Robert Wilson - Blind Lake

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Blind Lake: краткое содержание, описание и аннотация

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Utilisant une technologie quantique qu’ils ne comprennent pas totalement, les scientifiques des complexes de Crossbank et Blind Lake observent des planètes extraterrestres distantes de la Terre de plusieurs dizaines d’années-lumière. À Blind Lake, Minnesota, Marguerite Hauser s’intéresse tout particulièrement à un extraterrestre qu’elle appelle « le Sujet », mais que tout le monde surnomme « le homard », à cause de sa morphologie. Et voilà qu’un jour, personne ne sait pourquoi, le Sujet entreprend un pèlerinage qui pourrait bien lui être fatal. Au même moment, l’armée américaine boucle Blind Lake et instaure une quarantaine qui tourne à la tragédie quand un couple qui tentait de s’échapper en voiture est massacré par des drones de combat. Que se passe-t-il à Blind Lake ?

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— L’autre chose ?

— Il faut que je te fasse un dessin ? La pâtisserie ! »

Le DingDong.

Ce fut la goutte d’eau. Elle rit malgré elle – un gloussement étranglé qui se transforma en un fou rire à gorge déployée. Nom de Dieu, le DingDong – le pseudo-gâteau d’anniversaire de Sébastian – ce foutu DingDong !

Elle riait encore lorsque Ray lui sauta à la gorge.

Sébastian avait toujours eu le sommeil lourd.

Il s’endormait vite et se réveillait lentement. Les cours du matin avaient été le fléau de sa carrière universitaire. Il se disait souvent qu’il aurait fait un très mauvais moine, incapable de supporter le célibat et toujours en retard aux matines.

La lointaine sonnette de la porte d’entrée et le bruit considérable qui suivit ne dérangèrent pas son sommeil. Il s’éveilla quand quelqu’un chuchota son nom.

À moins que ce ne soit le vent. Dans le cocon des couvertures, il ouvrit les yeux sur l’obscurité de la pièce, tendit un moment l’oreille sans rien entendre sinon le gémissement de la tempête sur l’avant-toit. Il posa la main du côté où dormait Sue, où il ne trouva que froid et vide. Rien d’inhabituel. Sue était plus ou moins insomniaque. Il referma les yeux et soupira.

« Sébastian ! »

La voix de Sue. Elle n’était pas dans le lit mais dans la chambre, et elle semblait terrifiée. Il se dépouilla des couches de sommeil comme un chien mouillé se secoue pour se sécher. Il tendit la main vers la lampe de chevet qu’il faillit renverser. Lorsque la lumière jaillit, il vit Sue près de la porte, une main crispée sur le bas-ventre, pâle et en nage.

« Sue ? Qu’est-ce qui ne va pas ?

— Il m’a fait mal », dit-elle, et elle écarta la main pour lui montrer le sang sur sa chemise de nuit, le sang qui se répandait autour de ses pieds.

Vingt-six

Quand il ne réglait pas les problèmes de l’Œil, Charlie Grogan habitait un deux-pièces à deux pâtés de maisons au nord de Hubble Plaza.

Charlie dormait dans la chambre, son vieux chien Boomer dans un nid de couvertures en coton dans un coin de la cuisine. Le carillon les réveilla en même temps, mais Boomer fut le premier debout.

Arraché à un rêve confus sur le Sujet, Charlie attrapa son serveur de poche et pressa la touche de connexion avec l’entrée de l’immeuble.

« Qui est là ?

— Ray Scutter. Mes excuses, je sais qu’il est tard. Désolé de vous déranger, mais il s’agit en quelque sorte d’une urgence. »

Ray Scutter, en bas de chez lui dans la plus vilaine tempête de l’hiver. Au beau milieu de la nuit. Charlie secoua la tête. Il n’était pas prêt à réfléchir sérieusement. « Ouais, d’accord, montez », dit-il en déverrouillant la porte de la copropriété.

Il avait enfilé à la hâte chemise, pantalon et chaussettes lorsque Ray atteignit sa porte. Toute cette activité nocturne déboussolait Boomer, et Charlie dut lui ordonner de se tenir tranquille quand Ray entra dans l’appartement. Le chien renifla les genoux du visiteur avant de s’éloigner d’une démarche traînante et empruntée.

Ray Scutter. Si Charlie connaissait l’administrateur exécutif de vue, il ne lui avait jamais parlé en tête à tête. Il n’était pas allé non plus assister au discours de Ray à la mairie, plus tôt dans la journée, mais le bruit courait que cela avait été un désastre. Charlie se montrait tolérant avec ce genre de choses : il détestait prendre la parole en public et savait avec quelle facilité les mots vous manquaient dans cette situation.

