Adrien Goetz - Webcam

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Gossec, pionnier de l’art conceptuel, est un mythe vivant. Marié à un top model, il orchestre depuis son château la canonisation médiatique de son centième anniversaire. Alors qu’il rédige ses mémoires, son fils est assassiné. Une chasse à l’homme s’engage dans le monde des galeries, des collectionneurs et des journalistes, jusque sur les rivages les plus secrets de la Méditerranée. Mais la vraie partie se joue sur le web…
Adrien Goetz est maître de conférences en histoire de l’art à l’université Paris IV-Sorbonne. Après un premier roman remarqué,
dont le héros était un créateur contemporain imaginaire, il a fait revivre trois flamboyantes figures d’artistes du XIX
 siècle dans
et fait paraître deux autres romans :
(2004) et
(2006).
« Webcam est un premier roman dense et ludique. Qui jette un regard acerbe sur les multiples miroirs de notre société. »
Elle

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Si on l’a tué ici, dans cette mise en scène macabre, c’est parce qu’on ne voulait pas le tuer lui, le prince drogué, héros borné de la jet-set, mais parce que l’on voulait tuer mon fils, et que je le comprenne. Il est mort pour moi.

Dans mon œuvre, à cause d’elle. On m’a monté un spectacle. On l’a sacrifié. Moi qui aime tant le spectacle de moi-même ; le boucher me connaît bien.

Les armes, non du crime mais de son décor, existent. Mes pochoirs, mes pinceaux, mes crayons, mon papier, je sais où les trouver et je vais y aller moi-même.

Dans un sac en plastique, les policiers ont enfermé le couteau. Je n’ose pas le regarder, manche de bois arrondi au bout : je le reconnais. C’est celui qui est « utilisé » dans le petit film, c’est un vieux couteau, du modèle de celui que j’avais peint un jour, posé sur une table, à égale distance entre un homme et une jeune fille.

Mais celle qui possède mes pochoirs et mes pinceaux, celle qui a encore mon couteau dans sa cuisine, ne peut pas avoir voulu tuer Virgile. C’était son fils. Elle n’a pas tué, mais elle sait. Je me tais. Pour épargner Isabelle, mais aussi parce que je veux comprendre par moi-même, le premier ; c’est moi, à cent ans, qui serai l’enquêteur, le justicier, le bourreau de son assassin.

CHAPITRE 8.

La cuisine de Split

Je suis devenu patriarche. Moi qui déteste les familles — et la mienne — avec une force particulière en ce moment où, Virgile étant mort, je ne vois plus l’intérêt de laisser derrière moi une famille. Je ne sais pas ce que donneront les enfants de Nahoum, ils sont trop petits pour que je le devine. Le ciel y pourvoira.

Cela m’a fait un choc de revoir Isabelle à l’enterrement.

Elle n’avait pas coupé ses cheveux. Jeune fille, elle ne les avait jamais touchés et sa mère était fière de cette chevelure de dame athénienne du V e siècle. Elle a tout coupé à l’époque de notre mariage. Depuis notre rupture, elle a dû les laisser pousser et les regarder blanchir. Elle avait l’air d’une mauvaise fée dans un livre de contes, d’une magicienne arrivée au bout de ses sortilèges. Comment ai-je pu l’aimer, l’embrasser, lui faire un enfant ?

Après l’inhumation, nous sommes entrés dans la maison de Split, pour être seuls. Elle m’a sorti des photos de la maison du Limousin. Pour la seconde fois, une femme posait devant mes yeux, sur une table, des photographies disposées comme des cartes à jouer. Elle voulait me dire que rien n’avait changé. J’ai reconnu la couverture en laine sur le lit, le napperon sur le guéridon, les taches sur les murs que j’avais peints. Tout cela délabré, continuant à vivre de la vie des morts, comme si l’on n’avait rien touché à ma maison après ma disparition. J’ai compris en voyant ces images qu’Isabelle était déjà ma veuve. Eugénie tournait à la grand-mère résignée à n’avoir pas de petits-enfants, Nahoum finirait sur le yacht d’un homme d’affaires, mais Isabelle, qui me pleurait depuis trente ans, mènerait au grand jour, bientôt, le deuil délirant qu’elle célèbre en secret depuis mon départ.

Les funérailles de Virgile n’ont été pour elle qu’une répétition générale. Elle avait l’air d’une furie antique, l’allégorie de la femme larguée, la mère des douleurs, seule, perdue, abandonnée, sentant la rage et jouant la retenue. Médée. Je rejette aussitôt l’idée. Isabelle est incapable d’avoir tué son enfant, même par vengeance. Je sens qu’elle m’aime encore trop. Je me suis tu pour l’entendre un peu parler, retrouver ses accents, ses mots. Elle regardait au loin, parlait peu, n’aborda pas tout de suite le sujet de la mort de notre fils. Elle a dit que j’avais de la chance d’avoir d’autres enfants.

