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Jean-Marie Le Clézio: Tempête. Deux novellas

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Jean-Marie Le Clézio Tempête. Deux novellas

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En anglais, on appelle « novella » une longue nouvelle qui unit les lieux, l'action et le ton. Le modèle parfait serait Joseph Conrad. De ces deux novellas, l'une se déroule sur l'île d'Udo, dans la mer du Japon, que les Coréens nomment la mer de l'Est, la seconde à Paris, et dans quelques autres endroits. Elles sont contemporaines. J. M. G. Le Clézio

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Le corps n’a jamais été retrouvé. Mary, à la peau douce, ambrée, aux jambes musclées de danseuse, de nageuse, aux longs cheveux noirs. « Mais pourquoi ? » a demandé le policier. C’est tout ce qu’il a dit. Comme si je pouvais avoir un jour la réponse. Comme si j’avais la clef de l’énigme.

Quand la tempête commence, quand le vent souffle en continu de l’horizon de l’est, Mary revient. Non pas que j’aie des hallucinations, ni un début de folie (mais le toubib de la prison, quand il a rédigé son rapport, a mis en tête de mon dossier la fatale lettre Ψ), bien au contraire, tous mes sens sont aiguisés, en alerte, ouverts à l’extrême pour recevoir ce qu’apportent la mer et le vent. Rien de définissable, néanmoins c’est une sensation de vie, et non de mort, qui nimbe ma peau, cela réveille le souvenir de nos jeux amoureux, à Mary et à moi, les longues caresses de bas en haut, dans l’obscurité de notre chambre, le souffle, le goût des lèvres, les baisers profonds qui me faisaient tressaillir, jusqu’à la lente onde de l’amour, nos deux corps unis ventre contre ventre, tout cela qui m’est interdit depuis longtemps, que je me suis interdit, car je suis en prison pour le reste de ma vie.

Dans la tempête j’entends sa voix, je sens son cœur, je sens son souffle. Le vent grince par les interstices de la baie vitrée, s’infiltre par le chant rongé par la rouille, traverse la chambre et fait battre la porte. Alors tout s’arrête dans l’île. Les ferries ne traversent plus le chenal, les scooters et les voitures cessent leur ballet, le jour ressemble à la nuit, sombre, traversé d’éclairs sans tonnerre. Mary est partie un soir de calme plat, dans la mer aussi lisse qu’un miroir. Dans la tempête elle revient, expulsée atome par atome des profondeurs. Au début, je ne voulais pas y croire. J’étais horrifié, je serrais mes tempes entre mes mains pour étouffer ces images. Je me souviens d’un noyé. Non pas une femme, mais un enfant de sept ans, qui a disparu un soir, et Mary et moi l’avons cherché avec les habitants une partie de la nuit. Nous longions la mer, une lampe torche à la main, nous appelions l’enfant, mais nous ne savions pas son nom, Mary criait : « Ohé, chéri ! » Elle était bouleversée, les larmes coulaient sur ses joues. Il y avait ce même vent, ces vagues, cette odeur maudite des abysses. À l’aube, la nouvelle est venue qu’on avait retrouvé le corps de l’enfant. Sur une grève entre les rochers, nous nous sommes approchés, guidés par une plainte qui semblait la voix du vent, mais c’était la mère de l’enfant. Elle était assise dans le sable noir, l’enfant sur ses genoux. L’enfant était nu, il avait été déshabillé par la mer, à part un T-shirt sale qui formait un collier torsadé autour de son buste. Son visage était très blanc, mais ce que j’ai vu tout de suite, c’est que les poissons et les crabes avaient déjà entamé son corps, mangé le bout de son nez, et son pénis. Mary n’avait pas voulu approcher, elle tremblait de peur et de froid, et je l’ai serrée contre moi, dans la chambre nous sommes restés enlacés dans le lit, sans nous caresser, juste à respirer bouche contre bouche.

Cette image me hante, le corps de cette femme étendue en croix tandis que les soldats la besognent, et sous sa bouche meurtrie le sang a séché en étoile noire. Et ses yeux qui me regardent, alors que je suis en retrait, près de la porte, ses yeux qui voient à travers moi, qui voient la mort. Je n’ai jamais rien dit à Mary, et pourtant c’est à cause de cette scène atroce qu’elle a plongé dans la mer pour ne jamais revenir. La mer lave la mort, la mer ronge, détruit et ne rend rien, ou bien un corps d’enfant déjà entamé. Au début, j’ai pensé que je revenais sur cette île pour mourir, moi aussi. Retrouver la trace de Mary, entrer un soir dans la mer et disparaître.

