Jean-Marie Le Clézio - Le chercheur d'or

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Le narrateur Alexis a huit ans quand il assiste avec sa sœur Laure à la faillite de son père et à la folle édification d'un rêve : retrouver l'or du Corsaire, caché à Rodrigues. Adolescent, il quitte l'île Maurice à bord du schooner 
et part à la recherche du trésor. Quête chimérique, désespérée. Seul l'amour silencieux de la jeune « manaf » Ouma arrache Alexis à la solitude. Puis c'est la guerre, qu'il passe en France (dans l'armée anglaise). De retour en 1922 à l'île Maurice, il rejoint Laure et assiste à la mort de Mam. Il se replie à Mananava. Mais Ouma lui échappe, disparaît. Alexis aura mis trente ans à comprendre qu'il n'y a de trésor qu'au fond de soi, dans l'amour et l'amour de la vie, dans la beauté du monde.

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Les leçons de Denis sont les plus belles. Il m’enseigne le ciel, la mer, les cavernes au pied des montagnes, les champs en friche où nous courons ensemble, cet été-là, entre les pyramides noires des murailles créoles. Parfois nous partons dès l’aube, alors que les sommets des montagnes sont encore pris dans la brume, et que la mer basse, au loin, expose ses récifs. Nous passons à traversées plantations d’aloès, le long d’étroits chemins silencieux. Denis marche devant, je vois sa haute silhouette fine et souple qui avance comme en dansant. Ici, il n’aboie pas, comme il fait dans les champs de canne. De temps à autre il s’arrête. Il ressemble à un chien qui a flairé la trace d’un animal sauvage, un lapin, un tandrac. Quand il s’arrête, il lève un peu la main droite, en signal, et je m’arrête moi aussi, et j’écoute. J’écoute le bruit du vent dans les aloès, le bruit de mon cœur aussi. La première lumière brille sur la terre rouge, éclaire les feuilles sombres. La brume s’effiloche au sommet des montagnes, le ciel est maintenant intense. J’imagine la mer couleur d’azur près de la barrière de corail, encore noire à l’embouchure des rivières. « Guette ! » dit Denis. Il est immobile sur le sentier, et me montre la montagne, du côté des gorges de la Rivière Noire. Je vois un oiseau très haut dans le ciel, qui se laisse glisser sur les courants aériens, la tête un peu tournée de côté, sa longue queue blanche traînant derrière lui. « Paille-en-queue », dit Denis. C’est la première fois que je le vois. Il gire lentement au-dessus des ravins, puis disparaît du côté de Mananava.

Denis s’est remis en marche. Nous suivons la vallée étroite du Boucan, vers les montagnes. Nous franchissons d’anciens champs de canne, maintenant en friche, où ne restent que les courtes murailles de lave ensevelies sous les buissons d’épines. Je ne suis plus dans mon domaine. Je suis sur une terre étrangère, la terre de Denis et des Noirs de l’autre côté, ceux de Chamarel, de Rivière Noire, des Cases Noyale. Au fur et à mesure que Denis s’éloigne du Boucan et qu’il remonte vers la forêt, vers les montagnes, il devient moins méfiant, il parle davantage, il semble plus libre. Il marche lentement maintenant, ses gestes sont plus faciles, même son visage s’éclaire, il m’attend sur la piste, il sourit. Il me montre les montagnes qui sont près de nous, à main droite : « Le Grand Louis, mont Terre Rouge. » Le silence nous entoure, il n’y a plus de vent, je ne sens plus l’odeur de la mer. Les broussailles sont si touffues que nous devons remonter le lit d’un torrent. J’ai enlevé mes souliers, je les ai attachés par les lacets autour de mon cou, comme je fais quand j’accompagne Denis. Nous marchons dans le filet d’eau froide, sur les cailloux aigus. Dans les boucles, Denis s’arrête, il scrute l’eau à la recherche des camarons, des écrevisses.

Le soleil est haut dans le ciel quand nous arrivons à la source du Boucan, tout près des hautes montagnes. La chaleur de janvier est lourde, j’ai du mal à respirer sous les arbres. Des moustiques tigrés sortent de leurs abris et dansent devant mes yeux, je les vois aussi danser autour de la chevelure laineuse de Denis. Sur les berges du torrent, Denis ôte sa chemise et commence à cueillir des feuilles. Je m’approche pour regarder les feuilles vert sombre, couvertes d’un léger duvet gris, qu’il récolte dans sa chemise transformée en sac. « Brèdes songe », dit Denis. Il jette un peu d’eau au creux d’une feuille et me la tend. Sur le fin duvet, la goutte reste prise, pareille à un diamant liquide. Plus loin il cueille d’autres feuilles : « Brèdes emballaze. » Sur le tronc d’un arbre, il me montre une liane : « Liane sept ans. » Des feuilles palmées s’ouvrent en forme de cœur : « Fa’am. » Je savais que la vieille Sara, la sœur de capt’n Cook, était « yangue », qu’elle faisait des breuvages et qu’elle jetait des sorts, mais c’est la première fois que Denis m’emmène quand il va chercher des plantes pour elle. Sara est malgache, elle est venue de la Grand Terre avec Cook, le grand-père de Denis, quand il y avait encore des esclaves. Un jour Cook nous a raconté, à Laure et à moi, qu’il avait eu si peur lorsqu’il était arrivé à Port Louis avec les autres esclaves, qu’il s’était perché sur un arbre de l’Intendance et qu’il ne voulait plus en descendre, parce qu’il croyait qu’on allait le manger, là, sur les quais. Sara vit à la Rivière Noire, autrefois elle venait voir son frère et elle nous aimait bien, Laure et moi. Maintenant elle est trop vieille.

