Tatiana Rosnay - La mémoire des murs

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Mais à travers le sermon qui s'éternisait, j'ai capté un mot. Licenciement pour faute. Comment ? Voulait-il me licencier ? Ça en avait tout l'air. Comment allais-je faire ? Moi, licenciée ? C'était impossible. Inconcevable. Que dirait Frédéric ? Que dirait maman ? « Cette pauvre Pascaline ! Et en plus, elle a été licenciée. Quelle tristesse. Elle ne s'en remettra jamais. » La pitié dans les yeux de Frédéric. Le sourire compatissant de Muriel. « Dis donc, ton ex-femme… Elle a été virée ? »

J'ai interrompu le directeur. J'ai balbutié qu'il m'était arrivé une chose horrible, monstrueuse. La pire des choses. Je n'en avais parlé à personne au bureau. Personne ne savait quoi que ce soit. C'était à cause de ça que j'avais commis ces erreurs, ces oublis.

Le directeur semblait inquiet, un peu curieux aussi. Il m'a pressée de questions. Que m'était-il arrivé ? Je pouvais tout lui dire. Je pouvais lui faire confiance.

Je lui ai dit que ma fille avait été assassinée. Il m'a regardée, consterné. Il m'a pris la main. Ses doigts étaient chauds, collants. Il ne savait pas du tout que j'avais une fille. J'ai contemplé sa main, sa montre, les poils de son poignet, et j'ai dit que ma fille habitait chez son père depuis longtemps. Puis, avant qu'il me demande autre chose, j'ai dit rapidement qu'il m'était impossible de lui en parler, de lui donner des détails sur ce qui s'était passé. Je survivais, en quelque sorte. Je faisais comme je pouvais. Je lui ai demandé de ne rien dire à mes collègues, de respecter ma douleur. Il a accepté. Il m'a presque suppliée de prendre deux semaines. Il fallait que je me repose. J'étais pâle, ne le savais-je pas ? J'avais des cernes impressionnants.

En partant, je lui ai dit : « Elle s'appelait Helena. Elle avait quinze ans. »

Je me suis souvent demandé à quoi ressemblerait Helena, aujourd'hui. Lorsqu'il m'arrivait de croiser dans la rue une adolescente de quatorze, quinze ans, je l'observais avec attention. Je la comparais à Helena. J'imaginais une jeune fille qui aurait gardé les yeux bleutés que j'avais connus. Je l'imaginais grande, souple, avec des cheveux châtains. Elle aurait eu des lunettes, comme moi. Un appareil dentaire, gardé quelques années. Le sourire de son père. Mes longues jambes.

Quand je voyais une mère et sa fille, je me disais souvent qu'Helena et moi, on aurait été comme ça. Helena et moi, en train de faire des courses. Helena et moi, en route pour un cours de danse, un cours de gymnastique, ou de piano. Depuis mon entrevue avec le directeur, une vanne s'était ouverte en moi ; je disais son prénom à outrance. Je ne m'en lassais pas. Du Helena par-ci, du Helena par-là. Sur mes lèvres, subitement, ma fille revivait.

J'ai dit au marchand de légumes qu'Helena aimait les mandarines sans pépins, à la caissière du Franprix qu'Helena arrivait ce soir pour passer le week-end avec moi, au pharmacien qu'Helena avait un rhume des foins. Helena chaussait du 37, Helena n'aimait pas la charcuterie, Helena adorait Mister Bean. Helena était bonne en maths. Helena rêvait d'aller à New York. Helena, Helena, Helena. Ma fille. J'aimais leur dire : « Ma fille. Helena. »

Ma fille Helena. Quinze ans. Impossible de la lever le matin. Difficile de la coucher le soir. Une adolescence assez harmonieuse, sans heurts. Une certaine indépendance. Une certaine volonté. Coquette. Drôle. Secrète.

Helena aurait marché tôt, vers dix mois. Elle aurait parlé tôt, aussi, d'une voix posée, étonnamment mûre. Elle aurait eu ses règles à treize ans. Helena. Ma fille. Elle aurait souhaité acheter son premier soutien-gorge toute seule. Elle serait tombée amoureuse d'un garçon dans sa classe. Mais elle n'aurait pas voulu m'en parler. Elle aurait dit : « Je t'en parlerai si je souffre, maman. » Elle n'aimerait pas que je me dispute avec Frédéric. Elle partirait dans sa chambre et elle fermerait sa porte avec ostentation. Au dîner, elle nous dirait, lasse : « Ça y est. Vous allez divorcer. Je sais que vous allez divorcer. »

