Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas

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Tempête. Deux novellas: краткое содержание, описание и аннотация

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En anglais, on appelle « novella » une longue nouvelle qui unit les lieux, l'action et le ton. Le modèle parfait serait Joseph Conrad. De ces deux novellas, l'une se déroule sur l'île d'Udo, dans la mer du Japon, que les Coréens nomment la mer de l'Est, la seconde à Paris, et dans quelques autres endroits. Elles sont contemporaines.
J. M. G. Le Clézio

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Je n’invente pas pour les autres, ils ne m’intéressent pas. Je ne suis pas du genre à raconter ma vie dans les bars. Je ne connais pas ces gens de l’Arkansas, ces Farrell. Des fermiers. Chez eux Mary a appris à soigner les bestiaux, à réparer une moto, à conduire les tracteurs. Et un jour, à dix-huit ans, elle s’est envolée pour aller vivre ailleurs, pour chanter. C’était sa vocation. Elle a eu une autre vie, elle n’est jamais retournée dans la ferme. Quand elle a disparu en mer, j’ai essayé de retrouver les parents, j’ai écrit des lettres au comté, pour connaître leur adresse. Rien ne m’est revenu.

Quand j’ai connu Mary, elle avait près de quarante ans, mais elle semblait beaucoup plus jeune. Moi j’avais vingt-huit ans. Je sortais de prison.

La tempête me prête sa rage. J’ai besoin de ses cris d’orfraie, de ses soufflets de forge. C’est pour la tempête que je suis revenu dans cette île. Alors, tout se referme, les humains disparaissent dans leurs maisons, ils ferment les volets et ils barricadent les portes, ils se recroquevillent dans leurs coquilles, dans leurs carapaces. Ils ont disparu aussi, les touristes au visage enfariné, leurs poses, leurs mimiques, leurs minauderies. Les filles en minishort sur leurs vélos, les garçons en quad, leurs lunettes Polaroid, leurs sac à dos, leurs appareils photo, ils sont retournés en ville, dans leurs condominiums , dans leurs pays où il n’y a jamais de tempête.

Les gens de l’île se sont enterrés. Ils jouent aux cartes, ils boivent des bières assis par terre dans les abris aux vitres embuées. La lumière électrique vacille, bientôt ce sera la grande panne. Les congélateurs des magasins vont laisser suinter une eau jaune comme de la pisse, les poissons salés vont fondre et perdre leurs yeux, les barres de chocolat glacé vont se ramollir dans leurs emballages. C’est pour la tempête que je suis revenu. Je me sens à nouveau à la guerre, au hasard, suivant la débandade des troupes, écoutant les haut-parleurs gueuler des ordres incompréhensibles. Je remonte le temps, je reconstruis ma vie. Je voudrais revenir au pas de la porte de la maison de Hué, regarder, et mon regard arrêterait le temps, jetterait la confusion, libérerait la femme de ses bourreaux. Mais rien de ce que je sais ne s’effacera. L’île est la certitude de l’irrédemption. La preuve de l’incapacité. L’île est le dernier ponton, la dernière escale avant rien. C’est pour cela que je reviens. Non pas pour retrouver le passé, non pas pour flairer une piste comme un chien. Mais pour être sûr que je ne reconnaîtrai rien. Pour que la tempête efface tout, définitivement, puisque la mer est la seule vérité.

Mon nom est June. Ma mère est une femme de la mer. Je n’ai pas de père. Ma mère s’appelle Julia, elle a un autre nom, qui n’est pas chrétien, mais elle ne veut pas que je le dise. Quand je suis née, mon père avait déjà laissé tomber ma mère. Ma mère a cherché un prénom pour moi, son grand-père s’appelait Jun, un nom de la Chine, parce qu’il était de là-bas, elle m’a nommée June, parce que ça veut dire juin en américain, et que j’ai été conçue pendant ce mois. Je suis grande, et j’ai la peau foncée, la famille de ma mère m’a maudite, parce que je n’avais pas de père. Alors ma mère m’a emmenée avec elle, et nous sommes venues vivre dans cette île. J’avais quatre ans quand je suis arrivée, et je ne me souviens pas d’avant, ni du voyage, sauf que ma mère a pris un bateau, et qu’il pleuvait, et je portais un sac à dos très lourd dans lequel elle avait caché tous les bijoux et les objets de valeur, pour ne pas les perdre, parce qu’elle pensait qu’on ne volerait pas le sac à dos d’une petite fille de quatre ans. Ensuite elle a vendu la plupart des bijoux, mais il reste encore une paire de boucles d’oreilles en or et un collier, en or également, ou bien c’est juste du métal doré. Je me souviens qu’il pleuvait sur la mer. Peut-être que je pleurais. Ou c’est la pluie qui mouillait mon visage et qui collait mes cheveux sur ma bouche. Pendant longtemps je croyais que lorsqu’il pleuvait, c’était le ciel qui pleurait. Maintenant je ne pleure plus jamais.

