Emily Bronte - Les Hauts de Hurlevent (Édition intégrale)

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Les Hauts de Hurlevent (Édition intégrale): краткое содержание, описание и аннотация

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Mr Earnshaw, père de famille, a deux enfants: un fils, Hindley, et une fille, Catherine. Parti en voyage à Liverpool pendant plusieurs semaines, le vieil Earnshaw revient avec sous son manteau un petit bohémien errant d'environ 6 ans, Heathcliff. Hindley et lui entrent rapidement en conflit et, à la mort du père, Hindley devient le maître de maison. Heathcliff est alors traité plus durement que jamais. La petite Catherine et lui se découvrent de tendres sentiments qui n'auront de cesse de s'approfondir au fil de leur adolescence. Rêvant tous deux d'un avenir plus glorieux que leurs vies respectives, les deux enfants s'échappent fréquemment dans la lande pour aspirer à de jours meilleurs.
" Les Hauts de Hurlevent " de Emily Brontë est reconnu comme l'un des plus grands classiques de la littérature du XIXe siècle, et il possède une place non négligeable dans la culture britannique et mondiale. Le roman est un des derniers ouvrages majeurs du romantisme européen en littérature.

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La digne femme est sortie d’un air affairé et je me suis rapproché du feu ; j’avais la tête brûlante et le reste du corps glacé. De plus, mes nerfs et mon cerveau étaient en proie à une surexcitation voisine de l’égarement. J’en éprouvais, non pas un sentiment de malaise, mais plutôt la crainte (que je ressens encore maintenant) d’effets sérieux consécutifs aux incidents d’aujourd’hui et d’hier. Mrs. Dean est revenue bientôt, avec un pot fumant et sa corbeille à ouvrage. Elle a placé le pot sur la grille de la cheminée et rapproché sa chaise, manifestement heureuse de me trouver si sociable.

Avant de venir habiter ici, a-t-elle commencé sans attendre une nouvelle invitation à raconter son histoire, j’étais presque toujours à Hurle-Vent. Ma mère avait élevé Mr. Hindley Earnshaw, le père de Hareton, et j’avais pris l’habitude de jouer avec les enfants ; je faisais aussi les commissions, j’aidais aux foins et je rôdais autour de la ferme, prête à tout travail qu’on voudrait me donner. Une belle matinée d’été – c’était au début de la moisson, je me rappelle – Mr. Earnshaw, le vieux maître, descendit en tenue de voyage. Après avoir indiqué à Joseph sa tâche pour la journée, il se tourna vers Hindley, vers Cathy et vers moi – j’étais en effet assise à prendre mon porridge avec eux – et dit en s’adressant à son fils : « Eh bien ! mon bonhomme, je m’en vais à Liverpool aujourd’hui, que faut-il te rapporter ? Tu peux choisir ce que tu voudras ; mais que ce ne soit pas gros, car j’irai et reviendrai à pied : soixante milles dans chaque sens, c’est une longue étape ! » Hindley demanda un violon, puis Miss Cathy fut interrogée à son tour : elle avait à peine six ans, mais elle était capable de monter tous les chevaux de l’écurie et elle choisit une cravache. Le maître ne m’oublia pas, car il avait bon cœur, bien qu’il fût parfois assez sévère. Il promit de me rapporter des pommes et des poires plein sa poche, puis il embrassa ses enfants, nous dit au revoir et partit.

Les trois jours que dura son absence nous parurent à tous bien longs et souvent la petite Cathy demandait quand son père rentrerait. Mrs. Earnshaw l’attendait pour le souper, le troisième soir, et elle retarda le repas d’heure en heure ; mais il n’arrivait toujours pas et à la longue les enfants se fatiguèrent de courir à la porte d’entrée pour regarder. La nuit vint ; leur mère aurait voulu les coucher, mais ils l’attendrirent par leurs supplications pour rester. À onze heures, le loquet de la porte se souleva doucement et le maître entra. Il se jeta sur une chaise, moitié riant, moitié grognant, et leur enjoignit à tous de ne pas approcher, car il était quasi mort... on lui offrirait les trois royaumes qu’il ne recommencerait pas une pareille course.

– Et avec cela, être chargé à en périr ! dit-il, en ouvrant son manteau, qu’il tenait roulé dans ses bras. Vois, ma femme ! Je n’ai jamais été si exténué de ma vie ; mais il te faut accepter mon fardeau comme un présent de Dieu, bien qu’il soit presque aussi noir que s’il sortait de chez le diable.

