Tatiana Rosnay - Le dîner des ex
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À trois ans, lors du décès de mon grand-père paternel à quatre-vingt-cinq ans, il m'avait demandé pourquoi l'on mourait. J'avais répondu que la vie était ainsi faite ; on naissait, puis plus tard, on mourait lorsqu'on était vieux. Comment ce très vieux monsieur était-il mort ? J'expliquai que son cœur fatigué par l'âge s'était arrêté. Comme une vieille pile ? Alors, il fallait en mettre une autre, vite ! Martin fronçait ses sourcils en accent circonflexe couleur de marmelade. Mais où donc était passé papy ? Je lui montrai le ciel. Papy était tout là-haut, au paradis. Martin vit un avion passer derrière un nuage.
— Oh, regarde maman, l'avion de papy ! Il ne va pas atterrir ?
En comprenant enfin que son aïeul ne reviendrait jamais, il trouva la mort trop mal faite pour exister. Il fallait s'en débarrasser comme l'on chasse un vilain cauchemar. Plus tard, devant la tombe de son arrière-grand-père, que j'avais tenté de lui décrire comme un lit d'éternité, il grimpa dessus, s'allongea, et m'annonça que ce lit était bien trop dur pour y rester. Papy devait se reposer autre part.
Le divorce fut lourd de conséquences pour Martin. À presque quatre ans, il trouvait inconcevable qu'une maman et un papa puissent se séparer. Du jour au lendemain, il s'arrêta de parler. S'il avait faim, il montrait son ventre ; s'il avait soif, sa bouche. Sinon, il ne prononçait plus un mot.
Pierre et moi, malgré le divorce en cours, emmenâmes Martin consulter un pédopsychiatre, un orthophoniste, un psychologue, en vain. Il ne desserrait pas les mâchoires. Nous avions beau le câliner, le bercer, lui parler, tenter de le rassurer en expliquant que si papa et maman se séparaient cela ne les empêcherait pas d'aimer autant leur Martin, son mutisme dura quatre mois interminables. Puis un dimanche, alors que nous déjeunions tous les trois, il se remit à parler, comme si de rien n'était, d'une façon plus étudiée qu'avant, avec une voix grave et posée, et nous l'avons regardé, les yeux embués.
Je sais désormais que Martin est mon talon d'Achille, la faille dans mon armure, ma fragilité secrète. Avant lui, je paraissais invincible. Il n'y avait guère que la musique, mes propres envies et mes petites frayeurs pour peupler ma vie.
Après Martin, tout changea. Je le compris dès sa première maladie. À l'âge de quatre mois, il contracta une bronchiolite sévère et son pédiatre préféra l'hospitaliser pendant quelques jours.
Devant son visage chétif bardé d'appareils respiratoires, je découvris une nouvelle peur, ressentie là même où j'avais porté Martin pendant neuf mois, au creux le plus vulnérable de mes entrailles, et je compris que l'instinct maternel est le plus viscéral, le plus puissant de tous les instincts. Aimer son enfant, Max, est plus fort qu'aimer un homme, parce que aimer cet enfant-là signifie le protéger, l'élever, le chérir, lui donner tout de soi-même, lui offrir sa disponibilité, sa tendresse, sans rien lui réclamer en retour.
Depuis que je suis mère, certaines choses me touchent comme elles ne l'auraient pas fait auparavant. En passant un jour devant l'église Sainte-C., j'ai vu sortir un homme et une femme, jeunes, pâles ; l'homme, brisé, portait dans ses bras un cercueil blanc si petit qu'on aurait dit une boîte à chaussures. Je n'ai pu les regarder, et me suis enfuie.
Je t'avoue que je vis dans l'angoisse de perdre mon fils. Tout m'effraie, la méningite foudroyante, le chauffard, l'assassin d'enfants. À la télévision, les images d'enfants massacrés ou accidentés me bouleversent. Sur chaque visage ensanglanté, chaque corps sans vie, je vois les traits de Martin, et il m'arrive de verser des larmes devant celles d'une mère anonyme aperçue sur le petit écran, femme dont je ne sais rien, mais dont je saisis la douleur.
