Robert Heinlein - Vendredi

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Vendredi: краткое содержание, описание и аннотация

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Un cerveau d'ordinateur, un corps surentraîné à tous les risques, et la beauté en plus : telle est Vendredi. L'agent idéal en ce monde futur, en ce monde de demain.
Et, en effet la voici qui rentre de la planète Ell-Cinq, mission accomplie une fois de plus, et quelle mission ! Félicitations du Grand Patron et droit aux vacances.
Heureuse, Vendredi ? Non, tourmentée comme jamais encore, hantée d'images : le viol atroce qu'elle a subi, les meurtres qu'elle a commis. Vendredi la non-humaine aurait-elle une conscience ?

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— Oui. Sinon, Mrs Tormey ne l’aurait jamais laissé entrer. Et sans l’aide des Tormey, je crois que je n’aurais pas pu retrouver votre trace. Nous nous sommes donc mutuellement rendu service. Ils vous ont aidée à vous enfuir, et nous les avons aidés à notre tour. Tout est bien qui finit bien.

— Mais comment vous y êtes-vous pris ?

— Vendredi, vous tenez vraiment à le savoir ?

— Ma foi… non.

(Quand est-ce que je saurai me tenir ? Si le Patron avait souhaité réellement me révéler sa méthode, il l’aurait fait.)

Il a contourné son bureau. Ça m’a fait un choc. D’ordinaire, il ne se déplace guère et, dans son ex-bureau, le plateau à thé était toujours à portée de sa main. Mais cette fois, il n’avait plus de cannes. Il était dans une chaise roulante. Il est allé jusqu’à une petite table et a commencé à manipuler une théière et des tasses.

Je me suis levée.

— Puis-je vous servir ?

— Merci, Vendredi. Oui, volontiers.

Il est retourné derrière son bureau et je me suis occupée du thé. Ce qui m’a permis de lui tourner le dos. Et c’était bien ce que je voulais.

Il n’y a aucune raison d’être choqué par le fait qu’un infirme décide d’abandonner ses cannes pour un fauteuil roulant, aucune. C’est une simple question d’efficacité. Mais, dans ce cas précis, il s’agissait du Patron. Si les Égyptiens se réveillaient un matin pour découvrir que les pyramides ont disparu et que le sphinx a un nouveau nez, ils ne seraient pas plus bouleversés que je ne l’avais été en découvrant le Patron dans un fauteuil roulant. Il y a certaines choses – et certaines gens – qui ne changent jamais.

Je lui ai donc servi son thé – deux sucres, un rien de lait chaud –, avant de me servir à mon tour, puis je suis revenue m’asseoir en gardant une expression calme. Le Patron se sert des instruments les plus avancés de la technologie moderne et ses façons demeurent celles d’un autre âge. Si une femme s’offre pour lui servir le thé, je sais qu’il accepte de bonne grâce mais que la chose prend l’aspect d’une sorte de petite cérémonie.

Il se mit à bavarder à propos de sujets variés tandis que nous dégustions notre thé. Je lui ai rempli de nouveau sa tasse, mais pas la mienne.

— Vendredi, vous avez si souvent changé de nom et de carte de crédit que nous étions constamment à la traîne. Jamais nous n’aurions pu vous suivre jusqu’à Vicksburg si nous n’avions deviné votre plan par rapport à votre parcours. Je n’ai pas pour principe de me mêler des agissements de mes agents, même lorsqu’ils sont couverts de près, mais je dois dire que j’étais sur le point de vous écarter de cette expédition sur le Mississippi qui était vouée à la destruction…

— Patron, à quoi rimait cette expédition ? Je n’ai pas cru un seul mot de ce qu’on m’a raconté.

— Un coup d’État [15] En français dans le texte. (N.d.T.) . Plutôt maladroit. L’Imperium avait eu trois directeurs successifs en trois semaines… et celui qui est au pouvoir actuellement n’est pas mieux que les autres et n’a pas plus de chances de durer… Vendredi, pour le genre de travail qui est le mien, une tyrannie bien menée est préférable à un gouvernement libéral. Mais une tyrannie bien conduite est aussi rare qu’une démocratie efficace. Pour me résumer, je dirai que nous vous avons perdue à Vicksburg parce que vous avez agi sans la moindre hésitation. Vous vous êtes embarquée avec cette troupe de clowns avant même que notre agent de Vicksburg soit au courant de votre engagement. Cela m’a contrarié. Je dois lui passer un savon, d’ailleurs.

