Jean-Paul Belmondo - Mille vies valent mieux qu'une

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Mille vies valent mieux qu'une: краткое содержание, описание и аннотация

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Jean-Paul Belmondo a aujourd’hui décidé de tout raconter. Son enfance marquée par la guerre, sa mère courage, l’atelier de son père, et ses premières amours.
Il nous entraîne dans les pas dilettantes de son service militaire en Algérie. Il nous invite aux comptoirs de la rue Saint-Benoît, pour y faire les quatre cents coups avec ses copains de toujours, Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Michel Beaune, Pierre Vernier, Charles Gérard. Jean-Paul Belmondo se raconte ici pour la première fois, nous livrant la certitude que, oui, mille vies valent mieux qu’une.

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Et, en effet, je n’admets pas la sentence du bonhomme. Je me suis planté, oui, mais parce que cette fable-là ne me convient pas. Qu’on me donne autre chose à dire, et on verra ce qu’on verra. Et même La Fontaine, ses fables les moins plaisantes, avec du travail, je n’en ferai qu’une bouchée.

J’en apprendrai quarante. Les moins drôles et les plus ardues. Celles qui sont compliquées à la lecture seule, celles qui ne sont pas fluides.

J’ajoute aux œuvres du moraliste les trois quarts de L’Aiglon d’Edmond Rostand, dont j’apprécie les morceaux de bravoure.

Pendant trois mois, je travaille d’arrache-pied, fortifiant ma mémoire, répétant sur tous les tons chacun des mots, jusqu’à me sentir prêt.

Pendant ce temps, touché par ma détresse, mon père se renseigne sur les écoles de théâtre. Il apprend par l’un de ses amis chef d’orchestre que le cours de Raymond Girard est le plus réputé et qu’il a en outre l’avantage d’être situé tout près de chez nous, à Montparnasse. Deux bonnes raisons de me décider à y tenter ma chance.

À la fois refroidi et échaudé par la séquence Brunot, je débarque au 26 de la rue Vavin avec la détermination d’un homme en sursis. J’ai retenu un passage du Cid , convaincu que j’ai plus de chances avec un bon texte classique. J’interprète Don Diègue, le personnage le plus vieux de la pièce de Corneille, devant un Girard stoïque. Et à peine ai-je fini que je l’entends dire un « Admis » qui efface un « Nul ».

En réalité, il me l’avouera des années plus tard, il avait eu peine à réprimer un fou rire en m’écoutant, ma dégaine, ma tête et moi, réciter des alexandrins avec des expressions tragiques et des élans lyriques. Mais, comme il ne souhaitait pas me contrarier d’emblée dans mon envie de jouer des rôles compassés de gens qui vont de toute façon mourir, il m’a confié le Phèdre de Racine à répéter.

Je suis si heureux d’être accepté dans le cours de Raymond Girard que je me mets immédiatement à l’ouvrage. Je me passionne pour le texte, que je grave dans ma mémoire et dans mes gestes, me préparant à impressionner mon professeur et les autres élèves qui travaillent, eux, depuis le début de l’année. Je veux casser la baraque avec Phèdre .

Je monte sur l’estrade pour leur tirer des larmes, mais c’est leur rire que je récolte. Dès les premiers vers, je perçois des gloussements dans la salle et un sourire s’esquisse sur le visage de Raymond Girard. Cabot-né, je ne peux chercher à susciter d’autres réactions, quelles qu’elles soient — pleurs, attaques cardiaques, crises d’épilepsie, pâmoisons, tremblements de joie, colère hystérique, coma éthylique…

Soit, puisque je les fais marrer, mieux vaut continuer. Et c’est ainsi que je me retrouve à caricaturer mon personnage tragique, à le décaler vers le comique en exagérant mes mouvements, en laissant des silences, en usant d’onomatopées, en imitant de loin mes maîtres Jules Berry et Michel Simon. Je suis ravi d’entendre la salle se gondoler, avec le désir de prolonger la pièce. Mais il fallait bien que Racine clôture ses scènes. Raymond Girard me complimente, affirmant que j’ai un évident talent comique, que je suis né pour ça.

