Jean-Marie Le Clézio - Ourania

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« Quand j'ai compris que Mario était mort, tous les détails me sont revenus. Les gens racontaient cela en long et en large à ma grand-mère. Mario traversait le champ, un peu plus haut, à la sortie du village. Il cachait la bombe dans un sac, il courait. Peut-être qu'il s'est pris les pieds dans une motte de terre, et il est tombé. La bombe a explosé. On n'a rien retrouvé de lui. C'était merveilleux. C'était comme si Mario s'était envolé vers un autre monde, vers Ourania. Puis les années ont passé, j'ai un peu oublié. Jusqu'à ce jour, vingt ans après, où le hasard m'a réuni avec le jeune homme le plus étrange que j'aie jamais rencontré. »
C'est ainsi que Daniel Sillitoe, géographe en mission au centre du Mexique, découvre, grâce à son guide Raphaël, la république idéale de Campos, en marge de la Vallée, capitale de la terre noire du Chernozem, le rêve humaniste de l'Emporio, la zone rouge qui retient prisonnière Lili de la lagune, et l'amour pour Dahlia. » J.M.G. Le Clézio.

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Aldaberto Aranzas

recevait pour les quinze ans de sa fille. Un peu à l'écart de la route principale, à une dizaine de kilomètres de la ville, Aranzas avait acheté à la famille des hacendados Escalante une colline de sable noir qu'il avait plantée d'avocatiers. De temps en temps, il s'échappait de son bureau de la Vallée pour une parenthèse de vie seigneuriale. Même si sa fortune était récente, Don Aldaberto affectait de mépriser les planteurs de fraisiers, ces nouveaux riches incultes qui régnaient sur la Vallée, roulaient en quatre par quatre, se faisaient construire des palais de mauvais goût dans les lotissements privilégiés des Huertas ou de la Media Luna, et louaient le temps d'un week-end des avions entiers pour aller faire leurs courses en famille à Miami.

Aranzas, lui, prétendait descendre des premiers conquérants venus de Castille au temps de Cristóbal de Olid et de Nuño de Guzmán. Dans sa lignée, on comptait des hommes d'épée et des hommes de robe, mais aucun commerçant.

À l'entrée de l'hacienda, sur le portique, il avait fait sculpter en ronde bosse dans le plâtre l'écusson de sa famille surmonté des initiales de son nom : « AA. »

L'écusson figurait une charrue attelée à deux boeufs, une fantaisie, m'avait expliqué Don Thomas, en réminiscence de la légende fondatrice des Aranzas : un domaine de plusieurs aranzadas, étendues qu'une paire de bœufs peut labourer en un jour, don du roi d'Espagne à un lointain ancêtre pour service rendu. Le domaine de l'actuel descendant était sans doute plus modeste, mais suffisait à sa gloire.

De la plate-forme où se trouvait la maison, la vue s'étendait loin, au-delà des rangées d'avocatiers tirées au cordeau, jusqu'à la vallée d'Ario. De là, je pouvais apercevoir les maisons du village, et tout au fond, au pied de la montagne pelée, Campos. J'ai éprouvé un sentiment de menace, de violence, comme devant une paisible vallée sur laquelle pèse un nuage d'orage.

« Tout ce que vous voyez là appartient ou appartiendra un jour à Aranzas. » Don Thomas était à côté de moi, je ne l'avais pas entendu venir. « Même Campos ? » ai je demandé. Don Thomas avait certainement eu vent de ma relation avec la colonie du peuple arc-en-ciel et de son Conseiller, Anthony Martin.

« Surtout Campos. Il a l'intention de tout reprendre, de planter en avocatiers, ou de créer des lotissements. C'est un homme très riche. Venez, je vais vous présenter. »

La fête se tenait dans le jardin, devant la maison. Aranzas avait réuni un petit groupe d'amis, pour la plupart des notables de la Vallée, avocats, notaires, édiles municipaux, deux ou trois curés en habits civils. La fille d'Aranzas avait revêtu une robe vaporeuse de quinceañera , elle causait avec d'autres jeunes filles, sous la surveillance de sa mère. De loin, j'ai reconnu à côté d'elles l'ineffable Menendez, vêtu d'une veste sans col en soie grise. Don Aldaberto était debout près du bar, un verre à la main. Il était bien tel que je l'avais entrevu lors de ma conférence, grand, mince, dans son strict complet sombre qui lui donnait l'air d'un fossoyeur ou d'un gangster. Au fond du jardin, à l'ombre d'une tonnelle, un orchestre jouait un air à la guitare, une chanson mélancolique. Malgré l'éclat du soleil, des torchères flambaient de part et d'autre de la table du buffet, devant laquelle se pressaient des convives en train de piquer des morceaux de barbacoa. Dans l'air flottait, avec la fine musique, une odeur de viande grillée, mêlée de tabac et de parfum qui donnait légèrement mal au cœur.

