Pierre Rey - Le Grec

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Le Grec: краткое содержание, описание и аннотация

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Ayant pour cadre le monde, pour décor la mer, pour parfum le pétrole, pour enjeu la domination des océans,
est le plus étourdissant des romans jamais consacrés aux coulisses de la « Jet society ». S’y affrontent en un ballet fiévreux et mortel, les dieux hors série de cette caste secrète et impitoyable : les super-riches. Tissant sa toile autour des continents, affamé, féroce, attendrissant, le plus fascinent d’entre eux : Socrate Satrapulos. Ses ennemis l’ont baptisé S.S. mais pour tout l’univers, il a un autre nom : le Grec.

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Hilaire, abasourdi, en tira un second principe : il suffit de se dire prophète, et d’en revêtir les accessoires, pour le devenir réellement. Ce qui lui serrait le cœur par-dessus tout, c’était de voir des êtres dont il respectait l’intelligence et le savoir se soumettre eux aussi, comme ses crémières, aux lois de son verbe, comme si soudain leur esprit critique, parce qu’ils étaient concernés, ne leur servait plus de garde-fou contre le délire de leurs désirs infantiles : argent, santé, amour. Il reçut avec un étonnement peiné des hommes d’affaires prospères et des politiciens en herbe, venus bien humblement lui soumettre leurs dossiers, attendant son verdict pour y apposer leur signature dont dépendaient de grosses sommes d’argent, des barrages hydroélectriques, la ruine des uns, la fortune des autres. Parfois, il avait envie de les prendre par l’épaule et de les secouer, leur crier qu’ils étaient fous de le croire, de faire dépendre le réel qui leur appartenait des phantasmes de leurs superstitions. Il se taisait pourtant, fourrant avec colère sous sa robe les billets qu’on lui tendait, enrageant de recevoir des compliments pour sa clairvoyance et ses augures. Il n’arrivait pas à croire que l’humanité fût sous la coupe de tels meneurs, incapables eux-mêmes de se diriger seuls, de décider seuls, flouée par de telles élites, plus enfantines encore que leurs propres enfants au point que lui, qui n’était rien, prenait barre sur eux, qui pouvaient tout.

Survint le premier événement, qui faillit lui faire admettre, sinon comprendre, le point de vue de ces irresponsables. Pour un gros industriel de Bordeaux, il avait dessiné une carte du ciel, traçant dans un cercle à grands coups de couleurs, selon l’usage, les périodes fastes et néfastes, vert et rouge, jaune et bleu, selon qu’elles bénéficiaient ou non de la protection des astres. Un jour entre tous lui paraissait contraire, le 9 février, où tous les aspects planétaires de son client — un certain Michel Jurvilliers — lui semblaient en dissonance. Surtout, lui écrivit-il, ne prenez pas l’avion ce jour-là. Dix jours plus tard, au moment où il lisait dans le journal daté du 10 février Déraillement du Paris-San Remo, et le nom de la seule victime, Michel Jurvilliers, il recevait un mot de lui, posté la veille de Marseille : Absolument obligé de me rendre en Italie, je repense à votre conseil, éviter l’avion : je prends donc le train dans une heure. Bravo pour votre travail, il est étonnant d’exactitude !… Hasard…

La deuxième fois, il avait tiré les cartes à une putain du quartier :

« Vous pouvez tout me dire, monsieur le professeur… Je n’y crois pas.

— Pourquoi venez-vous donc me voir ?

— C’est les copines qui me l’ont dit. Et puis ça m’amuse, pas vrai, puisque c’est bidon ! »

Il lui avait fait trois tours différents, celui du cercle, celui du prénom et le grand jeu : dans les trois, il avait tiré la mort. La mort immédiate. Hilaire n’y croyait pas, bien sûr, mais par charité, malgré l’agacement que lui inspirait le scepticisme de sa cliente — le scepticisme d’autrui était pour lui la fin de la manne — il avait préféré lui taire l’inquiétante nouvelle. Le lendemain, la fille était assassinée dans sa chambre par l’une de ses pratiques. La mort des autres nous est toujours légère, mais celle-ci tracassa la conscience et la paix intérieure du Prophète, comme s’il en avait eu une part de responsabilité : peut-être, s’il l’avait prévenue, aurait-elle pu éviter sa fin accidentelle ? Troublé par un sentiment de culpabilité, il alla s’en ouvrir à Arthur, qui avait cessé de faire tourner la roue de la fortune pour aller jeter les dés dans un bistrot du coin et y boire ses dividendes. Le forain avait été formel :

« Quand tu tires la mort, t’as qu’à pas leur dire.

