Luca Fulvio - Le gang des rêves

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Une Italienne de quinze ans débarque avec son fils dans le New York des années vingt…
L’histoire commence, vertigineuse, tumultueuse. Elle s’achève quelques heures plus tard sans qu’on ait pu fermer le livre, la magie Di Fulvio.
Roman de l’enfance volée,
brûle d’une ardeur rédemptrice : chacun s’y bat pour conserver son intégrité et, dans la boue, le sang, la terreur et la pitié, toujours garder l’illusion de la pureté.
Dramaturge, le Romain Luca Di Fulvio est l’auteur de dix romans.
Deux d’entre eux ont déjà été adaptés au cinéma ; ce sera le destin du
, qui se lit comme un film et dont chaque page est une nouvelle séquence.
Traduit de l’italien par Elsa Damien

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37

Los Angeles, 1926

« Il faut qu’on fasse quelque chose avec tes horribles cheveux. Maintenant tu n’es plus une gamine, tu es une femme, ne l’oublie pas ! lui avait dit sa mère ce matin-là. Je t’emmène chez mon coiffeur !

— Oui, maman, avait répondu Ruth, assise devant la fenêtre de sa chambre qui donnait sur la piscine de leur villa de Holmby Hills.

— Je veux que tu sois parfaite ! avait ajouté sa mère.

— Oui, maman » avait répondu Ruth machinalement, d’une voix monocorde, sans quitter du regard les huit statues de style néo-classique qui entouraient la piscine. Trois pour les deux longueurs, une au milieu des deux côtés plus courts et arrondis.

« Et ce soir, efforce-toi de sourire ! avait poursuivi sa mère. C’est une soirée importante pour ton père, tu le sais bien.

— Oui, maman » avait dit Ruth pour la troisième fois. Et elle était restée immobile.

Alors sa mère l’avait prise par le bras :

« Eh bien, qu’est-ce que tu attends ? »

Sans mot dire, Ruth s’était levée, était sortie de la pièce, avait suivi sa mère dans le grand escalier de la villa jusqu’à la majestueuse entrée en marbre italien, et puis elle était montée dans la nouvelle Hispano-Suiza H6C, qui avait remplacé la H6B qu’ils avaient autrefois à New York.

Arrivée chez le coiffeur, elle s’était assise sur un fauteuil, dans une cabine privée, et avait laissé une jeune femme peroxydée lui enfiler une blouse, tandis que sa mère et Auguste — le coiffeur au nom français — décidaient quoi faire de ses cheveux.

Puis Auguste avait regardé le reflet de Ruth dans le miroir :

« Tu seras magnifique, ce soir ! » lui avait-il dit.

Ruth n’avait pas répondu.

Auguste, légèrement vexé, s’était à nouveau tourné vers sa mère :

« Et quelle couleur pour les ongles, madame ? »

Le regard de M meIsaacson était allé au doigt amputé de Ruth :

« Elle mettra des gants » avait-elle répondu d’un ton glacial. Et puis elle était partie.

Ruth était restée immobile, comme si elle ne comprenait rien à ce qui lui arrivait. Si on lui disait de redresser la tête elle la redressait, si on lui disait de se tourner elle se tournait. Quand on lui demandait si l’eau était trop froide elle répondait non, quand on lui demandait si elle était trop chaude elle répondait non, toujours du même ton distrait. Elle était là mais sans y être. Rien ne lui importait. Elle ne ressentait rien.

Parce que Ruth, depuis bientôt trois ans, parvenait à ne plus rien sentir.

On aurait dit qu’elle était retournée dans ce train qui l’emportait loin de New York. Aussitôt arrivée à Los Angeles, elle avait commencé à attendre que Christmas lui écrive. Elle avait concentré toute son attention, toutes ses pensées et toutes ses émotions sur sa vie passée. Et elle avait vécu dans l’espoir que Christmas, le gentil sorcier du Lower East Side qu’elle avait été prête à embrasser sur leur banc de Central Park, serait son présent et son futur. Mais Christmas avait disparu. Dès qu’elle était arrivée au Beverly Hills Hotel, Ruth lui avait écrit au 320 Monroe Street. Aucune réponse. Elle lui avait écrit quand ils avaient emménagé dans la villa de Holmby Street. Toujours aucune réponse. Mais Ruth avait attendu. Christmas ne la trahirait jamais, se répétait-elle. Néanmoins, jour après jour, sa certitude s’amenuisait. Jusqu’à ce qu’un matin, au réveil, elle finisse par ranger l’horrible cœur laqué de rouge au fond d’un tiroir.

Et alors, en refermant ce tiroir, elle avait entendu un petit crac dans sa tête. Un bruit à peine perceptible, et pourtant net.

