Tatiana Rosnay - La mémoire des murs
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J'ai pensé que l'homme n'était pas laid. Il n'avait pas le faciès d'un tueur en série. On imagine toujours un tueur en série en créature hideuse, répugnante. Ses photos m'avaient frappée par leur normalité, leur banalité. Un homme. Un homme comme je pouvais en croiser cinquante par jour dans la rue, dans le métro. Un homme neutre. Un homme ni beau, ni laid. Un homme comme un autre. Mais un regard terrifiant de vide, d'anéantissement. Il avait les yeux bleus, comme Frédéric. Exactement du même bleu que ceux de Frédéric.
J'ai lu qu'il avait grandi dans une famille d'adoption. Une petite ville de banlieue, grise, triste, traversée d'une autoroute bruyante, encerclée d'usines et de centres commerciaux. C'est là qu'il était devenu un adolescent obstiné, taciturne.
C'est là aussi qu'il avait violé une femme pour la première fois, à dix-sept ans.
Je suis allée sur les lieux de son arrestation, une salle de cinéma pas loin de la rue Dambre. C'était ici qu'il était venu se cacher, sachant qu'il avait la police du pays à ses trousses. Depuis le meurtre de Rebecca, il s'était décoloré et bouclé les cheveux. Il avait pris une vingtaine de kilos. Je me suis demandé combien de fois avait-il vu le même film avant d'être arrêté. De quel film s'agissait-il ? Un film d'aventure ? Un polar ? Ou peut-être s'était-il endormi, convaincu d'être au chaud, en sécurité ? Au moment de son arrestation, j'ai lu qu'il n'avait pas résisté. Il avait suivi la police, les menottes aux mains, avec un sourire insolent.
Tandis que l'homme grandissait dans une famille d'accueil, les sept jeunes femmes qu'il allait tuer grandissaient elles aussi, chacune de leur côté. Des petites filles qui avaient déjà leurs goûts, leurs idées, leurs particularités, leurs différences. Des petites filles qui ne se connaissaient pas, mais dont les prénoms allaient se nouer pour l'éternité. Des sœurs de sang. S'étaient-elles déjà croisées dans leur vie ? Auraient-elles pu devenir amies ? Avaient-elles des choses en commun, à part la particularité effrayante d'être assassinées par le même homme ?
Leurs visages, à force de les contempler sur l'écran de mon ordinateur, m'étaient devenus familiers. J'aimais les yeux noirs d'Anna, le regard clair de Rebecca. J'aimais les boucles de Gisèle, le menton déterminé de Sabrina. Le cou gracile d'Adeline, les sourcils en accent circonflexe d'Olivia. Les taches de rousseur de Marie.
J'ai retrouvé un hebdomadaire à fort tirage qui avait publié un numéro spécial lors du procès. Les voilà toutes les sept, réunies sur papier glacé. Belles, jeunes, éclatantes de vie. En regardant ces photographies, prises au pied d'un sapin de Noël, sur la plage, dans une boîte de nuit, dans un téléphérique, à une fête d'anniversaire, personne ne pouvait imaginer que ces sept jeunes filles allaient bientôt mourir. Je me suis souvenue d'un film d'horreur des années 70, avec Gregory Peck et Lee Remick, où un homme qui va mourir pressent son décès sur des photos, sous forme d'un éclair blanc au-dessus de sa tête. Tous les gens photographiés qui avaient cet éclair au-dessus d'eux allaient mourir.
Je n'ai pas gardé de photographie d'Helena. Sur celles que j'ai brûlées peu après sa mort, je me suis demandé si, au-dessus de sa tête, se déployait l'ombre noire de mon cauchemar.
J'ai lu que l'homme avait également agressé et violé une vingtaine d'autres jeunes femmes. Certaines étaient venues au procès. D'autres n'avaient pas voulu revoir ce visage qui avait à jamais bouleversé leur vie.
Une des jeunes femmes avait de justesse échappé à la mort. C'était avant le meurtre de Rebecca, et après celui d'Olivia. Elle avait réussi à déstabiliser l'homme en lui parlant. Alors qu'il l'avait ligotée, qu'il avait brandi son couteau, qu'il s'apprêtait à la violer, elle avait parlé d'une voix ferme et claire. L'homme avait flanché. La jeune femme avait continué. Petit à petit, il s'était décomposé. Il avait posé le couteau. Il s'était mis à sangloter, la tête dans les mains. Il n'avait plus rien à voir avec le redoutable tueur en série qui avait assassiné six femmes. Il était terrassé par le remords. La jeune fille l'avait laissé pleurer. Puis, lorsqu'il s'était rendu dans la salle de bains pour se moucher, elle s'était précipitée vers la fenêtre, qu'elle avait enjambée. Un étage à sauter, les mains attachées dans le dos. Elle s'était foulé la cheville, cassé une côte, mais elle avait pu s'échapper, en hurlant de toutes ses forces dans la cour. Lorsque la police était arrivée quelques moments plus tard, l'homme s'était enfui. Il avait laissé son ADN dans un Kleenex humecté de larmes et de morve. Le même ADN retrouvé chez Sabrina. Et le même qu'on glanerait quelque temps plus tard chez Rebecca.