« Vous avez déjà rencontré M. Sillitoe, notre géographe en résidence, n'est-ce pas ? » Don Thomas avait familièrement pris Aranzas par le bras, et il m'attirait de son autre main. Nous avons échangé une poignée de main sèche. « Je vous ai écouté parler de notre Vallée l'autre soir. Très bonne conférence, mes félicitations. »

J'ai remercié d'une légère inclinaison. Pour un peu, j'aurais claqué les talons à la prussienne. « Daniel Sillitoe est docteur de l'Université de Paris, a commenté Don Thomas. Il est ici en mission, pour faire un relevé des Terres chaudes. »

Aranzas montrait un intérêt poli :

« Quelle partie ?

— La vallée du Tepalcatepec.

— Ah bon. »

Don Thomas avait un enthousiasme à peine forcé, comme toujours lorsqu'il est question des Terres chaudes.

« Daniel va traverser en ligne droite, d'un bord à l'autre du fleuve, les géographes appellent cela une coupe. »

Aranzas dominait de sa haute taille. Son visage régulier n'exprimait ni ennui ni curiosité. Mais ses yeux étaient mobiles, d'une douce couleur noisette, ombragés de longs cils féminins. Son front haut, très dégarni, lui donnait un air de respectabilité réfléchie que démentait son regard rusé. Il écoutait patiemment le boniment de Don Thomas sur les Terres chaudes, lieu d'origine de toutes les civilisations d'Amérique.

« … tout vient de là, l'agriculture, la métallurgie, la plumasserie, car les Indiens ne pouvaient pas se passer des plumes de quetzal et de perroquet, l'ambre, les parfums, ils avaient même inventé l'astronomie, et leurs dieux étaient tous originaires des Terres chaudes, ils avaient pour nom Uirambanecha, c'est-à-dire le peuple du basalte, parce qu'ils étaient nés des coulées de lave des volcans dans l'océan Pacifique. Et leur dieu principal s'appelait Tzintzun Wikisho, le colibri de la gauche, c'est-à-dire du Sud, il symbolisait la constellation de l'Oiseau, celle qu'on appelle Al Tahir en arabe… »

Menendez s'était approché sur la pointe des pieds. Son gros visage nasique exprimait l'amour, tandis qu'il écoutait Don Thomas. « Nous sommes tous nés des Terres chaudes, continuait ce dernier. Tout vient de ce pays, la cuisine, les arts, la poésie, la musique. A propos de musique, savez-vous que les orchestres du Tepalcatepec, d'Apatzingán et d'Aguililla utilisent les mêmes instruments que les Maures, la chirimia et les tablas, et qu'ils font danser leurs chevaux sur des estrades de bois pour imiter le rythme des tarbukas d'Afrique du Nord ? C'est le creuset de notre civilisation. Et c'est dans les Terres chaudes qu'est né le mouvement des libertadores contre l'Espagne, que le père Hidalgo a poussé son célèbre cri. À cause de la fertilité, de la chaleur, de la vivacité des gens, et de leur sens de la dérision, contre la morgue des gens des Terres froides, leur cruauté, leur appétit de sacrifices, leur despotisme. »

Aldaberto Aranzas n'a pas fait de commentaire. Il s'était seulement un peu penché en avant, les mains dans les poches, pareil à un juge écoutant une plaidoirie désordonnée.

Il était au courant. Il ne pouvait pas ignorer, lui, le propriétaire de La Jornada, le seul hebdomadaire de la Vallée. Le coup d'État contre Thomas Moises était en marche. Appuyés par les rapports de mauvaise gestion, par les foucades du directeur qui s'était entiché de révolutionnaires et de terroristes (Hector et son homme de main), d'un Indien éthylique (Juan Uacus) et d'un espion étranger (moi), les membres du Comité exécutif et les actionnaires de l'Emporio avaient décidé à l'unanimité de voter une motion de défiance contre Thomas Moises. Une pétition circulait qui affirmait le danger qu'il faisait courir à l'institution, et la nécessité de procéder d'urgence à l'élection d'un nouveau directeur. Dahlia m'a montré la pétition, elle enrageait. « Ordures, pendejos, hijos, hijas de la Malinche, ignorants, politiciens ! »

C'était pathétique. Don Thomas avait rêvé de l'Emporio, d'une Athénée où, loin de la mégapole asphyxiée, la rencontre des hommes et des femmes de bonne volonté serait possible, d'une nouvelle Grèce, pas très différente du modèle puisque y cohabitaient les factions armées, les prêteurs sur gages et les esclaves. C'était l'œuvre de sa vie. L'universitaire, écrivain, poète avait construit son projet pierre par pierre. Il avait forcé la porte des notables, intrigué, recruté, il avait même réussi à convaincre les banquiers. Juan Uacus, qui était aux côtés de Don Thomas depuis les premiers jours de l'Emporio, m'avait énuméré tous les parrains, dont quelques-uns étaient présents à la fête de Don Aldaberto Aranzas. Les notaires Acevedo, Arce, Godinez, bien entendu le licenciado Trigo, qui avait fait une conférence sur la poésie dans la Vallée. Les gérants de la John Deere, de la Nissan, des pneus Euzkadi, les pharmaciens, les propriétaires des hôtels Meson del Marques et Peter Pan. L'assureur Jorge Soto, l'architecte Pico de Gallo, et beaucoup d'autres que je ne pouvais pas connaître. Mais celui qui avait été la clef de la réussite du projet, qui avait facilité les emprunts, les permis, et trouvé le local, c'était Don Aldaberto en personne.

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