Pierre Rey - Le Grec

Здесь есть возможность читать онлайн «Pierre Rey - Le Grec» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 1973, ISBN: 1973, Издательство: Éditions Robert Laffont, Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Le Grec: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Le Grec»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Ayant pour cadre le monde, pour décor la mer, pour parfum le pétrole, pour enjeu la domination des océans,
est le plus étourdissant des romans jamais consacrés aux coulisses de la « Jet society ». S’y affrontent en un ballet fiévreux et mortel, les dieux hors série de cette caste secrète et impitoyable : les super-riches. Tissant sa toile autour des continents, affamé, féroce, attendrissant, le plus fascinent d’entre eux : Socrate Satrapulos. Ses ennemis l’ont baptisé S.S. mais pour tout l’univers, il a un autre nom : le Grec.

Le Grec — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Le Grec», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

25

Le Prophète pratiquait le double jeu depuis si longtemps que, tôt ou tard, la catastrophe était fatale. Cette fois, on y était. Kallenberg allait arriver d’une minute à l’autre. Au téléphone, il avait semblé fou de rage, exigeant un rendez-vous immédiat sur le ton d’un type qui veut régler ses comptes définitivement. Le Prophète le comprenait d’autant mieux qu’il y avait quelque chose d’illogique dans sa propre démarche, un détail qu’il subissait bien qu’il heurtât son sens de l’équité et de l’honneur : d’un côté, il trahissait allègrement Kallenberg au profit de Satrapoulos, de l’autre, il acceptait sans broncher les énormes rétributions que lui versait Barbe-Bleue en échange de ses bons et loyaux services. Curieux… Pourtant, le Prophète n’avait pas la tête de l’emploi. En fait, et à son grand regret, il avait la tête de tout le monde, la soixantaine confirmée par une calvitie presque totale, une propension à la contemplation et au farniente, un goût très vif pour Spinoza — dont l’ Éthique le plongeait dans la béatitude — une passion pour l’argent qui lui était venue sur le tard et une immense méfiance envers sa profession, la voyance. Non qu’il ne la prît pas au sérieux, au contraire.

À sa grande stupeur, il lui arrivait fréquemment de voir la réalité corroborer les prédictions qu’il avait faites, et cette entorse flagrante au système logique et rationnel qui présidait sa vie l’immergeait dans une sensation de malaise vague. Sceptique de tempérament et de culture, il n’admettait pas que la pensée vînt interférer dans le déroulement naturel des choses, ou qu’un esprit humain pût en connaître la chronologie. La première fois qu’était survenu un événement de ce genre, il l’avait attribué au hasard. La deuxième à une coïncidence. La troisième, il avait rangé son arsenal prédicatoire, tarots, boule et statuettes, au fond d’une valise, farouchement décidé à ne plus jouer les apprentis sorciers afin de ne pas perdre ce qui formait le sens réel de son existence, son confort intellectuel. La chose s’était passée peu après la guerre. Les temps étaient durs, et sa présence à Paris précaire, compromise par l’admiration trop avouée qu’il avait portée aux troupes de choc nazies.

Il désirait à l’époque faire une carrière d’écrivain, se croyait du génie, était vêtu d’un costume de confection de la Belle-Jardinière antérieur aux hostilités, et se nourrissait chaque jour d’un unique hareng, réchauffé sur une lampe à alcool dans une tanière minable, rue du Château-des-Rentiers où il avait élu, à son corps défendant, un domicile qu’il souhaitait provisoire. Pour marquer sa future gloire littéraire d’un coup d’éclat, il avait décidé de réaliser une espèce de fresque totale sur les minorités érotiques, les marginaux de la bagatelle, en un mot, sur tous ceux qui ont des difficultés d’expression sexuelle, et sont voués, pour les assouvir, à se travestir, à fouetter ou être fouetté, à manger des choses bizarres exigées par la perversion mais refusées par l’estomac, de telle façon qu’après son livre — mille pages au bas mot — nul ne pût aborder le sujet sans être immédiatement accusé de plagiat. Un candidat éditeur, maigre et illuminé, se piquant d’être un disciple de Gurdjieff, avait consenti à distraire quelque argent de la dot de sa récente épouse, veuve elle-même d’un comte polonais, faux noble sans doute mais millionnaire authentique, afin de financer les balbutiements de la grandiose entreprise. Malheureusement, les travaux de documentation pratique, scrupuleusement accomplis par son poulain entre Blanche et Pigalle, se révélèrent bien vite ruineux. En outre, une phrase imprudente et ingénue de son futur auteur lui avait mis définitivement la puce à l’oreille. Ce dernier, dans un moment d’épanchement lui avait dit, il en était sur :