Dans la presse, on appelait cette jeune fille rescapée par ses initiales : « T.J. » On devait vouloir protéger son identité. Je me suis demandé quelle était sa vie. Si elle parvenait à bien dormir. Si elle pensait souvent à l'homme qui avait failli la tuer. S'était-elle mariée, avait-elle eu des enfants ? Avait-elle un métier ? D'où tenait-elle ce sang-froid ? Et qu'avait-elle dit à l'homme, exactement ? Pourquoi l'homme s'était-il effondré en l'écoutant ? J'aurais tant voulu le savoir. J'aurais tant voulu entendre ce qu'elle lui avait dit.
Je voyais en T.J. un espoir. Pour moi, elle était la preuve que l'homme dans sa course abominable n'avait pas tout anéanti sur son passage. Il n'avait pas tout détruit, tout saccagé.
Il y avait quelque part sur cette terre une jeune fille qui lui avait échappé.
Peu après la mort d'Helena, les gens de mon entourage m'ont dit qu'il fallait faire un autre enfant. Il fallait vite qu'un bébé naisse. Comme pour la remplacer. Et puis d'autres gens m'ont dit que de l'avoir perdue si jeune, à six mois, c'était moins douloureux que si elle avait eu dix ans, ou quinze ans.
Je ne comprenais pas. Pour eux, je n'avais pas eu le temps de la connaître. Donc de l'aimer. Pour eux, elle ne me manquerait pas. Mais ils avaient tort.
Ce qui me manque aujourd'hui encore, c'est toute la promesse d'Helena.
Tout ce que ma fille serait devenue.
Je ne savais plus quel jour on était. J'avais perdu mes repères. La nuit s'était mal passée. Je m'étais réveillée malgré les cachets, en sursaut, gelée. J'avais eu beaucoup de mal à me rendormir. Le radio-réveil s'était déclenché comme d'habitude à sept heures, même si je n'avais plus besoin de me lever. J'aimais entendre une autre voix près de moi. Je me sentais moins seule. Je n'écoutais pas les nouvelles, juste la voix qui me réconfortait de sa présence. Qu'allais je faire aujourd'hui ? Je regrettais le bureau. J'aurais voulu y retourner, travailler, m'occuper. Il y avait beaucoup à faire, là-bas, en ce moment. Peut-être devrais je téléphoner au directeur pour lui expliquer que je m'ennuyais ? Peut-être aurait-il accepté que j'écourte mon congé maladie ?
Une voix de femme à la radio. Son timbre était bouleversé, on avait l'impression qu'elle pleurait. Malgré ma torpeur, j'ai écouté ce qu'elle disait. « Vous vous rendez compte ? Il a failli s'échapper. Cette nuit, il aurait été libre. Il a assassiné ma fille, et six autres jeunes filles, et la prochaine, ç'aurait pu être la vôtre ! Vous savez ce qu'il mérite ? Il mérite qu'on le descende comme un chien. S'il était sorti de là, c'est ce que j'aurais fait, je l'aurais retrouvé et je l'aurais tué de mes propres mains. » Le journaliste avait enchaîné : « C'était Armelle L., la maman de la jeune Anna, tuée en janvier 1992, à dix-huit ans. Maintenant, la situation au Proche-Orient. »
J'ai bondi hors du lit, traînant ma couette derrière moi dans ma hâte. Mon cœur cognait. Je me sentais à la fois paniquée et calme, comme si j'avais longtemps attendu ce moment. Comme si je le redoutais, mais que j'étais heureuse d'y être enfin. D'une main, j'ai allumé la télévision, de l'autre, l'ordinateur. Sur les deux écrans, mes yeux avaient du mal à suivre les informations qui arrivaient vers moi. « Le tueur des sept jeunes filles a failli se faire la belle. » « Des bouts de scie retrouvés dans la cellule de l'homme le plus surveillé du pays. » L'homme avait scié les barreaux de sa fenêtre. Il avait eu un complice, le prisonnier de la cellule d'à côté. Il avait failli s'échapper. C'était au milieu de la nuit dernière.
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