Tatiana Rosnay - Moka

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— Andrew, are you there ? C'est moi. Réponds-moi.

Il était sorti. J'ai essayé son portable. Messagerie. J'ai raccroché sans rien dire. Où était-il ? Avec qui ?

Depuis son aventure, je n'avais pas voulu savoir s'il me trompait encore. J'avais fermé les yeux. Plus posé de questions. Je me protégeais. Je n'avais pas eu d'histoire de mon côté. J'aurais pu. Par vengeance, par curiosité. Par ennui. Mais non, rien. Le regrettais-je ? Je ne savais pas. Je m'en fichais.

Tout avait changé depuis l'accident. Il n'y avait désormais que Malcolm et son coma. Le reste – ma fille, le travail, mes parents, mon mari, mes amies – passait à côté. Il n'y avait que Malcolm qui comptait, et cette inconnue dans la maison, devant moi, cette femme qui ne savait rien, qui ne se doutait pas que j'étais là, qui n'avait aucune idée de ce qui l'attendait, et pour qui demain serait un jour dont elle se souviendrait sa vie entière.

Petit à petit, les lumières de la villa se sont éteintes. Et autour de moi, sur la Promenade des Basques, les maisons sombraient dans l'ombre, elles aussi. Il n'y avait que le phare pour tournoyer dans la nuit. Je me suis allongée sur l'herbe humide, et j'ai attendu. C'était long, d'attendre l'aube. Étrange et long. Je n'avais pas fait ça depuis l'adolescence. Avec mon frère, une nuit d'été, chez des amis des parents, dans les Cévennes. Tout le monde était couché. Il y avait un copain, comment s'appelait-il déjà, un ami de mon frère, qui avait un béguin pour moi. Un nom désuet, démodé. Aymar, Gaétan. Quelque chose comme ça. Je le trouvais à la fois courageux et pathétique. Il était trop jeune. Maladroit, nerveux. Mais drôle. On avait chapardé une bouteille de rosé, des Camel, et on s'était cachés dans une pinède derrière la maison. On avait vu des étoiles filantes extraordinaires qui nous arrachaient des Ah ! et des Oh ! Mon frère s'était affaissé, gagné par le sommeil vers trois heures. Son ami était plus vaillant. Il avait même osé embrasser la grande sœur. Cliquetis maladroit de ses canines contre les miennes. Salive aromatisée au rosé. On avait gloussé, la tête nous tournait.

On était jeunes, frais, niais. Seize ans. Drapés dans nos fanfaronnades, nos premières conquêtes. C'était loin. L'été de mes seize ans, mes parents étaient encore amusants, beaux, fringants. Mon père faisait rire, séduisait, portait des favoris trop longs. Ma mère ne se plaignait de rien, se préoccupait de son bronzage, gazouillait avec ses amies.

Un beau couple, encore. Il leur restait deux décennies avant le coup de massue de la soixantaine qui allait les transformer en retraités geignards. Je me suis dit qu'à seize ans, on ne savait rien de la vie. Rien de ce qui nous attendait, la quarantaine venue. Rien de ce qui nous tomberait dessus, sans crier gare. Rien des épreuves, des souffrances. Rien de la vieillesse qui allait ensuite s'insinuer dans ces souffrances et contre laquelle nous ne pourrions rien.

Comme je les regrettais, mes seize ans, cette nuit. J'avais froid, l'humidité du gazon passait à travers mon T-shirt sur ma peau. Ciel sombre, velouté, parsemé d'étoiles. J'ai regardé les constellations. Je ne pensais à personne. J'attendais, avec une sorte de rage intérieure. Puis j'ai vu les visages de Malcolm, d'Andrew s'imprimer dans le ciel, comme sur un immense écran mouvant. Malcolm dans son monde fermé, cadenassé. Andrew, disparu de la maison, avec qui, faisant quoi ? Les deux visages m'inspiraient le désespoir le plus vif, le plus pesant. Noirceur absolue, tristesse.

Je ne me souvenais même plus de la dernière fois que j'avais ri. Ri aux éclats. Ri à s'en tenir les côtes. Le rire me semblait aussi impossible, aussi incongru que le sexe. Rire et faire l'amour, deux choses qu'Eva Marville avait éliminées de ma vie. J'avais ri aux larmes, quelques jours avant l'accident, ça me revenait. Mon amie Laure m'avait raconté qu'elle était allée voir son ostéopathe pour un mal de dos tenace, au niveau des reins. Mais elle avait oublié avant la séance de remplacer son string par une culotte normale et s'était retrouvée tétanisée et presque nue devant lui, troublé lui aussi par cette apparition inattendue.

