Daniel Pennac - Au bonheur des ogres

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Au bonheur des ogres: краткое содержание, описание и аннотация

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Côté famille, maman s'est tirée une fois de plus en m'abandonnant les mômes, et le Petit s'est mis à rêver d'ogres Noël.
Côté cœur, tante Julia a été séduite par ma nature de bouc (de bouc émissaire).
Côté boulot, la première bombe a explosé au rayon des jouets, cinq minutes après mon passage. La deuxième, quinze jours plus tard, au rayon des pulls, sous mes yeux. Comme j'étais là aussi pour l'explosion de la troisième, ils m'ont tous soupçonné.
Pourquoi moi ?
Je dois avoir un don…

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Il faut que je m’approche tout près de lui pour qu’il remarque ma présence. Alors, il sourit. Le sourire dégénère en grimace de douleur. Puis, tous les traits reprennent leur place, avec précaution, dirait-on.

— Salut, Ben. Regarde, je me suis fait la tête d’Ed Cercueil !

L’infirmière lève sur moi des yeux noyés de chagrin et d’admiration.

— Je voudrais te parler seul à seul, Ben.

Et, comme s’il la connaissait depuis toujours :

— Marinette, est-ce que tu pourrais aller m’acheter un bouquin, hein ? Tu me feras la lecture, quand celui-là sera parti.

Je ne sais pas si elle s’appelle vraiment Marinette, mais elle se lève docilement et je l’accompagne jusqu’à la porte.

— Ne le fatiguez pas, chuchote-t-elle, dans dix minutes il passe en salle d’opération.

Elle ajoute dans un sourire attendri :

— Je lui ferai la lecture pendant l’anesthésie.

La porte se referme sur la lumière du couloir.

— Ça y est, tu es seul, Ben ?

— Je suis seul.

— Alors amène-toi, et assieds-toi, j’ai une grande nouvelle.

Je place une chaise tout contre son lit. Il attend un instant, savourant le suspense. Puis, n’y tenant plus :

— Ça y est, Ben, j’ai trouvé !

— Qu’est-ce que tu as trouvé, Jérémy ?

— Comment le « criminel » introduisait les bombes à l’intérieur du Magasin !

(Seigneur…) Pendant un bon moment, je n’entends plus que sa respiration encombrée et les battements de mon cœur. Puis je demande :

— Comment ?

— Il ne les introduisait pas, il les fabriquait à l’intérieur !

(En effet, il vaut mieux que je sois assis.)

— Sans blague ?

L’effort qu’il m’a fallu, pour dire ça, et sur ce ton enjoué !

— Sans blague ! J’ai essayé, ça marche.

« Essayé ? » Ça y est, je sens se pointer le pire. Le pire, avec son pas désormais familier.

— Ben, dans le Magasin, il y a tout ce qu’il faut pour faire sauter Paris, si on en a envie.

C’est vrai. Encore faut-il en avoir envie.

— Dans mon collège aussi.

Le silence qui suit… ça c’est du silence !

— Alors, j’ai tenté l’expérience.

— Nom de Dieu, Jérémy, quelle expérience ? Tu ne vas pas me dire que…

— Fabriquer une bombe pendant les cours , sans que personne s’en aperçoive.

(Si, il me l’a dit.)

— Tu prends n’importe quoi, du désherbant, par exemple, pour le chlorate de soude…

Et voilà que mon petit frère Jérémy, qui va gaillardement sur ses douze ans, me refile une délicate recette de bombe artisanale, s’excitant de plus en plus pendant son exposé, sa voix chevauchant celle de Théo dans ma mémoire. « Tu te rends compte, il y en a un qui s’est trimbalé toute la journée avec cinq kilos de désherbant dans les deux poches de sa blouse ! »

— Parle plus bas, Jérémy, calme-toi, il ne faut pas que tu te fatigues.

(Il ne faut surtout pas qu’on t’entende de l’autre côté de la porte, nom d’un chien ! Un frangin incendiaire. Mon frère est un enfant incendiaire ! Et moi, un pédagogue, un éducateur…)

— Tout avait marché comme sur des roulettes, Ben, et voilà qu’au moment où je la désamorce, pour la ramener à la maison et te la montrer, « la preuve accablante », tu comprends ? Voilà que cette saloperie me pète entre les mains.

(Et tu as foutu le feu à ton bahut, Jérémy ! Nom de Dieu, TU AS FOUTU LE FEU A TON COLLEGE !)

— Mais enfin, tu me crois quand même, hein ?

Pour la première fois, sa voix tremble d’inquiétude.

