Arkadi Strougatski - Stalker

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Stalker: краткое содержание, описание и аннотация

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Des Visiteurs sont venus sur Terre. Sortis d’on ne sait où,ils sont repartis sans crier gare. Dans la Zone qu’ils ont occupéependant des années sans jamais correspondreavec les hommes, ils ont laissé traînerdes objets de toutes sortes. Objets-pièges. Objets-bombes. Objets-miracles. Objets que les stalkers viennent pillerau risque de leur vie,comme une bande de fourmis coloniseraitsans rien y comprendre les détritus abandonnéspar des pique-niqueurs au bord d’un chemin. Les hommes ne sont-ils doncque des fourmis pour les Visiteurs ? De ce roman étonnant, le cinéaste soviétique Tarkovskya tiré un film admirable.

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— Personne n’apporte plus rien, dit Gros Os, d’un air coupable.

— Personne n’apporte plus rien… », répéta Nounane.

Il visa soigneusement et lança de toutes ses forces le bout de sa chaussure dans le mollet de Gros Os. Gros Os poussa un cri, faillit se pencher pour tâter l’endroit endolori, mais se redressa aussitôt, les bras serrés le long du corps. Alors, Nounane bondit, en rejetant le fauteuil, saisit Gros Os par le col de la chemise et le fit reculer, en lui assenant des coups de pied, en roulant les yeux et chuchotant des jurons. Gémissant, rejetant la tête en arrière comme un cheval qui a peur, Gros Os recula jusqu’à ce qu’il tombât sur le divan.

« Alors, tu travailles pour deux patrons, ordure ? » siffla Nounane, droit dans ses yeux blancs d’épouvante. « Charognard se vautre dans la gratte, et à moi, tu offres des boules dans un bout de papier ? » Il prit son élan et frappa Gros Os au visage, en visant le nez avec son abcès. « Je te ferai pourrir en prison ! Je te ferai vivre dans le fumier… Tu boufferas du pain rassis… Tu regretteras d’être né ! » De nouveau, il frappa à toute volée dans l’abcès. « D’où vient la gratte de Barbridge ? Pourquoi on la lui apporte à lui et pas à toi ? Qui la lui apporte ? Pourquoi je n’en sais rien ? Pour qui travailles-tu, sale porc velu ? Réponds ! »

Gros Os ouvrait et fermait la bouche sans proférer un son. Nounane le relâcha, retourna vers son fauteuil, s’assit et posa les jambes sur la table.

« Alors ? » dit-il.

Gros Os aspira bruyamment le sang qui lui coulait du nez et dit :

« Dieu m’est témoin, boss… Qu’est-ce qui vous prend ? D’où Charognard pourrait-il avoir de la gratte ? Il n’a pas de gratte. De nos jours personne n’a de gratte…

— Tu vas peut-être me contredire ? » demanda tendrement Nounane, remettant les pieds par terre.

« Mais non, boss… Dieu m’est témoin…, se hâta de dire Gros Os. Que je crève sur place ! Qui parle de contredire ! Je n’y pense même pas…

— Je vais te foutre à la porte », prononça Nounane, lugubre. « Tu ne sais pas travailler. Que veux-tu que je fiche de toi comme tu es ? J’en aurai dix comme toi pour vingt-cinq billets. Dans cette affaire, j’ai besoin d’un vrai homme.

— Attendez, boss », dit Gros Os, plein de bon sens, en s’essuyant le nez et en se tachant de sang tout le visage. « Pourquoi vous jeter sur moi comme ça, sans rien expliquer ?… Tâchons d’y voir clair, quand même. » Il se tâta prudemment l’abcès sur le nez. « Vous dites que Barbridge a beaucoup de gratte ? Je ne suis pas au courant. Je m’excuse, naturellement, mais quelqu’un vous a menti. À présent personne n’en a. Il n’y a plus que des morveux qui vont dans la Zone, mais eux, ils n’en reviennent pas. Non, boss, quelqu’un vous a raconté des salades… »

Nounane le surveillait d’un regard en biais. Effectivement, Gros Os paraissait tout ignorer. D’ailleurs, quel intérêt aurait-il à mentir ? Avec Barbridge on ne gagne pas beaucoup.

« Ses pique-niques, ça rapporte ? demanda-t-il.

— Ses pique-niques ? Pas tellement. On ne peut pas dire qu’il y ramasse le fric à la pelle… Parce que maintenant il ne reste plus d’affaires intéressantes dans la ville…

— Où ont-ils lieu, ces pique-niques ?

— Où ? Dans des endroits différents. Au pied de la montagne Blanche, sur les sources Chaudes, près des lacs Irisés…

— Qui sont ses clients ?