Les images qu’elle me tendait étaient celles d’un lieu de mort. Comme la maison de Paris, la ferme fortifiée du Limousin ne m’a pas survécu. J’ai tué ces maisons, tué ces femmes. Virgile semble mort d’avoir voulu mettre un peu de vie dans ces promenoirs à fantômes.

Quand j’ai acheté, au centre du plateau de Millevaches qui est au cœur de l’antique forêt gauloise, cette ancienne commanderie des Templiers, j’avais voulu trouver plus qu’une inaccessible retraite. J’avais cessé mes œuvres-phrases, simple divertissement de salon ou de café, dont je n’avais pas encore compris la valeur prophétique, et la galeriste que je venais de rencontrer, Manette, m’encourageait à faire des paysages. Les œuvres-phrases, elle s’en moquait. Catastrophe, dans les années soixante-dix, j’ai dû composer à la chaîne toutes celles que je n’avais pas créées. Je n’en avais pas vendu : j’avais inventé l’art conceptuel dans les années trente, il était impensable que je m’en fusse si vite lassé. Ces phrases consistaient en de petites missions burlesques à accomplir par le collectionneur qui achetait l’œuvre : « Aller à pied de la tombe de Blaise Pascal à celle de Hegel », « Trouver à Sienne un volet bleu pour le repeindre en rouge », « Vider chez soi la poubelle du 117, avenue Montaigne un vendredi 29 février ». Manette, pas folle, préférait les paysages. Elle les fourguait plus vite. Peut-être avait-elle vu, sans oser me le dire, que je ne serais jamais bon portraitiste. À Magnac, je trouvais les paysages de campagne dont j’avais besoin. Je ne vendais presque pas. La maison est une ruine hautaine. On pouvait habiter et chauffer cinq pièces au rez-de-chaussée. Un plancher du bâtiment de ferme était tombé, je pus concevoir un immense atelier, comme si mon génie avait eu besoin d’espace, moi qui ne peignais qu’à grand-peine et qui ne savais que faire de ma vie. C’était là aussi que je pouvais le mieux fuir Eugénie et les enfants, la maison de Paris, trop jolie et trop parfaite ; c’était là que je pouvais cacher cette petite Isabelle Garnier qui m’excitait tellement et que je pouvais torturer à ma guise.

Elle avait dix-sept ans, à peine, j’avais décidé de l’enfermer et de la faire souffrir. Elle ne pleurait pas, souriait à demi. Pour elle, j’inventais des jouets et de petites missions à réussir. Je crois, en toute conscience, que c’est moi qui l’ai rendue folle. Je la coiffais, je l’habillais, je la gâtais.

Elle ne savait rien, elle avait été vendeuse pour quitter sa mère qui vivait dans un bouge à Paris. Je lui avais proposé de poser. Dans la maison de Magnac, je la dessinais nue sur tous les meubles. Dans l’atelier, j’installais de hauts châssis pour des paysages que je rêvais aussi grands que nature. Je me suis mis alors sérieusement à peindre. Elle était jalouse quand je me promenais sans elle dans la forêt et sur les routes de montagne aussi tortueuses et serpentines que chez nous, en Croatie. Au retour, je m’enfermais seul, sans elle, et je ne la peignais pas. Elle s’alarmait de cette négligence et revenait à moi, plus belle, plus abandonnée. Je la disposais, comme une nature morte, sur une chaise de paille ou assise en tailleur sur notre lit. Elle n’avait pas le droit de bouger ni de me regarder peindre. Nos yeux ne se croisaient jamais. Je la dessinais de profil. Pendant des mois, je l’ai regardée grandir. Sa silhouette s’affirmait, elle devenait plus belle, moins enfant. Elle s’éloignait de moi, de celle que j’avais voulu fixer sur la toile. Je l’avais mise en forteresse, condamnée ; elle s’évadait en devenant adulte. Elle me filait entre les doigts et le sablier de nos existences à Magnac, hantées par la malédiction de l’ordre du Temple, se renversait chaque nuit sur ma table. Je la regardais dormir, je la dessinais en rêve. Elle ne me réveillait pas, elle savait que j’avais alors le courage, quand elle dormait, de la regarder en face, de fixer sans ciller la chair tendue de ses paupières. À Split, vieillie, ridée, les cheveux longs et blancs, elle me regardait comme une naufragée qui découvre le visage de son sauveur, avec la reconnaissance et l’effroi d’une rescapée. Une enfant tremblante cachée à la cave et qui sort la tête des gravats. Je la regardais aussi en pensant à Virgile. Je n’avais pas revu Isabelle depuis des années. Elle ne se fait plus de nattes. Ce que je distinguais dans son profil qui s’était bouffi, dans son joli nez d’Alice au pays des merveilles qui s’arquait maintenant vers la vieillesse, c’était le visage de notre petit mort, de ce qu’il serait devenu, le visage de sa maturité après notre mort à nous. Le regard que Virgile n’aurait jamais. Elle me montrait des photos de la maison vide, ses tarots.

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