Denis continue à marcher le long du torrent, vers la source. L’eau qui coule est mince, noire, lisse sur les roches de basalte. La chaleur est si lourde que Denis s’asperge le visage et le buste avec l’eau du ruisseau, et me dit de faire de même, pour me ranimer. Je bois à même le ruisseau l’eau fraîche, légère. Denis avance toujours devant moi, le long du ravin étroit. Il porte sur sa tête le ballot de feuilles. Parfois il s’arrête, désigne un arbre dans l’épaisseur de la forêt, une plante, une liane : « Binzoin », « langue bœuf », « bois zozo », « grand baume », « bois mamzel », « prine », « bois cabri », « bois tambour ».

Il cueille une plante rampante, aux feuilles étroites qu’il écrase entre son pouce et son index pour la sentir : « Verveine. » Plus loin encore, il traverse les fourrés jusqu’à un grand arbre au tronc brun. Il enlève un peu d’écorce, incise avec un silex ; la sève dorée coule. Denis dit : « Tatamaka. » Derrière lui, je marche à travers les broussailles, plié pour éviter les branches qui griffent. Denis se coule sans difficulté au milieu de la forêt, silencieux, tous ses sens aux aguets. Sous mes pieds nus le sol est mouillé et tiède. J’ai peur, pourtant je veux aller encore plus loin, m’enfoncer au cœur de la forêt. Devant un tronc très droit, Denis s’arrête. Il arrache un morceau d’écorce et me le fait sentir. C’est une odeur qui m’étourdit. Denis rit, et dit simplement : « Bois colophane. »

Nous continuons, Denis marche plus vite, comme s’il reconnaissait le chemin invisible. La chaleur et l’humidité de la forêt m’oppressent, j’ai du mal à reprendre mon souffle. Je vois Denis arrêté devant un buisson : « Pistache marron. » Dans sa main, une longue gousse entrouverte laisse échapper des graines noires, semblables à des insectes. Je goûte une graine : c’est âpre, huileux, mais cela me donne des forces. Denis dit : « C’était le manger des marrons, avec le grand Sacalavou. » C’est la première fois qu’il me parle de Sacalavou. Mon père nous a dit une fois qu’il était mort ici, au pied des montagnes, quand les Blancs l’avaient rattrapé. Il s’est jeté du haut de la falaise, plutôt que d’être repris. Cela me fait une impression étrange, de manger ce qu’il a mangé, ici, dans cette forêt, avec Denis. Nous sommes loin du ruisseau, à présent, déjà au pied du mont Terre Rouge. La terre est sèche, le soleil brûle à travers le feuillage léger des acacias.

« Patte poule », dit Denis. « Cassi. »

Soudain, il s’arrête. Il a trouvé ce qu’il cherchait. Il va droit à l’arbre, seul au milieu des broussailles. C’est un bel arbre sombre, aux branches basses étalées, qui porte des feuilles épaisses d’un vert aux reflets de cuivre. Denis est accroupi par terre au pied de l’arbre, caché par l’ombre. Quand je m’approche, il ne me regarde pas. Il a posé son ballot à terre.

« Qu’est-ce que c’est ? »

Denis ne répond pas tout de suite. Il fouille dans ses poches.

Il dit : « Affouche. »

Sa main gauche tient quelque chose. Sans se relever, Denis chantonne un peu, comme font les Indiens en prière. Il balance son corps d’avant en arrière, et il chantonne, et dans l’ombre de l’arbre, je ne vois que son dos qui brille de sueur. Quand il a fini sa prière, il creuse un peu la terre au pied de l’arbre, de la main droite. Son poing gauche s’ouvre, et sur la paume, je vois un sou. La pièce glisse, tombe au fond du trou, et Denis la recouvre avec soin de terre et d’un peu de mousse qu’il prend aux racines. Puis il se relève, et sans s’occuper de moi, il cueille les feuilles des branches basses et les pose sur le sol, à côté du ballot. Avec son silex aigu, il détache des morceaux du tronc lisse. Par la blessure coule un lait clair. Denis met les bouts d’écorce et les feuilles de l’affouche dans sa chemise, puis il dit : « Allons. » Sans m’attendre, il s’éloigne vite à travers les broussailles, il redescend les pentes des collines vers la vallée du Boucan. Le soleil est déjà à l’ouest. Par-dessus les arbres, entre les collines sombres, je vois la tache de feu de la mer, l’horizon où naissent les nuages. Derrière moi, le rempart des montagnes est rouge, réverbère la chaleur comme un four. Je marche vite sur les traces de Denis, jusqu’au ruisseau qui est la source du Boucan, et il me semble qu’il y a très longtemps que je suis parti, des jours peut-être, cela fait en moi un vertige.

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