Tatiana Rosnay - La mémoire des murs
Здесь есть возможность читать онлайн «Tatiana Rosnay - La mémoire des murs» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:La mémoire des murs
- Автор:
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 80
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
La mémoire des murs: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «La mémoire des murs»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
La mémoire des murs — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «La mémoire des murs», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
Il aura fallu qu'un homme que j'avais appris à haïr, sans jamais avoir posé les yeux sur lui, sans jamais avoir entendu le son de sa voix, se trouve par une nuit de printemps, sur une grande avenue, à la sortie d'un cinéma.
Rue Nélaton. Il ne subsiste rien du Vel d'Hiv. C'est le ministère de l'intérieur qui le remplace, une masse moderne qui mange tout un côté de la rue. En face, des immeubles anciens, datant de 1890, de 1910. Des immeubles qui ont tout vu de la rafle. Des immeubles qui devaient se souvenir. Il m'a semblé que les bâtisses dans mon dos exsudaient une tristesse indicible, et qu'il n'y avait que moi pour capter leurs stigmates. Il n'y avait que moi pour écouter et comprendre la mémoire des murs.
Je suis restée quelques instants sur le trottoir, à essayer d'imaginer ce qu'avait pu être la journée du jeudi 16 juillet 42. Cohue, cris, sifflets. Incessant ballet d'autocars, déversement ininterrompu d'une cohorte fatiguée et craintive. Chaleur, poussière, désespoir. Aux fenêtres des immeubles de la rue Nélaton et du boulevard de Grenelle, les habitants du quartier avaient dû contempler le défilé de familles encombrées de baluchons faits à la hâte, d'enfants apeurés. J'imaginais leur indifférence, leur compassion, leur résignation. Combien d'entre eux avaient essayé de cacher une famille, un enfant, un bébé ? Combien d'entre eux, aux premières loges sous les portes cochères de la rue Nélaton, avaient tenté l'impossible : sauver un de ces inconnus marqués de l'étoile jaune ? Et moi, si j'avais été là, sur un trottoir, sur un balcon, est-ce que j'aurais trouvé le courage de le faire ?
Autour de moi, les gens marchaient vite, tête basse, visage fermé. Ils allaient tous travailler. Ils pensaient à la journée qui les attendait, aux coups de fils à passer, aux rendez-vous de la matinée. Ils pensaient à ce qu'ils allaient manger tout à l'heure pour le déjeuner. Ils ne se souvenaient pas du 16 juillet 42. Personne ne se souciait du passé. Personne ne se souvenait des enfants qui pleuraient, du vélodrome étouffant, bondé, fétide. Pas d'eau, pas de vivres, pas de sanitaires. Personne ne se rappelait ce qui s'était passé ici, il y avait soixante ans. Comment était-ce possible qu'on ne se souvienne pas ?
Existait-il encore quelqu'un, dans ces immeubles du côté ancien de la rue Nélaton, pour me raconter le « jeudi noir » ? Quelqu'un qui avait tout vu, et qui se souvenait ? Oui, il y avait la mère du marchand de journaux, m'a dit le patron du café au coin de la rue Nocard. Elle avait quatre-vingt-quinze ans et toute sa tête. Elle aurait pu vous raconter, elle avait trente-cinq ans en 42. Mais elle est morte la semaine dernière.
À droite, sur le boulevard de Grenelle, au-dessus ; d'un petit jardin, j'ai trouvé une plaque du souvenir. Je me suis approchée pour la lire :
« Les 16 et 17 juillet 1942 , 13 152 juifs furent arrêtés dans Paris et sa banlieue, déportés et assassinés à Auschwitz. Dans le Vélodrome d'Hiver qui s'élevait ici, 4 115 enfants, 2 916 femmes et 1 129 hommes furent ; parqués dans des conditions inhumaines par la police du gouvernement de Vichy, sur ordre des occupants nazis. Que ceux qui ont tenté de leur venir en aide soient remerciés. Passant, souviens-toi ! ».
J'ai remarqué quelques grands bouquets de fleurs posés sur le gazon, sous la plaque. Des fleurs fraîches, qu'on venait d'apporter. J'ai voulu m'avancer pour lire ce qui était écrit sur les emballages. Mais le jardin était fermé d'un portail qui ne s'ouvrait pas. Sans doute fallait-il déranger le policier qui somnolait au soleil dans son box. Je n'ai pas osé. Sur un des bouquets, j'ai déchiffré la phrase suivante : « A mes grands-parents, à ma tante, qui avait 14 ans le 16 juillet 1942. »
Et puis, la brise a fait bouger l'un des longs rubans blancs, et je suis presque certaine d'y avoir lu en une fraction de seconde : « À la mémoire de ma fille, Rebecca. »
J'ai regardé autour de moi, pour voir si quelqu'un quittait les lieux. Mais dans la foule indifférente du boulevard de Grenelle, je n'ai vu personne qui ressemblait à Joachim G. Je me suis sentie triste, désemparée.
