Luca Fulvio - Le gang des rêves

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Une Italienne de quinze ans débarque avec son fils dans le New York des années vingt…
L’histoire commence, vertigineuse, tumultueuse. Elle s’achève quelques heures plus tard sans qu’on ait pu fermer le livre, la magie Di Fulvio.
Roman de l’enfance volée,
brûle d’une ardeur rédemptrice : chacun s’y bat pour conserver son intégrité et, dans la boue, le sang, la terreur et la pitié, toujours garder l’illusion de la pureté.
Dramaturge, le Romain Luca Di Fulvio est l’auteur de dix romans.
Deux d’entre eux ont déjà été adaptés au cinéma ; ce sera le destin du
, qui se lit comme un film et dont chaque page est une nouvelle séquence.
Traduit de l’italien par Elsa Damien

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Mais il y avait une autre raison pour laquelle elle se tenait éloignée de ses camarades : elle avait quatorze ans et il se passait quelque chose dans son corps. Quelque chose qu’elle ne pouvait maîtriser. Sa poitrine avait commencé à pousser et à gonfler ses chemisettes. Au début, ses mamelons l’avaient fait souffrir, une douleur aiguë semblable à un pincement, et puis, quand la souffrance avait cessé, ils s’étaient transformés. Pas dans leur aspect, mais dans leur sensibilité. À présent, les effleurer lui procurait une sensation à la fois agréable et désagréable. Quelque chose de languissant. Toutefois, le pire avait été le jour où elle avait été saisie d’une crampe glacée au ventre, comme si deux serres se plantaient dans sa chair, et puis un flot chaud et rouge avait coulé à l’intérieur de ses cuisses. Ce matin-là, elle était restée immobile dans la salle de bain. Les yeux pleins de larmes et la main sur sa bouche ouverte. Le sang. Le même sang qui avait coulé sur ses cuisses après que Bill l’eut violée. Et la même douleur à l’intérieur. Et depuis, tous les mois, sa nature de femme revenait lui rappeler Bill. Lui rappeler qu’elle avait été salie.

En feuilletant les revues de sa mère, Ruth avait découvert la nouvelle mode : les flappers , les garçonnes. Ces femmes avaient les cheveux coupés court, et certaines se bandaient la poitrine pour sembler plus androgynes. Elle avait aussitôt décidé de devenir une flapper . Elle se banderait les seins en serrant tellement qu’elle aurait l’air d’une planche rabotée. Elle serrerait tellement qu’on la prendrait pour un garçon. Malheureusement, sa mère ne lui avait pas donné la permission de couper ses longues boucles noires. Mais au moins, Ruth — car ça personne ne pouvait le lui interdire, puisqu’elle n’avait demandé la permission à personne — commença à se bander la poitrine. À la dissimuler.

Ruth tourna la tête vers un petit groupe de jeunes qui riaient, assis sur la pelouse. Elle suivit des yeux la direction de leurs regards : ils étaient tournés vers un arbre et n’arrêtaient pas de rire. Au début, elle ne comprit pas pourquoi. Mais ensuite, elle les aperçut : Cynthia Siegel et Benny Dershowitz étaient en train de s’embrasser. Sur la bouche. Un tas de jeunes commençaient à s’embrasser, à cet âge. Ruth n’arrêtait pas d’en voir. Même sa seule amie, Judith Sifakis, avait donné un baiser à un garçon : elle n’avait jamais voulu dire qui, mais elle avait embrassé quelqu’un, et elle lui avait raconté tous les détails. Ruth détacha son regard de Cynthia Siegel et Benny Dershowitz. Tous les jeunes gens voulaient s’embrasser, à cet âge : Ruth le savait bien.

Et elle le savait parce qu’elle-même aurait voulu embrasser Christmas. C’était pour cela qu’elle le détestait. Parce qu’elle était différente de tous les autres, parce qu’elle avait neuf doigts et pas dix. Pourtant, elle pensait sans arrêt à Christmas. C’était le seul auprès de qui elle se sentait libre. Et c’était pour cela que, depuis peu, elle essayait de l’éviter ou de garder ses distances. Christmas était un danger. Ruth ne voulait pas être salie. Or, l’amour était sale. Elle qui avait connu tout ce qu’il y avait à connaître sans jamais avoir reçu son premier baiser, elle le savait. Elle le sentait sur ses lèvres et, plus bas, entre ses jambes. Lorsqu’elle était près de Christmas, c’était comme si mille fourmis couraient sous sa peau. Voilà pourquoi elle le détestait. Et voilà pourquoi elle se détestait.

