Tatiana Rosnay - La mémoire des murs
Здесь есть возможность читать онлайн «Tatiana Rosnay - La mémoire des murs» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:La mémoire des murs
- Автор:
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 80
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
La mémoire des murs: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «La mémoire des murs»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
La mémoire des murs — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «La mémoire des murs», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
En regardant toujours Elizabeth, je me disais que juste avant l'arrestation le tueur avait assassiné deux jeunes filles — Marie et Rebecca –, dans le quartier d'Elizabeth, à trois rues de son immeuble. Parfois Elizabeth surprenait mon regard. Elle plissait les yeux, elle semblait étonnée. Elle me demandait pourquoi je la dévisageais ainsi. Je ne savais pas quoi lui répondre.
De temps en temps, elle me demandait si j'avais des nouvelles de Robert. Je répondais d'un oui évasif. Mais Robert n'avait pas donné signe de vie. Elizabeth savait-elle ce qui s'était passé ? Robert avait-il tout raconté à son frère, qui à son tour l'avait répété à Elizabeth ? Peut-être qu'Elizabeth savait que j'avais essayé d'étrangler Robert. Qu'il m'avait traitée de folle. Qu'il était parti à toute vitesse, laissant une de ses chaussettes en bas de mon lit. J'aurais peut-être dû lui téléphoner, m'excuser. Tenter d'expliquer mon geste. C'était trop tard. Il avait dû oublier. Moi, je n'y pensais plus.
J'appréhendais de croiser la maman d'Olivia devant l'immeuble de sa fille. Elle y venait souvent, d'après ce que j'avais lu. Je redoutais sa douleur, sa souffrance. Depuis la scène devant chez Adeline, j'avais peur qu'on me voie. Qu'on m'insulte à nouveau.
Alors j'ai choisi d'y aller tard la nuit, un moment où j'étais certaine que la maman d'Olivia n'y serait pas, et qu'il n'y aurait personne.
À part chez Anna, bien sûr, je ne m'étais jamais rendue dans ces endroits la nuit. L'ambiance m'a semblé tout autre. L'homme avait tué la majorité de ses victimes après minuit. Pour la première fois, j'ai ressenti une appréhension. Je percevais les traces de sa présence ici d'une manière irréelle, inquiétante.
La rue d'Olivia était calme, presque vide. En face de l'immeuble, le café était fermé. Normal, à cette heure tardive. Mais dans l'immeuble d'Olivia, les deux fenêtres de l'appartement du second étaient allumées.
Adossée au mur d'en face, j'ai contemplé les fenêtres qui brillaient dans la nuit. Il faisait chaud, l'une d'elles était ouverte. Au bout d'une dizaine de minutes, une femme y est apparue. Elle était vêtue d'un long T-shirt. Elle devait avoir mon âge. Avec des gestes précis, elle a fermé les volets.
Comment faisait-elle pour vivre là ? Une envie m'a démangée : celle de monter chez cette femme, de sonner à sa porte, de lui demander de but en blanc, comment faites-vous pour dormir ici ? Savez-vous qu'une jeune fille qui s'appelait Olivia a été violée et assassinée dans votre chambre ? Ne ressentez-vous rien ? Rien du tout ?
Je suis restée là jusqu'au moment où j'ai vu la lumière s'éteindre derrière les lattes des volets. Dans le noir, n'avait-elle pas peur ? N'entendait-elle pas les gémissements d'Olivia ? Debout sur le trottoir, j'avais peur aussi. J'avais peur de la violence de cet homme, même s'il était enfermé dans une prison pour le reste de sa vie. J'imaginais sans peine son mépris, sa brutalité. Mais j'ai compris cette nuit-là, avec une sorte de lucidité étrange, presque douloureuse, que je n'avais pas peur pour moi. Non, je n'avais pas du tout peur pour moi. J'avais peur pour ces jeunes filles, pour ce qu'elles avaient enduré, j'avais peur pour toutes les jeunes filles encore en vie en ce moment même, et qui par malheur, ce soir, tout à l'heure ou demain, trouveraient la mort par les mains d'un meurtrier, par hasard, par malchance, par l'horreur du destin. J'avais peur pour leurs mères, qui allaient connaître l'épreuve la plus terrible de leur vie. J'ai pensé à ma petite Helena. Elle aurait eu quinze ans. Deux ans de moins qu'Adeline. Trois ans de moins qu'Anna. Cinq ans de moins qu'Olivia. Je me suis mise à sangloter devant la maison d'Olivia, avec la même souffrance ancrée en moi que lors de mon cauchemar d'enfant.
