Pierre Rey - Le Grec

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Ayant pour cadre le monde, pour décor la mer, pour parfum le pétrole, pour enjeu la domination des océans,
est le plus étourdissant des romans jamais consacrés aux coulisses de la « Jet society ». S’y affrontent en un ballet fiévreux et mortel, les dieux hors série de cette caste secrète et impitoyable : les super-riches. Tissant sa toile autour des continents, affamé, féroce, attendrissant, le plus fascinent d’entre eux : Socrate Satrapulos. Ses ennemis l’ont baptisé S.S. mais pour tout l’univers, il a un autre nom : le Grec.

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Plus d’un demi-siècle de mise en pratique avait amené la troisième génération au seuil du rêve du grand-père : que l’Amérique soit gouvernée par ses descendants, qu’ils deviennent des monarques absolus et de fait dans une démocratie théorique. Bien avant sa naissance, Scott avait été pris en charge par ces désirs dont il était destiné, de toute éternité, à assumer la réalisation. Rien n’avait été épargné pour qu’il y parvînt.

Avant lui, ses deux frères aînés, William et Louis, avaient été élevés dans la même optique. William était mort pendant la guerre, en France, grillé dans son tank frappé par des roquettes allemandes. Louis s’était fracassé au sol, pour rien, par défi, pour avoir voulu ouvrir trop tard un parachute qui ne s’était pas ouvert du tout. Quant au père, Steve Baltimore, patriarche fondateur de la dynastie, il était si solide qu’il semblait rebelle à la mort ou à la maladie. Il avait essuyé mille dangers dont il était toujours sorti victorieux jusqu’au jour, où, malgré les objurgations de son entourage, il avait tenu à tailler lui-même les plus hautes branches du cèdre qui ombrageait sa maison. Il avait alors quatre-vingt-deux ans.

Quand il glissa du sommet de l’arbre, on le releva cassé de toutes parts, brisé, en morceaux. On le crut mort : c’était mal le connaître. Il parvint à vivre deux ans de plus, paralysé dans un fauteuil mais donnant néanmoins ses ordres.

Scott ne se demandait jamais quels étaient ses propres désirs. En fait, ne pas se poser la question était déjà lui fournir une réponse : tout en se croyant libre d’avoir choisi sa vie, Scott vivait, par sa personne interposée, le désir de domination des autres. Il était à peine en âge de comprendre que son père lui serinait déjà : « Scott, mon fils, tu gouverneras un jour le pays. » Plus tard, il s’était aperçu que ses deux frères décédés avaient entendu, eux aussi, la même chanson. Et aussi ses trois cadets. Scott ne s’en était pas senti vexé. Ce qu’il fallait, c’était que l’un d’eux, n’importe lequel, parvînt aux honneurs suprêmes pour que tant d’efforts n’aient pas été vains. Les autres suivraient. Aussi, trouvait-il normal que sa vie n’ait été qu’une longue suite d’exercices destinés à le préparer au pouvoir, quand le jour ou l’heure aurait sonné de le prendre. Au cas où il lui arriverait malheur, ses trois cadets seraient prêts à prendre la relève.

Son père, pour accroître les chances du clan, avait tenu à ce que son épouse enfantât le plus souvent possible. De leur union étaient nés onze enfants, huit garçons et trois filles. Cinq d’entre eux étaient morts, quatre garçons et une fille, Suzan, retrouvée noyée à douze ans au cours d’une partie de pêche en mer, alors que le bateau regagnait le port en pleine nuit et qu’on la croyait dans sa cabine, en train de dormir. La mer n’avait jamais rendu son corps. Quant aux deux autres garçons, John et Robert, l’un avait été emporté à huit ans par une méningite, l’autre s’était fait sauter la tête à l’âge de quatorze ans en jouant imprudemment avec un fusil chargé.

Paradoxalement, ces morts violentes, au lieu d’abattre les survivants, les dopaient en quelque sorte. Ils semblaient reprendre à leur propre compte l’énergie des disparus, pour la plus grande gloire de la famille, comme ces plantes que l’on élague et qui n’en deviennent que plus belles et plus vivaces.

