Tatiana Rosnay - Moka

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Je suis restée assise sur le banc encore quelque temps. Un couple âgé est sorti de la maison, muni d'un panier à provisions. Une femme brune d'une cinquantaine d'années s'est installée sur le balcon du deuxième étage et a allumé une cigarette. Était-ce elle ? Non, Eva Marville était blonde et bouclée, d'après la déposition du chauffeur de bus belge. Ce n'était pas cette femme-là. J'étais à la fois déçue et rassurée.

Une heure que j'étais là. Une heure perdue. Sans avancer. Sans Malcolm. Le manque de mon fils a foré un nouveau trou en moi. J'ai posé mes mains sur mon ventre, là où je l'avais porté. Puis je suis partie, j'ai emprunté le chemin de la falaise vers le Rocher de la Vierge. Je marchais mollement, sans savoir où j'allais, le cœur lourd. Fallait-il revenir à la villa ? L'affronter ? La police débarquerait chez elle dans quelques jours, quelques semaines. Mais j'aurais voulu être là avant eux. J'aurais voulu comprendre, avant eux. J'aurais voulu tout savoir de ce mercredi-là. L'entendre de sa bouche, à elle. C'était mon privilège, mais ma croix à porter, aussi.

J'ai marché le long de la Grande Plage. Le sable se peuplait petit à petit en ce début de saison estivale.

Touristes, autochtones, colonies de vacances. Brouhaha de musique, rires, pleurs d'enfant. Fracas des vagues. Odeurs de crêpes, de sucre. J'ai ôté mes sandales pour sentir la mer sur mes pieds, mes chevilles. Froid, mais bon. En continuant mon chemin de bord de mer, je suis passée devant le Palais, où quelques happy few se prélassaient au bord de la piscine, puis j'ai abouti devant l'hôtel Miramar, monstrueuse construction des années 70, sorte de pyramide blanche qui s'avançait vers la mer tel un ponton. Candida, qui vivait à Biarritz depuis quarante ans, nous avait raconté comment l'ancien hôtel Miramar avait été détruit sous ses yeux, comment elle en avait été bouleversée. Coups de massue sur une belle bâtisse dorée, une des nombreuses gloires disparues de Biarritz. Hier soir, Candida nous avait montré un album de photographies jaunies par le passage du temps de ces anciennes villas aux noms évocateurs, détruites dans les années 60 et 70. Les villas Marbella, Pélican, la tour Genin, le Chalet Nadaillac, les hôtels Carlton, d'Angleterre. Tous rasés pour laisser la place à des blocs gris sans grâce.

J'ai levé les yeux vers l'immeuble de Candida, qui jouxtait l'hôtel, et j'ai vu Georgia et sa grand-mère côte à côte, accoudées à la rambarde, qui semblaient m'attendre. Je leur ai fait signe de venir me rejoindre. Nous avons rebroussé chemin vers le Rocher de la Vierge. Georgia dégustait un « beignet abricot ». Une fine couche de sucre s'étalait autour de sa lèvre supérieure.

Arabella était silencieuse, pensive. Elle déambulait près de moi, de son étrange pas dansant. Je sentais qu'elle avait besoin de parler, mais qu'elle attendait le moment. Au bout de la passerelle, les vagues se fracassaient avec un bruit menaçant contre la digue. J'ai montré à Georgia les croix érigées sur les rochers çà et là, devant l'entrée du port. J'imaginais que de nombreux bateaux avaient fait naufrage ici, qu'il y avait eu des noyés, des disparus.

La mer était mauvaise, sifflante, tourbillonnante. Je tenais la petite contre moi. J'avais peur qu'elle m'échappe et qu'elle glisse à travers les interstices de la balustrade. C'est à ce moment-là qu'Arabella a dit, en anglais (ce qui était inhabituel chez elle) : « Quand Mark est mort, j'ai voulu comprendre. Alors que Harry s'enfermait dans le silence, un peu comme Andrew maintenant, moi, j'ai voulu comprendre. »

Georgia a demandé, en anglais également, d'une petite voix : « Qui est Mark, Granbella ? »

Sourire doux : « C'était mon fils, mon petit dernier. Le petit frère de ton papa. Il est mort à l'âge de un an. »

Silence. Toutes les trois, nous étions tournées vers la mer, vers les vagues qui arrivaient, gros rouleaux compacts bordés d'écume blanche et mousseuse. Georgia me regardait, interdite. Elle n'avait jamais entendu parler de Mark. Arabella a poursuivi, d'une voix neutre, mais assurée.

