Il fut étonné, en arrivant chez la jeune femme, de trouver le living désert.
— Billie ?
Malgré tout, il se méfiait et ce fut la main sur la crosse de son Colt qu’il ouvrit la porte de la chambre. Billie dormait dans le milieu du lit, les cheveux épars et formant des tire-bouchons. Ces cheveux qu’elle avait tant de mal à décrêper formaient de nouveau une grosse masse moutonneuse autour de son visage luisant de sueur. Il eut peur, crut qu’elle était mourante.
Ella se réveilla en sursaut et eut du mal à cacher sa frayeur. Petrus nota cette réaction avec méfiance.
— On dirait que tu viens de voir le diable. Que fais-tu dans le lit au lieu de te préparer à aller au travail ?
— Je suis malade, grippée.
Il prit son poignet, constata qu’elle avait de la fièvre. Il passa une langue concupiscente sur ses lèvres épaisses.
— Tu es brûlante, hein ? Par tout le corps ?
Billie le regarda avec appréhension. Elle était si mal qu’elle n’avait pas envie de faire l’amour mais Petrus pensait différemment. Il commença à retirer sa veste, sa chemise. Lorsqu’il fut nu s’exhibant avec une obscénité complaisante elle fut quand même troublée. Il se glissa entre les draps, gloussa :
— Une vraie fournaise et je crois que je vais trouver un véritable petit volcan.
Il l’écrasa sous lui, l’écartela d’un genou puissant et se ficha en elle. Elle le subit dans une sorte de rêve éveillé, finit par creuser ses reins et par animer leur union, en perdant le souffle, sentant qu’un plaisir brutal allait la faire hurler. Lorsqu’il l’irrigua longuement elle ne put se retenir.
Tout aussi rapidement il se leva, s’habilla.
— Tu as quelque chose à manger ?
Elis ouvrit un œil lourd. Elle aurait voulu dormir comme une masse.
— Dans le frigo peut-être.
Il ne trouva qu’un peu de pâté, se prépara des sandwiches et du café. Il ne pensa même pas à lui en proposer lorsqu’il apporta le plateau dans la chambre.
— Hé ! tu dors ?
A nouveau elle fit l’effort d’ouvrir les yeux. Elle devait le mettre au courant.
— Petrus il faut que je te dise…
Il attendait en mastiquant bruyamment :
— Alors ?
— Une vieille femme est venue se renseigner sur toi, sur moi. Puis elle est allée chez ma sœur pour passer une visite mais Ella dit qu’elle faisait semblant d’être malade.
La réaction de Petrus l’épouvanta. D’un geste il balaya le plateau posé devant lui. La tasse de café vola vers Billie qui reçut le liquide brûlant sur le visage et hurla de douleur. Il se jeta sur le lit, prit le drap à deux mains et lui bloqua la gorge au point que ses yeux s’exorbitèrent et qu’elle commença d’étouffer.
— Quelle vieille femme ? De qui parles-tu ? Réponds ou je te tue.
Elle crut vraiment qu’elle allait mourir et elle lança sa main au hasard, crocha une oreille dans laquelle elle planta ses ongles longs. Il poussa un cri, la lâcha pour se mettre à danser sur un pied, une main en coquille sur son appendice douloureuse. Lorsqu’il regarda ses doigts ils étaient pleins de sang.
— Salope !
Il disparut pour aller mettre de l’eau fraîche sur ses blessures, revint avec un linge humide sur le côté gauche de la tête. Billie s’était levée, essayait maladroitement de s’habiller pour fuir. Le corps nu de la jeune femme le fit ricaner. Il lui donna un coup de pied en direction du ventre mais elle l’esquiva. Elle essaya de fuir vers la porte mais il la bloqua au passage, lui fit une clé au bras et la maintint sur le lit, le visage enfoncé dans les couvertures, les fesses tournées vers lui.
— Quelle vieille femme ?
— Je n’étais pas là, haleta-t-elle… C’est une voisine que m’a dit. Elle pose des questions sur toi. Elle a l’air d’une métisse mais il paraît que c’est une Italienne. Avec un grand cabas.
