Tatiana Rosnay - Moka

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J'avançais sans bruit, me baissant à chaque porte pour déchiffrer le nom près de la sonnette. Et si on me voyait ? Et si quelqu'un sortait d'un appartement ? J'avançais toujours, le cœur dans la gorge, les paumes moites. Premier étage. Moquette épaisse sur escalier d'origine. Elle avait dû être belle, cette villa, dans le temps. Avant qu'on lui bouche sa vue sur la mer d'un gros pâté gris et qu'on la divise comme une vulgaire galette des rois. L'escalier était en chêne sombre, avec une rambarde sculptée. Le premier étage semblait borgne, privé de fenêtres. Des murs s'avançaient de chaque côté. Les portes des appartements étaient petites et modernes, du contre-plaqué. Des faux plafonds, trop bas, achevaient de donner une ambiance préfabriquée, empruntée.

Pourtant, il y a trente ou quarante ans, la maîtresse de maison devait dormir à cet étage, dans une chambre spacieuse et claire qui donnait sur la mer, les hortensias, le jardin qui à présent n'existait plus. Les enfants avaient sûrement leurs quartiers au dernier étage, sous le toit de tuiles orange. Une grande maison de famille, des réceptions, des goûters d'anniversaire, des bals masqués. Tout un passé évanoui. Un faste oublié. Je me suis demandé si un membre de cette famille était retourné dans la villa depuis sa métamorphose. Qu'avait-il pensé des faux plafonds, de la moquette industrielle couleur rouille, du jardin transformé en parking ? Si j'avais été lui, ou elle, si j'avais grandi ici, j'en aurais pleuré.

Au bout du couloir, j'ai trouvé l'appartement d'Eva Marville. La même grosse écriture ronde sur la sonnette. J'ai allumé la minuterie. Je voulais qu'elle me voie, en pleine lumière. Qu'elle voie la mère de Malcolm. J'ai rajusté ma veste en jean, lissé mes cheveux. Je n'ai pas hésité, j'ai sonné. Un coup bref. J'ai attendu. Personne. J'ai sonné encore, plus longuement cette fois.

Silence. Elle n'était pas là. Comment était-ce possible ? J'étais venue, et elle n'était pas là. J'avais pensé à tout, sauf à ça. Mon courage, ma bravoure s'échappaient, sortaient de moi comme l'air d'un ballon percé. Je me suis laissée glisser le long du mur, et je suis restée accroupie, comme un animal blessé. Où était-elle allée ? Un dîner ? Au cinéma ? Avec son mari et son gamin ? Sa vie remplie d'insouciance, de légèreté. Sa vie facile. Sa vie loin de nous, de moi. Loin de mon fils, prisonnier d'une nuit sans fin, à cause d'elle.

Je pouvais l'attendre. Rester là, jusqu'à son retour.

Oui, je pouvais faire cela. Mais l'énergie me manquait. La minuterie s'est éteinte. Le noir me faisait du bien. Je me sentais invisible, protégée. De temps en temps, un éclat de rire, ou le claquement d'une porte parvenaient jusqu'à moi.

La nuit était tombée. La lumière du phare perçait l'obscurité avec ce rythme que je connaissais bien, maintenant. Un éclair long. Deux éclairs brefs. Je ne pouvais plus attendre ici. Des crampes dans mes cuisses, le bas de mon dos m'élançaient. L'idée de rentrer chez Candida était insupportable. Impression de tourner en rond, de perdre du temps.

Pourquoi ne pas aller me promener sur la Côte des Basques, et remonter d'ici une heure ou deux ? Elle serait rentrée. Le garçon était encore petit, il ne devait pas se coucher bien tard. Il fallait m'en aller, revenir à un autre moment. Je me suis levée d'un coup, la tête bourdonnante.

En partant, le corps déjà dirigé vers l'escalier, j'ai hésité. Je me suis retournée, je me suis baissée, j'ai machinalement tendu la main vers le paillasson. Je l'ai soulevé. Geste inexplicable.

La clef était là, petite, argentée et fine. J'ai saisi la clef et je l'ai introduite dans la serrure à toute vitesse.

Un grincement et un cliquetis. La porte d'Eva Marville s'est ouverte en grand sur une entrée exiguë tapissée de beige. Je suis restée sur le seuil, interdite. Y avait-il quelqu'un dans l'appartement ? Allais-je vraiment rentrer chez elle aussi facilement ? Ne devrais-je pas faire demi-tour et détaler ?