Dans la tempête, elle vient dans ma chambre. C’est un rêve éveillé. Je suis réveillé par l’odeur de son corps mêlé à l’odeur des profondeurs. Un parfum âcre et puissant, acide, violent, sombre, mugissant. Je sens l’odeur d’algues de ses cheveux. Je sens sa peau très douce, lissée par l’usure des vagues, nacrée par le sel. Son corps flotte dans la lueur du crépuscule, se glisse entre les draps, et mon sexe bandé entre en elle, jusqu’au frisson, m’enserre dans sa fièvre glacée, son corps glisse contre le mien, ses lèvres s’appuient sur ma verge, je suis tout à fait en elle, elle est tout entière en moi, jusqu’à l’orgasme. Mary, morte depuis trente ans, jamais retrouvée. Mary revenue du fond de l’océan, qui parle à mon oreille de sa voix un peu rauque, revenue pour me chanter les chansons oubliées, les chansons d’étoiles, qu’elle me chantait au bar de l’hôtel Oriental, la première fois que je l’ai rencontrée. Pas exactement un bar à soldats, et elle pas exactement une chanteuse de bar. À la voir je n’avais pas imaginé qui elle était, née d’un GI et recueillie par une famille de rednecks de l’Arkansas, née d’un viol, abandonnée et revenue pour triompher de son éternel ennemi, pour accomplir une vengeance, ou simplement par cet atavisme qui rejette les humains vers l’ornière d’origine, immanquablement. Mais moi je n’étais pas un soldat, c’est ce qu’elle a compris, et c’est sans doute pourquoi elle m’a choisi, ce type vêtu de fatigues et les cheveux coupés ras, qui suivait les soldats dans leur parcours, appareil photo à la main, pour tenir la chronique de toutes les guerres. Je me souviens de la première fois que nous nous sommes parlé, après son tour de chant, tard, ou tôt le matin, sur la terrasse qui surplombe la Ménam Chao Phraya, elle s’est penchée pour regarder quelque chose à terre, un papillon noir de nuit qui mourait en battant des ailes, et par l’échancrure de sa robe rouge j’ai vu ses seins libres, très doux, attirants. Elle ne savait rien de moi et moi rien d’elle. Déjà je portais la plaie rongée du crime, je croyais que cela passerait. J’avais oublié le passé, la plainte instruite contre les quatre soldats qui avaient violé une femme à Hué. Celui qui maintenait ses bras tordus en arrière avait cogné ses lèvres pour la faire taire, et l’autre qui la pénétrait sans se gêner, sans même avoir ôté son froc, et moi qui regardais, sans rien dire, sans rien faire ou presque, à peine un début d’érection, mais regarder et se taire, c’est agir.

J’aurais donné n’importe quoi pour avoir été ailleurs, pour n’avoir pas été témoin. Devant leur tribunal je ne me suis pas défendu. La jeune femme était là, au premier rang. J’ai jeté un regard furtif et je ne l’ai pas reconnue. Elle semblait plus jeune, presque une enfant. Elle était assise sur le banc, immobile, le visage éclairé par la barre de néon de la salle. La bouche petite, fermée, la peau de son visage tirée par son chignon noir. Quelqu’un a lu son témoignage en anglais, et elle ne bougeait toujours pas. Les quatre militaires étaient assis sur un autre banc, à quelques mètres d’elle, et eux non plus ne bougeaient pas. Ils ne regardaient personne, juste le mur d’en face, l’estrade où se tenait le juge. Eux en revanche m’ont paru plus vieux, déjà bouffis de graisse, avec le teint terreux des prisonniers.

Je ne l’ai jamais raconté à Mary. Quand je l’ai rencontrée, dans cet hôtel Oriental, elle m’a demandé ce que j’avais fait quand j’avais quitté l’armée. Je lui ai répondu : « Rien… J’ai voyagé, c’est tout. » Elle ne m’a pas posé de questions, d’ailleurs je n’aurais jamais eu le courage de lui dire la vérité : « J’ai été condamné à la prison pour avoir été témoin d’un crime, et n’avoir rien fait pour l’empêcher. »

Je voulais vivre avec Mary, voyager avec elle, l’écouter chanter, partager son corps et sa vie. Si je lui avais dit tout cela, elle m’aurait chassé. J’ai passé un an avec elle, jusqu’à cette île. Et un jour elle a décidé d’entrer dans la mer. Je n’ai jamais compris. Nous étions cachés. Personne ne nous connaissait, personne n’a pu lui raconter. Peut-être qu’elle était folle, tout bonnement, qu’il n’y a aucune explication à son geste. Elle s’est laissé emporter par les vagues. Elle était une nageuse exceptionnelle. Aux États-Unis, quand elle avait seize ans, elle avait été sélectionnée pour les jeux Olympiques de Melbourne. Elle s’appelait Farrell, Mary Song Farrell. Song parce qu’elle avait été déclarée à ses parents adoptifs sous ce nom. Sa mère s’appelait probablement Song. Ou bien elle chantait, je ne sais pas. C’est peut-être moi qui ai inventé après coup toute cette histoire.

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