Tatiana Rosnay - Le dîner des ex
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— Vous appelez-vous en réalité Marguerite, comme Margot de Valois ?
Je mis quelques secondes à lui répondre.
— Non, comme château-margaux.
Comme ma voix paraissait terne et fade après la sienne… Je lui avouai que j'avais bien failli m'appeler Marguerite, ma mère adorant ce prénom, mais que mon père, grand amateur de vin, avait insisté en faveur de Margaux.
L'inconnu à la voix bouleversante me dit avoir nommé sa fille aînée Marguerite, mais personne ne l'appelait ainsi ; à croire que c'était devenu un prénom démodé. Je voulus connaître l'âge de sa fille. Elle avait quinze ans, et on l'appelait Margot, comme la reine. Regrettait-il le Marguerite ? Oui, un peu. Un de ses écrivains préférés se prénommait Marguerite, et il aimait beaucoup ce prénom charmant et désuet. Mais sa fille ne voulait pas en entendre parler. Elle avait, selon son père, un sacré caractère ; le caractère de sa mère.
— Votre femme est-elle ici ce soir ?
J'eus envie de contempler l'être chanceux au sale caractère à qui la Voix susurrait des mots d'amour.
Il eut alors un rire fou et sonore qui me rappela le tien. Peu d'hommes rient ainsi. C'était un rire chaud et sensuel comme du velours épais ; un rire drôle, tendu d'humour, teinté d'une espièglerie qui me ravit. Sans savoir pourquoi, je ris avec lui. Puis, sa gaieté s'estompa. Une fragilité s'alluma un instant dans les prunelles jaunes. Non, sa femme n'était pas là. Lorsqu'il sourit, je compris que je n'en apprendrais pas plus. Il effleura ma main de la sienne.
— On devine à vos mains que vous êtes musicienne.
Mes mains, tu t'en souviens, sont petites, carrées et enfantines, nanties d'ongles coupés ras, et n'ont rien des mains longues et fines de pianistes dotées d'interminables phalanges capables de couvrir deux octaves sur un clavier, mais la Voix trouvait qu'elles reflétaient toute « mon âme d'artiste ».
À mon tour, je regardai les siennes posées à plat sur la table, de grandes mains spirituelles et intéressantes. Il me mit au défi de deviner son métier après l'étude de ses mains. Qui se cachait derrière ces doigts volontaires, ces pouces solides ? Mais, en les contemplant, un trouble me saisit.
Comme elles étaient belles, chaleureuses et masculines. Comme elles me plaisaient. La nature de sa profession m'importait peu. Je n'avais qu'un désir, saisir ces mains dont le parfum subtil cheminait jusqu'à moi, pour enfouir mon visage au creux des paumes que je ne voyais pas, mais dont je devinais les croisillons secrets, la surface à la fois rêche et nacrée. Telle une diseuse de bonne aventure, j'aurais aimé me pencher sur les sinuosités sibyllines de ses lignes de vie, de cœur et de chance pour tout décrypter, tout connaître de lui.
Je percevais le regard de l'inconnu sur le haut de ma tête comme un phare incandescent. Il retourna ses mains lentement, comme s'il me les offrait. En retenant ma respiration, je posai les yeux sur ses paumes blanches, sans les toucher. Il me parut étrange de contempler ainsi les paumes nues de cet homme dont je ne savais même pas le nom.
J'eus l'impression d'avoir atteint avec lui, en quelques minutes, un degré d'intimité surprenant. Tu le sais bien, Max, les hommes n'aiment pas se livrer, préférant masquer leurs faiblesses derrière une nonchalance virile.
Alors que le silence entre nous semblait se faire plus lourd, que nos regards comblaient l'absence de paroles, il frôla à nouveau ma main de la sienne.
Puis il dit :
— J'ai lu quelque part que vous étiez une passionnée de musique baroque.
L'instant magique était rompu. Rassurée de pouvoir me hasarder dans un sujet plus sûr, je tentai de lui démontrer la sensualité latente de cette musique, le contraste entre la rigueur des structures et la totale liberté d'expression. M'écoutait-il ? Son regard s'attardait, rêveur, sur mes mains, ma bouche, mes cuisses sous ma jupe.