Ma mère n’est pas vraiment une femme de la mer, je veux dire comme ces femmes d’ici qui font ce métier depuis qu’elles sont toutes petites, et qui ressemblent à de grosses baleines noires, surtout quand elles sortent de l’eau et qu’elles titubent sur leurs vieilles jambes maigres. Ma mère est encore jeune, elle est très belle et mince, elle a de beaux cheveux lisses et un visage presque sans rides, mais à force de pêcher, ses mains sont devenues rouges et les ongles sont cassés. Ma mère n’est pas d’ici. Elle est de la capitale, elle était étudiante quand elle est tombée enceinte de moi. Quand mon père l’a laissée tomber, pour repartir à l’autre bout du monde, parce qu’il ne voulait pas d’enfant, ma mère a décidé de se cacher pour ma naissance, et pour échapper à la honte de sa famille, elle est allée vivre loin, à la campagne. Pour vivre, elle a fait toutes sortes de métiers, elle a vécu dans une ferme de canards, elle a travaillé dans un restaurant, lavé la vaisselle et nettoyé les latrines. Elle est allée de ville en ville, avec moi bébé, jusque dans le sud, et un jour elle a entendu parler de cette île, elle a pris le bateau et elle est arrivée jusqu’ici. Elle a d’abord travaillé dans les restaurants, puis elle a acheté un masque et une combinaison de plongée, et elle a commencé à pêcher les ormeaux.

La plupart des femmes de la mer sont vieilles. Quand je leur parle, je dis : « Grand-mère ». Ma mère était jeune quand elle est arrivée ici. Les femmes lui ont d’abord dit : « Qu’est-ce que tu viens faire ? Retourne à ta ville. » Mais elle a tenu bon, et elles ont fini par l’accepter. Elles lui ont montré comment il faut faire, pour plonger, pour retenir son souffle, pour repérer les endroits où vivent les coquillages. Mais ce qui était bien, c’est qu’elles ont accepté ma mère, sans lui poser de questions à propos de son mari, ou de moi. Elles sont ma famille, la famille que je n’ai jamais eue. Dès que j’ai eu l’âge d’aller me promener seule, c’est elles que j’allais voir. Je leur apportais un peu de soupe chaude, quand elles sortaient de l’eau, ou bien des fruits. Moi j’habite avec maman dans une maison dans les hauts, nous louons la maison à une vieille qui a été plongeuse autrefois. Une vieille toute noire et cabossée, je l’appelle grand-tante, elle a cessé de plonger quand elle a eu un accident parce qu’elle était restée trop longtemps sous l’eau, et depuis elle est un peu lente. Elle passe ses journées dans son champ de patates douces, à racler la terre et à arracher les mauvaises herbes, et je vais l’aider quand je sors de l’école. Elle a un chien qui s’appelle Chubb, parce qu’il est gros et court sur pattes, mais assez intelligent. L’an dernier, un type est venu habiter chez maman. Il se fait appeler Brown, comme s’il était anglais, mais moi je ne l’aime pas. Quand il est avec ma mère, il parle doux et sucré, mais quand je suis seule avec lui, il est méchant, il parle mal, il me commande, il a un drôle d’accent. Un jour il m’a tellement énervée, je lui ai dit en imitant son accent : « Alors tu ne me parles pas comme ça, je ne suis pas ta fille. » Il m’a regardée comme s’il voulait me battre, mais depuis il se méfie. Je n’aime pas beaucoup sa façon de me regarder, j’ai l’impression qu’il cherche à voir à travers mes habits. Quand il est avec maman, il fait son amoureux, et je le déteste encore plus.

À l’école je n’ai pas d’amis. Au début, ça allait bien, mais depuis cette année, tout a changé. Il y a un groupe de filles qui s’amusent à me provoquer. Je me suis battue avec elles plusieurs fois, je suis la plus grande et c’est moi qui gagne, mais parfois elles se mettent à plusieurs pour me taper, quand je marche sur la route pour aller à la maison, elles me jettent des mottes de terre ou des petits cailloux, elles font semblant d’aboyer. Elles disent que je n’ai pas de papa, que mon père est un mendiant, qu’il est en prison, et c’est pour ça qu’il ne vient jamais me voir. J’ai dit une fois : « Mon père, il n’est pas en prison, il est mort à la guerre. » Elles ont ricané. « Prouve-le », c’est ce qu’elles ont répondu, et moi je ne peux pas le prouver. J’ai demandé à ma mère : « Mon père, il est vivant ou il est mort ? » Mais elle n’a pas répondu, elle a baissé la tête, et elle a fait comme si elle n’entendait pas. En y réfléchissant, je crois qu’elles ont raison, puisque ma mère m’a appris à parler anglais, depuis que je suis petite, elle dit que c’est pour mon avenir, mais c’est peut-être pour que je connaisse aussi la langue de mon père.

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