jour décliner doucement, au fur et à mesure que le couchant approchait. Parce que Ruth avait fermé les yeux depuis longtemps et s’était abandonnée à l’obscurité. Au silence. Et au froid glacial.

« Tu n’es pas encore prête ? » s’exclama sa mère en entrant dans la chambre, alors que dehors ses huit sœurs semblaient s’animer à la lueur tremblotante des torches disposées au bord de la piscine et dans les allées de la villa.

Ruth se retourna lentement.

Sa mère lui indiqua quelque chose sur le lit.

Ruth regarda, sans curiosité. C’était une robe en soie. Rouge rubis. Décolletée et sans manches. À côté de la robe, des gants de même couleur, qui montaient plus haut que le coude. Et sur le tapis français, des chaussures à talons hauts avec deux fines lanières sur le cou-de-pied. Rouges aussi.

« Les bas, tu les prends noirs ou gris fumé » précisa sa mère avant de fermer les yeux un moment, comme pour imaginer le résultat. Quand elle les rouvrit, elle secouait la tête : « Non non, gris fumé, c’est beaucoup mieux » décréta-t-elle. Elle ouvrit un tiroir et choisit les bas qu’elle laissa tomber sur la robe. Puis elle fouilla dans un autre tiroir pour y trouver des porte-jarretelles : « Quand est-ce que tu te décideras à être une femme ? » se lamenta-t-elle en poussant un soupir, insatisfaite de sa recherche. Elle sortit de la chambre et revint peu après, un porte-jarretelles gris perle à la main. « Voilà ! dit-elle. Un porte-jarretelles doit être léger comme la caresse d’un amant, si tu veux mettre une robe en soie. »

Ruth n’avait pas cessé un instant de fixer la robe sur le lit.

« Dès que tu es prête, viens dans ma salle de bain et mets-toi un soupçon de rouge à lèvres. Le numéro sept, continua la mère. Je te le laisse ouvert, comme ça tu ne peux pas te tromper. »

Ruth ne broncha pas.

« Tu entends ? demanda la mère.

— Oui, maman. »

Sa mère la regarda un instant. Elle arrangea une mèche de ses cheveux.

« Tu veux mettre un collier ? lui demanda-t-elle.

— Comme tu veux » répondit Ruth.

La mère l’examina d’un œil expert :

« Il ne vaut mieux pas, conclut-elle avant d’enchaîner : est-ce qu’il faut que je te rappelle encore combien cette soirée est importante pour ton père ? »

Ruth parvint à détacher son regard du lit et dévisagea sa mère. Elle aurait voulu lui dire qu’elle détestait cette robe rouge rubis. Sans savoir pourquoi.

Crac .

« Ruth, à quoi penses-tu ? lui demanda sa mère, agacée.

— À rien, maman » fit Ruth.

« À rien ! se dit la jeune fille, comme si elle se donnait un ordre. À rien. »

« Souris et sois gentille avec tout le monde ! » recommanda la mère.

Ruth acquiesça.

« Mais qu’est-ce que tu es ennuyeuse…, ronchonna la mère en sortant de la pièce. Ne descends que lorsque tout le monde sera là ! À huit heures et demie » précisa-t-elle en s’éloignant dans le couloir.

Ruth demeura un instant immobile, puis se remit à fixer la robe sur le lit. Elle la détestait. Ce sentiment l’alarma, parce que voilà bientôt deux ans qu’elle ne détestait rien. Mais ce qui la troubla encore plus, ce fut de ne pas comprendre pourquoi elle éprouvait une telle haine, qui ne cessait de croître, envers cette robe posée sur son lit. Envers cette robe qui semblait se répandre comme une tache rouge sur son lit.

Crac .

« Mes huit sœurs » songea-t-elle, cherchant à échapper à ce bruit qui, tout à coup, avait commencé à résonner dans ses oreilles. « Moi, je suis la neuvième ! » se dit-elle. Neuf. Neuf comme les doigts de sa main. « Ne pense à rien ! ordonna-t-elle en fermant les yeux avec force. Ne pense à rien ! se répéta-t-elle, s’efforçant de se convaincre. N’éprouve rien ! »

Mais, même dans cette obscurité artificielle, la robe rouge rubis continuait à lui apparaître, se répandant sur son lit comme une tache de sang rouge.

Crac . Un petit bruit. Comme le bruit d’une feuille sèche que l’on piétine. Crac . Plus fort. Comme une branche cassée. Crac . Encore plus fort. Comme le bruit d’un doigt amputé par une paire de cisailles.

Assourdissant.