Nous fîmes cercle et, par-dessus la tête de Miss Cathy, j’aperçus un enfant malpropre, déguenillé, aux cheveux noirs, assez grand pour marcher et parler. À son visage, on l’eût même jugé plus âgé que Catherine ; pourtant, quand il fut sur ses pieds, il se borna à regarder d’un air étonné autour de lui et à baragouiner indéfiniment quelque chose que personne ne put comprendre. J’étais effrayée et Mrs. Earnshaw était toute prête à le jeter à la porte. Elle s’emporta, demandant quelle idée son mari avait eue d’amener chez lui ce petit bohémien, quand ils avaient leurs propres enfants à nourrir et à élever. Que comptait-il en faire ? Était-il devenu fou ? Le maître essaya de s’expliquer. Mais il était vraiment recru de fatigue et tout ce que je pus comprendre, au milieu des récriminations de sa femme, c’est qu’il avait rencontré l’enfant mourant de faim, abandonné, et pour ainsi dire muet, dans les rues de Liverpool. Il l’avait recueilli et s’était enquis de son propriétaire. Pas une âme ne savait à qui il appartenait, dit-il ; et l’argent comme le temps dont il disposait étant limités, il jugea préférable de le ramener sur-le-champ chez lui, plutôt que de se livrer à de vaines et dispendieuses démarches là-bas : car il était résolu de ne pas le laisser dans l’état où il l’avait trouvé. En fin de compte ma maîtresse se calma en maugréant, et Mr. Earnshaw me dit de le laver, de lui donner des effets propres et de le faire dormir avec les autres enfants.

Hindley et Cathy se contentèrent de regarder et d’écouter jusqu’à ce que la paix fût rétablie ; alors tous deux se mirent à explorer les poches de leur père pour y trouver les cadeaux qu’il leur avait promis. Hindley était un garçon de quatorze ans ; mais en retirant ce qui avait été un violon, écrasé et réduit en miettes dans le manteau, il pleura à chaudes larmes. Quant à Cathy, lorsqu’elle apprit que le maître avait perdu sa cravache en s’occupant de l’intrus, elle témoigna son déplaisir en faisant des grimaces et en crachant dans la direction de la stupide petite créature, ce qui lui valut une bonne gifle de son père pour lui apprendre à avoir des manières plus convenables. L’un et l’autre refusèrent absolument de partager leur lit, et même leur chambre avec lui ; je ne fis pas preuve de plus de bon sens en le mettant sur le palier de l’escalier, avec l’espoir qu’il serait peut-être parti le matin. Soit par hasard, soit qu’il eût été attiré en entendant la voix de Mr. Earnshaw, il se glissa à la porte de ce dernier, qui l’y trouva quand il sortit de sa chambre. Une enquête fut ouverte pour savoir comment il était arrivé là : je fus obligée de faire des aveux et, en récompense de ma poltronnerie et de mon inhumanité, je fus renvoyée de la maison.

Telle fut l’entrée de Heathcliff dans la famille. Quand je revins quelques jours après (car je ne considérais pas que mon bannissement dût être éternel), j’appris qu’on l’avait baptisé « Heathcliff » : c’était le nom d’un fils mort en bas âge, nom qui, dès lors, lui servit ensemble de nom de baptême et de nom de famille. Miss Cathy et lui faisaient maintenant fort bon ménage ; mais Hindley le détestait et, pour dire la vérité, j’éprouvais pour lui le même sentiment. Nous le tourmentions et nous le traitions d’une manière indigne ; car je n’étais pas assez raisonnable pour comprendre mon manque d’équité et la maîtresse n’intervenait jamais en sa faveur quand elle le voyait victime d’une injustice.

Il avait l’air d’un enfant morose et résigné ; endurci, peut-être, contre les mauvais traitements, il recevait les coups de Hindley sans sourciller, sans verser une larme, et mes pinçons n’avaient d’autre effet que de lui faire pousser un soupir et ouvrir de grands yeux, comme s’il se fût fait mal par hasard et que personne ne fût à blâmer. Ce stoïcisme mettait le vieil Earnshaw en fureur, quand il surprenait son fils à persécuter le pauvre orphelin, comme il l’appelait. Il se prit d’une affection singulière pour Heathcliff, croyant tout ce qu’il disait (il disait d’ailleurs fort peu de choses, et généralement la vérité), et le gâtant bien plus que Cathy, qui était trop indisciplinée et trop entêtée pour être sa favorite.

Ainsi, dès le début, Heathcliff fut la cause de dissentiments dans la maison. À la mort de Mrs. Earnshaw, qui survint moins de deux ans après, le jeune maître regardait son père comme un tyran plus que comme un ami, et Heathcliff comme l’usurpateur de l’affection de son père et de ses privilèges ; il s’aigrit peu à peu à force de songer à ces dénis de justice. Je sympathisai quelque temps avec lui. Mais quand les enfants eurent la rougeole, que je dus les soigner et assumer tout d’un coup les devoirs d’une femme, mes idées changèrent. Heathcliff fut dangereusement atteint ; dans la période où il fut le plus mal, il voulait que je fusse constamment à son chevet : je suppose qu’il sentait que je faisais beaucoup pour lui, et il n’était pas capable de deviner que j’y étais obligée. Quoi qu’il en soit, je dois dire que c’était l’enfant le plus tranquille qu’une garde ait jamais eu à veiller. La différence que je constatais entre lui et les deux autres me força d’être moins partiale. Cathy et son frère me fatiguaient terriblement, lui ne se plaignait pas plus qu’un agneau, bien que le peu de souci qu’il me donnait tînt à sa dureté au mal et non à sa douceur de caractère.

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