Enfin, je suis compris. Et il n’a pas l’air de ranger la comédie dans une catégorie inférieure à la tragédie où la légende conduisait tous les apprentis comédiens ambitieux. Et puis, pour la première fois de tout mon passé d’élève, je suis réceptif à l’enseignement : j’y vois d’innombrables richesses, je ne m’endors plus à côté des radiateurs, je ne me bats plus à la moindre occasion. Mes bons rapports avec l’autorité, incarnée par Raymond Girard, sont eux aussi inédits. Ses conseils me paraissent judicieux, solides et intelligents. Il m’encourage avec douceur et finesse, et me transmet les bases du métier, m’apprenant à déclamer, à me positionner dans l’espace, à poser ma voix et à jouer avec.

Surtout, il sait que je ne suis pas ce nul incurable, ce jeune homme sans avenir ; il a vu mon énergie, ma volonté décuplée, mon goût immodéré pour les planches. Quand il se moque, il reste dans le cadre de la bienveillance, et le sobriquet de Nounours dont il m’a affublé ne me vexe pas le moins du monde.

Il n’est pas du genre à se fâcher, parce qu’il n’en est pas vraiment capable ; et, quand un motif de mécontentement survient, il lui faut faire des efforts pour l’exprimer fermement.

Alors que, à cause de moi, la majorité de ses élèves s’est fait porter pâle à l’un de ses cours du dimanche matin, il a du mal à m’engueuler correctement le lundi. J’ai organisé une grosse fête, folle et alcoolisée, dans l’atelier de mon père le samedi soir. La plupart de mes congénères de la rue Vavin ne l’auraient manquée pour rien au monde — pas même un dimanche matin avec Girard ou une entrée au Conservatoire en sautant le concours.

La gueule de bois collective qui en a résulté m’a naturellement été imputée, tout comme la métamorphose de mes camarades, passionnés par leur art, en loques. Je ne suis jamais peu fier de ce genre d’exploits, qui sont aussi jouissifs que de retourner un public. Je suis jeune, j’en ai l’arrogance racée.

Nous sommes quelques-uns comme ça, dans le cours, à prendre au sérieux notre désir de tout changer, de laisser notre marque. On s’assoit aux tables de la Coupole pendant des heures, consommant le moins possible, et inventant un monde dans lequel nous sommes déjà importants, déjà célèbres. Nous sommes Dullin ou l’un de ces maîtres du Cartel. Nous sommes des artistes qui vont briller de mille feux, qui vont compter. C’est écrit sur les pavés de Montparnasse où nous musardons avant de gagner la rue Vavin en fin d’après-midi pour écouter Girard nous dispenser les recettes miracles pour devenir les prodiges qui vont intégrer directement le Conservatoire.

En attendant, Papa me voit heureux, mais trop léger. Je manque de bagages. Je n’ai pas mon bac, ni aucun autre diplôme susceptible de me rattraper si je ne perce pas dans la profession hautement aléatoire de comédien. Les cours de théâtre me laissent du temps libre qui, dans mon cas, ne le reste jamais bien longtemps, perpétuellement occupé à se rendre agréable.

Pour me dispenser de cette trop grande créativité dans mon emploi du temps, Papa me déniche un boulot à la hauteur de n’importe quel idiot : je suis chargé de confectionner des boîtes dans une entreprise de paquetage place Clichy. On m’a fait miroiter, si je m’y investis, un poste beaucoup plus élevé. Autant dire que j’y ai été aussi sensible qu’un gars de la Légion étrangère à un roman courtois. Je fais évidemment du pis que je peux. J’entraîne le quota de perte de matériel dans une ascension vertigineuse. Et onéreuse. Ce gâchis de boîtes en carton dont je m’efforce de maintenir le rythme contraindra la direction, au bout de deux semaines, à me renvoyer.

Comme d’habitude, mon père aura droit à l’avis du patron qui lui a rendu service en m’embauchant et, pour la énième fois, quelqu’un sera effaré de mon niveau élevé d’inaptitude et de maladresse. Que je ne sois pas capable de fabriquer une simple boîte avec des éléments prédécoupés prouvait que, définitivement, je n’étais « bon à rien » !

Mon père ne le croit pas, mais il n’insiste plus pour que je mette un œuf dans un autre panier que celui du théâtre. De mon côté, je n’ai plus d’autre alternative que de réussir dans cette voie escarpée et de rassurer mes parents, qui méritent une certaine tranquillité d’esprit que mon cheminement chaotique leur ôte de temps à autre.

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