Elle les regardait en train de s’empiffrer. Ils faisaient une véritable razzia sur tous les mets et le champagne offerts par son père. On aurait dit des sauterelles, pensait-elle. Des sauterelles mortes qui agitaient encore les pattes, bouche ouverte. À moins, se disait-elle sans quitter du regard ces invités tapageurs, qu’elle ne soit morte, elle — les yeux ouverts, brusquement écarquillés.

Elle était splendide. Elle le savait. Elle s’était admirée dans le miroir. Elle était splendide. Comme Bill l’avait vue. Elle avait du rouge — pas le subtil numéro sept que sa mère lui avait préparé, mais le violent numéro onze — généreusement appliqué sur les lèvres. Et elle s’en était aussi mis sur les paupières. Du rouge écarlate. Elle gardait ses yeux écarlates grands ouverts sur les sauterelles.

Alors Ruth se mit à rire. Et elle descendit la première marche. Chancelante.

Elle frissonna, cette nouvelle robe de soirée lui laissant les épaules et le dos découverts. Cette robe de soie rouge rubis.

« Rouge comme le sang visqueux entre mes jambes : pas vrai, Bill ? dit-elle doucement, en riant. Rouge comme le sang qui n’arrête pas de couler du doigt que tu as emporté : pas vrai, Bill ? » et elle continua à rire, car tout cela était très amusant. Tellement amusant qu’il fallait qu’elle le raconte aussi aux sauterelles. Ruth la Rouge.

Elle descendit une autre marche. Elle s’appuya à la rampe. « Hum, pas mal, tes pilules, m’man… » murmura-t-elle, instable sur ses jambes. Mais personne encore ne pouvait l’entendre. Les sauterelles avaient la bouche pleine. Et riaient. Oui, elles aussi, elles riaient ! « Ton whisky de contrebande aussi, il est pas mal, m’man… » dit-elle en descendant une autre marche. Elle allait les faire rire encore davantage. Oui, elle allait les faire rire ! Rire devant ce sang. « Rouge comme ce cœur rouge : pas vrai, Christmas ? Rouge comme le baiser que je ne t’ai jamais donné : pas vrai, Christmas ? » Encore une marche. « Je suis la prêtresse du sang ! » et elle rit. « C’est pour ça que ma mère m’a offert cette robe rouge, faite de sang… » Deux autres marches. Mais tout tournoyait autour d’elle. Le plafond se détachait des murs. Les murs se détachaient du sol. Et le sol ondoyait comme le pont d’un navire pris dans la tempête. « Oui, je suis au milieu d’un lac de sang… et je me noie. Je me noie et… c’est drôle, non ? C’est drôle, quelqu’un qui se noie dans le sang, parce que… parce que c’est drôle, c’est tout ! » Encore trois marches, ses genoux fléchissaient. Ruth s’accrocha davantage à la rampe et ôta ses chaussures. « Des chaussures rouges » rit-elle en les laissant tomber à terre. Elle leva la tête et aperçut son père, dans son costume immaculé en lin blanc. Avec un visage tout blanc. Tendu. « Toi t’as pas de sang papa…, balbutia-t-elle. Tout ton sang… c’est moi qui l’ai versé… » rit-elle avant de regarder sa main au doigt amputé. « J’ai pas mis les gants… désolée, maman… j’avais peur de les tacher avec le sang… » elle rit encore tout en brandissant, sans parvenir à le distinguer nettement, son moignon de doigt qu’elle avait colorié de rouge écarlate. Le même rouge qu’elle avait mis sur ses lèvres et ses yeux. Elle se tourna à nouveau vers son père, dont le visage défait semblait chercher quelque chose. « Les invités ne sont pas venus ? c’est ça, p’pa ? » Elle fut secouée d’un haut-le-cœur. Porta une main à sa bouche. Ouvrit grand les yeux. Sentit son front glacé se couvrir de sueur. Elle descendit la dernière marche de l’escalier. Par delà l’entrée en marbre, elle les voyait, maintenant : les hôtes étaient tous autour du buffet. Près des huit sœurs, qui ne daignaient pas leur adresser la parole. Malgré ses efforts pour se concentrer, Ruth ne reconnut aucune de ces stars : si, à l’écran, elles ressemblaient à des dieux, dans la vie elles n’étaient que sauterelles, aux redoutables mandibules dévorant tout ce qui tombait à leur portée. Sans se demander qui le leur offrait. C’étaient des vedettes, et tout leur était dû. À moins, songea Ruth, qu’elles n’aient simplement le pressentiment que cela n’allait pas durer. Pas plus qu’elle-même.

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