Récemment, alors que je répétais à l'Opéra B., on me passa un appel de la directrice de l'école. Lors de la récréation, Martin était tombé d'un tricycle et s'était ouvert l'arcade sourcilière ; de surcroît, il perdit deux dents de lait. Il avait fallu l'emmener aux urgences pour lui faire radios et points de suture.
Affolée, je lâchai ma baguette, abandonnai une cinquantaine de musiciens pour me rendre au plus vite auprès de lui. Mon fils trônait dans une salle d'attente entre deux infirmières, les lèvres tuméfiées, le sourcil gauche cousu de plusieurs agrafes chirurgicales. Il me gratifia d'un sourire édenté et zozota :
— Regarde, la petite souris va passer plus tôt que prévu !
Martin fera d'autres chutes, aura d'autres accidents, d'autres maladies plus ou moins graves, je le sais. Tous les parents le savent. Et je me doute à présent que cette inquiétude toujours en éveil, cette capacité de tendre une oreille en pleine nuit pour capter un sanglot étouffé et de ne plus jamais dormir d'un sommeil profond veut dire qu'on est devenue mère.
Regarde avec moi ces quelques photos, prises le lendemain de la naissance de Martin ; regarde comme mon regard s'est déjà modifié, mon visage est devenu plus doux, plus tolérant, celui d'une maman, mes traits semblent avoir perdu de leur dureté, mon menton paraît moins têtu.
Martin n'est pas un enfant facile. Son caractère complexe et fragile, son émotivité à fleur de peau le rendent parfois capable de colères dignes de celles de son père, mâtinées de l'obstination que je lui ai léguée. J'ai dû apprendre à me maîtriser pour ne pas laisser ma propre colère déborder ; et pour cette raison, il me semble que c'est Martin qui m'a appris la signification du mot patience.
Tu fus un père absent envers tes filles. Jamais tu n'aurais interrompu une répétition pour te rendre au chevet de l'une d'elles, fût-elle mourante. Tes enfants venaient après la musique, alors que, pour moi, Martin passe avant. Voilà notre différence.
Avant de te raconter Pierre, laisse-moi d'abord te parler des événements de ces dernières semaines. Domine ton impatience ; il s'agit là de quelque chose d'important.
Je suis allée dîner chez Isabelle, celle que je connus à B. en même temps que Manuel, et qui m'est devenue chère. Affalée sur un des grands canapés aux ressorts fatigués, je regardais évoluer la faune bariolée des invités de mon amie. Et puis, mon cher Max, il y eut cet homme.
Comment te dire ? Il se tenait assis dans un coin du salon ; je ne voyais que son profil : un nez droit, un menton fort, une chevelure sombre éclaboussée d'argent. Un regard étrange et mordoré. Il me parut empreint d'une certaine mélancolie.
Puis le mari d'Isabelle m'annonça que le dîner était servi. Comme d'habitude, c'était un buffet. Une fois servie, je m'installai à un coin de table. L'inconnu brun vint s'asseoir en face de moi. De près, il semblait plus âgé, et devait avoir la cinquantaine ; ses yeux vert-jaune, son sourire drôle mais amer me parurent meurtris par la vie. Il me salua, sans se présenter, me dit qu'il était venu écouter mon Magnificat et l'avait aimé.
D'emblée, sa voix me fît chavirer. Parfois de velours, parfois cassante, mais toujours pleine, tonitruante, vibrante ; dès que je l'entendis, j'eus l'impression qu'elle me pénétrait, qu'elle me mettait nue. Cet homme que j'avais à première vue trouvé morne, éteint, se transformait devant mes yeux ; son regard doré scintillait de vivacité, ses mains carrées virevoltaient, ses lèvres charnues dévoilaient de petites dents animales. L'écouter, c'était comme boire le champagne le plus pétillant, le plus délicieux qui soit.
J'imaginais déjà, rien qu'en écoutant ce timbre méphistophélique, la façon qu'il devait avoir de poser la main sur une femme, de la toucher, de la malaxer avec des doigts qui s'insinuaient, curieux, enthousiastes, effrontés, voraces, dans les coins et recoins, avec une habileté gourmande et joyeuse.
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