Jane Austen - Emma (Édition intégrale)

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Emma (Édition intégrale): краткое содержание, описание и аннотация

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Emma Woodhouse a vingt-et-un ans. Elle habite la belle demeure de Hartfield, près du gros bourg de Highbury, avec son père âgé, hypocondriaque et veuf, entourée d'amis fidèles, tel Mr Knightley, son beau-frère, propriétaire du riche domaine voisin de Donwell Abbey. Son ancienne gouvernante, Miss Taylor, vient d'épouser un veuf fortuné, Mr Weston, dont le fils a été adopté tout jeune par son oncle et sa tante, les Churchill, avec qui il vit à Enscombe, dans le Yorkshire. Emma, persuadée d'être à l'origine du mariage de Miss Taylor, et d'avoir des talents d'entremetteuse, décide alors, pour occuper sa solitude, de faire épouser la jeune et jolie Harriet Smith, dont elle s'est entichée, par Mr Elton, le vicaire de Highbury.

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— Connaissez-vous la nièce de Mlle Bates ou pour mieux dire êtes-vous en relation avec elle ?

— Oh ! oui, nous sommes obligés de la voir toutes les fois qu’elle vient à Hartfield. Je veux croire que l’exemple de Mlle Bates me préservera d’une admiration exagérée pour mes nièces. Puisse le ciel m’éviter au moins d’ennuyer les gens au sujet de tous les Knightley réunis seulement la moitié autant que le fait Mlle Bates, à propos de Jeanne Fairfax ; le son seul de ce nom est devenu pour moi une fatigue. Chacune de ses lettres est lue et relue au moins quarante fois, les compliments destinés à ses amis sont transmis indéfiniment ; si elle envoie à sa tante le modèle d’un ceinture ou qu’elle tricote une paire de jarretières pour sa grand-mère on n’entend plus parler d’autre chose pendant un mois. Je souhaite tout le bonheur possible à Jane Fairfax, mais elle m’ennuie à mourir.

Elles approchaient maintenant du but de leur promenade et leur entretien prit une autre tournure. Emma était très charitable ; les pauvres trouvaient toujours auprès d’elle non seulement l’assistance pécuniaire mais encore le réconfort de son attention, de ses conseils et de sa patience. Elle comprenait leur manière d’être, excusait leur ignorance, compatissait à leurs tentations et ne s’attendait pas à trouver chez eux des vertus extraordinaires. Elle prenait part à leur chagrin et leur venait toujours en aide avec intelligence et bonne volonté. Dans ce cas particulier, sa visite avait pour but non seulement de distribuer des secours à des indigents, mais encore de porter remède aux souffrances d’un malade. Elle quitta la maison, impressionnée à la vue de tant de misère. Une fois dehors, elle dit :

— Voilà des spectacles, Harriet, qui vous font du bien. Comme tout paraît insignifiant à côté ! Il me semble que je ne pourrai plus détacher mon esprit de ces pauvres créatures tout le reste de la journée.

— Vous dites vrai, répondit Harriet, pauvres créatures !

Emma referma la barrière placée à l’extrémité du sentier qui traversait le petit jardin.

Emma jeta un dernier coup d’œil sur l’aspect minable du lieu et évoqua la misère qu’il recelait. Elles se retrouvèrent sur la route qui, à cet endroit tournait brusquement et une fois la courbe franchie les deux jeunes filles aperçurent soudain M. Elton qui venait vers elles : il était si près qu’Emma eut à peine le temps de dire :

— Ah ! Harriet, voici qui va mettre à l’épreuve notre fidélité aux bonnes pensées. Quoi qu’il en soit, l’essentiel c’est que notre compassion ait procuré un peu de soulagement à ceux qui souffrent. Si nous avons pour les malheureux assez de pitié pour les aider selon nos moyens, nous faisons notre devoir ; au-delà ce n’est qu’une vaine sympathie, inutile aux autres et nuisible à soi-même.

Elles furent alors rejointes par le promeneur.

M. Elton se disposait précisément à aller voir la malheureuse famille à laquelle Emma s’intéressait. Ils cherchèrent ensemble quels remèdes on pouvait apporter à une aussi triste situation et décidèrent les mesures à prendre. Puis remettant sa visite au lendemain, M. Elton demanda l’autorisation de les accompagner.

Cette rencontre, pensa Emma, à laquelle la charité préside est particulièrement heureuse. Rien ne pourrait être plus favorable au développement de l’amour ; je ne serais pas étonnée que la déclaration s’ensuive ; ma présence est le seul obstacle. Que ne suis-je ailleurs !

