Tatiana Rosnay - La mémoire des murs
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Mais depuis l'incident au travail, et juste après les conversations avec le directeur et avec Elizabeth, j'ai eu comme un déclic. Il fallait que j'aille chez Sabrina. Y aller, c'était une porte de sortie, une échappatoire. Y aller, c'était être en paix avec moi-même. En route, ma rose à la main, je me suis sentie presque heureuse. C'était ainsi que je voulais construire ma vie. Ne plus subir. Agir.
J'avais tout lu sur Sabrina. Elle avait été une des seules victimes qui avait réussi, pendant un temps, à parler à l'homme, et donc à retarder sa propre mort. Elle lui avait offert une cigarette, à boire, ce qui avait d'ailleurs permis de récolter l'ADN du tueur et de le confondre. Elle était étudiante en médecine. Une fille brillante, une fille qui irait loin. C'était ce qu'on devait dire d'elle. Mais l'homme avait fini par s'énerver. Il avait dit au procès qu'elle lui posait trop de questions. Elle était gentille, oui, mais agaçante. Alors il l'avait violée, et il l'avait tuée.
Le jour de la mort de Sabrina, la nuit était douce. Après une fête d'anniversaire, elle avait décidé de rentrer à pied pour prendre l'air. Il l'avait vue, et il l'avait suivie. La même histoire se répétait, pour la quatrième fois. Si Sabrina avait décidé de prendre un taxi ce soir-là, elle n'aurait jamais croisé l'homme. Elle serait sûrement encore en vie. Elle serait devenue psychiatre, elle se serait peut-être mariée, elle aurait eu des enfants.
L'immeuble était ancien, XVIIe peut-être, avec un aspect noble, austère. Une lourde porte cochère patinée par le temps. Elle était ouverte, bloquée par une grosse brique. Je suis entrée dans un vestibule frais, dallé d'un carrelage ancien et irrégulier. Une odeur de cire et d'encaustique. Devant moi, un grand escalier de pierre. Pas d'ascenseur.
Je ne savais pas où se trouvait l'appartement de Sabrina. Où déposer la rose ? Pas de gardienne, cette fois. Personne. J'ai hésité, un pied posé sur une marche. Je n'ai pas osé monter dans les étages. Qu'aurais-je pu y faire ? Sonner et demander à un voisin où la « petite » avait-elle été tuée ? Impossible. Examiner les portes de près pour tenter d'y trouver les traces des scellés ? Tout aussi impensable.
Je n'étais certaine que d'une chose. Sabrina était montée ici, l'homme à ses trousses. Comme Anna, comme Gisèle, comme Marie, c'était sa dépouille qui avait effectué la dernière descente.
Et j'ai pensé, comme chez Marie, à la maman de Sabrina, qui avait dû, pendant la descente silencieuse, suivre l'insoutenable spectacle d'un corps aimé, celui qu'elle avait porté, à présent bâché, perdu à jamais.
J'ai posé la rose sur la première marche de l'escalier, en pensant à cette mère, à cette fille, et je suis partie.
Dans un vieil annuaire datant du début des années 90, j'ai retrouvé le nom et le numéro de téléphone de Sabrina. J'avais cherché par hasard. Les six autres n'y étaient pas. Elle, si. Les feuilles blanches étaient un peu fanées. Elles sentaient le moisi. Malgré moi, j'ai composé le numéro de téléphone. Je m'attendais à entendre une voix métallique me dire que le numéro n'était plus attribué, mais la ligne a sonné normalement. Longtemps. Pas de réponse. Pas de répondeur non plus. Je me suis demandé qui était maintenant l'abonné de ce numéro. Sur l'ordinateur, j'ai cherché le correspondant à l'aide de l'annuaire inversé. Mais l'abonné en question ne souhaitait pas que son nom apparaisse.
Était-il possible que le téléphone sonne toujours dans la chambre où Sabrina avait été tuée ? Peut-être qu'un membre de sa famille était venu habiter là après sa mort. J'ai raccroché, avec le même sentiment de culpabilité. Ça ne servait à rien, de composer l'ancien numéro de Sabrina. Sabrina était morte. Comme Anna, comme les autres.
Dans le métro, en rentrant du bureau, j'étais assise sur la banquette. La voiture était pleine. Autour de moi, il y avait sept personnes. Nous étions huit, deux par banquette. J'ai levé les yeux. Sept femmes, et moi. Sept jeunes filles, toutes d'une vingtaine d'années, chacune plongée dans sa vie. L'une d'elle lisait un roman, l'autre un magazine ; une troisième avait des petits écouteurs dans les oreilles et balançait sa tête au rythme d'une musique qu'elle seule entendait. La quatrième regardait ses ongles, la cinquième somnolait. La sixième, tout contre moi, sentait un parfum sucré, celui d'Elizabeth. « Angel. » La septième griffonnait quelque chose sur un carnet. Sept femmes qui remplissaient chacune son espace sur la banquette. Sept cœurs, sept cerveaux, sept matrices, sept paires de poumons. Sept personnes.