— Justement, je ne lui avais rien dit.

— Alors t’y es pour rien ! »

Absous, mais insatisfait, Hilaire commença à se poser des questions : et s’il y avait un peu de vrai dans ces balivernes ? S’il ne faisait que jouer les apprentis sorciers, sans bien savoir à quoi il touchait ? C’était absurde… Il n’allait pas à son tour succomber aux vertiges de cet ésotérisme de bazar. Un mois plus tard, survint le troisième événement.

Il allait être déterminant sur la suite de sa vie. Il dînait en compagnie de Louise et Arthur, quand ce dernier avait insisté pour savoir comment s’y prenait le Prophète :

« C’est pas possible qu’ils soient si cons pour lâcher autant de fraîche. Explique-moi, quoi ! »

Louise, de plus en plus affamée de métaphysique, s’était jointe à ses prières :

« Allez-y, monsieur Kalwozyac, montrez-lui un peu ! Il fait le malin. Faut toujours qu’il se croie plus fort que les autres ! »

Amusé, Hilaire avait sorti un jeu de tarots de sa poche, étalé les cartes et dit à Arthur :

« Vas-y… Tire six cartes. »

Et il avait démonté les arcanes de sa technique, insistant sur la valeur de ses silences, le visage de ses clients et l’histoire que leur expression, à elle seule, lui laissait pressentir. Rien de sorcier dans tout cela. Tout en parlant, il examinait distraitement l’ordre des configurations symboliques formées par la main d’Arthur, quand soudain, il se figea : une fois de plus, la mort, entourée d’eau, tout de suite. Arthur rompit le silence :

« Qu’est-ce que tu vois ? Tu as l’air inquiet ?

— Parlez, monsieur le professeur, dites-nous… », surenchérit Louise qui, dans son émotion, lui avait donné du « Professeur ». Embarrassé, le Prophète inventa une histoire d’héritage à venir, mais qui aurait des difficultés pour arriver.

« De toute façon, ajouta-t-il, tu ne vas pas te mettre à croire à ces salades ! »

Trois jours plus tard, Arthur mourait dans des conditions surprenantes. Une fois par mois, il allait faire une « toilette complète » dans un « bains-douches » de la rue des Martyrs, se contentant le reste du temps de s’asperger la tête d’eau — il prétendait qu’un excès d’hygiène était la porte ouverte à toutes les maladies. En entrant dans sa baignoire, son pied avait glissé et, dans la chute qui s’était ensuivie, il s’était fracturé les vertèbres cervicales. Son corps, agité des convulsions dernières, faisait un angle droit avec sa tête, immergée dans l’eau bouillante, la mort par asphyxie précédant la mort par la destruction des centres nerveux. Ce jour-là, Kalwozyac jura qu’il ne ferait jamais, plus de voyances, trop de choses le dépassant dans ce domaine. Il fit ses adieux à Louise, effondrée par son brutal veuvage, l’assura de son soutien moral, passa à la banque pour y rafler l’argent qu’il y avait déposé et se précipita dans un train, direction le Portugal : à Cascaïs, il y verrait sûrement plus clair. D’instinct, il avait choisi ce minuscule port de pêche pour but de son voyage, se référant, sans le savoir, à un déterminisme qui l’avait déjà poussé à en choisir le nom pour établir la raison sociale de son industrie. En cours de trajet, il fut bien obligé de concéder que trois prédictions de ce genre, apparues dans les cartes avec une telle netteté et confirmées par les faits, ne pouvaient être dues au seul hasard. Il était donc placé devant l’alternative suivante, soit renoncer à ce qui lui semblait un bon moyen idéal de gagner sa vie, soit poursuivre dans cette voie, mais y perdre à jamais la sécurité de son système de pensée. Il opta pour la première proposition, plaçant sans hésiter son confort intellectuel avant sa fortune. Toutefois, l’habitude étant une seconde nature, il ne put résister, sous le prétexte mensonger de mieux s’exorciser, au plaisir de se tirer les cartes, pour la première et la dernière fois de sa vie : elles parlèrent.

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