Tonino Benacquista - Quelqu'un d'autre

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Qui n'a jamais eu envie de devenir « quelqu'un d'autre » ? Celui que l'on a toujours voulu être ? Celui qui n'aurait pas abandonné, en cours de route, ses rêves et ses désirs ? Un soir, dans un bar, deux inconnus se lancent un pari. Ils se donnent trois ans, pas un jour de plus, pour devenir cet « autre ».
Mais on ne devient pas quelqu'un d'autre impunément. On risque, pour le pire et le meilleur, de se trouver soi-même. Un chassé-croisé palpitant qui conjugue humour et suspense. Grand-Prix RTL—
2002

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*

Attablé, seul, à une terrasse de la montagne Sainte-Geneviève, il étudiait le verre de Wyborowa posé devant lui. Le soir tombait doucement, l’air était doux, toute la fatigue de la journée s’était estompée. Il n’avait plus envie de rentrer et cherchait juste à retenir le moment présent, à le sentir entre ses doigts avant de le laisser filer. Un éclat de sérénité, un instant volé à lui-même. En prenant une gorgée de vodka, il rendit hommage à tous ceux qui avaient contribué à faire couler ce nectar dans sa gorge. Dieu y avait sans doute la plus grande part ; en créant l’homme, il avait créé l’ivresse. Ou bien l’homme l’avait créée tout seul, ce qui amusait encore plus Nicolas. Un beau jour, un homme avait distillé des grains d’orge dans un alambic et des milliers d’autres hommes s’étaient mis à rêver. Nicolas n’oubliait pas le camionneur qui avait fait le voyage de Varsovie jusque dans cette ruelle du V earrondissement de Paris, ni le serveur qui avait pris soin d’entreposer la bouteille dans un freezer pour en tirer le meilleur. Ce troisième verre lui procura une nouvelle sensation de quiétude, la vraie. Au Nemrod, il n’en avait ressenti que la douce promesse. Il but cette vodka avec l’étonnante lenteur du recueillement. Il avait tout le temps du monde, ce soir. Et le monde pouvait bien s’écrouler, ça ne lui faisait plus peur.

Quiétude.

Hier encore, le mot lui était interdit. Il osait à peine le formuler de peur de mettre ses démons en colère. La quiétude des philosophes antiques, celle d’avant le big bang, celle que l’on goûte les yeux fermés. Pourquoi la vie ne ressemblait-elle pas à ça tout le temps ? Si une seule réponse en valait la peine, Nicolas voulait la connaître.

Le souvenir de la veille lui revint en bloc. Comment s’appelait ce fou ? Brun ? Blin ? Sa barbe épaisse et ses yeux de furet. Ce matin, il avait dû se réveiller dans un tunnel, honteux lui aussi de toutes les bêtises proférées dans la nuit. Ils devaient être aussi soûls l’un que l’autre pour imaginer ce pari ridicule. Dans l’état où ils étaient, ils auraient pu tout aussi bien escalader l’Arc de triomphe ou chanter sous les fenêtres d’une ex aujourd’hui mariée. Au lieu de ça, ils avaient rêvé de devenir quelqu’un d’autre.

Où seraient-ils, d’ici trois longues années ?

Malgré toute l’absurdité de ce pari, Nicolas ne pouvait plus faire comme s’il n’avait jamais été lancé. Il lui fallait l’annuler avant qu’il ne soit trop tard.

*

— Il est passé il y a une heure.

— Pour jouer ?

— Même pas, c’est ce que j’ai trouvé bizarre.

Tout en répondant aux questions de Nicolas, le gardien des tennis arrosait et lissait un court piétiné par quatre types qui commentaient leur match autour du distributeur de boissons. La nuit était enfin tombée, le vent venait tout rafraîchir, un double mixte terminait un set avant de se retrouver dans le noir absolu.

Et Blin avait disparu.

— Qu’est-ce que vous avez trouvé bizarre ?

— Il m’a demandé de résilier son abonnement au club.

— Pardon ?

— Il a prononcé le mot « résilier ». Il venait juste de s’inscrire. D’habitude les gens ne reviennent pas et ça s’arrête là. Lui, il voulait que je lui rende le formulaire.

— Et vous avez résilié son abonnement ?

— C’était la première fois que je faisais ça, j’ai même dû téléphoner au gérant.

— Vous devez bien avoir un moyen de le contacter, ou ses coordonnées sur un ordinateur ?

— Son dossier n’a pas eu le temps de passer en machine, mais même si je les avais, je ne vous les donnerais pas.

Nicolas le pria de l’excuser et de prévenir Thierry Blin au cas où il réapparaîtrait. Il savait déjà que c’était peine perdue. Blin ne réapparaîtrait plus.