Mais elle avait attendu quand même. Sans plus espérer. Or, l’espoir la quittant, sa tête s’était remplie d’idées que, pendant longtemps, la présence de Christmas avait réussi à étouffer. Quand Ruth s’était rendu compte qu’elle attendait que Bill disparaisse de ses cauchemars, il était trop tard pour que cela cesse. Et quand elle s’était rendu compte qu’elle attendait que la blessure laissée par la mort du grand-père Saul guérisse, il était trop tard. Et tout à coup, l’attente s’était transformée en angoisse. Or, elle n’avait pas d’armes pour combattre cette angoisse croissante. Il lui arrivait de se retrouver soudain pantelante, comme si elle avait trop couru, alors qu’elle était simplement assise à sa place, dans le lycée huppé qu’elle fréquentait. Ou bien elle se surprenait elle-même les yeux écarquillés, comme face à quelque horreur, bien qu’elle ne fasse que regarder le tableau où un professeur inscrivait à la craie les points saillants de la leçon. D’autres fois encore, elle avait l’impression qu’une déflagration terrifiante lui faisait exploser les tympans, tandis qu’il s’agissait simplement de la voix d’un camarade l’invitant à une fête. On aurait dit que le monde entier avait pris des couleurs, des saveurs, des odeurs et des sons qui étaient simplement trop violents pour elle.

Elle s’était mise à porter des lunettes noires. Mais les couleurs étaient dans sa tête. La nuit, elle se bouchait les oreilles avec un coussin, mais c’était dans son cœur que les hurlements se nichaient. Elle ne mangeait presque plus, mais les poisons qui envahissaient sa bouche étaient enfouis en elle. Elle tentait de se tenir à l’écart des choses et des gens, mais le doigt amputé par Bill semblait lui parler sans cesse de cet enfer à la fois de feu et de glace qu’était le monde.

Plus tard, pratiquement un an après son départ, un jour où elle avait cru mourir, vaincue par tous ces fardeaux qui l’écrasaient, un jour où elle avait été certaine de ne plus pouvoir continuer et où elle s’était cru prête à se laisser renverser par une Pierce-Arrow qui arrivait en rugissant, ce jour-là, elle avait à nouveau entendu un crac dans sa tête.

Plus fort, cette fois-ci. Plus identifiable.

Et pendant que l’écho de ce bruit intérieur s’éteignait, les couleurs, les sons et les odeurs, tout cela commençait à faiblir. Tout devenait gris. Silencieux. Immobile. Les vagues de l’océan se taisaient, les mouettes dans le ciel se taisaient. Et elle n’entendit plus le rire de Bill. Ni la voix de son grand-père.

« Enfin, ils sont tous morts » avait-elle pensé, avec une espèce d’apathie.

C’est alors qu’elle avait découvert, bien qu’elles se trouvent là depuis toujours, ses « huit sœurs ».

Et à présent, depuis bientôt deux heures qu’Auguste le coiffeur s’occupait de ses cheveux, Ruth ne s’était pas encore regardée dans le miroir. Elle ne se regarda pas non plus quand sa mère, revenue d’une des boutiques les plus chics de Los Angeles avec un paquet volumineux, félicitait Auguste pour sa coiffure, tout en remplissant un chèque astronomique.

« Essaie de ne pas abîmer ta coiffure avant ce soir ! recommanda sa mère, lorsqu’elles remontèrent en voiture.

— D’accord » dit Ruth. Et puis elle ne parla plus jusqu’à Holmby Hills. Elle descendit de l’auto, regagna sa chambre, s’assit devant la fenêtre et recommença à fixer les statues néo-classiques au bord de la piscine. Ses « huit sœurs », comme elle les appelait. Huit sœurs dénuées d’âme et de sentiment. Froides et muettes. Elle frissonna. Mais elle ne se leva pas pour aller chercher un chandail. C’était inutile. À l’instar de ses huit sœurs, c’était à l’intérieur, qu’elle avait froid. Et nul cachemire ne pourrait la réchauffer.

Et puis, son apathie la protégeait. Elle lui procurait un sommeil lourd, épais, obscur, sans rêves ni pensées. Profond et silencieux. Comme l’absence totale. Comme la mort. Un sommeil interrompu de courtes veilles qui n’avaient guère d’importance, puisqu’elles ne lui amenaient qu’une légère mauvaise humeur, rien de plus qu’un vague agacement. Épuisée, tête lourde, gestes lents, elle ne résistait pas longtemps à la tentation d’un nouveau sommeil, d’une nouvelle absence. Et ainsi, Ruth disparaissait à nouveau. Personne ne pouvait la trouver. Pas même elle. Elle se laissait aller à une léthargie qui la suivait au lycée, pendant les cours, comme à table, quand elle était avec ses parents ; cette torpeur lui cachait les horreurs de la nuit et les impudeurs brutales du jour.

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