L'homme avait anéanti tout ça. Je mesurais pour la première fois, de façon tangible, l'horreur de son geste. À cause de lui, la banquette m'a semblé dévastée. Vide des sept souffles que j'avais captés, vide des effluves de « Angel », vide d'un walkman, d'un petit carnet, d'un roman, d'un magazine. De tout ce qui tissait une vie au quotidien. De tout ce qui définissait et constituait un être humain. Ce n'étaient plus sept inconnues qui m'entouraient, mais sept cercueils.
Même si ce n'était pas mon arrêt, je suis descendue de la rame. J'ai dû attendre longtemps avant de pouvoir reprendre mes esprits.
Devant chez Adeline, victime numéro cinq, il s'est passé un fait épouvantable. J'étais là depuis quelques minutes, je regardais la façade, toujours à la recherche de la fenêtre qui avait vu le crime, de la fenêtre témoin. J'avais ma rose à la main. Il faisait chaud, lourd, et la rue était déserte. Pas un bruit autour de moi. C'était un immeuble simple, aux volets de fer écaillés. Quelques géraniums aux fenêtres. Un chat qui somnolait sur le rebord de la croisée, au rez-de-chaussée, me surveillait d'un regard indolent.
Que savais-je d'Adeline ? Elle avait été la plus jeune des victimes. À peine dix-sept ans. J'avais lu qu'elle venait d'emménager ici avec son petit ami. Mais le soir de sa mort, le petit ami était rentré plus tard que prévu. Sinon, il aurait peut-être surpris le tueur qui rôdait. J'avais appris tout ça dans les articles glanés sur Internet. Adeline était sortie acheter du beurre et du jambon à l'épicerie du coin. Elle portait une jolie robe à fleurs, en coton. Ses cheveux blonds étaient nattés. Elle était rentrée ici, là où je me tenais à présent, et sans le savoir, elle avait laissé le tueur se faufiler dans son sillage.
— Qui cherchez-vous ?
La maîtresse du chat avait un visage boursouflé, rendu luisant par la chaleur.
— L'appartement d'une jeune femme qui a vécu ici. Adeline.
Elle me toisa d'un œil suspicieux.
— Vous êtes de la famille ?
J'ai répondu que non, je ne l'étais pas. La femme s'est mise à crier. Les poings vissés à la balustrade, elle a déversé sur moi un torrent d'injures. Je devais avoir honte, de venir comme ça, comme une voleuse, comme un rapace, sur le lieu de mort d'une personne que je ne connaissais pas. Je devais être malade, psychopathe. Les gens comme moi, fallait les enfermer, fallait les soigner.
Tandis qu'elle hurlait, les joues cramoisies, des visages s'étaient montrés aux fenêtres de l'immeuble. J'ai eu l'impression qu'on me regardait avec mépris, avec dégoût. Elle avait peut-être raison, après tout, cette femme. Pourquoi venir ? Pourquoi chercher ? Pourquoi remuer un passé qui ne me concernait pas ?
J'ai baissé la tête. J'ai reculé, pas à pas. Je suis partie rapidement, sans regarder derrière moi. Lorsque je suis arrivée au métro, je me suis rendu compte que j'avais encore la rose d'Adeline à la main.
Souvent, lorsque j'observais Elizabeth au travail, assise en face de mon bureau, je ne pouvais m'empêcher de penser : voici une jeune fille de vingt-cinq ans qui, elle, a échappé au tueur. Elle n'avait pas eu la malchance de croiser son chemin, d'attiser son désir de viol et de meurtre. Elle aurait pu, en rentrant un soir d'un dîner entre amis, d'un cinéma avec sa sœur, plaire à cet homme qui rôdait dans les rues à la recherche d'une proie. Il l'aurait suivie, dans ce petit deux-pièces que je connaissais, et il l'aurait peut-être violée, tuée. On aurait retrouvé Elizabeth sans vie sur son lit, sur son édredon bleu. J'avais lu que certaines jeunes femmes avaient échappé à la mort parce qu'elles avaient crié de toutes leurs forces lorsque l'homme s'était approché avec son couteau. Le tueur n'aimait pas les cris. Il prenait la fuite, dès qu'une femme hurlait. Mais la plupart de ses victimes avaient eu trop peur pour crier. Elizabeth, aurait-elle crié ?
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