Tatiana Rosnay - La mémoire des murs

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Maman avait faim, après le film. Nous sommes allées dîner dans un bar à vin, près du cinéma. Je n'y suis jamais retournée. Pendant le repas, j'avais pensé téléphoner à Frédéric, voir si tout allait bien. Il allait encore ronchonner, se plaindre que je ne le pensais pas capable de s'occuper de sa fille. Je n'ai pas téléphoné. Il n'y avait aucune raison de le faire. Tout allait bien. Je me sentais détendue. Contente de passer un moment avec maman, que je voyais peu. Contente de retrouver mon beau mari, ma belle petite fille, tout à l'heure. J'avais vingt-cinq ans. Tout allait bien dans ma vie.

Il y a quinze ans, il n'y avait pas de téléphone portable. Que ce serait-il passé ce soir-là, si on avait su comment me joindre ? Ça n'aurait rien changé. À l'heure où je prenais mon dessert, Helena était déjà morte.

Maman était rentrée chez elle en taxi, et moi à pied. On habitait tout près du complexe de cinéma. Il était tard. Minuit. Devant notre immeuble, un camion de pompiers et une ambulance. Leurs moteurs étaient éteints, mais les gyrophares virevoltaient dans la nuit. Ce n'était pas chez moi, j'en étais certaine. Il ne pouvait rien se passer chez moi. Frédéric était là. Il s'occupait de notre fille. C'était peut-être la vieille dame d'en face qui était malade depuis un moment. Dans la cage d'escalier, un grand silence. Un silence étrange.

J'ai pris ma clef, et j'ai ouvert la porte. Je pensais que Frédéric dormait sûrement, à cette heure-ci. Dans l'entrée, un homme en blouse blanche m'a regardée. J'ai sursauté. Que faisait-il là ? Il m'a demandé si j'étais « la maman ». Il avait dit ça, exactement, « la maman ». J'ai répondu oui. « La maman », c'était moi. Je ne comprenais pas. Que se passait-il ? Où était Frédéric ?

Dans le salon, la télévision était allumée. Un de ces films « roses » qui passent tard le soir. Une fille nue, se frottant contre un homme barbu. J'avais eu honte que le monsieur en blanc voie ça. Mais le monsieur n'avait pas l'air intéressé par la télévision. Il avait mis la main sur mon épaule. Je l'ai regardé sans comprendre. Où était mon mari ?

— Venez, madame, a dit l'homme en blanc. Venez avec moi. S'il vous plaît.

Je me souviens très bien des vêtements que je portais ce soir-là. Je ne les ai jamais remis. Un jean noir, un pull vert pomme et un blouson en cuir. Des bottes noires à talons. Des boucles d'oreilles en forme de goutte qui me pinçaient les lobes.

J'ai suivi l'homme en blouse blanche. Il se dirigeait vers notre chambre. Frédéric avait-il eu un accident ? Était-il malade ? Il était en forme, lorsque je l'avais quitté. Avait-il mangé quelque chose ? S'était-il blessé ?

Dans la chambre, trois pompiers et une jeune femme en blouse blanche étaient penchés sur le lit. Ils se sont retournés pour me regarder. Frédéric n'était pas là. Sur le matelas, il y avait un petit paquet. Helena.

Elle était toute raide. Sa peau pâle était bleuie. Ses yeux à moitié fermés.

— Nous n'avons rien pu faire, madame, a murmuré la jeune femme en blouse blanche. Il a été impossible de la réanimer.

De la salle de bains voisine, j'ai entendu des sanglots étouffés. Frédéric.

Je me souviens d'avoir posé la main sur le petit ventre d'Helena. Il était tout froid, cireux. Puis je suis tombée en arrière, comme une masse.

Je ne me rappelle pas de l'enterrement. Juste la vision surréaliste, insoutenable d'un minuscule cercueil blanc happé par une trouée de noir. Helena repose dans le caveau des Malon, près d'une ville du Nord. L'ironie du sort veut qu'en décédant, je ne serai pas enterrée là. Je ne suis plus une vraie Malon. Mme Frédéric Malon, c'est Muriel. Moi, j'irai rejoindre mon père, dans un grand cimetière de la capitale. Sans Helena. Je ne me rends jamais sur la tombe de ma fille. Je n'ai pas besoin d'aller sur sa tombe pour penser à elle.

