Tatiana Rosnay - Moka

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Le gamin s'est figé sur place, dos à moi. Mon cœur s'est arrêté de battre. C'était fini. Il allait me voir. Il appellerait sa mère. Tout était fini. Le portable bourdonnait toujours contre ma fesse droite, comme un gros insecte. J'étais incapable de l'arrêter, d'esquisser un geste. Le garçon s'est retourné lentement, craintivement. Son petit visage était devenu blanc. Il regardait droit vers moi avec ses yeux noirs, terrorisés. J'ai vu son regard descendre, percevoir mes chaussures. Sa bouche s'est ouverte. Énorme, ronde.

J'ai cru qu'il allait hurler. Je me préparais intérieurement à entendre son cri. Un cri perçant, un cri dément, qui allait faire accourir sa mère, affolée.

Mais il n'a pas crié. Il a eu un spasme qui l'a secoué des pieds à la tête, et il s'est enfui à toutes jambes, il a couru le long du petit couloir et s'est précipité dans sa chambre. J'ai entendu sa porte claquer.

Je suis sortie de ma cachette comme un éclair. J'ai failli me prendre les pieds dans les vêtements, failli faire tomber le portemanteau. À la dernière minute, j'ai tout rattrapé. Vite, la poignée, vite ouvrir. Mains tremblantes, gestes maladroits. Enfin, j'étais sur le palier. J'ai fermé la porte doucement. Je me suis lancée vers l'escalier. Je l'ai dévalé, le plus silencieusement possible. J'avais mal au cœur, le souffle court.

En bas, devant la porte vitrée, l'homme aux cheveux courts fumait une cigarette, adossé contre le mur de la maison. Il parlait à voix basse dans son téléphone portable. J'ai ralenti ma cadence. Je suis passée tout près de lui, sans le regarder. J'ai entendu sa voix. Des mots chuchotés que je n'ai pas saisis. J'avais du mal à me reprendre, à respirer normalement. Il ne fallait pas me précipiter vers la sortie, marcher trop vite. Il le remarquerait. Je me suis forcée à marquer le pas. J'ai senti l'odeur de la cigarette mêlée à son parfum trop fort.

Arrivée en bas du jardin, devant le parking, j'ai encore ralenti ma cadence. Je me suis retournée. Il était toujours là, le dos appuyé contre le flanc de la maison. Je voyais le point rouge, incandescent, de sa cigarette briller dans la nuit.

Deux coups brefs du phare. Puis un coup long.

Il ne me voyait pas, j'étais protégée par l'ombre d'un hortensia touffu. Je suis restée là, assez longtemps, à le regarder, à observer la maison. C'était une belle nuit. Lune et étoiles. Les nuits d'amoureux, les nuits pour l'amour. L'amour me semblait si loin, si incompréhensible. L'amour et Andrew. L'amour avec Andrew. Inintelligible, comme une langue étrangère aux consonances inconnues. Jamais de ma vie je ne m'étais sentie aussi loin de mon mari. Ressentait-il la même chose ? Depuis combien de temps ? L'accident n'avait rien arrangé, au fond, le mal n'était-il pas déjà là, sournois, comme une tumeur dont on ne soupçonne pas l'existence ? Depuis le coma de Malcolm, la rancœur, l'incompréhension s'étaient creusées entre nous. Je n'arrivais même plus à me souvenir d'un bonheur. D'un bonheur simple. Stable. Je ne voyais que les soucis de travail, d'argent, les débuts laborieux de son cabinet d'architecture. Son aventure. L'amour qu'on faisait de moins en moins. Tout ce qui nous avait mis du plomb dans les ailes. Tout ce qui nous avait fait couler, petit à petit, sans que l'on s'en rende compte. Et moi, j'avais cru tout ça derrière nous. Je pensais qu'on était tirés d'affaire, hors de danger. Comme je m'étais trompée. L'accident de Malcolm n'avait fait qu'accentuer nos différences, nos silences.