— Il est mort pendant son sommeil, une nuit. Nous nous sommes réveillés, Harry et moi, et nous l'avons trouvé sans vie dans son berceau. Nous n'avons jamais su pourquoi il est décédé. Il était en pleine santé. Il venait juste d'apprendre à marcher, il avait une énergie extraordinaire.

Arabella regardait devant elle, les mains sur les épaules de ma fille. Le vent avait dénoué son chignon et ses mèches argentées virevoltaient au-dessus de sa tête. Georgia et moi l'écoutions, saisies d'émotion. Elle a poursuivi.

— Mais il n'y avait rien à comprendre, hélas. Mark est mort naturellement. Ce sont des choses, terribles, qui arrivent. J'ai mis longtemps à tourner cette page, à aller de l'avant. J'ai mis longtemps à m'en remettre. Ce que j'essaie de vous dire, Justine, c'est que lors d'un drame, un couple ne réagit pas de la même façon. Harry et moi, cela a failli détruire notre mariage.

Elle me regarda enfin, et j'ai vu que ses yeux brillaient d'une lueur mouillée. Puis elle a dit à voix très basse, pour que la petite n'entende pas :

— Je sais pourquoi vous êtes ici. Je vous comprends. Je pense que j'aurais fait exactement la même chose, si j'étais à votre place. Mais Andrew, lui, il ne comprend pas. Il ne comprend rien.

Vingt heures. De retour devant Etche Tikki. La villa bourdonnait de bruits, le générique du journal télévisé, une dispute d'enfants, le vrombissement d'un lave-linge. Je n'avais pas réfléchi à quelque chose de particulier. J'étais revenue, tout simplement. J'allais sonner, et lui parler. C'était simple. Les mots étaient prêts au bout de ma langue.

— Bonsoir, vous ne me connaissez pas, je m'appelle Justine Wright. Il a un mois, vous avez renversé mon fils sur un passage piétons, à Paris, avec votre Mercedes. Vous étiez avec un homme. Vous avez pris la fuite. Mon fils est dans le coma. La police vous a retrouvée. Elle se manifestera bientôt. Moi je ne suis pas là pour faire la police, madame. Je suis là pour essayer de comprendre comment vous, une mère de famille, car j'ai vu que vous étiez mère d'un petit garçon, vous avez pu renverser mon enfant, et partir. Je suis venue pour que vous m'expliquiez.

J'ai imaginé sa stupeur. Ils étaient en plein dîner. Exhalaisons de rôti, de pommes de terre sautées. L'homme à l'after-shave écœurant, la fourchette figée à mi-parcours entre son assiette et sa bouche. Le gamin, transi, me fixant de son regard particulier, à la fois fuyant et précis. Le repas, qui refroidissait. Eva Marville, un torchon à la main, statufiée sur le seuil de sa porte. Que pourrait-elle me dire ? « Entrez donc, madame. Vous prendrez bien un petit quelque chose ? » Ou alors, me claquerait-elle la porte au nez ? Qu'importe. J'étais là. J'étais venue. Que savait son mari ? Était-il avec elle le jour de l'accident ? Que faisaient-ils à Paris ce jour-là ? Et l'enfant, se trouvait-il sur la banquette arrière ? C'était peut-être le mari qui lui avait dit de ne pas s'arrêter. C'était peut-être lui qui avait eu peur. Et ils avaient poursuivi leur route, comme si de rien n'était. Ils n'en avaient jamais reparlé. Personne ne savait.

Plus pour longtemps. J'ai souri en moi-même. Non, plus pour longtemps.

Je me suis approchée de la maison, du panneau des interphones. Plusieurs noms. Puis, sur un carré de papier collé à un des boutons, une grosse écriture ronde « Marville-Bonnard ». Bonnard. Son nom de jeune fille ? Le nom du monsieur aux cheveux courts ? J'ai avancé l'index pour sonner. Puis j'ai remarqué que la porte vitrée de l'entrée était entrouverte. Je l'ai poussée et me suis glissée dans le vestibule. Je n'ai pas allumé la minuterie, je suis restée quelques instants dans la pénombre, à écouter les bruits de la maison, et à me demander à quel étage habitait Eva Marville. J'avais le ventre contracté, durci. Du mal à respirer. Mais je pensais à Malcolm sur son lit d'hôpital, à son visage livide, et la détermination m'enveloppait à nouveau.

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