Vingt fois, trente fois, cinquante fois j'avais demandé à Frédéric ce qu'il s'était passé. Inlassablement, il m'avait répété la même chose. Il était devant son match de football. À l'heure du biberon, vers huit heures et demie, Helena n'avait pas réclamé. Il était allé voir. Elle dormait. Il était certain qu'elle dormait, il avait touché ses petites joues toutes chaudes, senti son souffle de bébé sur le dos de sa main. Il était retourné à son match. Helena dormait toujours. Vers onze heures, après le match, il était allé la réveiller pour le biberon. Lorsqu'il avait pris le bébé, elle était molle, comme une poupée de chiffon. Il avait tout de suite téléphoné aux pompiers, au SAMU. Pendant une demi-heure, ils avaient tenté de la réanimer. Et puis j'étais arrivée.

Et si, ce soir-là, je n'avais pas été au cinéma avec maman ? Et si j'avais réveillé Helena vers huit heures et demie pour son biberon ? Et si je ne l'avais pas laissée dormir ? Je n'avais pas de match de foot à regarder, moi. Je m'en fichais du foot. Frédéric se mettait hors de lui quand je lui ressortais ça. Il s'emportait, criait qu'il n'avait rien pu faire, que ce n'était pas sa faute. Les médecins nous l'avaient expliqué. Ça arrivait à deux mille bébés par an, soit presque six par jour. Ça s'appelait « mort subite du nourrisson ».

Mais le doute était entré en moi. Frédéric avait passé trois heures devant l'écran. Pendant ces trois heures-là, dans la pièce à côté, Helena mourait. Je n'arrivais pas à comprendre. Je ne voulais pas comprendre. Comment l'avait-il laissée mourir ? Pourquoi n'était-il pas revenu la voir ? « Mais tu aurais fait pareil, hurlait-il, à bout de nerfs. Tu aurais fait comme moi ! » Mais non. Je n'aurais pas fait comme lui. Je n'aurais rien fait comme lui.

Et si Frédéric m'avait caché quelque chose ? Et s'il avait fait tomber Helena en la changeant ? Il l'avait peut-être remise dans son berceau, ni vu, ni connu, et il avait expliqué qu'il l'avait retrouvée sans vie ? Ou alors, elle s'était étouffée avec un objet, un petit jouet, un tissu qu'il aurait laissé par inadvertance dans le lit.

Année après année, sans jamais le lui dire ouvertement, j'ai laissé sourdre mon ressentiment.

Il fallait bien meubler le vide de mes journées. Je n'allais pas rester devant la télévision. Sinon j'allais perdre la raison. Ce que je devais faire à présent s'est imposé spontanément. Aller aux origines de l'homme, de celui qui avait tué les sept jeunes filles. Là aussi, ce fut facile de tout trouver sur Internet. Si facile. Comme si tout ça n'attendait que moi. Ma nouvelle mission.

Il était né dans une de ces cliniques à la fois modernes et défraîchies de la grande banlieue. Des dizaines de milliers d'enfants avaient dû voir le jour ici depuis sa naissance. J'ai lu qu'il était de juin 62. Comme Frédéric. Même âge, même signe astrologique.

En contemplant la façade de la clinique, j'essayais d'imaginer la mère de l'homme, cette femme qui avait accouché ici dans la douleur – pas de péridurale, à cette époque –, et qui avait dû refuser de prendre l'enfant, de le toucher, de le voir, au moment même où il sortait d'elle. Elle avait dû quitter cet endroit seule, sans couffin, sans mari. Elle était passée par cette grande porte vitrée, elle était descendue là, par ces marches. Quel temps faisait-il ce jour-là ? Où était-elle allée ? Derrière elle, elle laissait un bébé qu'elle avait porté neuf mois. Un enfant qu'elle n'allait plus jamais revoir de sa vie. Savait-elle ce qu'il était devenu ? Ce qu'il avait fait ? J'avais lu qu'elle avait quitté la France, qu'elle vivait à l'autre bout du monde. Elle s'était mariée et elle avait eu d'autres enfants.

Et son père ? Connaissait-on seulement son nom ? Était-il possible de retrouver sa trace ? Et même si on le retrouvait, qui voudrait être le père d'un tueur en série ?

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