Je l'imaginais, rue D. Seul, devant la télévision. Un verre de sherry à la main, qu'il faisait tournoyer, l'air absent. Son visage fin, fermé. The silent giant. Il riait davantage, avant. L'âge le rendait sérieux. Pourquoi ? Où était passé son rire ? Celui de nos débuts. Son humour anglais, si sec, si dur, cette faculté qu'ont les Anglais de se moquer d'eux-mêmes, chose que ne font jamais les Français. Où s'était enfuie notre insouciance ? La simplicité de notre vie. Le temps qui passait, lent, sans heurts, sans obstacles. Je me suis souvenue de notre premier appartement, un deux pièces sombre, qui donnait sur une rue bruyante du Quartier latin. On était souvent réveillés au petit matin par les éboueurs. Les canalisations étaient défaillantes. Quand l'eau coulait dans les tuyaux, on entendait des grincements, des coups. Ou parfois, une sorte de musique étrange que j'avais l'impression d'être la seule à décrypter. Le dimanche, on restait au lit. C'était avant les enfants. Souvenirs de draps froissés, de grasses matinées. Andrew, nu, qui récitait Shakespeare. « Shall I compare thee to a summer's day ? » Sa voix langoureuse, caressante. Plus du tout sa voix de maintenant.

Je n'avais rien vu venir. Je n'avais pas remarqué de changement. Les choses s'étaient faites, ou défaites, petit à petit, insidieusement. Tu te laisses aller, Justine. Tu te laisses aller. Ses yeux légèrement distants sur le verre de vin blanc que je venais de me servir. Sur mon visage creusé, mes paupières gonflées. Mes cheveux mal peignés, mes ongles rongés. Tu te laisses aller. Un fils dans le coma, et c'était tout ce que mon mari trouvait à me dire.

L'air autour de moi était tiède et riche, rempli d'odeurs maritimes et champêtres. Le murmure des vagues, en bas sur la plage. Le vent dans les branches des grands platanes tachetés au-dessus de ma tête. Un klaxon, le claquement d'une portière. Et moi, seule, à épier cet inconnu. J'ai sorti mon portable de ma poche pour voir qui m'avait téléphoné pendant que j'étais chez « elle ». Pas de message. Numéro masqué dans l'historique des appels. Le flic, peut-être ? Je me souvenais encore de la puissance de ses bras, de ses épaules. Mes larmes sur son T-shirt noir. Allait-il venir me mettre en garde ? Ce n'était pas très loin, Hossegor. Je m'en fichais. Après ce que j'avais été capable de faire ce soir, je m'en fichais. Penser à demain. Rue M. Ouverture de son institut de beauté-parfumerie. Grosse petite blonde trop maquillée. Doigts patauds. Ongles vernis. Pieds boudinés dans des sandales trop étroites. Shalimar. Univers de pacotille, de strass, de féminité inutile, vaniteuse. Tout ce que je détestais. Tout ce que je méprisais. Demain j'irais la retrouver.

« Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne. » Les vers de Victor Hugo revenaient, comme un refrain. Comme le phare qui ponctuait de son long doigt blanc le noir du ciel. Un coup long, deux coups brefs. Ma nuit s'étalait devant moi. Je n'avais pas sommeil. J'étais prête à rester là, à regarder cette maison où vivait cette femme. J'étais prête à passer la nuit là, seule, à attendre que le soleil se lève. Je n'avais ni faim, ni soif. J'étais enveloppée dans une sensation d'attente. De minutes figées. Et pourtant le phare tournait toujours et la nuit avançait.

L'homme a jeté son mégot d'une pichenette vers le gravier. Puis il est rentré dans la villa, en empochant son téléphone. Il montait les retrouver, « elle » et le gamin. Je me suis assise sur le gazon un peu humide. Il était vingt et une heures. J'ai appelé Arabella. J'ai dit que j'allais rentrer tard, qu'elle ne s'inquiète pas. Que demain, je savais comment et où affronter cette femme. Voulait-elle venir avec moi ?

— Yes. Je viendrai avec vous.

Georgia dormait-elle ?

— Oui, depuis longtemps.

— Allez l'embrasser dans son lit pour moi.

— I will, Djoustine.

Arabella a raccroché, puis j'ai téléphoné à l'hôpital. L'infirmière de garde était une de mes préférées. Pas de changement pour Malcolm. État stable. Son papa avait passé la journée auprès de lui. J'ai eu un pincement au cœur en imaginant Andrew là, la journée entière. J'ai commencé à appuyer sur la touche 3 de mon téléphone, le numéro préenregistré de la maison. J'ai hésité. Qu'allais-je lui dire, à mon mari ? Que j'étais rentrée chez « elle », que j'avais fouillé, regardé partout, que j'avais failli me faire surprendre, et que maintenant j'étais devant la villa, à attendre ? Impossible. Mais j'avais besoin de l'entendre, de lui dire qu'il me manquait. Qu'il me manquait, ce soir, comme jamais. J'ai appuyé sur 3. Sonneries dans le vide. Personne à la maison. Le répondeur avec ma voix que je détestais. Bip sonore.

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