J'aurais voulu lui dire que moi aussi je pensais à Rebecca, que moi aussi j'étais venue ici ce matin pour Rebecca. J'ai posé la rose contre le portail, et je suis partie.
Mon parcours était fini. Mais je n'en ressentais aucun soulagement.
Depuis mon congé maladie, je n'allumais plus mon portable. Les messages s'accumulaient, ceux d'Elizabeth, de maman, un autre de Robert. Je ne les écoutais pas. Je pensais à Frédéric, qui allait avoir un bébé dans quelques mois. Sa deuxième fille. Comment allait-il l'appeler ? Lui parlerait-il un jour d'Helena ? Lui montrerait-il des photos d'elle ? Muriel aurait-elle peur de confier le bébé à son mari, sachant ce qui s'était passé ? Elle devait lui faire confiance, comme moi je lui avais fait confiance. Elle l'aimait.
Je me suis souvent demandé si les parents dès sept jeunes filles avaient subodoré le drame, à un moment ou un autre. J'aurais voulu savoir si après la disparition de leur fille, ils avaient gardé des photos, des vêtements. Dans la douleur, dans le désespoir, avaient-ils tout jeté, tout brûlé ? Moi, je n'ai rien conservé d'Helena. Même pas le petit pyjama rose qu'elle portait le soir de sa mort. J'aurais aimé savoir si les parents avaient accumulé tout ce qui fait la trame d'une vie : les lettres, les cahiers intimes, les bulletins trimestriels. Anna avait-elle été bonne élève ? Marie s'était-elle ennuyée à l'école ? Olivia s'était-elle fait renvoyer ? Sabrina accumulait-elle les prix d'excellence ? Qui avait été, dans la cour de récréation, au collège, au lycée, la plus insolente, la plus brillante, la plus rebelle, la plus joviale, la plus drôle, la plus touchante ?
Helena, elle, aurait-elle aimé l'école ? J'imaginais souvent ma fille à dix ans, sous la coupe d'une de ces institutrices sans âge, une de ces femmes voûtées et sèches qui n'ont jamais eu d'enfant et qui pourtant décident, pour une raison incompréhensible, de leur dévouer leurs journées entières. Une de ces femmes sans chaleur qui criblent une copie de feutre rouge : « Oh ! », « Relis ! », « Regarde ! », « Tu n'as pas révisé ta leçon », « Niveau CP ». Une de ces femmes sans cœur qui ne savent pas féliciter, encourager, même lorsque Helena décrochait un 18 sur 20. J'imaginais l'écriture appliquée de ma petite fille, j'imaginais Helena me tendant une copie tachée de larmes. J'imaginais mes mots de réconfort, son sourire retrouvé.
Tandis que dans mes rêves je consolais Helena écolière, il me semblait qu'on lui avait déjà volé dix ans de vie. Une décennie transparente. Inexistante. Aujourd'hui, quinze ans après sa mort, on m'a dérobé quinze Noëls, quinze printemps, quinze étés avec elle. Et après, tout ce qu'elle ne connaîtrait jamais. Un premier amour. Le bachot. Le permis de conduire. Le studio.
Les sept jeunes filles n'avaient que deux décennies à vivre pendant lesquelles leur assassin, inexorablement, se rapprochait d'elles, dans l'espace, dans le temps, sur la terre. Lui se rapprochait des meurtres. Et elles, comme ma fille, de leur dernière nuit.
Moi, je n'avais rien subodoré. Je n'avais rien vu. Helena allait sur ses six mois. Elle était en pleine santé. C'était un samedi de mars. Pluvieux. Pas froid. J'avais promis d'accompagner maman au cinéma. Frédéric préférait rester à la maison, suivre un match de football à la télévision. Il garderait notre fille. Il se débrouillait bien avec les biberons, le bain, les couches. Je lui faisais confiance. Le film était un thriller américain. Le fils Douglas. Une actrice blonde qui décroisait souvent les jambes, vêtue d'une jupe courte. Une intrigue bien ficelée. Je n'ai jamais revu ce film. Je n'ai pas non plus vu les autres films de l'actrice blonde et du fils Douglas. Quand ils passent à la télévision, je zappe.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «La mémoire des murs»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «La mémoire des murs» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «La mémoire des murs» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.