J'ai sonné à nouveau. J'ai dit : « Madame Marville ? », d'une drôle de voix chevrotante. Personne. Je suis entrée dans la pièce, doucement, comme une intruse, comme un voleur. Mon cœur battait très fort. J'ai remis la clef sous le paillasson et j'ai refermé la porte derrière moi, sans bruit.

J'étais chez elle.

Un parfum de femme, riche et fleuri, célèbre. Shalimar ou Chanel Numéro 5. À gauche de la porte d'entrée, un grand portemanteau couvert de parkas, vestes, chapeaux et écharpes. En face, une petite table haute en verre dépoli. Du courrier. Après un moment d'hésitation, j'ai pris les lettres d'une main mal assurée. Madame Eva Marville. Monsieur Daniel Bonnard. Des factures, des publicités. Une lampe à l'abat-jour conique. Des clefs dans un cendrier carré en porcelaine blanche. Une porte à gauche, une à droite. Tout était à ma disposition, tout était là, devant moi. Mais j'hésitais encore. Et si elle revenait ? Et si elle me trouvait chez elle ? C'était de la folie. Je devais faire demi-tour, partir. Tout de suite. Maintenant, avant que cela ne soit trop tard.

Impossible. J'étais rivée sur place. Comme un enfant qui fait une connerie, grisé par la peur, par l'angoisse. Porte de droite. Un salon. Je ne voyais rien. J'ai allumé. C'était assez joli, chargé, d'un style précieux. Un tapis aux motifs modernes. Des rideaux ivoire, des aquarelles aux murs. Une grande bibliothèque avec des livres. Que lisait Eva Marville ? Je me suis approchée. Des classiques, Zola, Maupassant, Victor Hugo. Puis des romans plus récents : Sagan, Chandernagor, Pancol. Rebecca, de Daphné Du Maurier. Stupeur. Mon roman préféré. Il était là, dans une ancienne édition de poche, celle de la mauvaise traduction. Il était là, chez cette femme qui avait renversé mon fils. J'ai saisi le livre, je l'ai feuilleté. Sur la page de garde, la grosse écriture ronde : « Eva Marville, été 78. » Elle l'avait lu en même temps que moi. Quelques passages avaient été soulignés. J'ai remis le livre, troublée.

Sur les étagères, plusieurs photographies du petit garçon blond aux yeux foncés. Mais aucune d'Eva Marville, ni de son mari. Sur la table basse, le programme de télévision, L'Équipe, un cendrier rempli de mégots. Une rangée de CD. Qu'écoutait Eva Marville ? Qu'écoutait cette inconnue que je haïssais ? Mozart. Chopin. Michel Sardou. Elvis Presley. Barbara. Il y avait aussi des groupes anglais des années 80 : Depeche Mode, The Cure, Tears For Fears. Les groupes favoris d'Andrew. Ce n'était pas possible qu'Eva Marville écoute cette musique-là. Ce devait être son mari.

À droite du salon, une cuisine moderne, impeccablement rangée. Une grande table octogonale. Des appareils ménagers. J'ai ouvert le frigo. Légumes, fruits, des petits suisses, un poulet. Du rosé. La sonnerie stridente du téléphone m'a fait sursauter. Un répondeur s'est mis en marche. Une voix de jeune femme a rempli la pièce.

— C'est moi, c'est Lisa, y a quelqu'un ? Allô ! Bon, personne. Vous êtes de sortie, visiblement, et vos portables sont fermés. Tant pis alors. Salut !

Elle a raccroché. J'ai essayé de reprendre ma respiration. Difficile. Souffle coupé, cœur fébrile. Je devais peut-être partir. Ce coup de fil, c'était un signe. C'était de la folie, de rester là. J'étais folle. Irresponsable. Et si elle revenait, elle me trouverait là, chez elle, elle appellerait la police, elle ou son mari, et que se passerait-il alors ? J'imaginais les questions de la police, la pauvreté de mes réponses. Obligée de dire la vérité. Pourquoi j'étais venue ici. La pitié dans les yeux des autres. Ma honte. Je me suis dirigée vers l'entrée, le pas rapide. Partir, avant qu'elle ne rentre, avant qu'il ne soit trop tard. Vite, partir. Mais la porte de gauche, celle que je n'avais pas ouverte, m'interpellait.

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