À la fin de la soirée, il promit de venir à un de mes prochains concerts, m'implorant de ne pas jouer du Lully, qu'il trouvait soporifique, ni les Quatre Saisons , qui lui rappelaient les ascenseurs d'un grand magasin. Il ne me restait plus qu'à dire au revoir à cet inconnu, dont Isabelle ne m'avait précisé que le prénom : Adrien.
— Au revoir, madame Château-Margaux.
Ainsi naquit le surnom dont il m'affuble encore. Il attrapa ma main droite et la baisa avec une courtoisie coquine.
— On ne vous voit pas beaucoup de face, dans votre métier. Dommage, car il semblerait que l'endroit du château vaille bien l'envers. N'y aurait-il que des messieurs libidineux au premier rang de vos concerts ?
Le plus étrange, Max, fut qu'en rentrant chez moi ce soir-là, j'eus conscience d'avoir fait une rencontre importante. Son regard hanta mon sommeil plusieurs nuits. Il me fallait revoir cet homme. Mais je ne décelais dans cette envie aucune urgence.
J'aurais pu téléphoner le lendemain à Isabelle, lui demander son nom, son numéro de téléphone. Je ne l'ai pas fait. Pourquoi ? Je voulais, pour une fois, ne pas précipiter les choses ; il ne m'incombait pas de forcer la main du destin.
Au fil d'une conversation avec Isabelle, quelques semaines plus tard, je voulus en connaître plus sur lui. J'appris qu'Adrien était au chômage depuis un an. Il avait deux filles, et sa femme l'avait quitté parce qu'elle ne supportait plus cette situation. Adrien allait déménager dans un autre quartier, pas trop loin, pour qu'il puisse voir Margot et Julie à la sortie des classes. Sa femme gardait l'appartement avec leurs filles. La cadette n'avait pas douze ans, on leur avait dit qu'il ne fallait pas lui imposer trop de changements.
Ma première réaction fut de ne pas chercher à le revoir. Je trouvais son histoire trop compliquée, trop chargée. Mais je ne parvenais pas à l'oublier. Je revoyais la pâleur vulnérable de ses mains, j'entendais l'attrait puissant de sa voix. Ainsi, je demandai ses coordonnées à Isabelle.
Dès que je les obtins, je composai son numéro. Sa voix figurait sur le répondeur. Elle me troubla à nouveau. Je désirais l'entendre dans le creux de mon tympan, murmurant des choses interdites ; je voulais l'écouter prononcer les mots qu'un homme lâche parfois pendant l'amour.
Je raccrochai, sans laisser de message.
J'aimais son prénom, j'aimais le prononcer à voix basse, sentir sa caresse dans ma bouche : le « a » entrouvrant mes lèvres, le « d » faisant buter ma langue contre mon palais, le roulis du « r » se mêlant à l'aigu du « ie » pour finir avec l'harmonie sourde du « n ».
Il m'est déjà arrivé de murmurer le nom d'un homme ainsi au milieu de la nuit ; j'ai dû chuchoter le tien dans la fraîcheur d'une aube romaine, celui de Manuel, ou de Pierre ; j'ai dû en prononcer d'autres encore, effacés de ma mémoire.
Il m'était impossible d'ôter cet homme et sa voix si particulière de mon esprit, difficile de rester passive à son égard plus longtemps. Je lui laissai alors un message, lui proposant de me retrouver lors de ma prochaine matinée de liberté pour flâner aux Puces. Il ne rappela pas mais fut à l'heure à mon rendez-vous.
Nous avons pris un café. La saveur de ce premier breuvage partagé me sembla aussi corsé et chaleureux que sa poignée de main, aussi sucré que son sourire. Me croirais-tu si je te confessais que je ne me souviens pas d'un traître mot de notre conversation ? Nous passâmes une heure ensemble, mais j'ai beau chercher, pas une parole ne me revient. Que te dire, à part qu'à la lumière du jour ses yeux sont plus dorés que verts, et que son rire est la plus belle chose que j'aie entendu depuis le tien ?
Le lendemain, je reçus un grand bouquet de marguerites, et ce message :
J'ai vu ces fleurs, et j'ai pensé tout de suite à vous. J'aimerais vous revoir. Amitiés.
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