— C’est inutile, Patron. J’ai fait très vite. Jamais il n’aurait pu me suivre. Et s’il m’avait collé au train, j’aurais pris le large de toute façon.

— Oui, oui, je connais votre technique… Mais vous comprendrez mon irritation en apprenant que l’on ne perdait pas votre trace dans un premier temps, puis que vous étiez morte, vingt-quatre heures plus tard.

— Peut-être pas… A Nairobi, il y a eu ce type qui me suivait de trop près et il n’a eu l’occasion de le raconter à personne. Si vous me faites suivre de nouveau, Patron, prévenez quand même vos agents…

— Vendredi, je n’ai pas pour habitude de vous faire suivre. Non, avec vous, je préfère les points de contrôle. Heureusement pour nous, vous n’êtes pas restée morte longtemps. Les terminaux de mes agents de Saint Louis ont été piratés par le gouvernement, mais je peux encore les utiliser. Quand vous avez tenté de nous contacter par trois fois sans vous faire prendre, j’en ai déduit que ce ne pouvait être que vous. Et j’en ai eu la confirmation lorsque vous avez rallié Fargo.

— Qui est l’agent de Fargo ? L’artiste ?

Le Patron n’a pas paru m’entendre.

— Vendredi, il faut que je travaille à présent. Faites votre rapport. Court.

— Oui, monsieur. J’ai quitté ce bateau d’excursion en entrant dans l’Imperium et j’ai gagné Saint Louis, où j’ai découvert que tous les codes de contact étaient grillés. Je suis allée jusqu’à Fargo, puis je suis passée au Canada britannique à vingt-six kilomètres à l’est de Pembina. De là, je suis allée à Vancouver, puis à Bellingham, puis ici.

— Aucun ennui en route ?

— Aucun, monsieur.

— Pas de nouveaux développements pouvant présenter un intérêt professionnel ?

— Non, monsieur.

— Quand vous en aurez le temps, enregistrez-moi un rapport détaillé pour analyse. Ne vous gênez pas pour supprimer les détails que vous ne désireriez pas donner. J’aurai besoin de vous dans les deux ou trois semaines qui viennent. Demain matin, l’école reprend pour vous. A 0900.

— Comment ?

— Ne vous rebiffez pas. Ça n’ajoute rien à votre beauté. Vendredi, ce que vous avez fait est très bien mais il est grand temps que vous exerciez votre véritable profession. A ce stade, devrais-je ajouter. Vous êtes terriblement ignorante et il faut que nous changions cela. Donc, demain matin.

— Oui, monsieur.

(Ignorante ? Vieux salopard. Bien sûr, j’avais été heureuse de le retrouver. Mais ce fauteuil roulant continuait de me troubler.)

22

Le Pajaro Sands est d’ordinaire une pension balnéaire. Il est perdu au fond de la baie de Monterey, pas très loin d’un coin tout aussi perdu : Watsonville. Watsonville est un port pétrolier d’importance mondiale, pourtant, et il a tout le charme d’une vieille crêpe sans confiture. La seule distraction, ce sont les casinos et les bordels de Carmel, à plus de cinquante kilomètres de là. Mais je ne joue pas et je ne tiens pas à payer pour mon plaisir sexuel, même pour les divertissements exotiques que l’on trouve en Californie. Carmel échappait au Patron sans doute parce que c’était trop loin pour un trajet à cheval, sauf durant le week-end, qu’il n’y existait aucune liaison directe par capsule et que le Patron n’utilisait les VEA que pour le travail, même si la Californie était très libérale en ce qui concernait les licences des véhicules à énergie.

Les vraies distractions, au Pajaro Sands, étaient dans la nature : le soleil, le sable et les vagues.

J’avais aimé le surf jusqu’à ce que je le maîtrise parfaitement. Ensuite, cela m’avait ennuyée. Je passais mes journées à bronzer un peu, à nager un peu et à regarder les grands pétroliers. Généralement, il y avait toujours à bord un homme de quart pour nous observer à la jumelle.

Personne ne s’ennuyait parce que nous avions tous accès aux terminaux. De nos jours, les gens se sont tellement habitués aux ordinateurs qu’ils oublient facilement que ce sont de merveilleuses fenêtres sur le monde extérieur. C’est parfois mon cas. On finit par n’utiliser l’ordinateur que pour certains services. Pour payer les factures, téléphoner, suivre les informations, et on néglige ses fonctions les plus enrichissantes. Si l’on paie, on peut tout obtenir d’un terminal, sauf de se glisser dans votre lit.

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