De retour vers le centre, il demanda au taxi de le déposer rue Fontaine. Il aimait la vodka depuis moins de vingt-quatre heures mais elle lui était déjà si familière qu’il avait besoin de la retrouver en tête à tête pour faire le point sur cette disparition. Il chercha un lieu d’accueil et se sentit attiré par le Lynn, un bar de facture classique, tout de cuir noir et rouge, des serveurs en livrée blanche, un comptoir en bois encore plus imposant que celui de la veille.

On dit que seul un fou sait en reconnaître un autre. Nicolas ne cherchait même plus à savoir s’il avait lu dans la folie de Blin ou si Blin avait lu dans la sienne. Une chose était sûre, Blin avait pris au sérieux le moindre mot prononcé hier soir, comme si le projet avait traîné déjà longtemps dans son esprit, et que cette rencontre avec Nicolas lui permettait de le concrétiser enfin.

Il commanda un verre et le but cul sec. Du haut de son territoire de sérénité, il se laissa glisser vers celui de l’euphorie. Il leva son verre bien haut pour s’adresser à Blin comme à un ami défunt.

Nous ne nous reverrons sans doute jamais, Blin, mais si vous m’entendez, où que vous soyez, dites-vous bien que les propos avinés d’hier méritaient juste de se perdre dans les brumes du sommeil. Personne ne devient quelqu’un d’autre. Ne prenez rien de tout cela au sérieux, vous risquez de vous perdre dans des contrées dont il est impossible de revenir. Croire à ce pari, essayer de le gagner serait pure folie et déclencherait à coup sûr des phénomènes étranges, irréversibles. Y penser, c’est déjà aller trop loin. Il ne faut pas réveiller les démons intérieurs ni les ridiculiser en leur trouvant des remplaçants. Les nôtres sont déjà en poste, ils tiennent nos âmes comme des places fortes, ils veillent ! Et nous aurions le toupet de les mettre à la porte ? Ils ne nous le pardonneraient pas. On ne peut rien changer à ce qu’on est, tout est écrit, ancré, gravé, et nul ne peut effacer ça. Notre esprit n’est pas un repentir, une page que l’on réécrit chaque jour. Notre cœur ne battra plus jamais que comme notre cœur, il ne cherchera plus de nouveaux rythmes, il a trouvé sa mélodie depuis longtemps. À quoi bon la changer, il faut des années pour s’en composer une.

Il eut tout à coup envie d’une cigarette et demanda un paquet au serveur.

— Nous n’en vendons pas.

— Vous n’en auriez pas une à m’offrir ?

— J’ai arrêté.

— Moi aussi, mais…

— Je vais demander.

Nicolas remarqua le paquet de Dunhill bleu d’une cliente, assise, tout près de lui, au bar. Quitte à bazarder ses bonnes résolutions, autant choisir une vraie cigarette, forte et goûteuse, comme celles qu’il fumait il y a encore cinq ans. Le serveur lui tendit une Craven sans filtre, il la porta à ses lèvres, conscient du risque qu’il prenait ; s’il la fumait, des milliers suivraient peut-être, toutes moins bonnes. Les matins d’angoisse, certaines auraient même le goût de la mort. Il repéra un Zippo près du verre de sa voisine — la première femme qu’il voyait utiliser un briquet à essence — et le lui emprunta. Avant d’allumer sa cigarette, il hésita encore, le temps de prendre une autre vodka.

Et s’il n’était pas aussi prévisible, après tout ? Et si, après cette cigarette, il n’en fumait que deux ou trois, juste pour profiter de l’ivresse du moment ? Et s’il avait, lui, Gredzinski, la force de triompher là où tous les autres échouaient ? Déjouer un scénario écrit longtemps à l’avance, renvoyer dos à dos les fumeurs invétérés et les repentis de la tabagie. Il fit jaillir la flamme, alluma enfin sa Craven, suspendit cette seconde-là, le poitrail gonflé, puis laissa échapper un soupir de fumée.

L’avenir dirait la suite.

Il était minuit et demi, l’endroit était clair et frais, la ventilation avalait le peu de fumée que ses lèvres rejetaient, son verre ne laissait aucune auréole sur le comptoir en bois, demain il n’avait pas de rendez-vous avant 10 heures, plus rien ne pouvait l’empêcher de prendre un dernier verre. À chaque nouvelle bouffée de cigarette, les très légers effluves d’un parfum de luxe lui effleuraient les narines ; il s’étonna un instant de ce curieux phénomène et flaira discrètement ses doigts qui auraient dû puer l’essence. Sans demander la permission à sa voisine, il saisit à nouveau le briquet et le renifla sous tous les angles.

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