Le plus dur, c'était d'imaginer sa voix. Elle était partie trop tôt pour pouvoir m'appeler « maman ». Souvent, je l'entendais dans ma tête, ce « maman » péremptoire, impatient, tendre, joyeux. « Maman ! Où est mon jean ? » « Maman ! Y a quoi pour le dîner ? » « Maman, je peux aller chez Mélanie samedi ? S'il te plaît, maman ! » « Oh, tu m'emmerdes, maman ! » « Maman, ma petite maman. Je t'aime, maman. »

J'ai toujours voulu avoir une fille. Frédéric aussi. On avait choisi son prénom après l'échographie qui avait dévoilé son sexe. Lui voulait Lena, moi Hélène. On avait fait un compromis. Helena. Sans accent. J'étais fière de porter ce bébé. Je me disais que, plus tard, ma fille serait quelqu'un d'extraordinaire.

Je me souviens de la première fois que je l'avais blottie contre moi, après l'accouchement. Frédéric n'avait pas voulu assister à la naissance. J'étais seule avec ma fille. Elle avait été calme dans mes bras, toute douce. Elle me regardait. Je lui avais dit à voix basse : « Bonjour, jolie Helena. Je suis ta maman. Ta maman. »

Elle avait six mois à vivre.

Le directeur avait insisté pour que je prenne quinze jours de congé maladie. Du jour au lendemain, je m'étais retrouvée à la maison. Je me suis sentie désœuvrée, vidée. Je ne savais pas quoi faire de mes journées. Au début, je dormais les après-midi.

Puis, j'ai pensé à mon parcours. Les immeubles des jeunes filles. Il ne me restait plus que Rebecca, le dernier meurtre. J'avais enfin le temps, maintenant, de terminer ce parcours. J'étais contente, soulagée. Enfin quelque chose à faire. Quelque chose d'important. Une vraie mission.

Je me souviens d'avoir vu le père de Rebecca à la télévision, lors du procès. Il vivait à l'étranger, à présent. Il n'avait pas pu rester dans la ville où sa fille unique avait été tuée. Joachim G., sur les photos trouvées sur Internet, avait l'air d'un jeune homme. Il ne faisait pas ses quarante-cinq ans.

Une interview, débusquée sur un site web américain, m'a émue. Joachim G. racontait que ses grands-parents et son père, David, qui avait dix ans à l'époque, avaient été arrêtés à Paris en juillet 1942 et parqués au Vel d'Hiv. C'était le patriarche, Saül, qui avait poussé son fils David vers la sortie. Il lui avait ordonné de dissimuler son étoile, de filer. Pendant trois jours, David s'était caché dans les rues de Paris. Puis il avait trouvé refuge chez un ami. Ses parents et sa grande sœur, Ruth, avaient été déportés à Drancy, puis à Auschwitz. Il ne les avait jamais revus. La famille de son ami l'avait élevé. En 1952, David avait rencontré celle qui allait devenir sa femme, Ida. Ils avaient eu un fils, Joachim. Vingt ans plus tard, Joachim épousa Sarah, avec qui il eut Rebecca. Mais le sort n'avait pas fini de s'acharner sur la famille G. Sarah était morte dans un accident de voiture. Rebecca, quatre ans, en était sortie indemne.

Je ne pouvais pas m'empêcher d'admirer cet homme qui avait tant perdu – ses grands-parents et sa tante aux mains des nazis, sa femme dans un accident, sa fille assassinée par un tueur en série –, et qui restait courageux et lucide.

Bizarrement, ce n'était pas devant l'immeuble de Rebecca que j'ai voulu me rendre pour clore mon parcours. Non, cette fois, c'était différent. Il fallait que j'aille rue Nélaton, le 16 juillet, la date anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv. Je n'avais jamais été dans cette rue, ou alors je n'en avais pas le souvenir. Je ne savais même pas à quoi elle ressemblait. Pourtant, elle n'était pas loin de chez moi. J'ai eu besoin de voir cette rue. Voir si des traces de ce qui s'était passé là subsistaient.

Dans le métro aérien, avant de descendre à Bir-Hakeim, j'ai pensé au nombre de fois où Rebecca avait échappé à la mort. David, son futur grand-père, avait réussi à fuir l'enfer du Vel d'Hiv. S'il y était resté, il aurait été exterminé comme les autres. Rebecca n'aurait pas existé. Plus tard, Sarah, sa mère, avait succombé à un accident. Rebecca, elle, n'avait rien eu.

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