Jean-Paul Belmondo - Mille vies valent mieux qu'une

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Mille vies valent mieux qu'une: краткое содержание, описание и аннотация

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Jean-Paul Belmondo a aujourd’hui décidé de tout raconter. Son enfance marquée par la guerre, sa mère courage, l’atelier de son père, et ses premières amours.
Il nous entraîne dans les pas dilettantes de son service militaire en Algérie. Il nous invite aux comptoirs de la rue Saint-Benoît, pour y faire les quatre cents coups avec ses copains de toujours, Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Michel Beaune, Pierre Vernier, Charles Gérard. Jean-Paul Belmondo se raconte ici pour la première fois, nous livrant la certitude que, oui, mille vies valent mieux qu’une.

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Si je ne rencontre que très peu de pilotes vétérans, des morts, en revanche, j’en connais plein. Ma grand-mère maternelle, très croyante, a confié mon éducation au curé de Clairefontaine, et ce lien d’Église me fera croiser la mort. Régulièrement, le père me traîne avec lui pour arpenter la forêt à la recherche de ces corps de soldats abandonnés. L’abbé Grazziani prend très à cœur cette mission que son patron, là-haut, lui a probablement soufflée ; il nous enseigne ainsi le respect des morts sacrifiés sur l’autel de notre liberté. Les autres garçonnets et moi apprenons correctement, même si l’envie de rire, un peu nerveuse, nous traverse de temps à autre, de préférence dans les moments solennels qui exigent de nous le comportement le plus déférent.

Pour que ces Américains reposent en paix dans une sépulture, il faut beaucoup s’agiter et suer. Le pire étant de soulever le corps, lourd comme un tronc d’arbre, pour le mettre dans le cercueil en bois qui l’attend. Je me demande toujours comment l’abbé fait pour obtenir des boîtes à la bonne longueur. Les types sont grands, pour la plupart, et je retiens toujours mon souffle au moment de déposer le corps. Les jambes ne vont-elles pas dépasser ? Mais non. Du sur-mesure.

Ensuite, il faut creuser le trou dans le jardin derrière la petite église de Clairefontaine. Exercice qui se révèle assez pénible. Nous avons beau être quatre à pelleter, nous ne sommes que des enfants, incapables de charrier de gros volumes de terre d’un coup. Mais ce qui nous motive dans ce travail ingrat, parce que répétitif et salissant, c’est l’argent de poche gentiment donné par l’abbé Grazziani en récompense.

Et puis, évidemment, la satisfaction du travail accompli, la profondeur du trou que nous avons creusé et les lunettes d’aviateur, posées sur le cercueil, avec lesquelles nous enterrons les pilotes qui les portaient encore sur le nez lorsqu’on les trouvait. Nous sommes petits, mais ces lunettes, quand nous pensons qu’elles iront au ciel avec le pilote, ça nous émeut.

Je ne sais pas si j’ai peur de mourir. Quand on est enfant, la mort, c’est autre chose. Ce que je sais, c’est que les bombes me terrifient. Elles tombent n’importe où. Elles ne sont pas loyales, elles frappent par hasard et aveuglément. Elles tombent souvent sur ceux qui ne le méritent pas — et de ça, je suis au courant. Je sais aussi qu’elles s’attaquent aux enfants, aux vieux, et à tous ceux qui m’entourent et qui ne sont pas au front.

Et puis, il y a aussi le bruit des avions. Le son implacable de leurs mitraillettes. De ça, de tout ça, oui, j’ai peur.

Quand ces bruits se font plus proches, à Clairefontaine, Maman nous fait descendre dans la cave.

Un jour, je ne cours pas assez vite et tarde un peu trop à me diriger vers la porte de l’escalier. Je fais ce que je peux pour l’éviter, mais le coucou s’approche de moi en mitraillant. L’avion est si proche que j’aperçois même la tête du pilote. Je me mets à hurler et parviens finalement à pénétrer dans la cave. À l’abri, mon effroi sera tel que je continuerai de crier pendant quinze bonnes minutes.

Maman s’efforcera de me réconforter, mais aucune parole n’aura le pouvoir de faire taire ma peur.

Quel que soit le lieu où nous nous trouvons, il y a presque toujours une cave dans laquelle se mettre à l’abri quand les bombardements commencent. Mais il faut pouvoir y accéder à temps. Au début des hostilités, sur les conseils d’un ami imprimeur de mes parents, nous nous sommes réfugiés dans la Creuse, à Guéret. Là, nous avons habité dans un bel hôtel avec d’autres pensionnaires en fuite. Tout se passait bien, jusqu’à ce que les vrombissements des coucous du ciel se fassent entendre.

