— Ah bon, s’épanouit Miss Tresses, enfin un homme qui sait vivre !
— Voyez-vous, attaque le Daron, la question qui étonne surtout est la suivante : pourquoi vous ? Qu’est-ce qui les a amenés à prendre un policier comme cobaye ? C’était jouer avec le feu.
Je contemple le front accordéonne du Vieux. Son regard brillant de curiosité me fait bicher secrètement.
— Vous ne devinez pas, monsieur le directeur ?
Il y a un léger défi dans la voix de votre San-A., mes troublantes. Et il le sent, le vieux bougre ! Il le sait. Ça l’excite. Son prestige est en cause. Il se caresse le menton, puis le crâne. Il fait jouer dans la lumière le camée de sa chevalière.
— J’ai naturellement ma petite idée, sentencieuse-t-il.
— Je peux la connaître, patron ?
— Après vous avoir neutralisé, dans leur maison de la forêt, ces gens se sont aperçus que vous ressembliez à Édouard Moran, non ? Et ils ont essayé d’exploiter cette ressemblance ?
— Non, monsieur le directeur. Je ne suis pas le sosie d’Édouard Moran pour l’excellente raison qu’Édouard Moran est un mythe. Un être fictif, enfanté par l’imagination de Samuel Polsky. Il a créé cet archétype d’homme de main à la suite de nombreux tests ! Il fallait inventer la personnalité à imposer ; la rendre forte en lui constituant un passé, des manies, des particularités. Édouard. Moran c’est le portrait-robot de l’agent secret idéal !
— Magnifique ! s’enthousiasme le Râclé du mamelon. Quel génie dans le mal !
M’aurait étonné qu’il déballe pas quelque vieux cliché, le Souverain Poncif !
Il se calme et reprend :
— Mais alors j’en reviens à ma question initiale : pourquoi vous ?
— À cause de cela, monsieur le directeur.
Je tire une photographie de ma poche. Il s’agit d’une simple coupure de presse. Il chausse son nez de lunettes cerclées d’or, regarde le cliché et murmure :
— C’est vous ?
— Non, monsieur le directeur, c’est le duc Hon la Joy de Bésaubourg !
— Allons donc !
— Médusant, non ?
Ce phénomène de mimétisme les a d’autant mieux arrangés que le duc souffre de troubles mentaux et qu’il n’aurait pas pu subir le traitement au T.C. Délire érotique ! Son gouvernement l’a fait discrètement entrer dans une maison de santé le jour prévu pour son enlèvement, ce qui explique le lapin posé à Alicia par sa Majesté. « On m’a donc confié le double rôle de Moran et de duc Hon la Joy. Pour mon subconscient j’étais Édouard Moran, et pour le congrès, le Duc.
— Faites voir, que j’me rende compte ! déclare Marie-Marie en arrachant la coupure de presse au Défrisé.
Elle mate et s’écrie.
— Hé ! Ho ! Hé ! Charrie-nous pas, Santonio. Si c’est pas toi, c’est ton frangin, ce gus !
— Non, Moustique, je n’ai pas de frère. Et le duc n’en a pas non plus. D’ailleurs il est né alors que la grande-duchesse, sa mère n’espérait plus avoir de descendance. Elle était si désespérée de son absence de progéniture, la pauvre chère femme, qu’elle est venue faire un pèlerinage à sainte Insémine, en Ardèche. Même qu’elle est descendue dans l’hôtel où travaillait papa.
FIN
Marie-Marie veut parler de C.R.S.
Elle entend probablement James Bond.
Il est bon de faire appel aux expressions consacrées, dans certains cas. Il y a dans tout lecteur un photographe qui sommeille : il aime les clichés !
Simple formule, je ne suis le serviteur de personne !
Cette phrase dont la beauté architecturale n’échappera à personne est destinée à ceux d’entre mes lecteurs qui font une collection de métaphores.
Pendant combien de lustres devriez-vous poireauter, mes pauvres enfants, avant de retrouver un style pareil !
S-A.
L’expression n’est pas correcte, mais comme j’em… les syntaxeux ça n’a autrouducune importance.
Vous êtes tellement pomme que, pour bien souligner l’importance de cette hypothèse, je vous la fais écrire en italique. L’italique est à l’imprimerie ce que le gros plan est au cinématographe.
San-Antonio a voulu dire “le maître de ces lieux”, naturellement, mais lui, vous le connaissez ?… Ah ! là, la !
Lait dite heure.
Je devrais écrire, naturellement : “Je leur interdit de…” Mais y‘a des moments, ça me fait honte de parler la même langue que tous les connards qui me cernent, me concernent et me déconcertent. J’ai besoin de me faire une langue pour mieux les désavouer, ces horribles. Je les proteste en pétant le français.
Non, ne chercher pas, le verbe andoliner n’existe pas. Si je viens d’écrire tu m’andolines, c’est uniquement parce que je tiens à honorer l’Italie.
Je vous aurai rien épargné, hein ?
Faites pas attention, j’suis en crise aujourd’hui.
Président des Gaules.
P.D.G. : Presque Devenu Général.
Ça vous avancera à quoi d’essayer de comprendre cette astuce, hein ?
P.D.G. : Président Dictateur Général.
Si mon français vous choque, rapatriez-vous sur Mauriac.
Je hais les verbes transitifs, ces eunuques de la syntaxe !
J’aurais pu écrire “une succession de bruits me parvient” ; seulement pour ce qui est du calembour vous pouviez-vous l’arrondir !
Les cheminées ancestrales sont les plus belles.
Ah ! si j’avais disposé d’un style aussi vigoureux.
Balzac
P.D.G. : Primat Des Goals.
P.D. G = Brésident Te Caulle (pour un allemand).
Y’en a des certains qui pigeront pas la métaphore, mais j’ai la flemme de leur expliquer.
P.D.G = Présentateur De Gala.
Si vous trouvez cette phrase boiteuse, donnez-lui une canne.
Non ! J’en ai marre.