Après la onzième naissance, la mère de Scott, Virginia, estimant qu’elle avait rempli les devoirs que son mari attendait d’elle, décida qu’elle partagerait désormais son existence entre la religion et l’éducation de tous ses héritiers, sans prendre sur son temps le délai d’en faire naître d’autres. Les nombreux deuils qui l’avaient frappée n’étaient à ses yeux que des épreuves, envoyées par le Seigneur pour fortifier son courage et sa détermination. Femme de fer, elle était sûre de n’avoir enfanté que des hommes de fer. Très tôt, elle leur avait enseigné que la douleur existe, mais qu’il est dans l’ordre des choses de la mépriser si l’on veut la surmonter. Elle leur avait appris aussi qu’ils étaient inégalables par rapport aux autres, tous les autres qui n’étaient pas de leur sang.

Elle professait également qu’il fallait ignorer la défaite et dompter sa propre souffrance, pour mieux supporter celle des autres. Elle citait pour la bonne bouche le mot d’un écrivain, dont elle savait seulement qu’il était français, mais en ignorant qu’il s’agissait de Chamfort : « Il faut que le cœur se brise ou se bronze. » Chez les Baltimore, il était entendu une fois pour toutes que le bronzage se devait « d’être héréditaire. Quant au cœur de Virginia, il était si tanné qu’un observateur non averti eût pu s’étonner de voir battre encore ce bout de vieux cuir. Pourtant, depuis deux ans, elle se prodiguait avec un dévouement mécanique pour son mari, Baltimore II, qu’elle appelait Fred dans l’intimité, Alfred devant son domestique, M. Baltimore en société.

Le père de Scott était atteint d’un cancer de la gorge. Sa résistance était telle qu’il survivait aux trois séances de rayons qu’on lui faisait chaque semaine, alors qu’un cheval de bonne constitution y eût déjà succombé. De cette maladie, il gardait sur le cou une cicatrice, là où on l’avait ouvert la première fois pour s’attaquer aux métastases. Pour la cacher, il avait pris l’habitude de porter des cols de chemise démesurément hauts. Depuis quelques mois, il avait de plus en plus de mal à se faire entendre. Il fallait que son interlocuteur penche son oreille vers sa bouche pour percevoir le sens de ces diphtongues sifflantes qui n’étaient jamais des questions, mais des affirmations ou des ordres. Parfois, quand son interlocuteur élevait instinctivement la voix pour se faire entendre, Alfred lui disait, en confidence, qu’il avait certainement des difficultés d’élocution, mais qu’il n’était pas sourd. Ces propos chuchotés ajoutaient au mystère de ce colosse aux cheveux gris acier, du même gris que ses yeux. On avait en permanence la sensation qu’il était détenteur de secrets qu’il vous murmurait à l’oreille, même quand on arrivait finalement à comprendre : « Il fera beau demain. »

Il était dur et impitoyable, mais savait composer de bonne foi quand il le fallait, mettant en pratique l’axiome du folklore tchécoslovaque : « Si ton ennemi est plus fort que toi, enterre la hache de guerre et fais-en ton allié. »

Il semblait que les jeux effrayants de la politique américaine, à mesure qu’ils se durcissaient, le plongeaient dans ses éléments favoris, la duplicité et la violence. Sa façon même de recevoir les gens était agressive. Sa femme et lui faisaient subir à leurs invités inconnus un interrogatoire en règle, précis et sec comme une enquête policière : « Qui êtes-vous ? Que faites-vous ? Quelle est votre situation ? Êtes-vous marié ? Depuis quand ? Combien gagnez-vous ? Quelles sont vos espérances ? »

Si les réponses n’avaient pas l’air de leur convenir, M. et Mme Baltimore II plantaient là leur invité et ne lui jetaient plus jamais un seul regard, ce qui mettait Scott, plus souple, au comble du malaise lorsqu’il s’agissait de ses propres amis.

Il se demandait, aujourd’hui que le clan nageait dans l’opulence, de quelle façon le vieux Steve, son grand-père, avait pu amasser le premier noyau de cette gigantesque fortune. Un journal d’opposition — d’opposition aux Baltimore — avait écrit qu’elle avait des origines douteuses, une certaine odeur d’armes et d’alcool de contrebande. Le patriarche, qui était alors en pleine forme, avait simplement acheté le journal, la semaine suivante, son siège social, sa rédaction, son imprimerie et ses machines. Ensuite, il avait licencié massivement la totalité du personnel, sauf l’auteur de l’article qu’il avait voulu, par sadisme, garder sous la main. De rédacteur en chef, il l’avait rétrogradé au service des informations générales, tout en lui accordant de nombreux prêts d’argent.

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