Désireuse de se tenir à l’écart le plus possible, Emma prit un étroit sentier qui dominait la route principale où les deux autres marchaient ensemble. Mais elle n’était pas là depuis deux minutes quand elle s’aperçut qu’Harriet, habituée à la suivre et à l’imiter, s’empressait de l’y joindre ; cela ne faisait pas son affaire : elle s’arrêta immédiatement sous le prétexte de rattacher les lacets de ses souliers et se courbant de façon à obstruer complètement le passage, elle les pria de bien vouloir continuer d’avancer en attendant qu’elle les rejoignît ; ils firent ce qu’elle demandait. Au moment où elle jugeait raisonnable d’avoir terminé son occupation, elle eut la chance de trouver une nouvelle raison pour s’attarder : elle fut, en effet, saluée par un des enfants de la famille qu’elle venait de visiter et qui conformément aux instructions reçues, se dirigeait vers Hartfield en emportant un récipient pour rapporter du bouillon. Rien de plus naturel que de marcher à côté de la petite fille et de la questionner ; pourtant Emma gagnait involontairement du terrain sur ses deux compagnons qui ne se pressaient pas ; elle le regretta d’autant plus qu’ils paraissaient absorbés dans une conversation intéressante.

M. Elton parlait avec animation, Harriet écoutait avec une attention enjouée. Emma, ayant expédié l’enfant en avant, se demandait comment elle pourrait faire pour se changer en statue de sel quand, au même instant, ils se retournèrent tous deux et elle fut obligée de se rapprocher. M. Elton continua sa phrase et Emma fut désappointée d’entendre qu’il faisait à sa blonde compagne un récit de la fête chez M. Cole ; elle arrivait elle-même pour le fromage de stilton, le beurre, la betterave et le dessert !

« Ce début aurait évidemment pu amener à une conclusion satisfaisante, se dit-elle en guise de consolation ; tous les sujets sont bons pour les amoureux et toute espèce de conversation peut servir de prétexte aux confidences sentimentales. Si seulement j’avais pu rester un peu plus longtemps absente. »

Ils marchèrent ensemble jusqu’à ce qu’ils fussent en vue de l’enceinte du presbytère : à ce moment Emma eut une inspiration subite et elle découvrit le moyen de faire pénétrer Harriet dans la maison : elle s’aperçut d’un nouveau défaut dans l’arrangement de sa chaussure et s’arrêta une fois encore ; elle arracha alors le lacet et le jeta à la dérobée dans le fossé. Ceci fait, elle pria ses compagnons de s’arrêter et leur avoua son embarras :

— La plus grande partie de mon lacet n’existe plus, dit-elle, et je ne sais pas trop comment je vais faire. En vérité, je suis pour vous deux une compagnie bien encombrante, mais j’espère que vous voudrez bien admettre que je suis rarement si mal équipée. Monsieur Elton, il faut que je vous demande de m’autoriser à m’arrêter chez vous et à avoir recours à votre femme de charge qui me trouvera un bout de ruban ou de ficelle pour maintenir mon soulier.

Cette proposition parut causer à M. Elton un véritable ravissement ; il fit de la meilleure grâce du monde les honneurs de sa maison. La pièce où il les conduisit était celle qu’il occupait habituellement ; ils causèrent quelques instants, puis Emma suivie de la femme de charge, qui s’était mise entièrement à sa disposition, pénétra dans une chambre attenante ; la porte de communication se trouvait ouverte et elle fut forcée de la laisser entrebâillée : elle s’attendait à ce que M. Elton la fermât ; s’apercevant qu’il n’intervenait pas, Emma engagea aussitôt avec la femme de charge une conversation animée, afin de donner à M. Elton la possibilité d’aborder avec Harriet le sujet qu’il lui plairait. Au bout de dix minutes elle dut mettre un terme à l’entretien et à ses arrangements. Elle trouva les amoureux debout devant une des fenêtres ; les apparences étaient favorables et pendant une demi-minute elle goûta la gloire du triomphe. Elle apprit bientôt pourtant qu’aucun pas décisif n’avait été fait. M. Elton s’était montré particulièrement aimable et charmant ; il avait confié à Harriet qu’il les avait vues passer et que ce n’était pas sans intention qu’il avait pris le même chemin ; il avait fait quelques allusions galantes, mais rien de sérieux. « Il est d’une extrême prudence, pensa Emma, il avance pas à pas et ne veut rien risquer jusqu’à ce qu’il sente sûr d’être agréé. »

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