Luca Fulvio - Le gang des rêves

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Une Italienne de quinze ans débarque avec son fils dans le New York des années vingt…
L’histoire commence, vertigineuse, tumultueuse. Elle s’achève quelques heures plus tard sans qu’on ait pu fermer le livre, la magie Di Fulvio.
Roman de l’enfance volée,
brûle d’une ardeur rédemptrice : chacun s’y bat pour conserver son intégrité et, dans la boue, le sang, la terreur et la pitié, toujours garder l’illusion de la pureté.
Dramaturge, le Romain Luca Di Fulvio est l’auteur de dix romans.
Deux d’entre eux ont déjà été adaptés au cinéma ; ce sera le destin du
, qui se lit comme un film et dont chaque page est une nouvelle séquence.
Traduit de l’italien par Elsa Damien

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Ruth développait les photos de Barry, et elle tenait le magasin quand il était de sortie pour un mariage. Si la cérémonie avait lieu le dimanche, elle l’accompagnait et lui servait d’assistante. En revanche, s’ils recevaient une commande pour un travail de gringo , alors Barry l’envoyait seule.

Au début, Ruth n’avait su que faire de son temps libre. Elle restait assise dans son minuscule appartement qui la rendait claustrophobe, et elle réfléchissait. À elle-même, à Christmas. Et la nuit, trop souvent, elle rêvait aux mains de Christmas sur sa peau. Elle s’était enfuie parce qu’elle n’était pas prête, se disait-elle, pour faire le silence en elle. Or, dans le silence de sa solitude, elle vivait tout un tumulte de souvenirs et de sensations, anciennes et nouvelles. Bientôt, rester enfermée chez elle devint insupportable. Elle se mit à errer dans San Diego, Leica en bandoulière, et à prendre des photos. Ensuite, elle atteignit le bord de mer et commença à photographier la nature. Mais les voix, les pensées, les souvenirs et les émotions ne s’apaisaient pas. Parfois, elle croyait les tenir un peu à distance et les entendre moins vivement, comme un léger bruit de fond, comme le ressac de l’océan. Cependant, cela ne durait pas. Les questions ne tardaient pas à s’imposer à nouveau. Les souvenirs l’entraînaient au loin, bien loin d’où elle se trouvait. Parfois, elle pensait à Daniel, rien que pour éloigner Christmas. Elle tentait de humer dans l’air le rassurant parfum de lavande des Slater. Mais cela ne l’aidait guère.

Un jour, Barry lui annonça qu’ils devaient passer la frontière pour aller photographier un mariage à Tijuana. Ruth grimpa en voiture avec tout son équipement, heureuse de cette nouveauté qui venait la distraire de ses pensées. Alors qu’ils approchaient de la frontière, elle vit une camionnette foncer dans la direction inverse, suivie d’une patrouille de police, toutes sirènes hurlantes. Ruth se retourna pour suivre la scène et aperçut un policier se pencher par la vitre et ouvrir le feu. Cela provoqua une embardée de la camionnette, qui finit sur le bas-côté de la route et se renversa. Barry arrêta la voiture. Ruth descendit et se mit à prendre des photos. Une femme blessée au front sortait, mains en l’air. Derrière elle, deux enfants effrayés. Puis deux hommes vêtus de pantalons sales, clairs et courts, laissant voir leurs chevilles. Ensuite elle photographia les policiers qui poussaient la femme et la faisaient tomber dans la poussière. Essayant de défendre sa mère, l’un des gosses se jetait sur un agent et le criblait de coups de poing. Le policier lui envoyait un coup de pied. Un des deux hommes s’avançait, mais un autre agent lui appuyait un pistolet contre la tête et l’obligeait à s’agenouiller. Après elle photographia une seconde patrouille qui surgissait, s’arrêtait, obligeait tous les Mexicains à monter en voiture, puis faisait demi-tour et repartait en sens inverse, vers la frontière. Ruth saisit le visage des cinq fugitifs dans la voiture de police, lorsque celle-ci passa devant eux. Et, en particulier, les yeux noirs écarquillés, à la fois effrayés et curieux, de l’un des deux enfants, qui se tournait et la regardait par la lunette arrière de l’auto.

« Finito el sueño » commenta Barry. Il cracha dans la poussière qui recouvrait l’asphalte de la route et remonta en voiture.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda Ruth en s’asseyant près de lui, tandis que l’auto repartait.

« Fin du rêve. »

Ruth resta les yeux fixés devant elle, en silence. À présent, la frontière était proche. Les policiers américains les regardèrent passer sans les arrêter. Les Mexicains firent de même. Ruth se retourna en reconnaissant les cinq fugitifs que la patrouille faisait descendre de voiture et remettait aux policiers mexicains. La femme blessée au front, à peine revenue en terre mexicaine, fit volte-face pour regarder vers l’Amérique.