« En mettant les choses au mieux, le plan de mon livre exigera à lui seul deux années de travail. »

Mots funestes qui avaient fait déborder la coupe. Du jour au lendemain, le Prophète, qui n’était alors qu’Hilaire Kalwozyac, apatride de père en fils, Polonais de souche et Français de cœur, s’était retrouvé chômeur, son projet dans les limbes, une œuvre rentrée sur la conscience et, derechef, en pleine dèche.

Partant du principe qu’en temps de paix nul ne peut mourir de faim en Occident et que, en bien ou en mal, tout s’arrange, il avait décidé de se laisser vivre, retrouvant sans amertume son taudis du XIII e, son hareng quotidien, confiant en son talent et curieux de ce qui allait lui advenir : ce fut bizarre. Quelques jours après la rupture de son contrat, vers les trois heures de l’après-midi, il marchait pensivement boulevard de Clichy, entre deux rangées de baraques foraines, lorsqu’il entendit crier son nom : « Hilaire !… Hilaire !… » Il se retourna et vit un homme grassouillet, à l’intérieur d’un stand de loterie — le 8 est sorti ! Un kilo de sucre pour monsieur ! — lui faire de grands signes amicaux :

« Ben quoi ? Tu me reconnais pas ? Arthur ! »

Bien plus qu’à sa bonne bouille de carlin couperosé, Kalwozyac l’identifia immédiatement à sa voix pointue de cancre de communale : Arthur… Il l’avait rencontré au début de la guerre, à Vesoul, dans un centre de mobilisation où Hilaire, convoqué par erreur, avait été gardé à vue, malgré ses protestations sur l’inélégance de ces tracasseries visant à le faire partir, lui, simple résident francophile, sous les drapeaux.

À l’époque, Kalwozyac envisageait de bâtir sa sécurité matérielle sur l’élevage des poules — principalement des Leghorn, fantastiques pour la ponte — mais rien n’avait subsisté de son cheptel, volé par une horde de gitans voraces en transhumance vers le sud. Arthur l’avait séduit, habile à trouver de la nourriture là où il n’y en avait plus, caïd de l’intendance, jovial et précieux. Le fait d’être déclarés conjointement « inaptes au service armé », quoique pour des raisons différentes, avait encore renforcé leurs liens : ils avaient fait un bout de chemin ensemble, quelques semaines ou quelques mois, Kalwozyac ne savait plus. Mais il avait été flatté de la fascination qu’il exerçait sur Arthur, qui lui attribuait une toute-puissance dans un domaine où la nature ne l’avait pas gâté : l’intelligence théorique. Hilaire, pourvu qu’on lui tendît la becquée, pouvait disserter sans désemparer pendant des heures sur Montaigne, Hegel ou la volonté de puissance chez Nietzsche — d’après lui, elle n’était pas, comme on l’avait toujours cru, un instinct indépendant, mais une simple particule de la pulsion érotique — ou alors se mettre à réciter des vers de Villon, Mallarmé, Racine ou Ronsard. Son esprit imprévisible, sa mémoire infaillible lui permettaient de survoler les styles et les siècles, et d’en régaler un auditoire ébahi de héros et de morts en puissance. Quand il sentait son public bien pantois et écrasé, il rompait d’un négligent : « Alors merde ! Et cette bouffe, ça vient ? » qui ajoutait, à la prodigieuse étendue de ses connaissances, l’aura fraternelle de la modestie. En fait, il n’était pas un littéraire à proprement parler. Il avait commencé des études de médecine, vite interrompues par un avortement malheureux lors de sa deuxième année d’externat, passage incertain et délicat où les trucs du métier sont trop flous pour sauver des vies, mais pas assez affirmés pour éviter des morts : triste épisode…

« Et alors, qu’est-ce que tu deviens ?

— Je me documente pour écrire un livre (c’était faux, plus d’éditeur, plus de livre).

— Ça te prend tout ton temps ? Viens, je vais te dire quelque chose. On va au bistrot. Louise ! »

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Le Grec»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Le Grec» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Le Grec»

Обсуждение, отзывы о книге «Le Grec» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x