J'avais ri aussi avec Malcolm, spécialiste des blagues au téléphone. On en faisait souvent, des blagues, sous les yeux agacés d'Andrew et Georgia qui ne comprenaient pas pourquoi on était capables de se laisser aller à une telle hilarité. Avec les deux lignes de la maison, il suffisait de composer deux numéros soigneusement choisis, ouvrir les haut-parleurs, mettre les combinés tête-bêche et laisser la conversation inopinée entre nos deux interlocuteurs s'installer, chacun étant persuadé qu'il était appelé par l'autre. Le résultat le plus brillant ce soir-là avait été le dialogue surréaliste entre mon père (hautain et désagréable à souhait, narines qu'on imaginait frémissantes d'indignation) et une entreprise de désinsectisation.

— Comment ! Vous osez m'appeler pour suggérer qu'il y a des cafards chez moi ! Mais vous êtes prêt à tout, mon pauvre monsieur. C'est une honte.

Et l'autre de répondre, gouailleur : « Ben c'est quand même vous qui m'appelez, hein, alors si vous avez des cafards chez vous, faut pas avoir peur de le dire, hein, on est là pour ça, mon p'tit m'sieur. »

Malcolm et moi hoquetant, paumes plaquées sur la bouche. Et cet autre fou rire, il n'y avait pas si longtemps, avec Andrew et un couple d'amis. Nous étions à la terrasse d'un de ces restaurants branchés et prétentieux où les serveuses marchent comme si elles étaient sur un podium et où le voiturier toise votre vieille Golf d'un regard dédaigneux. Alors que nous dînions au milieu d'une foule élégante et raffinée, qu'on nous apportait des plats délicats aux noms savants sur des assiettes carrées, une jeune femme platine en robe de soirée, perchée sur des talons invraisemblables, s'était arrêtée devant nous pour répondre à son téléphone portable. Au bout d'une laisse dorée, un lévrier courbait son échine fragile. La jeune femme parlait fort, un mauvais anglais, se déhanchait, ravie de se donner en spectacle. Elle ne se rendait pas compte que, derrière elle, son chien ahanait de toutes ses forces, les yeux exorbités, en train d'expulser une crotte énorme qui se déposa en une spirale odorante sur le trottoir. Andrew riait silencieusement, les épaules secouées, les yeux clos.

La semaine avant l'accident, j'avais ri aux larmes, avec une copine, Isabelle, qui me racontait très sérieusement que les hommes normaux n'existaient plus. Ils étaient tous devenus ce qu'elle appelait des « hétéros-fiottes », des hommes avec qui il ne se passait rien, qui ne faisaient plus l'amour, se contentaient de flirts pâlots et d'envoyer des textos enflammés à tout bout de champ.

Cela me faisait mal d'y penser. Douleur aiguë de ces moments enfouis, perdus. Il ne restait que mon présent froid, lugubre, comme la surface rêche, inhospitalière d'une planète inconnue. Avant la Mercedes « moka », qu'avait été le pire dans ma vie ? Cette nuit, je n'avais que le souvenir édulcoré, faussé d'une existence facile, harmonieuse, sans catastrophes. Pourtant, il y en avait eu, des catastrophes. L'accident de voiture de mon oncle, qui lui avait coûté la vie. Il avait trente ans, moi quinze. Je me souviens d'avoir pleuré devant le chagrin de ma mère, de mes grands-parents. Et puis un cortège de cancers, divorces, faillites, séparations, infarctus, coups du sort, du destin. Comme tout le monde. Comme chaque famille. Il y avait eu Andrew un matin, prostré, affligé d'un mal de tête colossal, vomissant de la bile noire. Moi, paniquée, persuadée de sa fin soudaine. Une sacrée migraine, avait dit SOS Médecins. Rien à faire : repos et silence. Il y avait eu le fils aîné d'Emma qui avait failli se noyer dans une piscine et que les pompiers avaient ranimé de justesse. Il y avait eu la spectaculaire chute de ski d'Olivier et son tibia broché de métal qui gardait encore des séquelles. Oui, des drames, des peines, comme dans toute existence.

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