Le soir, quand ils rentrèrent à San Diego, Ruth développa les photos que Barry avait prises au mariage de Tijuana, et celles qu’elle avait prises à la frontière.

« Au moins, ils ont essayé… » soupira Barry derrière son dos, en regardant ses clichés.

À partir de ce jour-là, sans bien savoir pourquoi, dès que Ruth avait une journée libre, elle prenait l’autocar qui allait à Tijuana, descendait à la frontière et restait des heures à regarder les gens passer d’un côté à l’autre, en prenant ses photos. Puis elle marchait le long du grillage de clôture. Et elle photographiait cette cage. Maintenant, les agents de la police des frontières la connaissaient et ils prenaient la pose, pistolet en main. Ruth les photographiait. Derrière eux, elle tentait toujours de cadrer des visages sombres et fiers, aux regards profonds et nonchalants, ceux des Mexicains — leurs visages pleins de passion.

Le soir, elle développait ses photos et les examinait pendant des heures. Plus elle les observait, plus elle sentait quelque chose changer en elle. On aurait dit que des nœuds se défaisaient. Les émotions auxquelles elle s’efforçait d’échapper ne cessaient de se manifester. Mais quelque chose semblait bouger en elle. Comme si elle nourrissait une pensée qu’elle n’était pas encore capable de véritablement formuler. Et comme si cette pensée lui apportait quelque chose qu’elle prit, au début, pour l’apaisement qu’elle recherchait. Une espèce de sérénité souffrante. C’était quelque chose qu’elle voyait dans ses clichés, dans les yeux de ces Mexicains qui n’arrivaient pas à franchir la frontière, quelque chose qui la rendait mélancolique mais la réconfortait en même temps.

Mais cela ne dura qu’un temps, jusqu’à ce que cette pensée se manifeste dans toute sa clarté. Alors, une véritable explosion se produisit en elle et elle ne prit jamais plus l’autocar pour Tijuana, elle ne photographia jamais plus la frontière ni le visage des Mexicains derrière le grillage. Elle avait peur. À nouveau, elle avait peur. Dès lors, émotions et souvenirs ne devinrent plus qu’un seul déchirement, plus terrible encore qu’auparavant.

Deux semaines plus tard, Ruth demanda un congé à Barry. Elle inventa une excuse, prit l’autocar pour Los Angeles et, de là, se rendit à Newhall. Le jour où elle franchit le portail du Newhall Spirit Resort for Women, la clinique pour maladies nerveuses où elle avait été internée, ce n’était pas un dimanche. Mais on la laissa entrer quand même et elle fut autorisée à voir M meBailey.

Comme toujours, Ruth la trouva assise devant sa fenêtre, le regard perdu dans son monde. Ruth s’assit près d’elle en silence et prit sa main dans la sienne. M meBailey ne réagit pas.

« J’ai toujours peur de finir dans le piège, dit Ruth après un moment. Qu’est-ce que je dois faire ? »

M meBailey continuait à regarder par la fenêtre, sans rien voir.

Ruth resta à son côté, sans mot dire. Puis, au bout de presque une heure, elle abandonna la main de M meBailey, se leva et se dirigea vers la porte.

« Un jour, un enfant, le fils d’un homme qui vendait des canaris, décida de libérer tous les oiseaux de son père » commença soudain M meBailey.

Ruth s’arrêta, la main déjà sur la poignée.

« Il ouvrit les cages et tous les canaris s’échappèrent, emplissant le ciel de leurs gazouillis, continua M meBailey. Tous, sauf un. Un canari femelle qui s’appelait Aquila, la plus vieille du groupe, qui était même plus âgée que l’enfant. Le gosse haussa les épaules : elle va bien finir pas s’envoler et prendre sa liberté ! se dit-il. Mais, le soir venu, le canari était toujours là, tapi dans un coin de la cage, le plus loin possible de la porte. “Je suis désolé, mais c’est pour ton bien, Aquila !”, dit alors le gamin en enlevant de la prison ouverte la soucoupe d’eau et celle avec les graines, certain que la faim et la soif obligeraient le canari à conquérir sa liberté. Le lendemain, l’oiseau se trouvait encore là, au même endroit, mais maintenant il était rigide, dos rougeâtre contre le sol de la cage et petites pattes dirigées vers le plafond, squelettiques et contractées. Ses yeux étaient rendus inexpressifs par un voile opaque et ses ailes, qui n’avaient jamais volé, enserraient son sternum, comme des chaînes. » M meBailey soupira et se tut.

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