Robert Heinlein - Vendredi

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Vendredi: краткое содержание, описание и аннотация

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Un cerveau d'ordinateur, un corps surentraîné à tous les risques, et la beauté en plus : telle est Vendredi. L'agent idéal en ce monde futur, en ce monde de demain.
Et, en effet la voici qui rentre de la planète Ell-Cinq, mission accomplie une fois de plus, et quelle mission ! Félicitations du Grand Patron et droit aux vacances.
Heureuse, Vendredi ? Non, tourmentée comme jamais encore, hantée d'images : le viol atroce qu'elle a subi, les meurtres qu'elle a commis. Vendredi la non-humaine aurait-elle une conscience ?

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Le décalage supraluminique rend sans doute les conversations avec les voix synthétiques encore plus pénibles. C’est avec un soulagement d’autant plus immense que j’ai enfin entendu un être humain. Quand l’image est apparue, j’ai découvert une femelle absolument somptueuse qui semblait avoir été louée pour être la réceptionniste la plus décorative de l’univers. Il faut dire qu’un sixième de pesanteur est beaucoup plus efficace qu’un soutien-gorge. Je lui ai demandé si je pouvais converser avec l’un des responsables de la banque.

— Je suis l’une des vice-présidentes, me dit-elle. Vous avez réussi à persuader notre ordinateur que vous aviez besoin des conseils d’un de nos responsables. C’est très habile car notre ordinateur est généralement plutôt borné. Que puis-je pour vous ?

Je lui ai fait un résumé de ma très improbable histoire.

— Il m’a donc fallu deux semaines pour regagner l’Imperium et, en arrivant, je me suis aperçue que tous mes contacts étaient annulés. Est-ce que votre banque dispose d’un nouveau code ou d’une nouvelle adresse pour moi ?

— Nous allons voir. Quel est donc le nom de votre société ?

— Eh bien, elle en a plusieurs. Par exemple, System Enterprises.

— Le nom de votre employeur ?

— Il n’en a pas. Pas vraiment. Il est assez âgé, costaud, borgne, ridé. Et il ne se déplace que très lentement, avec deux cannes… Ça vous va ?

— C’est à voir… Vous m’avez dit que votre MasterCard avait été émise par l’Impérial Bank de Saint Louis… Est-ce que vous pouvez m’en donner le numéro ? Très lentement.

Je me suis exécutée.

— Vous voulez la photographier ?

— Non, non… Maintenant, donnez-moi une date.

— 1066.

— 1492, a-t-elle lancé.

— 4004 avant Jésus-Christ.

— 1776 !

— 2012 !

— Vous avez un sens de l’humour plutôt sinistre, miss Baldwin. D’accord, j’admets que vous êtes sans doute miss Baldwin. Et si vous ne l’êtes pas, je ne jouerais pas beaucoup sur votre peau après le prochain contrôle. Les petites malignes ne font vraiment pas rire Deux-Cannes. Reprenons ce code d’appel, voulez-vous ?

Je l’ai répété.

Une heure plus tard, je passais de nouveau devant le palais de la Confédération de San José. Je me dirigeais une fois encore vers la California Commercial Crédit Bank, fermement résolue à ne plus me mêler de quoi que ce fut, tentative d’assassinat ou pas. Je me retrouvais exactement au même point que… deux semaines auparavant, non ? Si je devais ensuite aller jusqu’à Vicksburg, j’en deviendrais folle.

Mais je n’avais pas rendez-vous avec les gens de la banque. Je devais rencontrer des avocats dont le cabinet était situé dans le même building, à un autre étage. Je les avais appelés depuis Bellingham après avoir obtenu le code de leur terminal par la Lune.

A l’instant précis où je tournais à l’angle du building, une voix me susurra à l’oreille :

— Miss Vendredi.

Je me retournai. La femme portait la tenue des Yellow Cabs [14] La plus célèbre et la plus importante des compagnies de taxis U.S. (N.d.T.) .

— Goldie !

Il m’avait fallu une seconde pour la reconnaître.

— Vous avez appelé un taxi ! Il faut traverser la Plaza et prendre la rue. Impossible de stationner ici.

Emportée par une douce vague d’euphorie, je me suis mise à raconter n’importe quoi en traversant la Plaza. Mais Goldie m’a fait signe de me taire.