« Vous pouvez accrocher votre pardessus dans la penderie, dit Charlie. Asseyez-vous. »

Ray ne fit ni l’un ni l’autre. « Je ne vais pas rester, dit-il. Et j’espère que vous allez m’accompagner.

— Pardon ?

— Je sais que cela paraît bizarre. Monsieur Grogan… Charlie, je crois ?

— Charlie ira très bien.

— Charlie, je suis ici pour vous demander de l’aide. »

Quelque chose dans la voix de Ray dérangea Boomer, qu’on entendit gémir dans la cuisine. Charlie fut plus troublé par son aspect : le costume fripé, les cheveux ébouriffés, et le visage marqué par ce qui ressemblait à des égratignures toutes récentes.

Beaucoup de rumeurs couraient sur Ray Scutter, qu’on disait nul comme directeur, et un vrai connard. Mais Charlie ne tenait aucun compte de ce genre de racontars. De toute manière, le patron était le patron. « Dites-moi en quoi je peux vous être utile, monsieur Scutter.

— Vous disposez d’un transpondeur passe-partout pour l’Œil, je crois ?

— En effet, mais…

— Je veux juste visiter les lieux.

— Pardon ?

— Je sais que cela sort de l’ordinaire. Je sais aussi qu’il est 4 heures du matin. Mais j’ai des décisions à prendre, Charlie, et je ne veux pas les prendre avant d’avoir inspecté moi-même les installations. Je ne peux pas vous en dire davantage.

— Monsieur Scutter, dit Charlie, il y a l’équipe de nuit. Je ne suis pas sûr que vous ayez besoin de moi. Je vais juste appeler Anne Costigan qui…

— N’appelez personne. Je ne veux pas que les gens sachent que j’arrive. Ce que je veux, c’est aller là-bas, juste vous et moi, pour faire un petit tour discret et voir ce qu’il est possible de voir. Si quelqu’un se plaint, si Anne Costigan se plaint, j’en prendrai la responsabilité. »

Tant mieux, se dit Charlie, puisque c’est de ta responsabilité. Il se rendit à contrecœur dans le couloir décrocher sa parka de la patère.

La tournure prise par les événements déplaisait à Boomer, qui gémit derechef et partit en direction de la chambre, sans doute pour trouver un coin chaud dans le lit de Charlie. Boomer était un chien opportuniste.

Ils prirent la voiture de Ray, un petit véhicule courtaud pourvu de nombreuses options pour la conduite par mauvais temps. L’automobile s’en sortait plutôt bien, dans la neige, avec ses microprocesseurs qui contrôlaient chaque roue et trouvaient de l’adhérence là où il n’y aurait pas dû en avoir. La vitesse restait néanmoins modérée. La neige tombait comme des sacs de confettis mouillés, presque trop drue pour que les essuie-glaces arrivent à dégager le pare-brise. Il ne restait dans cette opacité d’espace et de temps d’autres points de repère que les lampadaires, bougies passant dans l’obscurité avec une régularité de métronome.

Dans l’espace restreint de l’habitacle, Ray dégageait une odeur plutôt acre. Sa sueur possédait une étrange nuance acétique, déplaisante, avec tout en dessous quelque chose de cuivré, le genre d’odeur qu’on remarque avec les dents du fond. Charlie essaya d’imaginer une manière d’entrouvrir une fenêtre au milieu de la tempête de neige sans insulter Ray.

Ray parla un peu en conduisant. On ne pouvait vraiment qualifier leur échange de conversation, Charlie ne disposant que de maigres munitions pour l’alimenter. « Si vous me disiez ce que vous cherchez à l’Œil, monsieur Scutter, dit-il à un moment, je pourrais peut-être vous aider à le trouver. »

Mais Ray secoua la tête. « Je vous fais confiance et je comprends votre curiosité, mais il ne m’est pas permis d’en discuter. »

Ray étant plus ou moins le patron de Blind Lake depuis le blocus, Charlie l’aurait cru libre de discuter de tout ce qu’il voulait. Mais il n’insista pas. Il s’aperçut qu’il avait peur de Ray Scutter, et pas seulement à cause de sa supériorité hiérarchique. Ray dégageait des vibrations très bizarres.

Charlie trouva que les petites taches sur son pardessus et son pantalon ressemblaient à du sang séché.

« Vous travaillez depuis longtemps avec les processeurs O/BEC, affirma Ray.

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