Mais, ces derniers temps, il y avait autre chose en Christmas qui la troublait. Ses merveilleux yeux, si purs et si rayonnants, s’étaient assombris, et parfois ils lui rappelaient le regard noir de Bill. Elle avait l’impression de ne pas le reconnaître. Et ne pas le reconnaître, le trouver mystérieux et beaucoup plus homme que ses riches camarades de classe, non seulement cela la troublait, mais cela faisait croître en elle le désir de l’embrasser et de s’abandonner entre ses bras. Et plus son désir augmentait, plus elle se montrait dure envers Christmas afin qu’il ne le devine pas, parce qu’autrement il l’aurait vue souillée comme, pensait-elle, tous les autres la voyaient.

« Eh, tu dors ? lança une voix. La cloche a sonné ! »

Ruth referma vivement son journal intime. Une des neuf fleurs sèches tomba à terre. Le garçon s’approcha. C’était Larry Schenck, l’un des beaux gosses de l’école. Il avait seize ans. Larry ramassa la fleur et la tendit à Ruth :

« Alors comme ça, même Tout-va-bien-mademoiselle-Isaacson a un cœur ? sourit-il. Et qui est l’heureux élu ? » demanda-t-il.

Ruth effrita la fleur.

« Personne » répondit-elle, et elle retourna en classe.

« Salut, Greenie ! » avait lancé Christmas en entrant dans l’usine du vieux Saul Isaacson, à l’adresse du gangster toujours vêtu de soie verte. « Ruth est en sécurité ? »

Greenie l’avait regardé de travers, sans répondre.

« Vous avez chopé le rat ? » lui avait demandé Christmas.

Greenie s’était curé une dent avec un ongle et avait fait signe que non. Christmas avait fait une grimace et poursuivi son chemin vers le bureau du vieux, qui l’avait fait appeler.

« Il y a deux chemins pour devenir directeur d’un magasin, expliquait le propriétaire de la Saul Isaacson’s Clothing. Le premier chemin commence dans l’obscurité, c’est-à-dire dans l’entrepôt, au cœur de l’activité, là où est stockée la marchandise : c’est là qu’on apprend de quoi on a besoin, et qu’on peut développer ses intuitions du marché. L’autre chemin commence derrière le comptoir, au contact avec les clients : là on apprend à comprendre les gens, à saisir ce qu’ils désirent et ce qu’on veut leur faire désirer. Ces deux directeurs sont très différents l’un de l’autre, mais en peu de temps, il faudra qu’ils deviennent semblables. Celui qui a travaillé en entrepôt doit apprendre à connaître les gens, autrement il dépendra toute sa vie de ses vendeurs ; par contre, celui qui a été vendeur devra apprendre à gérer l’entrepôt, autrement il dépendra toujours du magasinier. Tu sais quel type de directeur tu pourrais être ?

— Et pourquoi je devrais le savoir ?

— Parce que dans la vie, si tu sais qui tu peux être, alors tu feras les bons choix.

— Moi, ce que je sais faire, c’est parler aux gens.

— Oui, j’avais remarqué ! Alors, voilà pourquoi je t’ai fait appeler : j’ai une proposition à te faire. J’ouvre un magasin de vente au détail et j’ai besoin de vendeurs et de magasiniers. D’habitude, je choisis des gens avec un minimum d’expérience, mais cette fois j’ai décidé de faire une exception. Tu veux un poste de vendeur ? Si tu joues bien tes cartes, tu pourrais devenir directeur. »

Christmas le regarda en silence.

« C’est Ruth qui vous l’a demandé ? interrogea-t-il.

— Non.

— Ça ne m’intéresse pas de faire le vendeur, dit Christmas. J’ai d’autres projets.

— J’ai une dette envers toi, expliqua le vieux. Le hasard, c’est un coup de pied dans le cul que la vie te donne pour te faire avancer. Le hasard, dans le monde des adultes, c’est une possibilité qu’il ne faut pas gâcher.

— Et en effet, j’ai l’intention de l’exploiter.

— Comment ?

— Vous avez déjà pensé à marier Ruth à un directeur de magasin ? interrogea Christmas.

— Non, je voudrais quelque chose de mieux pour ma petite-fille.

— Moi aussi.

— Qu’est-ce que tu t’es mis en tête, mon garçon ?

— Ruth, c’est mon hasard. Pas vous, monsieur Isaacson.

— Ruth est juive et toi, tu es italien.

— Moi, je suis américain.

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