Tatiana Rosnay - La mémoire des murs

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Il fallait aussi que j'arrête de penser à Frédéric. Pourquoi ne prenait-il jamais de mes nouvelles ? Comment était-il possible d'effacer quinze ans de vie commune avec ce silence qui s'éternisait ? Pensait-il parfois à moi ? Au bébé ? Je ne savais pas. Je rêvais de le savoir. Peut-être avait-il tiré un trait sur moi. Peut-être qu'il avait été soulagé de ne plus être mon mari.

Je savais qu'il habitait à présent en banlieue, dans un pavillon qu'il avait rénové. Je connaissais l'adresse. Mais je n'avais pas envie de découvrir son nouveau bonheur. Une nouvelle femme, une nouvelle maison. Et puis, certainement un nouveau bébé. Je priais pour qu'il ait un garçon ; je n'aurais pas supporté qu'il soit à nouveau le père d'une petite fille.

J'ai encore des souvenirs précis de Frédéric tenant Helena dans ses bras, de la voix qu'il prenait pour lui parler. Une voix rassurante, chaude. Une voix de papa. Je me souviens de la façon qu'elle avait de le regarder, avec ses yeux bleutés de nourrisson, ces yeux qui n'ont encore rien vu, mais qui ont l'air de tout comprendre, de tout savoir.

Je m'efforçais de ne pas penser à la mort d'Helena. À ce qu'il y a écrit dans le Livret de Famille, sous la rubrique « Acte de naissance ».

Comme les mères des jeunes filles assassinées, j'ai moi aussi, dans ce document administratif, une mention écrite d'une main inconnue et indifférente.

« Acte de décès de l'enfant. »

— Pascaline, vous ne savez pas vous arranger !

Sur le pas de sa porte, Elizabeth m'a dévisagée.

Selon elle, il fallait que je me maquille davantage, que je n'attache pas ainsi mes cheveux, que je mette une touche de parfum, des vêtements plus près du corps, des talons… Désemparée, je la regardais. Je ne savais plus m'avantager. À l'époque de Frédéric, j'avais été coquette. Quand il était parti, je m'étais laissée aller. J'avais compté sur un certain naturel.

— Vous êtes jolie, et vous le savez, a-t-elle poursuivi en me guidant dans la salle de bains. En plus, vous êtes grande et mince ! Mais vous ne faites pas assez d'efforts. Je vais m'occuper de vous, laissez-moi faire. On a quelques minutes avant l'arrivée de Gilles et Robert.

Paupières closes, je lui ai tendu mon visage. Quelques touches de pinceau, de fard, de brillant à lèvres. Les cheveux dénoués, lissés. Puis, Elizabeth a pioché dans sa penderie. Un pull en V mauve à la place d'une robe floue jugée « sinistre ». Une jupe moulante d'un tissu soyeux. Et la touche finale : une vaporisation sucrée entre les seins.

Puis, dans le grand miroir en pied, le choc d'une autre femme. Des yeux jade, immenses sans les lunettes. Une bouche rose. Des cheveux doux, brillants. Plus rien de fané, de triste. J'ai pensé : « Si seulement Frédéric pouvait me voir maintenant. » Et j'ai souri à mon reflet. J'avais perdu dix ans.

— Vous voyez ! a dit Elizabeth, triomphante.

Je n'ai pas pu m'empêcher de toucher sa joue d'un geste affectueux. La sonnerie a retenti à ce moment-là.

— Nos princes charmants ! a-t-elle chuchoté, sourire aux lèvres.

Nous sommes allés dans un restaurant près de l'Opéra, sur les grands boulevards. Un endroit bruyant, enfumé, joyeux.

En découvrant l'adresse, j'ai immédiatement pensé que le deuxième meurtre, celui de Gisèle, avait eu lieu à deux pas de l'endroit où nous nous trouvions. Gisèle, celle juste après Anna. Sur les photos, jolie, souriante. Une pianiste. Elle devait se marier. Elle avait été assassinée dans un petit immeuble tranquille, au fond d'une impasse, tout près de ce restaurant. L'homme l'avait repérée depuis les grands boulevards, où elle était rentrée à pied après un dîner avec sa tante.