Son directeur, un individu agité, que les remous de la guerre semblaient beaucoup perturber, propose alors à la clientèle rassemblée dans le hall de rejoindre les sous-sols de l’hôtel par une porte qu’il désigne. Il en tient la clé à la main, qui gigote comme un grelot tant il tremble. D’épaisses gouttes de sueur se sont amassées au-dessus de ses sourcils et coulent le long de ses tempes. Les mouvements désordonnés du pauvre homme sont grotesques et son manque de sang-froid commence à faire effet sur les autres, qui perdent confiance.

Dans le hall, au-dessus de nous, une immense verrière, magnifique, mais dangereuse : nous sommes visibles comme des poissons dans un bocal et, surtout, le verre sous lequel nous sommes tout près de nous affoler, avec des balles ou des bombes, risque de se rompre comme un biscuit sec, et ses terribles miettes coupantes de s’abattre sur nous en onzième plaie d’Égypte.

Cette perspective, chacun la porte clairement dans le regard vissé sur les faits et gestes du directeur, qui résiste fort mal à la pression. Le malheureux a conscience d’être une sorte de Moïse capable de tous nous sauver et cette responsabilité, beaucoup trop grande pour lui, l’empêche de glisser correctement la clé dans la serrure de la porte de la cave. Les spasmes qui secouent sa main le rendent inopérant et ce suspense de quelques secondes suffit à déchaîner la panique parmi les clients.

À la sidération — les yeux fixés sur la verrière ou l’action désarticulée du directeur — succède le sauve-qui-peut. Certains crient, d’autres pleurent ; les uns tentent de gagner la sortie du bâtiment, les autres se pressent contre le sauveur en échec, comme s’ils cherchaient à l’incruster dans la porte. Ça va mal finir. Si nous ne mourons pas lacérés par des bouts de verrière, nous mourrons piétinés dans cette entrée d’hôtel, aplatis en tapis persans.

La scène est courte, mais tumultueuse. Elle ne cesse qu’au moment où quelqu’un finit par faire remarquer le silence au-dessus de nos têtes. Les avions sont partis, et le danger avec.

Parfois, les alertes durent beaucoup plus longtemps et nous obligent à rester tapis des heures dans les entrailles d’une maison ou d’une ville, comme Paris.

En octobre 1942, nous sommes revenus avec Maman dans notre appartement de la rue Victor-Considérant, dans le quatorzième arrondissement. Il n’est pas rare que les sirènes retentissent pour annoncer des bombardements. Comme tous les habitants du coin, nous nous précipitons alors vers la station Denfert-Rochereau, laquelle a l’avantage d’être particulièrement profonde.

La station est devenue souricière. Certains Parisiens paraissent avoir élu domicile dans les couloirs du métro, sur les quais et même sur les rails. Partout, des formes de couleur : des gens qui dorment. Chaque fois, je suis bouleversé de les voir. À la campagne, la guerre, c’est pas pareil. Ici, il y a la misère en plus. Il y a ceux qui ne peuvent pas aller ailleurs que sur les rails, il y a ceux qui n’ont pas Clairefontaine.

Sur les routes du pays aussi, je suis témoin de la débâcle, de ces longs convois bringuebalants mêlant des hommes, des meubles, des animaux domestiques, des voitures, des camions, des poules, des piétons, des vélos… De loin, ils forment un serpentin bigarré, mais sombre. L’allure de tous ces gens est lente et grave. Certains sont déjà courbés par la marche et le souci.

Et puis, la guerre, ça brouille les pistes. On ne sait plus ce que les gens pensent, ni de quel côté du combat ils sont. À Clairefontaine notamment, je trouve que le capitaine des sapeurs-pompiers n’est pas clair. Il arbore le brassard des FFI quand il le faut et le retire quand il devient gênant. En clair, il s’arrange pour être copain avec tout le monde. Sauf que ce n’est pas possible quand tout le monde se déteste.

Quand la bataille est là, il convient de choisir son camp. Mais, pour survivre, d’aucuns sont manifestement prêts à ne plus avoir d’opinion, à oublier de prendre parti. À vouloir la paix à tout prix, y compris celui de son honneur. À la fin du conflit, ceux-là n’hésiteront pas à défiler avec les Américains alors qu’ils se sont quelques années plus tôt affichés avec le maréchal Pétain. La duplicité s’accompagne souvent d’un peu d’audace, voire de culot.

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