— Hein, Ben ? Tu me crois, dis ?

Silence. Long silence. Je le regarde. Encore du silence. Et puis des larmes qui roulent de ses yeux aux cils brûlés.

— Et voilà, tu ne me crois pas. J’en étais sûr ! Oh ! Ben, tu sais bien que je ne t’ai jamais menti…

(Yahvé, Jésus, Bouddha, Allah, Lénine, Machin et les autres… qu’est-ce que je vous ai fait ?)

— Si, je te crois, Jérémy, ce sera le dernier chapitre de mon histoire, je le raconterai aux autres ce soir, le coup de la bombe fabriquée dans le Magasin, génial ! ce sera l’épilogue…

31

Je vis je meurs je me brûle et me noie
J’ai chaud extrême en endurant froidure
La vie m’est et trop molle et trop dure
J’ai grands ennuis entremêlés de joie

— Clara, quand tu récites, marque donc les temps. En poésie, les silences jouent le même rôle qu’en musique. Ils sont une respiration, mais ils sont aussi l’ombre des mots, ou leur rayonnement, c’est selon. Sans parler des silences annonciateurs. Il y a toutes sortes de silences, Clara. Par exemple, avant que tu ne te mettes à réciter, tu photographiais le chat blanc sur la tombe de Victor Noir. Suppose que nous nous taisions après que tu auras récité. Sera-ce le même silence ?

— Le « sera-ce », Benjamin, le « sera-ce » ? Je m’interroge…

Elle se moque gentiment, passe son bras sous le mien, nous continuons notre balade dans un Père-Lachaise ensoleillé où Clara vient de me faire remarquer que la quasi-totalité des chats sont noirs ou blancs. A la rigueur noir et blanc. Mais jamais colorés. Moi, je pense à Jérémy, dont on a ressoudé le doigt il y a dix jours et qui rentrera après-demain à la maison. Moi, je pense à Julia qui vient de passer des nuits à me remonter le moral (« mais non, ça n’a rien de monstrueux, Benjamin, l’enfance est expérimentale par nature, c’est très emmerdant, mais ce n’est pas monstrueux, et toi, tu n’y es pour rien, mon pauvre chéri, détends-toi, laisse-toi faire, ne m’accule pas à la théorie… »). Julia dont le parfum me protège encore. Moi, je pense au petit vieux que je n’ai plus revu dans le Magasin, qui doit sentir les regards convergents des deux flics. Et moi je pense à Clara, qui va passer son bac demain et qui ne semble pas avoir compris grand-chose à ce sonnet de Louise Labé.

— Louise Labé, ma chérie, revenons à Louise Labé, récite la deuxième strophe, et tâche de respecter les silences, l’examinateur t’en sera reconnaissant.

Tout à un coup je ris et je larmoie
Et en plaisir maint grief tourment j’endure
Mon bien s’en va et à jamais il dure
Tout en un coup je sèche et je verdoie

— D’après toi, de quoi parle-t-elle, Clara ? Qu’est-ce que c’est que ce tremblement de tous les nerfs, ce séisme, ces courts-circuits ?

— On dirait qu’elle est inquiète, inquiète et en même temps très sûre d’elle-même.

— Inquiétude et certitude, oui, tu y es presque, récite le vers suivant, rien que le suivant.

Ainsi Amour inconstamment me mène.

— L’Amour, ma Clarinette, c’est l’Amour qui nous met dans cet état, regarde ta sœur, par exemple.

Ici, elle s’arrête pile au milieu de l’allée, et me photographie.

— C’est toi que je regarde !

Puis :

— Qui était-elle, au juste, Louise ? Je veux dire par rapport aux autres de son époque, les Ronsard, les Du Bellay ?

— Elle était l’être le plus accompli de la Renaissance, la poésie la plus subtile et la barbarie musculaire la plus radicale. Elle maniait l’épée et se déguisait en homme pour participer à des tournois. Elle est même montée à l’assaut des murailles, au siège de Perpignan. Après quoi, elle taillait sa plume d’oie le plus fin possible pour écrire ça, qui enfonce toute la poésie de son temps.

— Il y a des portraits d’elle ? Elle était belle ?

— On l’appelait la Belle Cordière.

Ainsi se poursuit notre promenade, Clara photographiant, moi disséquant pour elle le sonnet sublime, elle me jetant des regards éblouis, et moi pensant, comme le Cassidy de Crosby, que si j’étais prof j’aimerais ce métier pour toutes sortes de mauvaises raisons, dont mon goût immodéré pour cette admiration naïve.

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