Moi aussi, on m'avait privée de ma fille.
J'ai trouvé chez le libraire du coin une grande carte de la capitale « à vol d'oiseau ». Chaque immeuble le long des avenues, des rues, des boulevards, ainsi que les places et les fontaines étaient minutieusement reproduits en noir et en gris, comme en relief. J'ai déplié la carte avec soin et je l'ai agrafée sur le mur du salon. C'était joli. J'avais l'impression de survoler la ville.
Avec un crayon rouge, j'ai dessiné un petit cœur sur tous les immeubles des meurtres des jeunes filles. De loin, les sept cœurs traçaient une sorte de figure géométrique, comme une constellation inconnue. Avec mon doigt, je suivais le dessin de ce diagramme. Je commençais par Anna et je finissais par Rebecca. Je recommençais ce parcours secret du bout de l'index, inlassablement, jour après jour. Le papier glacé gardait la trace de mon doigt, se maculait petit à petit.
Dans ma tête, tout bas, je disais – je leur disais : « Je suis votre mère, à toutes. »
Elles ne pouvaient plus m'entendre, mais je le disais quand même.
Les cachets que me donnait le médecin m'abrutissaient. Le matin, dans la glace, j'avais le visage gonflé, terreux. Je ne me reconnaissais pas.
Le week-end, je dormais tard, ce qui n'avait jamais été dans mes habitudes. Je me réveillais, abrutie, vers midi. Que faire de ces samedis, de ces dimanches qui s'étiraient devant moi ? Aller voir maman ? Je n'en avais pas le courage. Relancer Robert ? Hors de question. D'ailleurs, il n'avait jamais rappelé. Téléphoner à Elizabeth ? Elle se montrait trop curieuse, trop présente. J'avais du mal à esquiver ses questions.
Un samedi soir, je me suis sentie si seule, si lasse, que j'ai appelé Karine sur son portable. Elle m'avait donné son numéro, à une époque où nous travaillions sur un logiciel compliqué. Mais je ne lui avais jamais téléphoné excepté pour des raisons professionnelles. Elle fut étonnée de m'entendre. Derrière elle, je captais un fond sonore de musique, de voix, de rires. Les cliquetis de verres, de couverts. Elle devait être avec des amis. Au restaurant, peut-être. Dans un bar. Elle s'amusait. J'ai eu honte de la déranger. Elle devait se demander ce que je lui voulais. J'ai bredouillé quelques mots. Une question sur un programme. Elle m'a demandé si tout allait bien. J'ai dit oui, d'une voix faussement enjouée. Puis j'ai raccroché rapidement. Peu de temps après, le numéro d'Elizabeth s'est affiché sur mon écran. Karine avait dû l'appeler. Elle avait dû lui dire que je lui avais téléphoné comme ça, pour rien, pour une excuse bidon. Je n'ai pas pris l'appel d'Elizabeth. Elle m'a laissé un message que j'ai effacé sans l'écouter. Puis j'ai éteint mon portable, et je me suis endormie devant la télévision.
Souvent, pendant ces week-ends sans fin, je sortais l'après-midi marcher dans le quartier. J'allais au hasard, sans réfléchir à mon itinéraire. Je me disais que je devrais adopter un chien, un bon gros chien qui me tiendrait compagnie. Un réflexe de vieille fille ! Mariée, enceinte, jeune mère, puis divorcée, me voilà devenue vieille fille, comme si je n'avais jamais été mariée, jamais été maman. C'était triste. Mais il n'y a pas de mot pour désigner une femme qui a perdu un enfant. Orpheline, pour celle qui a perdu ses parents. Mais dans l'autre sens, ça ne marchait pas. Le terme n'existait pas. Pourtant, dans la vie, ça existait.
Et puis, il y a eu ce dimanche. Je me promenais dans un jardin public, profitant d'une journée d'été. Autour de moi, beaucoup de bruit, d'enfants, de parents. Des poussettes, des rollers, des vélos. Je songeais à ce que j'allais faire demain, de ce dimanche creux qui m'attendait.
Frédéric, juste devant moi. Et elle, à ses côtés. La fameuse Muriel. Brune, fine, lisse. Il était encore temps de faire marche arrière. Faire comme si je ne les avais pas vus. Fuir. Mais lui, il m'avait aperçue. Il s'était avancé, les bras en croix, comme s'il était réellement heureux de me revoir.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «La mémoire des murs»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «La mémoire des murs» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «La mémoire des murs» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.