Il lui arracha une poignée de cheveux en même temps qu’il enfonçait sa tête dans le lit pour étouffer ses cris. Puis il lui mordit cruellement les fesses au sang, ce qui l’excita prodigieusement. Tout en la maintenant il ouvrit son pantalon et s’écrasa sur elle une nouvelle fois tandis qu’elle hurlait de douleur car il la déchirait bestialement. Il se calma, l’abandonna pour se rajuster.
Elle se redressa à quatre pattes, se réfugia dans le coin du lit, terrorisée, le regardant avec des yeux pleins de haine et de peur.
— Comment sais-tu que ta sœur l’a vue également ?
— Elle est venue hier soir.
— Qui est cette vieille ?
— Nous ne savons pas.
Puis elle découvrit le pistolet qu’il replaçait à sa ceinture. Pour l’instant il le tenait à la main, l’arme étant tombée sur le tapis alors qu’il possédait Billie.
— Non, dit-elle, ne me tue pas… Nous avons pris nos précautions Ella et moi.
Il se figea, plissa ses yeux de fauve. Ainsi son regard affolait moins, se stabilisait, sinon ses deux yeux roulaient dans tous les sens, accroissant encore son effrayante apparence physique :
— Des précautions ?
— Deux lettres. Une écrite par moi, une par elle. Ce matin elle les a déposées chez un solicitor. Si jamais tu nous tues ou si nous mourons il les ouvrira.
Durant une minute il lutta contre un instinct sauvage délirant. Il se voyait en train de lui ouvrir le ventre et de lui enrouler ses intestins autour du cou. Le rêve ne l’avait donc pas trompé, c’était bien un avertissement et il ne devait pas se laisser aller à commettre un acte dangereux pour lui.
— Deux lettres hein ? Sales putains !
Billie voulut se rebiffer :
— Ella n’est pas une putain.
Il se rua sur elle, commença à la gifler avec une violence telle qu’elle crut que sa tête allait se détacher et voler à travers la pièce. Mais elle évita de hurler ce qui n’aurait fait qu’exciter son bourreau. Il finit par la laisser tandis qu’elle s’écroulait en sanglotant.
— Salope !
Tournant les talons il se précipita dehors, remonta au volant de sa Chrysler jaune. Il lui fallait voir la gynécologue au plus vite. Il était peut-être temps de l’empêcher de remettre ces lettres. Et puis il voulait en savoir plus long sur cette vieille femme.
Satisfait il aperçut la petite Simca de la doctoresse devant sa porte. Il se précipita dans l’escalier, enfonça le bouton de la sonnette.
Le matin Ella Ganaway était seule chez elle. L’aide médicale ne venait que vers midi et aussi une femme de ménage qui mettait de l’ordre et préparait un peu de nourriture que la jeune femme trouvait dans le frigo.
Elle pensa qu’il s’agissait d’un mari affolé venant la chercher pour sa femme sur le point d’accoucher. Lorsqu’elle ouvrit et vit le visage convulsé de Petrus elle voulut lui pousser la porte au nez mais il la refoula avec force, la claqua d’un coup de talon.
— Les lettres, dit-il. Billie m’a raconté ce que vous vous apprêtiez à faire.
— Sortez, dit-elle, sortez ou j’appelle.
— Il n’y a plus que des femmes dans cette maison. Les hommes sont en train de palabrer devant le bar du coin.
C’était vrai.
— Je suis allée porter ces lettres ce matin.
Il la gifla à la volée, la projetant à terre. Sa robe de chambre s’ouvrit entièrement sur ses longues jambes, son ventre plat où brillait sa toison luxuriante. Il regretta d’avoir gaspillé ses forces avec Billie. Il aurait volontiers violé sa sœur qui était beaucoup plus belle que la petite dodue. Elle se releva, se hâtant de cacher sa nudité. Ce regard sur son ventre l’avait troublée et elle se sentait soudain en situation d’infériorité devant cette force brutale. Il ne fallait pas qu’il s’en doute. Et alors qu’il se croyait le plus fort elle le gifla dans un aller et retour très sec.
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