Jean-Paul Belmondo - Mille vies valent mieux qu'une

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Mille vies valent mieux qu'une: краткое содержание, описание и аннотация

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Jean-Paul Belmondo a aujourd’hui décidé de tout raconter. Son enfance marquée par la guerre, sa mère courage, l’atelier de son père, et ses premières amours.
Il nous entraîne dans les pas dilettantes de son service militaire en Algérie. Il nous invite aux comptoirs de la rue Saint-Benoît, pour y faire les quatre cents coups avec ses copains de toujours, Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Michel Beaune, Pierre Vernier, Charles Gérard. Jean-Paul Belmondo se raconte ici pour la première fois, nous livrant la certitude que, oui, mille vies valent mieux qu’une.

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Il n’y avait pas d’autre moyen de rester dans l’enfance, de privilégier l’amusement sans être condamné à Sainte-Anne et mis au banc de la société des gens ordinaires. Et il n’était pas question d’intégrer ce groupe majoritaire en consentant à devenir adulte et chiant comme la pluie.

Mon père n’a pas perdu son sourire, comme on aurait pu le craindre. Objectivement, il n’était pas moins excentrique de désirer être saltimbanque que berger. Aucune de ces deux professions n’avait particulièrement bonne réputation auprès des parents soucieux de stabilité et de garanties de réussite sociale.

Papa n’a pas pris cet air catastrophé qui aurait défiguré n’importe quel parent en écoutant son fils crier avec des accents quasi mystiques dans la voix : « Je veux être comédien. » Il s’est contenté de quelques phrases justes, bienveillantes et même encourageantes : « Très bien. Je ne veux pas contrarier tes désirs. Je te suppose assez clairvoyant pour envisager les difficultés que tu vas rencontrer. Essaie et cours ta chance… »

6.

Un vrai métier

Nul.

Le mot est tombé sur moi avec une puissance qu’il n’a jamais eue. Combien de fois pourtant l’ai-je entendu auparavant, ou lu sur mes bulletins scolaires ? Il n’y a qu’en matière sportive que j’ai pu échapper à ce qualificatif.

Mais, jusqu’alors, je n’en avais que faire, pour l’écrire poliment. Ne prétendant à rien, je m’habituais à tout et demeurais totalement insensible aux appréciations ou étiquettes qui me délivraient toutes des badges de cancre, d’inadapté à la vie scolaire, d’élève remuant, dérangeant et dérangé.

Le mécontentement, la déception, tous sentiments désagréables que j’avais l’air de susciter chez le personnel encadrant, ne me troublaient pas, mais me laissaient aussi froid qu’un poisson congelé ou, mieux, m’amusaient. Je jouais à faire l’idiot, à décontenancer les adultes qui cherchaient à m’évaluer, à manipuler ceux qui tentaient de me maîtriser par la ruse.

À l’époque où je traînais encore mes shorts dans les locaux du collège Pascal, mon père avait fini par être touché par les remarques désobligeantes de professeurs à mon sujet et avait voulu vérifier que je n’étais pas aussi idiot, indécrottable, débile léger qu’ils le prétendaient. Il avait cédé à la tentation de me faire passer l’un de ces fameux tests de quotient intellectuel qui faisaient alors déjà fureur. C’est l’un de ses amis ingénieurs qui était responsable de mon évaluation. Le pauvre. Il n’avait jamais vu ça.

L’exercice consistait en une batterie de questions dont les réponses étaient censées trahir mon profil psychologique, mon intelligence et l’orientation qu’il conviendrait de me donner. Mais je n’avais aucunement l’intention de me soumettre à ce genre de cirque. D’autant que je n’accordais aucun crédit à ce type d’analyse psychologique. Leurs grilles symboliques sont si rudimentaires qu’elles en sont drôles : le dessin d’une maison avec plein de fenêtres et un grand ciel bleu garantit que l’individu concerné est idéaliste, ambitieux, structuré, et qu’ainsi il a toutes les chances de réussir sa vie, alors que le dessin d’une maison avec des barreaux ou ressemblant à un terrier signale que l’individu en question est dangereux, négatif, toxique, et qu’il est préférable de l’empêcher immédiatement de nuire.