— Vous avez appelé un taxi, miss Vendredi. Le Maître ne veut pas que nous nous fassions remarquer en quoi que ce soit.

— Mais depuis quand m’appelle-t-on « miss » ?

— C’est comme ça. La discipline s’est durcie. Si l’on m’a envoyée, c’est par une faveur toute spéciale, et aussi parce que je leur ai expliqué que je pouvais t’identifier sans mot de passe.

— D’accord. Parfait. Maintenant, tu ne m’appelles plus « miss » sauf en cas de nécessité absolue. Bon Dieu, Goldie ! je suis tellement heureuse de te voir que je crois que je vais pleurer…

— Moi aussi. Surtout que tout le monde te considère comme morte depuis lundi. J’ai beaucoup pleuré. Et je n’ai pas été la seule.

— Comment ? Moi, morte ? Mais jamais je n’ai été vraiment en danger. C’est la vérité. J’étais seulement perdue. Mais maintenant, vous m’avez retrouvée.

— Je suis tellement heureuse !

Dix minutes plus tard, j’entrais dans le bureau du Patron.

— Vendredi au rapport, monsieur.

— Vous êtes en retard.

— J’ai suivi l’itinéraire touristique, monsieur. Le Mississippi en bateau à aubes.

— Oui, j’ai entendu parler de ça. Il semble que vous soyez l’unique survivante. Je voulais seulement vous faire remarquer que vous étiez en retard aujourd’hui. Vous avez passé la frontière à douze heures cinq… et il est maintenant dix-sept heures vingt-deux…

— Mais bon sang, Patron ! J’ai eu des problèmes !

— Les courriers sont censés résoudre tous les problèmes sans être retardés le moins du monde, Vendredi.

— Mais je n’étais pas en mission ! Je ne portais aucun message. J’étais en congé et vous n’avez pas le droit de m’engueuler comme ça. Et si vous n’aviez pas déménagé sans me prévenir, je n’aurais pas eu le plus petit ennui. Il y a seulement deux semaines, je me trouvais à San José, ici même, et vous m’aviez sous la main !

— Il y a treize jours exactement.

— Patron, je crois que vous tergiversez et que vous refusez de reconnaître que tout cela est votre faute.

— Bien, j’admets cela, ne serait-ce que pour que nous cessions de nous quereller et de perdre du temps. J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour vous prévenir, et sans utiliser les moyens de routine, Vendredi. Je suis désolé d’avoir échoué. Vendredi, que puis-je bien faire pour vous persuader que vous êtes pour notre organisation un agent d’une valeur extrême, unique ? Pour ce qui concerne les événements appelés jeudi Rouge…

— Patron ! Est-ce que nous avons participé à ça ?

— Qu’est-ce qui vous permet d’entretenir des soupçons aussi ignobles ? Mais non. Notre service de renseignements avait prévu ça. En partie grâce aux informations que vous avez rapportées de Ell-Cinq. Nous avions commencé à prendre les mesures nécessaires. A temps, du moins à ce que nous croyions. Mais les premières attaques ont eu lieu bien avant nos pronostics les plus pessimistes. Nous étions encore en plein transfert pour le jeudi Rouge et il a fallu franchir la frontière en force. Je veux dire à coups de pots-de-vin, mais sans violence. Nous avions lancé la notification de changement d’adresse et de code, mais ce n’est que lorsque nous avons pu rétablir les communications à partir d’ici que nous nous sommes aperçus que vous n’aviez pas accusé réception.

— Pour la simple raison que je n’ai absolument rien reçu !

— Je vous en prie, Vendredi. Lorsque je me suis aperçu que vous n’aviez pas accusé réception, j’ai essayé de vous appeler en Nouvelle-Zélande. Vous savez sans doute que les liaisons par satellite ont été interrompues…

— Je l’ai entendu dire.

— L’appel est passé trente-deux heures après. J’ai parlé à une certaine Mrs Davidson. La quarantaine, les traits marqués. C’était le leader de votre groupe-S ?

— Oui, c’est bien Anita. La maîtresse à bord. La reine, quoi…

— C’est l’impression que j’ai eue. Et aussi que vous étiez maintenant persona non grata.

— Je suis certaine que c’était plus qu’une impression. Allez, Patron, qu’est-ce qu’elle vous a raconté, cette vieille garce ?

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