— Ses clients ? » Gros Os renifla, cilla, et déclara d’un ton confidentiel : « Si vous avez envie de monter la même affaire, boss, je vous le déconseille. Vous ne pourrez rien contre Charognard.

— Pourquoi donc ?

— Les clients de Charognard sont : des casques bleus – un. » Gros Os fermait les doigts. « Des officiers de la Kommandantur – deux. Des touristes du Métropole, du Lys blanc , du Visiteur – trois. De plus, il a déjà monté sa publicité. Les gars d’ici viennent aussi chez lui… C’est vrai, boss, il ne faut pas y toucher. Il nous paye des filles régulièrement, pas beaucoup, mais…

— Ceux d’ici vont aussi chez lui ?

— Surtout les jeunes.

— Et que font-ils pendant ces pique-niques ?

— Que font-ils ? Bon. On y va en cars. Sur place, il y a déjà des tentes, un buffet, de la musique… Chacun se distrait comme il veut. Les officiers surtout avec des filles, les touristes foncent regarder la Zone, parce que si c’est sur les sources Chaudes, la Zone est à deux pas, droit par la gorge de Soufre… Charognard y avait dispersé des os de chevaux, alors ils les regardent avec des jumelles…

— Et les habitants locaux ?

— Les habitants locaux… Évidemment, ça ne les intéresse pas… Ils s’amusent comme ils peuvent…

— Et Barbridge ?

— Mais quoi, Barbridge ? Barbridge est comme tout le monde…

— Et toi ?

— Quoi, moi ? Moi, je suis comme les autres. Je veille à ce qu’on ne m’abîme pas les filles, et… c’est-à-dire… Bref, comme tout le monde.

— Et combien de temps durent-ils, ces pique-niques ?

— Ça dépend. Parfois trois jours, parfois toute une semaine.

— Et combien ça coûte, ce plaisir ? » demanda Nounane, la tête complètement ailleurs. Gros Os répondit quelque chose, mais Nounane ne l’entendit pas. La voilà, ma faille, pensait-il. Quelques jours… quelques nuits… Dans ces conditions il est simplement exclu de surveiller Barbridge, même si tu n’as que ça comme objectif. Et cependant, ça reste incompréhensible. Il est cul-de-jatte, et par là, c’est les gorges des montagnes… Non, il doit y avoir autre chose…

« Qui, des habitants locaux, y va régulièrement ?

— Qui des habitants locaux ? C’est ce que j’ai dit : surtout les jeunes. Galevi, Rajba… Zapfa le Poussin… Parfois le Maltais. Une joyeuse compagnie. Ils appellent ça l’“école du dimanche” Alors, disent-ils, on va à l’“école du dimanche” ? Ils y vont surtout pour les touristes âgées, et ils gagnent pas mal. Mettons, une vieille débarque d’Europe…

— L’“école du dimanche” », répéta Nounane.

Une idée étrange surgit soudain dans son esprit.

École. Il se leva.

« Bon, dit-il. Oublions les pique-niques. Ce n’est pas pour nous. Mais sache une chose : Charognard a de la gratte, et ça, c’est notre affaire, mon vieux. Nous ne pouvons absolument pas laisser ça comme ça. Cherche, Gros Os, cherche, sinon je te fous dehors. D’où il prend cette gratte, qui la lui livre, renseigne-toi sur tout et propose vingt pour cent de plus que lui. Compris ?

— Compris, boss. » Gros Os était déjà debout, les bras serrés le long du corps, sa gueule barbouillée exprimant le dévouement.

« Et grouille-toi ! Fais travailler ta caboche, animal ! » hurla soudain Nounane, et il sortit.

Il réintégra le hall, avala rapidement son apéritif, conversa avec Madame de la dégradation des mœurs, fit allusion à ce que dans peu de temps il se préparait à agrandir l’établissement et, en baissant la voix pour paraître plus significatif, demanda conseil à propos de Benny qui devenait vieux, qui n’entendait plus, dont les réactions n’étaient plus ce qu’elles étaient, qu’il n’arrivait plus à travailler comme autrefois… Il était déjà six heures, il avait faim, mais une petite pensée inattendue vrillait toujours son cerveau, elle y tournait toujours, cette petite pensée qui ne rimait à rien et qui, en même temps, expliquait beaucoup de choses. Au demeurant, certains points étaient déjà éclaircis ; le côté mystique de cette affaire, irritant et effrayant, avait déjà disparu, il ne restait que le mécontentement de soi-même, de n’avoir pas pensé plus tôt à cette possibilité. Pourtant, ce n’était pas ça, l’essentiel. L’essentiel résidait dans cette petite idée qui tournait, qui tournait toujours dans sa tête et ne le laissait pas en paix.

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