Avait-elle dîné ici ? Son dernier repas s'était-il déroulé là où je me trouvais à présent ? Peut-être s'était-elle assise à cette même table, avec sa tante. Venait-elle souvent ? Avait-elle ses habitudes ici ? Peut-être qu'un des serveurs se souvenait d'elle. Je l'imaginais, une jeune femme pleine de vie, de projets, à l'aise dans cette salle animée, entourée d'amis, de son amoureux, de ses collègues. Comme celle-là, là-bas, la jolie brune, cigarette à la main, en train de trinquer avec ses camarades.

J'ai pris part à la conversation de façon machinale, quasi automatique. Lorsque j'entendais des rires, je riais aussi. Un sourire statique flottait sur mes lèvres. Je n'entendais que des bribes de ce qui se disait autour de moi. Les deux frères semblaient sympathiques. Je ne les voyais pas. Ils étaient perdus dans un brouillard. L'aîné, Robert, me demandait de temps en temps mon avis sur un film, un livre. Je lui répondais, mais j'étais ailleurs.

Comment Gisèle était-elle habillée, ce soir-là ? Qu'avait-elle commandé ? Son fiancé était en voyage. Ce fut lui qui découvrit le corps deux jours plus tard, en rentrant.

Et lui, l'homme, qu'avait-il fait, ce soir-là ? Où avait-il erré ? Était-il déjà à l'affût de sa prochaine victime en déambulant sur le boulevard ? Si Gisèle était restée plus longtemps ici, dans cette grande pièce colorée, elle n'aurait peut-être pas été tuée. Peut-être que sa tante ressentait un peu de fatigue, qu'elle n'avait pas voulu se coucher trop tard. Peut-être que Gisèle avait une répétition le lendemain matin. Si elles avaient traîné un peu, si le service avait été lent, ou si elles avaient mangé vite, au lance-pierre, bousculées par un garçon zélé comme celui de ce soir, Gisèle serait encore là aujourd'hui.

— Avez-vous des enfants, Pascaline ?

La question de Robert m'a ébranlée. D'habitude, à cette question précise, je répondais que, non, je n'avais pas d'enfants. En disant la vérité, je craignais de m'exposer à de nouvelles interrogations, de me livrer à la curiosité morbide d'inconnus. Ce soir, pour la première fois, je n'ai pas eu envie de trahir Helena, de dissimuler sa courte existence. J'ai répondu que j'avais eu une petite fille, mais qu'elle était décédée bébé.

J'ai vu le visage d'Elizabeth se modifier. Évidemment, je ne lui en avais pas parlé. D'emblée, Robert a trouvé les mots justes. Des paroles réconfortantes, chaleureuses. En l'écoutant, je l'ai vraiment regardé pour la première fois. Il était grand, décharné, un peu usé par les années, mais non dénué de charme. Ses yeux étaient d'un jaune pâle particulier, assez joli. Il portait toujours une alliance, malgré son divorce.

À la fin du dîner, il m'a donné son numéro de téléphone. Elizabeth m'a ramenée chez moi. En bas de l'immeuble, elle a laissé le moteur tourner.

— Je ne savais pas…, a-t-elle commencé, d'un air embarrassé.

Je lui ai répondu que, moi non plus, je ne savais pas que ça s'était passé là, tout près, et que ça m'avait fait un drôle d'effet.

Elle m'a regardée d'un air étrange. Elle a commencé à dire quelque chose, mais j'avais déjà claqué la portière.

En remontant chez moi, dans l'ascenseur, j'ai compris qu'elle avait parlé d'Helena.

Pas de Gisèle.

Quelques jours plus tard, à l'heure du déjeuner, j'étais revenue dans le quartier de l'Opéra. Sur la porte d'entrée de Gisèle, il y avait un code. J'ai attendu quelques minutes, puis j'ai profité de la sortie d'une dame pour entrer dans l'immeuble. Je me suis retrouvée dans un passage pavé, calme, où les bruits de la ville ne pénétraient pas. Les façades étaient anciennes, lézardées. Le soleil ne devait pas y briller souvent.

Quelque part, derrière une de ces fenêtres, l'homme avait tué pour la deuxième fois. Malgré la chaleur qui régnait sur la ville, j'ai frissonné. J'imaginais le piano de Gisèle qui résonnait dans la petite cour, des notes graves, limpides et gaies, comme elle. Comme ce qu'elle avait été avant de croiser l'homme, le dernier soir de sa vie.

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