Naturellement, donc, j’étais obligé de faire l’abruti. J’ai veillé à être le plus possible à côté de la plaque, à satisfaire la curiosité de l’ingénieur d’un amas de bêtises créatives. Le type était affolé et, quand il a fait son compte rendu à Papa, il a précisé que, si je n’avais pas été son fils, il m’aurait envoyé manu militari à l’hôpital psychiatrique le plus proche pour qu’on m’y interne. Son diagnostic était sans appel : j’étais fou et j’avais un grave défaut d’intelligence. J’étais un cas d’école. Un demi-monstre à habiller d’une camisole.

Mon père, lui, avait compris que je m’étais amusé pour qu’on me foute la paix, qu’on n’essaie surtout pas de me contenir, de me délimiter. Et il avait vu dans mon stratagème la preuve de mon habileté à jouer la comédie.

Mais là, c’est différent. Cette fois, nul, je ne l’ai pas été volontairement. J’espérais l’inverse. J’ai même travaillé pour en arriver à ce verdict terrible. Quatre jours et quatre nuits.

La perspective d’avoir pour juré unique une pointure du théâtre telle qu’André Brunot, monument quadragénaire, ex-doyen de la Comédie-Française qui partageait l’affiche du Bossu avec Pierre Brasseur au Théâtre de l’Odéon et avait été un grand Cyrano de Bergerac, me faisait particulièrement peur.

D’ailleurs, au moment de me mettre en route vers l’appartement du grand homme, je ne voulais plus y aller. Il a fallu que mes parents me supplient pour que je consente à dépasser mon trac. Une fois sur place, André Brunot n’était pas disponible et l’attente a lâché la bride à mon angoisse. Une fois devant lui, j’étais aussi mal à l’aise que si l’on m’avait découvert nu et ivre en train d’embrasser un pot. Comme le vieil homme était humain, affable et gentil, il m’a incité à me lancer directement : « Vas-y, mon petit, je t’écoute. » Et, là, ma peur s’est évanouie. Malheureusement. Il aurait été préférable que je reste plus timoré, j’aurais ainsi évité l’écueil de l’outrance.

Ça n’a pas duré longtemps. Je n’ai pu dire que le début de la fable de La Fontaine qu’il m’avait demandé d’apprendre. Mais ces premiers vers du Savetier et du Financier , je les ai déclamés de tout mon cœur, avec panache et grandiloquence. Je m’impressionnais moi-même. Quand Brunot m’a arrêté, j’ai cru que c’était parce qu’il en avait assez vu pour me déclarer apte à être comédien. J’attendais ses compliments, que je reçus comme une correction donnée par une congrégation entière de jésuites. Il commença par : « Nul. » Puis il entra dans les détails et m’attribua la palme du massacre de fable en me suppliant de choisir une autre destinée que celle des planches, par exemple les expéditions polaires ou l’industrie privée. Il ajouta même que j’étais exceptionnel dans le mauvais, puissant dans la nullité.

Le pire, c’est que cet homme était connu pour sa clémence, sa douceur et sa gentillesse. En plus, étant un ami de mon père, il était bien disposé. Ce qui signifiait que j’avais dû passer le mur du son de l’incompétence pour qu’il insiste autant, aussi clairement.

À la fin de l’entretien, je rentre chez moi très abattu. Mes parents m’attendent ; ils savent, pour avoir reçu un coup de fil d’André Brunot, que j’ai lamentablement raté mon audition. Le grand comédien a, en des termes surannés, souligné mon incompatibilité totale avec ma voie : « Persuade ton fils de ses errements. Il me paraît être constitué pour un métier manuel. »

Sa deuxième phrase tend cependant à décrédibiliser la première, sachant que je n’ai jamais réussi à planter un clou sans m’arracher la main. La honte et la tristesse d’avoir échoué finissent même par me chasser dans ma chambre, où je passe la nuit à pleurer toutes les larmes de mon corps.

Au matin, en me voyant le visage chiffonné par cette douloureuse insomnie, Maman m’offre la solution : « La volonté, mon petit. Tu veux le faire, n’est-ce pas ? Être comédien ? Eh bien, tu y arriveras ; tu le feras, tu verras. »

Quant à mon père, lui, il estime très rationnellement que mon affliction est saine, qu’elle prouve la fermeté de mon désir d’être comédien. Mes larmes, selon lui, sont de bon augure pour la suite.

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